Type de document : Original Article
Auteurs
1 Maître-assistant, Didactique du FLE, Université d’Ispahan, Iran
2 Master II de didactique du FLE
Résumé
Mots clés
Sujets principaux
Introduction
L’apprentissage des langues étrangères est inextricablement lié à la maîtrise de compétences linguistiques essentielles, dont la compréhension orale joue un rôle central. L’évolution des méthodes d’enseignement des langues souligne l’importance cruciale de la compréhension orale (Byrnes,1984; Rost, 2002). Celle-ci est ainsi devenue une pierre angulaire de l’enseignement des langues étrangères, façonnée par des avancées pédagogiques et des approches novatrices. La transition vers les approches communicatives dans les années 1970, influencée par des chercheurs tels que Long (1983) et Nord (1981), a mis en évidence la nécessité d’une compréhension orale efficace pour une communication authentique. Toutefois, on constate que de nombreux apprenants font encore face à des défis dans cette compétence, entraînant une appréhension lors de l’expression orale. À ce propos, De Pietro et al. (2020, p. 11) nous rappellent que la compréhension orale est «le parent pauvre du parent pauvre de l’enseignement du français».
Ces dernières années, l’avènement des technologies de l’information et de la communication en éducation (TICE) a ouvert de nouvelles perspectives, permettant aux enseignants d’intégrer des outils multimédia et interactifs dans l’apprentissage des langues. Des chercheurs tels que Garrett (2009) et Guichon (2004, 2009) ont souligné que ces technologies pourraient offrir un soutien précieux pour développer les compétences d’écoute des apprenants, individualisant ainsi leur apprentissage. C’est ainsi que des outils numériques ont trouvé leur place pour travailler cette compétence linguistique qui occupe une place centrale dans l’enseignement des langues étrangères, en raison de son rôle crucial dans la communication effective et la maîtrise globale d’une langue.
Dans cette perspective, ce travail de recherche se concentre sur l’impact de l’utilisation de la plateforme interactive Edpuzzle, comme un outil potentiellement transformateur, sur les stratégies cognitives de compréhension orale des apprenants iraniens du FLE. Cette plateforme permettant aux enseignants d’enrichir des vidéos (authentiques) en ajoutant des questions interactives pourrait-elle favoriser la compréhension orale en langue étrangère ? Notre objectif est donc de mettre en lumière les défis actuels et les opportunités offertes par cette convergence entre les technologies éducatives et l’apprentissage d’une langue étrangère.
Historique de la recherche
L’évolution de l’utilisation des technologies dans l’enseignement des langues a été façonnée par des chercheurs visionnaires et des avancées technologiques majeures. Dans les années 1950 et 1960, le pédagogue Gagné (1963) a jeté les bases de la théorie de l’enseignement audiovisuel, soulignant comment les médias visuels peuvent soutenir l’apprentissage des langues en fournissant un support auditif et visuel. La période des années 2000 à 2010 a été caractérisée par l’intégration croissante des médias interactifs dans l’apprentissage des langues. Mayer (2001) a été un précurseur dans la compréhension de la multimédiation dans l’apprentissage des langues, soulignant l’importance de la conception pédagogique dans l’utilisation efficace de vidéos interactives. Cette évolution a pavé la voie aux plates-formes d’apprentissage en ligne telles qu’Edpuzzle, incarnant une nouvelle ère d’opportunités pour l’apprentissage des langues.
Catoire (2019) montre que, grâce aux TICE, les apprenants peuvent s’engager dans des activités d’écoute individuelles ou en groupe avec leurs camarades ou des partenaires extérieurs. Ces interactions virtuelles facilitent la perception des structures de la langue. Selon une étude menée par Su et Chiu (2020), des questions interactives peuvent améliorer la qualité de l’apprentissage chez les apprenants. Les étudiants qui utilisent Edpuzzle ont montré une amélioration de la qualité de leur apprentissage (Su et Chiu, 2020). Une recherche menée par Hidayat et al. (2021) indique que les étudiants qui utilisent Edpuzzle sont capables d’étudier n’importe où en repérant le matériel à tout moment, d’obtenir des informations initiales sur le matériel à étudier pour accroître leur confiance et leur motivation, d’activer leur curiosité et de participer activement aux séances de remue-méninges.
Sur le terrain, de nombreuses recherches ont examiné les difficultés dans l’apprentissage de la compétence de compréhension orale des apprenants iraniens (Armiun et al., 2019; Balighi et Norouzi, 2016), mais peu se sont concentrées sur les impacts des TICE sur cette compétence dans des cours de FLE.
Cadre théorique
L’apprentissage du FLE pour les apprenants iraniens se heurte souvent à des lacunes majeures en compréhension orale, en dépit de leur maîtrise de la grammaire (Balighi et Norouzi, 2016; Armiun et al., 2019). Les méthodes traditionnelles mettant l’accent sur la grammaire ont montré leurs limites, nécessitant une exploration de nouvelles approches pour autonomiser les apprenants et améliorer leur compétence en compréhension orale. Dans ce contexte, la question qui se pose: l’utilisation des vidéos interactives via la plateforme Edpuzzle dans les cours de langue étrangère pourrait-elle renverser la situation en faveur du développement des stratégies cognitives de la compréhension orale?
Nous avons soigneusement ajusté notre approche de recherche pour refléter les stratégies d’écoute de Vandergrift (1997). Ce modèle repose sur l’idée que la compréhension orale n’est pas simplement le résultat passif de l’exposition à une langue, mais qu’elle implique des processus actifs et des stratégies cognitives de la part de l’apprenant. En se concentrant sur les aspects cognitifs, cette approche offrant une perspective complète sur le processus complexe de compréhension auditive dans le cadre de l’acquisition permet ainsi une analyse détaillée des méthodes employées par les apprenants pour comprendre et interpréter le langage auditif. Ces stratégies guident l’analyse et encouragent les apprenants à utiliser des indices contextuels, à prédire le contenu, à activer leurs connaissances préalables, à ajuster leur compréhension, et à réévaluer le sens global.
Méthodologie de la recherche
Notre échantillon est constitué de huit apprenants iraniens du FLE, un homme et sept femmes. Ceux-ci ont tous atteint un niveau A2. Ce qui nous a permis de travailler avec un groupe homogène, où les participants partagent un niveau de compétence linguistique similaire, créant ainsi des conditions idéales pour l’analyse comparative.
Pendant dix séances, nous avons utilisé des vidéos qui étaient en adéquation avec le contenu enseigné aux apprenants. Nous avons recherché des vidéos disponibles sur Edpuzzle, en privilégiant celles qui étaient déjà adaptées à l’enseignement. Si nécessaire, nous avons créé quelques vidéos spécifiques. Après chaque séance pédagogique, les apprenants ont été invités à visionner les vidéos sur la plateforme. Pendant le visionnage, des moments clés de la vidéo étaient ponctués par des questions intégrées auxquelles les apprenants devaient répondre, permettant ainsi d’évaluer leur compréhension. Cette étape visait à observer les stratégies cognitives employées par les apprenants, telles que l’anticipation, la vérification et la répétition. Après la visualisation de chaque vidéo, les apprenants ont été invités à remplir un questionnaire en ligne via Google Forms. Ce questionnaire portait sur les stratégies cognitives qu’ils avaient employées lors de la visualisation des vidéos. La dernière étape consistait à collecter des données qualitatives en demandant aux apprenants de répondre à des questions via des messages vocaux sur WhatsApp. Les questions portaient sur les stratégies qu’ils avaient utilisées pour parvenir à la compréhension, et nous leur avons demandé si l’utilisation de cette plateforme les avait aidés à améliorer leur compétence orale et leurs stratégies.
Les données collectées ont été analysées à plusieurs niveaux. Tout d’abord, la plateforme Edpuzzle a fourni des données quantitatives, telles que le temps passé, les “Revoirs” effectués, les réponses correctes et incorrectes, et le taux de réussite. Également, nous avons écouté attentivement les messages, préparé des tableaux et rédigé la transcription de leurs messages vocaux en ajoutant les résultats à notre analyse générale des séances 1, 5 et 10. Ces données ont été examinées pour évaluer le comportement des apprenants lors de l’utilisation de la plateforme. De plus, les questionnaires écrits et les entretiens vocaux ont été analysés en profondeur pour identifier les stratégies utilisées et les changements éventuels au fil des séances.
Analyse des stratégies cognitives des participants
L’analyse des données révèle des tendances significatives quant à l’utilisation de 12 stratégies cognitives par les huit sujets participant à l’étude. Ces stratégies, identifiées dans le cadre de l’apprentissage du français via la plateforme Edpuzzle, présentent des variations substantielles en termes de fréquence d’utilisation, suggérant une diversité dans les approches d’apprentissage des participants.
Stratégie cognitive «Prédire…»
L’analyse des taux d’utilisation de la stratégie cognitive «Prédire la vidéo avant de la visualiser, en faisant attention au titre de la vidéo» par les huit sujets de l’étude révèle des tendances intéressantes, avec des variations allant de 47 % à 87 %. Les sujets 3 et 5 se distinguent par une utilisation significative de cette stratégie, avec des taux respectifs de 87 % et 73 %. Leur choix de prédire le contenu à partir du titre indique une préparation minutieuse avant la visualisation de la vidéo. Cette approche est en harmonie avec les recherches de Vandergrift et al. (2006), qui soulignent l’importance de la planification préalable pour une écoute efficace, en particulier lorsque les apprenants activent leurs compétences de prédiction pour orienter leur attention. Les sujets 2, 6 et 8 ont également utilisé cette stratégie de manière fréquente, à hauteur de 73 %. Cette tendance suggère que ces apprenants accordent une grande valeur au titre de la vidéo comme indicateur du contenu. Leurs choix correspondent à l’idée de Rost (2002) selon laquelle la création d’attentes avant l’écoute peut faciliter la compréhension, en guidant l’attention vers les éléments clés de la vidéo. En revanche, les sujets 1 et 4 ont utilisé cette stratégie de manière moins régulière, avec des taux de 53 % et 47 %. Ils pourraient préférer une approche plus ouverte, moins orientée par le titre de la vidéo. Leur utilisation moins fréquente peut refléter une préférence pour une découverte spontanée du contenu. Cette flexibilité d’approche est en accord avec l’idée que les apprenants développent des stratégies d’écoute adaptées à leurs besoins spécifiques. Huffstetter et al. (2010) soulignent que la prédiction est une stratégie cognitive efficace qui active l’engagement de l’apprenant, favorisant une écoute attentive. Hamid et ses collègues (2015) mettent en avant que la prédiction renforce la rétention d’informations, tandis que Gagné (1974) suggère que la prédiction active les connaissances antérieures, facilitant ainsi la compréhension du nouveau matériel.
Les sujets 1, 4, 7 et 8 ont montré un taux d’utilisation relativement élevé de la stratégie «Prédire les mots en faisant attention au titre de la vidéo», allant de 73 % à 93 %. Ils semblent attacher de l’importance à la phase de préparation avant l’écoute et à la création d’attentes à partir du titre de la vidéo. Les sujets 2, 5 et 6 ont utilisé cette stratégie de manière moins fréquente, avec des pourcentages de 53 % à 60 %. Ils peuvent préférer se concentrer davantage sur le contenu lui-même plutôt que de créer des attentes basées sur le titre. Cette approche peut être en lien avec une préférence pour une approche plus neutre de l’écoute, sans idées préconçues. Le sujet 3 présente un taux d’utilisation de 67 %, indiquant également une utilisation modérée de cette stratégie. Cela peut refléter une prise de conscience de l’importance de la création d’attentes tout en laissant de la place à la surprise et à la découverte. Rost (2002) a souligné l’importance de la création d’attentes avant l’écoute comme une stratégie efficace pour orienter l’attention de l’apprenant. Cette approche peut aider à prédire le contenu à venir et à mieux se préparer mentalement à l’écoute, ce qui peut améliorer la compréhension. De plus, Vandergrift et al. (2006) ont par ailleurs mis en avant l’efficacité de la prédiction avant l’écoute en tant que stratégie cognitive pour l’amélioration de la compréhension auditive.
Le sujet 1 a utilisé la stratégie «Pour aider à deviner le sens, utiliser des effets visuels, des mouvements et des humeurs des personnages de la vidéo» à 100 %. Cette utilisation extensive peut être attribuée à la reconnaissance de l’importance des indices visuels dans la compréhension, en accord avec les recherches de Mayer et ses collègues (2001) qui ont démontré que l’intégration d’éléments visuels dans l’apprentissage peut améliorer la compréhension en aidant les apprenants à construire un modèle mental plus complet. Le sujet 2 a utilisé cette stratégie à 53 %. Bien que ce pourcentage soit inférieur, il indique toujours une certaine sensibilité aux éléments visuels. Les sujets 3, 5 et 7 ont utilisé cette stratégie à des taux de 20 % à 40 %. Les sujets 4, 6 et 8 ont utilisé cette stratégie à des taux plus élevés, de 67 % à 80 %. Leur utilisation plus fréquente de cette stratégie peut être attribuée à une sensibilité accrue aux indices visuels et aux émotions des personnages. Selon Mayer et ses collègues (2001), les éléments visuels peuvent faciliter la construction de modèles mentaux, ce qui peut améliorer la compréhension. Paivio (1971) a également suggéré que l’utilisation d’indices visuels peut aider à créer une représentation mentale plus riche de l’information, ce qui peut favoriser la compréhension. Ainsi, les apprenants qui utilisent davantage d’éléments visuels peuvent être plus enclins à construire des modèles mentaux détaillés.
Stratégie cognitive «Utiliser…»
La plupart des sujets (1, 4, 7) ont utilisé la stratégie «Profiter de l’idée principale de la vidéo pour la compréhension des mots inconnus» avec des pourcentages allant de 80 % à 93 %. Cela suggère une préférence pour une approche contextuelle de la compréhension, où ils tentent de deviner le sens des mots inconnus en se basant sur le contexte général de la vidéo. Les sujets 2, 5 et 8 ont utilisé cette stratégie de manière moins fréquente, avec des pourcentages de 53 % à 73 %. Ils pourraient préférer une approche plus détaillée de la compréhension, cherchant peut-être à comprendre chaque mot individuellement. Le sujet 3 a utilisé cette stratégie à 67 %, ce qui suggère une utilisation modérée de cette approche.
La plupart des apprenants ont utilisé de manière assez fréquente la stratégie «Profiter des expériences et des connaissances afin de mieux comprendre» avec des pourcentages allant de 67 % à 100 %. Cette stratégie consiste à tirer parti de ses expériences passées et de ses connaissances antérieures pour faciliter la compréhension d’un contenu. Sujet 1 (87 %), Sujet 8 (87 %) et Sujet 4 (80 %) ont utilisé cette stratégie à un pourcentage élevé. Sujet 2 (93 %) et Sujet 5 (93 %) ont montré un taux élevé d’utilisation de cette stratégie. Ils semblent également tirer parti de leurs expériences et connaissances passées pour renforcer leur compréhension. Sujet 6 (67 %) a utilisé cette stratégie de manière significative, bien que légèrement moins que d’autres. Cependant, son pourcentage reste élevé, ce qui peut refléter un niveau de confiance intermédiaire dans ses connaissances antérieures et son besoin de compléter celles-ci avec les informations de la vidéo.
L’analyse des pourcentages d’utilisation de la stratégie cognitive «Utiliser le contenu général pour comprendre certains mots ou une partie de la vidéo» parmi les huit sujets de notre recherche met en évidence une tendance intéressante. Plusieurs sujets, à savoir les sujets 3, 4, 5, 7, et 8, ont utilisé cette stratégie de manière très fréquente, avec des pourcentages allant de 80 % à 93 %. Cela indique une préférence marquée pour cette approche chez ces apprenants.
L’utilisation récurrente de cette stratégie par ces sujets peut être interprétée à la lumière des recherches de plusieurs chercheurs. Vandergrift et al. (2006) ont souligné l’importance de l’utilisation du contexte général pour faciliter la compréhension en écoute. D’autre part, les sujets 1, 2, et 6 ont utilisé cette stratégie de manière moins fréquente, avec des pourcentages allant de 67 % à 87 %. Ces apprenants semblent adopter une approche légèrement différente de l’écoute, peut-être en mettant davantage l’accent sur la compréhension mot à mot ou en utilisant d’autres stratégies complémentaires.
Les sujets 1, 4, 6 et 7 ont utilisé la stratégie «Utiliser des aspects de prononciation comme l’accentuation et l’intonation afin de mieux comprendre» de manière relativement fréquente, avec des pourcentages allant de 60 % à 73 %. Cela suggère que ces apprenants soient sensibles aux aspects de prononciation tels que l’accentuation et l’intonation pour améliorer leur compréhension en écoute. Derwing et Munro (2005) ont mis en évidence l’importance de la perception de l’intonation et de l’accentuation dans la compréhension de l’oral, en particulier pour les apprenants de langues étrangères. Cependant, d’autres sujets, tels que les sujets 2, 3 et 5, ont utilisé cette stratégie de manière beaucoup moins fréquente, avec des pourcentages allant de 13 % à 33 %.
Stratégie cognitive «Profiter des mots»
Les sujets 1, 4, 7 et 8 ont utilisé la stratégie «Profiter des mots entendus pour comprendre les mots inentendus» de manière fréquente, avec des pourcentages allant de 80 % à 100 %. Ils semblent préférer tirer parti des mots qu’ils ont pu entendre pour essayer de comprendre les mots inaudibles. Le sujet 4, en particulier, a utilisé cette stratégie de manière très intensive à 93 %. D’un autre côté, les sujets 2, 3, 5 et 6 ont utilisé cette stratégie de manière moins fréquente, avec des pourcentages allant de 33 % à 67 %. Ils pourraient avoir une préférence pour une compréhension plus littérale, en se concentrant sur les mots qu’ils entendent clairement plutôt que de tenter de déduire le sens des mots inaudibles. Nous remarquons que l’utilisation de cette stratégie semble dépendre des préférences individuelles des apprenants, de leur confiance en leurs compétences d’écoute et de leur tolérance à l’ambiguïté.
Les sujets 3, 4, 5, 7 et 8 ont utilisé la stratégie «Sauter des mots inentendus pour ne pas manquer ce qui a été dit ensuite» de manière assez fréquente, avec des pourcentages allant de 67 % à 93 %. Ils semblent préférer maintenir leur compréhension globale du discours plutôt que de s’attarder sur des mots inconnus. Le sujet 3, avec un taux d’utilisation de 80 %, parait également adopter cette stratégie. D’un autre côté, les sujets 1, 2 et 6 ont utilisé cette stratégie de manière moins fréquente, avec des pourcentages de 53 % à 60 %.
La stratégie «Profiter des mots clés pour arriver à la compréhension lorsque des problèmes surviennent» a été utilisée par les sujets 1, 2, 5 et 7 de manière très fréquente, avec un taux d’utilisation de 100 %. Le sujet 4 a également utilisé cette stratégie de manière élevée, avec un taux d’utilisation de 93 %. Le sujet 3 et le sujet 8 ont utilisé cette stratégie à des pourcentages légèrement inférieurs, à 87 % et 80 % respectivement. Cela indique une aptitude solide à utiliser les mots clés pour résoudre des problèmes de compréhension. Selon Ellis et al. (2008), cette stratégie peut favoriser une meilleure compréhension en aidant à établir des liens entre les éléments clés du discours. Le sujet 6 a utilisé cette stratégie de manière moins fréquente, à 67 %.
Stratégie cognitive «Prendre des notes»
Le sujet 1 semble avoir choisi de ne pas utiliser du tout la stratégie «Noter les points principaux pour obtenir les idées principales pendant le visionnage». Cela peut refléter un manque de connaissance ou de conviction quant à son efficacité. Selon Mayer (2001), la prise de notes ciblée sur les points principaux peut considérablement améliorer la compréhension, en particulier dans le cas de contenus complexes. Le sujet 2 (20 %) a montré une utilisation limitée de cette stratégie, suggérant une reconnaissance partielle de son importance. Cette approche peut avoir été adoptée en fonction de la situation d’apprentissage spécifique. Peverly & Wolf (2019), ont démontré que la prise de notes pouvait renforcer la rétention d’informations, ce qui pourrait expliquer pourquoi ce sujet a choisi d’utiliser cette stratégie dans une certaine mesure.
Les sujets 3, 6 et 8 (20 %) ont également montré une utilisation modérée de cette stratégie. Cela indique peut-être qu’ils reconnaissent son efficacité, mais ils peuvent préférer l’appliquer dans des contextes spécifiques. Nilson (2013) a mis en avant l’importance de la prise de notes sur les points clés comme élément courant de l’apprentissage actif, ce qui suggère que ces sujets puissent l’appliquer de manière sélective en fonction de leurs besoins. Le sujet 4 (7 %) a adopté cette stratégie à un faible pourcentage. En revanche, les sujets 5, 7 et 8 (40 % à 93 %) ont montré une forte utilisation de cette stratégie, suggérant qu’ils accordent une grande importance à la prise de notes des points principaux. Le sujet 5, en particulier, l’a utilisée de manière intensive (93 %).
Le sujet 4 se distingue nettement en utilisant la stratégie «Référer aux notes en regardant» dans 73 % des cas. Cela suggère une forte conviction de l’efficacité de cette approche, ce qui est en accord avec les recherches d’Anderson (2008) qui ont démontré les avantages de la prise de notes sur la compréhension et la mémorisation de l’information. Brookfield (1985) a souligné l’importance de l’engagement actif des apprenants, et les actions du sujet 4, telles que la recherche de synonymes en ligne et la sollicitation d’aide auprès de son professeur, reflètent cet engagement. De plus, Mayer et ses collègues (2001) ont affirmé que la prise de notes renforce la mémoire et la compréhension, ce qui est corroboré par les commentaires du sujet 4 indiquant l’utilisation de cette stratégie pour élucider le contenu. À l’opposé, les sujets 1, 3, 6 et 8 affichent un taux d’utilisation de
0 %. Il est intéressant de noter que ces sujets n’ont pas du tout utilisé cette stratégie. Selon Oxford (2011), les apprenants ont tendance à recourir aux stratégies auxquelles ils sont habitués ou qu’ils jugent les plus efficaces, ce qui peut expliquer pourquoi ces sujets ont omis d’utiliser cette stratégie. Les sujets 2 et 5, qui ont utilisé la stratégie de manière limitée, à 13 %, semblent adopter une approche plus flexible de leur apprentissage. Enfin, le sujet 7, avec un taux d’utilisation de 20 %, a adopté une approche modérée de la stratégie.
Discussion
La compréhension n’est pas un processus passif. Selon Guichon (2004: 101) «Comprendre est un processus dynamique, une activité cognitive de haut niveau, à travers laquelle il est possible d’apprendre». Cette compétence est un processus qui ne se produit pas instantanément et implique une participation active de la part de l’apprenant. Celui-ci nécessite une décision continue du sens au fur et à mesure de la réception du message. Lors de l’écoute, l’auditeur mobilise ses connaissances générales et contextuelles pour deviner, prédire, contrôler, déduire, interagir et organiser le sens des mots, comme le suggère Rost (2002). Cuq (2005) souligne que l’apprentissage d’une langue étrangère est une initiative délibérée, volontaire et manifeste de l’apprenant pour embrasser de nouvelles compétences linguistiques et culturelles. Cela implique un engagement actif de l’apprenant, qui est amené à décider des démarches à entreprendre pour maîtriser les connaissances et compétences voulues. Pour lui, la compréhension orale est un processus de réception actif pendant lequel l’auditeur doit identifier tous les éléments pratiqués par un locuteur natif, tels que le système phonologique, la valeur fonctionnelle, les règles socioculturelles, les mimiques et les gestes, etc. L’intégration de documents authentiques via Edpuzzle offre une dimension réaliste à l’apprentissage du FLE, permettant aux apprenants de se familiariser avec le langage authentique présent dans des contextes variés. Cette approche dynamique contribue à renforcer la compréhension orale et à préparer les apprenants à une utilisation pratique de la langue dans des situations réelles.
En analysant les données recueillies, il est intéressant de noter que chaque apprenant a adopté une approche unique, démontrant une combinaison différente de stratégies en réponse aux activités d’écoute proposées. La diversité des résultats révèle des variations significatives dans les préférences individuelles. Certains ont montré une préférence marquée pour des stratégies spécifiques, tandis que d’autres ont adopté une approche plus diversifiée. Ces différences suggèrent que les apprenants ont des styles d’apprentissage distincts et soulignent la nécessité de personnaliser les méthodes d’enseignement pour répondre à ces diversités. Enfin, les différences individuelles dans l’utilisation des stratégies cognitives rappellent l’importance de personnaliser l’enseignement des langues. Les enseignants doivent reconnaître que chaque apprenant est unique et peut avoir besoin d’un soutien différent. Nous avons remarqué que la plateforme a pu proposer cette situation grâce à la possibilité de créer des vidéos interactives personnalisées selon les besoins des apprenants. Cette étude contribue à la littérature sur l’apprentissage des langues en mettant en évidence l’importance de la variabilité des stratégies cognitives. Les résultats soulignent la nécessité de dépasser les approches pédagogiques monolithiques et de reconnaître la diversité naturelle des apprenants.
La recherche a mis en évidence l’importance de l’intégration des connaissances antérieures dans le processus de compréhension. Les apprenants qui comparent activement les nouvelles informations à leurs connaissances existantes paraissent mieux comprendre le contenu. Cette approche confirme l’importance de l’ancrage cognitif et de la construction de sens dans l’apprentissage des langues. Selon Madani et Kheirzadeh (2018), l’auditeur utilise les signaux acoustiques et interprète les données entrantes en utilisant une variété de connaissances dans le but de communiquer efficacement. L’écoute est un mode de communication récurrent dans chaque événement communicatif. En outre, la compréhension implique la construction de sens plutôt que de simples formes linguistiques, ce qui nécessite des étapes mentales et des processus de déconstruction et de reconstruction du message.
L’un des aspects les plus saisissants de notre exploration a été la diversité des approches initiales adoptées par les apprenants. Le sujet 1, par exemple, a démontré une préférence initiale pour la répétition attentive des passages, mettant l’accent sur la phonétique. Cependant, à mesure que son exposition à Edpuzzle s’est intensifiée, nous avons observé une transition vers des stratégies plus complexes, comme l’identification des schémas intonatifs pour anticiper le sens. Cette évolution démontre la plasticité des stratégies cognitives à travers un apprentissage interactif. Plusieurs facteurs semblent influencer les choix des stratégies. La sensibilité individuelle à certaines approches, probablement façonnée par des expériences d’apprentissage antérieures, joue un rôle crucial. L’influence potentielle des enseignants, du contexte d’apprentissage et des recommandations pédagogiques est également perceptible. Ces facteurs soulignent l’importance de créer un environnement d’apprentissage favorable, encourageant la diversité des approches sans négliger la sensibilisation aux stratégies les plus efficaces.
À l’inverse, le sujet 3 a maintenu une stabilité remarquable dans ses approches tout au long de l’étude. Bien que ses premières stratégies aient été efficaces, cette constance pourrait indiquer une préférence ou une habileté particulière non encore explorée. Cela souligne l’importance d’une approche individualisée, reconnaissant et respectant la diversité des styles d’apprentissage.
L’expérience antérieure en français s’est révélée être un facteur déterminant dans le développement des stratégies. Le sujet 5, ayant une base solide, a montré une flexibilité accrue dans l’exploration de nouvelles approches, tandis que le sujet 2, relativement novice, a déployé des stratégies plus basiques. Ceci suggère que la connaissance préalable peut agir comme un catalyseur pour l’adaptation rapide aux exigences de la compréhension orale en langue étrangère.
L’implémentation judicieuse d’un outil numérique interactif a émergé comme un facteur clé. Edpuzzle, en tant que plateforme d’apprentissage en ligne, a fourni des outils puissants pour le suivi individuel de la progression. Gremmo et Holec (1990, p. 8) renforcent cette idée en décrivant le processus d’écoute comme «un processus actif et individualisé, basé sur les interactions». Le sujet 6, par exemple, a démontré une nette amélioration grâce à l’utilisation des données fournies par la plateforme pour ajuster ses stratégies. La plateforme en question a également offert une variété de ressources,
y compris des vidéos, des exercices interactifs et des forums de discussion. Cette diversité a permis au sujet 8 de choisir des ressources qui correspondaient le mieux à son style d’apprentissage. Ces résultats soulignent l’importance de la flexibilité offerte par les TICE pour répondre aux besoins individuels des apprenants. La récompense virtuelle intégrée dans Edpuzzle, par exemple, a eu un impact positif sur la motivation du sujet 7.
Les taux d’utilisation variables des stratégies d’apprentissage mettent en lumière la diversité des préférences et des approches d’apprentissage des apprenants. Il est important de reconnaître cette diversité et d’encourager les apprenants à développer une gamme de stratégies pour s’adapter aux différents contextes et besoins d’apprentissage.
Conclusion
Cette étude nous a permis de plonger au cœur des dynamiques complexes de la compréhension orale en langue étrangère et de dévoiler la richesse et la complexité des stratégies de compréhension orale des apprenants utilisant un outil numérique interactif dans l’apprentissage du FLE. Les résultats de cette étude suggèrent que l’usage des vidéos interactives pourrait non seulement améliorer la compréhension orale, mais aussi favoriser l’adaptation, la personnalisation et la motivation des apprenants. Cette plateforme, en offrant une personnalisation, constitue un terrain propice à l’acquisition et au développement des stratégies d’écoute, suggérant des changements cruciaux dans l’apprentissage et ouvrant ainsi la voie à une approche plus dynamique et efficace. Nous avons remarqué que l’utilisation de vidéos interactives a positivement influencé/intensifié les stratégies de compréhension orale de notre échantillon. Celui-ci interagit avec le contenu et cette interaction l’encourage à développer des approches plus efficaces et aussi à individualiser ses propres stratégies cognitives grâce à une utilisation réfléchie. L’intégration des éléments interactifs dans des vidéos a créé une expérience d’«apprentissage plus engageante» (Vandergrift, 1997). L’analyse des données met en lumière la diversité des approches d’apprentissage adoptées par les participants dans le cadre de l’apprentissage du français via la plateforme Edpuzzle. Ces variations reflètent les préférences individuelles, la sensibilité aux différentes stratégies, et possiblement, l’impact des méthodes d’enseignement antérieures. Ces résultats soulignent l’importance de personnaliser les approches pédagogiques pour répondre aux besoins spécifiques des apprenants, favorisant ainsi une acquisition plus efficace et motivante de la langue étrangère. Les enseignants pourraient exploiter le potentiel des TICE et jouer un rôle proactif en encourageant cette dynamique, en aidant les apprenants à développer leurs propres stratégies cognitives.