Type de document : Original Article
Auteur
Maître Assistante, Département de langues étrangères, Université de Payame Noor (PNU), Tehran, Iran
Résumé
Mots clés
Sujets principaux
Introduction
Depuis toujours, la coopération et la relation réciproque entre la page littéraire et l’environnement existe. Cependant, en ce moment, tenant compte des dangers écologiques, l’environnement tend de plus en plus à se représenter dans la fiction. La crise environnementale est ainsi le problème remarquable de l’époque présente afin de protéger l’écosystème. Dès lors, par rapport à ce lien étroit, l’environnement s’attache à réinterroger dans les représentions littéraires. Néanmoins, il n'est pas étonnant que des crises écologiques et des environnements ravagés se trouvent revalorisés et indispensables. De même, la crise écologique fait naître l’éco-anxiété, un néologisme. Par ailleurs, en s'inspirant de l’éco-anxiété, un grand nombre de travaux est consacré à la représentation de l’environnement et de l’écosystème.
Ainsi, nous placerons plus précisément, l’accent sur Antoine de Saint Exupéry, génie de l’espace géographique et de l’environnement au XXe siècle. L'influence qu'exerce l’environnement sur l’écrivain, fournit aussi le thème à son œuvre. Pour ainsi dire, l’œuvre de Saint-Exupéry s'amplifie comme un foyer de la représentation de l’environnement et l’écosystème. Saint-Exupéry se présente comme l'un des plus grands représentateurs de la Terre où il est né: «tu sais, ma chute sur la Terre… c’en sera demain l’anniversaire… J’étais tombé tout près d’ici…» (Saint-Exupéry, 1943: 93). En particulier, Le Petit Price, l'un des représentants principaux de l’éco-anxiété au XXe siècle, met en relief la crise et l’importance de l’environnement. Pourtant, l’environnement connaît une attention pleine d’inquiétude engagée.
Dès lors, en s’appuyant sur l’importance de l’environnement, la relation entre la littérature et l’écosystème donne naissance à l’écocritique. Cette méthodologie fait émerger l’étude de l’écosystème à travers la littérature. Cette méthode d'analyse littéraire interdisciplinaire, accorde le plus grand intérêt à l'étude de l’environnement et l’écosystème dans l’œuvre littéraire. L’écocritique qui s'attache à la dimension environnementale dans la littérature, est premièrement présenté par William Rueckert en 1978. Alors, il est sans doute intéressant d'interroger l’environnement et ses crises à la lumière de cette nouvelle approche. L’écocritique en tant qu'elle interroge également l’environnement, nous permet d’étudier l’éco-anxiété à travers le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. L'originalité de notre travail de recherche consiste à examiner l’éco-anxiété, un néologisme, dans le Petit Prince de Saint-Exupéry avec une nouvelle méthodologie. De quelle manière, Saint-Exupéry pourrait représenter l’éco-anxiété dans son œuvre? Afin de répondre à cette question, au cours de notre travail de recherche, nous inspirant de l’éco-anxiété, nous avons l'intention d'aborder l’étude de l’environnement naturel et non-naturel (humain).
La Méthodologie: «ÉCOCRITIQUE»
Tout au long de la création de la littérature, l’environnement humain ou non-humain prend part dans l’univers de la fiction. Loin du point de vue écocritique, les écrivains et les poètes se sont constamment attirés par l'espace. Un grand spectre des études est consacré à la représentation de la géographie réelle d’une propre façon. Tout cela nous ramène à un nombre important de travaux qui y est consacré à l’espace et l’environnement. Les exemples sont nombreux; quelques-uns des plus illustres y sont brièvement présentés afin d'éclaircir l’écocritique.
Tout d’abord, nous mettons en relief les travaux littéraires d’Homère jusqu’au présent car «le premier géographe fut Homère» (Lévy, 2006: 3). Pourtant, par leur diversité, le récit de voyage et le roman pastoral s’intéressent à la représentation de la référentialité géographique dans la littérature. En particulier, nous pouvons profiter de l’idée des climats de Montesquieu, la théorie des littératures du Nord et du Midi de Mme de Staël et également celle de la race, le milieu et le moment présentée par Taine. En outre, à la suite des études concernant l’importance du monde réel au cours des temps, Gaston Bachelard indique en même temps une littérature géographique dans son Espace poétique. Pourtant, il est utile de noter l'influence de Maurice Blanchot qui envisage un espace littéraire spécifique en tant qu’un épanouissement imaginaire à travers son œuvre; l'Espace littéraire (1955). Dans ce cadre, il faut néanmoins rappeler que la notion de l’espace se trouve à travers L’Espace Proustien rédigé en 1982 par George Poulet: «l'espace est une sorte de milieu indéterminable, où errent les lieus, de la même façon que dans l'espace cosmique errent les planètes» (Poulet, 1982: 19).
Cependant, un grand nombre d’études interdisciplinaires s’attache à l’étude de l’espace réel dans les œuvres littéraires. Nous pouvons citer en guise d’exemple, les œuvres de Julien Gracq, un géographe en même temps un auteur. L’écrivain écossais Kenneth White présente l’approche «Géopoétique» et les liens étroits entre les lieux géographiques et l’œuvre littéraire, en d’autres termes, «ce qui émerge du rapport entre l’esprit et la terre» (White, 1995: 25). De même, la géocritique, la méthodologie présentée et élaborée par Bertrand Westphal à l'université de Limoges s’attache notamment à la représentation de l’espace dans l’œuvre littéraire. À ce stade, nous prenons un autre exemple; Michel Collot met en relief le rapport entre la littérature et le paysage géographique dans son œuvre; Pour une géographie littéraire en 2014.
De surcroît, parmi les écrivains indiquant l’importance de l’espace, nous mettons aussi en lumière Michel Butor, génie de l'espace et du temps, et également Mikhaïl Bakhtine présentant le chronotope. Ensuite, grâce aux travaux de Michel Foucault, Henri Lefebvre, Michel Collot, Henri Daniel Pageaux, Pierre Sansot, Félix Guattari et Gilles Deleuze, Julien Gracque, Jean Pierre Richard et bien d'autres, l’espace géographique et l’environnement ont exercé l'influence essentielle sur l'évolution de la critique concernant les études interdisciplinaires.
En bref, après avoir abordé l’importance de l’espace réelle dans la fiction, nous nous pencherons exclusivement sur l’écocritique, une analyse littéraire afin d'éclaircir «l’éco-anxiété» contemporain. En réalité, le monde actuel se caractérise par la présence d’une sorte d’«éco-anxiété», un néologisme, mais bien entendu,
ce terme n’est pas reconnu comme une maladie mentale du point de vue APA (Association Américaine de Psychiatrie). En effet, l’anxiété écologique résulte de l’inquiétude par rapport à la terre dont l’homme est issu et tout ce qui l’entoure. Cette «éco-anxiété» met en question la peur, la tristesse et la responsabilité envers l’environnement. Malgré l’anxiété et la peur profondes chez les hommes, une responsabilité et une nostalgie face à l’écosystème se créent en même temps. Pourtant, à peu près, au niveau de «l’éco-anxiété», nous pouvons ainsi rappeler la notion «solastalgie» présentée en 2003 par le philosophe australien de l'environnement Glenn Albrecht mettant en relief «la souffrance», «dépression psychique» et «mal du pays» résultant des changements environnementaux. Ces deux notions et spécialement «l’éco-anxiété» indiquent comment la santé de l’écosystème est liée à celle psychique des hommes. Or, il s'agira de conduire une réflexion sur les études interdisciplinaires en particulier l’écocirtique tel qu’une méthode d'analyse littéraire qui se centre plutôt sur l’environnement et ses crises.
À ce stade, cette anxiété sur la crise de l’environnement nous ramène à l’écocritique qui insiste sur une nouvelle interprétation, une nouvelle démarche afin déceler les crises et les éléments environnementaux. L’écocritique, le terme en commun entre la littérature et l’environnement, relie régulièrement ces deux disciplines. En 1978, C'est à William Rueckert, professeur retraité de littérature anglaise et américaine de la State University de New York à Geneseo, que revient le mérite d'avoir signalé dans un article en anglais intitulé «Literature and Ecology (An Experiment in Ecocriticism[1])» où le mot «ecocriticism (écocritique)» est présenté pour la première fois. De plus, The Ecocriticism Reader de Cheryll Glotfelty, professeur de littérature américaine à l’université de Reno et Harold Fromm, professeur de littérature environnementale à l’université de Tucson représentent des théories de l’écocritique. Chez eux, l’approche écologique et la littérature s'entremêlent continuellement: «l’écocritique étudie les rapports entre nature et culture et, plus précisément, les artéfacts culturels de la langue et de la littérature. En tant qu’approche critique, elle a un pied dans la littérature et un autre sur la terre; en tant que discours théorique, elle négocie entre l’humain et le non-humain» (Glotfelty & Fromm, 1996: xix). En outre, l’œuvre de Lawrence Buell, professeur de littérature américaine à Harvard, The Environmental Imagination, publié en 1995, dont l'intérêt réside dans la relation entre l’imagination et l’environnement tend à donner du relief à l'analyse littéraire écocritique dans une échelle universelle. Tous ces travaux présentés comme écocritique sont issus des livres, des colloques ou des articles. Ensuite associée à l’écocritique, Alain Gilpin, John Burroughs, John Muir, Peter Barry, Glen Love et bien d'autres mettent en lumière cette théorie attachée à l’importance de l’écosystème ou l’environnement qui connaît également un vif essor à partir des années contemporaines. «L’Association for the Study of Literature and Environment» (ASLE) élabore ainsi l’analyse écocritique concernant tant les domaines de la Littérature et la Culture qui renvoie en ce moment à un ensemble d’études pluridisciplinaires.
De ce fait, il s’agit tout d’abord de représenter et reformer l’environnement et l’écosystème dans l’œuvre littéraire. Cette démarche s’efforce de redessiner la suprématie des éléments environnementaux. Dans ce cadre, pour avoir entrepris ce travail de recherche, parmi les génies littéraires de l’environnement et de l’espace écologique, nous envisagerons l'œuvre d’Antoine de Saint Exupéry, épris de l’écosystème, en privilégiant Le Petit Prince qui représente l’éco-anxiété dans un univers imaginaire. Dès lors, l’écocritique, méthode d'analyse littéraire interdisciplinaire dont l'intérêt réside dans l'étude de l’environnement, s'impose ainsi pour définir notre démarche de travail. Une lecture écocritique de cette œuvre confirme tout autant l'importance de la question de l’écosystème. De même, c'est précisément l’originalité et la nouveauté de cette recherche qui y s'intéresse à l'étude de l’éco-anxiété dans une perspective écocritique, consiste à mieux présenter l’écosystème et des crises et des alertes. Pour cela, l'originalité de cette recherche est un moyen qui a guidé notre étude et orienté cette nouvelle critique.
ÉTUDE ÉCOCRITIQUE DE LA NOTION ÉCO-ANXIÉTÉ À TRAVERS LE PETIT PRINCE
Le Petit Prince paru le 6 avril 1943 adressé apparemment aux enfants et en réalité, interpelle tout le monde pour tout le temps. Dès lors, l’environnement tend, à se raconter à la façon d’un enfant-voyageur. Pour ainsi dire, l’environnement prend part dans l’œuvre du point de vue onirique et enfantin. En effet, Saint-Exupéry s'intéresse aux lieux géographiques, ce qui est évident dans cette œuvre. Pilote-écrivain, influencé par la Seconde Guerre mondiale et ses bouleversements écologiques, nous dévoile les lieux inconnus et nous conduit à observer la vérité de la crise écologique du siècle. Le Petit Prince, son chef-œuvre, dont l'intérêt réside perpétuellement dans l’amour humain et la moralité, repose en même temps sur des représentations des crises écologiques. Au sein de l’œuvre, grâce au rêve, l’auteur introduisant un grand nombre de voyages dynamiques, manifeste également la crise environnementale. Par les voyages, les dialogues et la représentation de l’écosystème, l’auteur invite le lecteur à observer l’écosystème et la crise environnementale. À l'origine de cette invitation, le protagoniste facilite ses voyages pour les compagnons de ce voyage, à l’abri de la durée du temps. Le récit transgresse le temps linéaire afin de déceler des crises de l’écosystème.
En effet, il s'agit des sept planètes habitées de façon unique, par de différents caractères. Tout au long du récit, Exupéry est sans cesse hanté par la question des éléments écologiques. L'imaginaire et le réel y cohabitent. Comme déclare Edward Soja: les lieux sont «à la fois réels et imaginés» (Soja, 1996: 84). Le Petit Prince s'insère ainsi dans le vaste courant de la littérature française qui prend le soin de nous indiquer dès les premières pages la nature et l’écosystème à travers la transgression physique et imaginaire du protagoniste. En cela, l’écosystème «est vécu avec toutes les partialités de l'imagination» (Bachelard, 1957: 17).
Cette œuvre est l'histoire d'un processus de déplacements physiques ou mentaux qui affecte les intentions, les représentations et les perceptions de l’écosystème. Dès le début, l’importance de l’écosystème se fait essentiellement à travers les thèmes présentés de la nature par l'auteur: «j’ai vu une belle maison en briques roses, avec des géraniums aux fenêtres et des colombes sur le toit (...), elles (les grandes personnes) ne parviennent pas à s’imaginer cette maison. Il faut leur dire: «j’ai vu une maison de cent mille francs.» Alors elles s’écrient: «comme c’est joli!» (Saint-Exupéry, 1943: 19).
Généralement, la description de l’environnement renvoie à une manière d'être, de connaître, de se reconnaître dans l’écosystème. Tout au long de l’œuvre, nous décelons ces dimensions environnementales dans une conception «l’éco-anxiété». Cette inquiétude en face de la crise environnementale repose sur une amitié dans laquelle, les éléments naturels sont au cœur d'une construction littéraire. Alors, sur la démarche écocritique, notre analyse se concentre sur l’environnement naturel ou non-humain, l’environnement humain (artificiel-industriel) et enfin l’utopie.
L’Environnement Naturel ou Non-humain
L’environnement naturel apparaît comme un espace vécu où la présence des phénomènes naturelles et des espèces vivantes est une constance dans l'œuvre exupérienne. Au début du roman, l’écosystème naturel fait émerger un grand tableau de la nature. Ensuite, afin de mieux représenter l’importance de la nature, le protagoniste transgresse les frontières. Afin de transgresser et voyager, l’écrivain tient en compte le vol des oiseaux sauvages pour le Petit Prince et déclare: «je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages» (Saint-Exupéry, 1943: 37). En outre, dès le début jusqu’à la fin, la nature sauvage permet à l'auteur de représenter l’environnement naturel. La nature est le foyer à partir duquel le récit doit commencer son intrigue. Et puis, la nature est inscrite dans le mouvement, à travers les déplacements du personnage. Or, afin de concevoir l’environnement naturel parmi ces pages, au titre de l’écocritique, nous pouvons déceler les quatre éléments naturels (les quatre éléments bachelardiens) tels que l’eau, l’air, le feu et la terre et d’autres espèces qui sont des référents environnementaux. C'est grâce à l’écosystème que le récit se nourrit d’une vaste réflexion sur les éléments naturels.
Tout d’abord, dans une optique naturelle, c’est à partir des premières pages que l’œuvre se caractérise par la présence des quatre éléments. Ainsi, chez Exupéry, comme Bachelard, l'eau reflète la sensation gustative, la puissance et la joie. L'eau est également le symbole de la lumière et l’omnipotence: «l'eau ainsi dynamisée est un germe; elle donne à la vie un essor inépuisable» (Bachelard, 2007: 13-15). Dans cet état, la valeur privilégiée de l’eau s’impose indéniable afin d’affirmer la possibilité de vivre au milieu de l’écosystème. C'est pour cela qu'il déclare: «j’étais très soucieux car ma panne commençait de m’apparaître comme très grave, et l’eau à boire qui s’épuisait me faisait craindre le pire» (Saint-Exupéry, 1943: 28). C'est ainsi qu’il insiste sur la crise mondiale de l’eau telle qu’un élément indispensable. D'ailleurs, il utilise le mot «pilules», bizarre et dangereux pour la crise de l’eau en disant cette phrase: «c’était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l’on n’éprouve plus le besoin de boire. – Pourquoi vends-tu ça? dit le petit prince» (Saint-Exupéry, 1943: 86).
De plus, dès son voyage, la découverte du désert et la sécheresse de la nature, jusque-là inconnus pour lui, suscitent une attention remarquable envers ce territoire sans eau et ses problèmes éventuels: «ici c’est le désert. Il n’y a personne dans les déserts» (Saint-Exupéry, 1943: 68). «… On va mourir de soif…»
(Saint-Exupéry, 1943: 68). Quant à la répétition de la soif même de la faim, il a l'intention de montrer l'importance des sources naturelles:
«il ne mesure pas le danger, me dis-je. Il n’a jamais ni faim ni soif. Un peu de soleil lui suffit… Mais il me regarda et répondit à ma pensée: – J’ai soif aussi… cherchons un puits…» (Saint-Exupéry, 1943: 87). Cependant, le désert illustre le manque de l’eau et c’est pourquoi il représente tout d’abord l’Afrique:
«il est absurde de chercher un puits, au hasard, dans l’immensité du désert» (Saint-Exupéry, 1943: 88). Le désert devient ainsi central dans l'œuvre, dans la mesure où c'est un symbole qui va révéler la puissance de l’eau en toute forme: «ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c’est qu’il cache un puits quelque part…» (Saint-Exupéry, 1943: 87). À la suite, il l'éprouve une autre fois en disant cette phrase: «le puits que nous avions atteint ne ressemblait pas aux puits sahariens. Les puits sahariens sont de simples trous creusés dans le sable. Celui-là ressemblait à un puits de village. Mais il n’y avait là aucun village, et je croyais rêver» (Saint-Exupéry, 1943: 90). Contrairement au désert qui est une région sèche et un lieu à peu près sans habitant, il met en lumière la douceur des fontaines et des puits d’eau: «moi, se dit le petit prince, si j’avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine…» (Saint-Exupéry, 1943: 68). Ou plutôt, le pilote ajoute: «ah! dis-je au petit prince, ils sont bien jolis, tes souvenirs, mais je n’ai pas encore réparé mon avion, je n’ai plus rien à boire, et je serais heureux, moi aussi, si je pouvais marcher tout doucement vers une fontaine!» (Saint-Exupéry, 1943: 87). Pourtant, en même temps, l’eau met en lumière une valeur emblématique: «l’eau peut aussi être bonne pour le cœur…» (Saint-Exupéry, 1943: 88). «Et je compris que je ne supportais pas l’idée de ne plus jamais entendre ce rire. C’était pour moi comme une fontaine dans le désert»
(Saint-Exupéry, 1943: 98).
Dans cette dimension écologique, la représentation littéraire de la crise de l’eau est une manière d’entrer dans l’environnement imaginaire et d’y réfléchir. C'est pourquoi, il recourt à l’image vitale de l’eau pour en dégager la valeur essentielle: «j’ai soif de cette eau-là (…). C’était doux comme une fête. Cette eau était bien autre chose qu’un aliment. Elle était née de la marche sous les étoiles, du chant de la poulie, de l’effort de mes bras. Elle était bonne pour le cœur, comme un cadeau»
(Saint-Exupéry, 1943: 91-92). À vrai dire, l’eau ressemble au rire du Petit Prince: «ah! petit bonhomme, petit bonhomme j’aime entendre ce rire! – Justement ce sera mon cadeau… ce sera comme pour l’eau…» (Saint-Exupéry, 1943: 99). Grâce à cette vision, une relation onirique s’impose entre la lumière de l’étoile et de l’eau: «ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à boire (…). – Ce sera tellement amusant! Tu auras cinq cents millions de grelots, j’aurai cinq cents millions de fontaines …» (Saint-Exupéry, 1943: 102). Autrement dit, l’eau en toute forme est omniprésente.
Ainsi, plus qu'une simple image, l’eau est idéalisée par sa représentation littéraire en forme réciproque. En toute cohérence, c'est également un élément vivant représenté par la musique qui accède à un nouvel aspect sentimental.
À l'image d’un aspect encore positif, elle s'est liée à la musique afin de refléter des chants nécessaires de la vie de l’écosystème. Cette organisation musicale affirme comment il a tenté de sensibiliser le lecteur à l’importance de cet élément vital: «c’est comme pour l’eau. Celle que tu m’as donnée à boire était comme une musique, à cause de la poulie et de la corde… tu te rappelles… elle était bonne» (Saint-Exupéry, 1943: 99). De ce point de vue, il répète encore: « tu entends, dit le petit prince, nous réveillons ce puits et il chante (…) Dans mes oreilles durait le chant de la poulie et, dans l’eau qui tremblait encore, je voyais trembler le soleil.» (Saint-Exupéry, 1943: 90-91). En somme, il y a bien sûr la polysensorialité gustative, affective (amour), visuelle, auditive et olfactive qui est associée aux phrases susmentionnées. Alors, toutes ces représentations jouent un rôle décisif afin de découvrir l’importance de l’eau et l’espoir:
«je découvris le puits au lever du jour»
(Saint-Exupéry, 1943: 89).
Pourtant, en représentant l’eau, nous ne pouvons pas ignorer les autres éléments de la nature tels que la terre, l’air et le feu qui les accompagnent. La terre fait également partie intégrante de l’intrigue. Chaque astéroïde représenté se prête à être redessiné tel qu’un élément écologique. À travers les voyages de déterritorialisation et ceux de reterritorialisation du protagoniste, l’écrivain remet en lumière l’importance de l’élément de la terre au milieu de l’écosystème: «la Terre tourne lorsque je me promène et la Terre tourne bien sûr lorsque je suis à ma table et que j'écris» (Skimano, Teulon-Nouailles, 1988: 296). Ainsi, au sein de la Terre, nous pouvons signaler qu’il y a une association étroite entre tous les éléments naturels et humains. La Terre contribuant au sentiment de la possession, indique toute réaction réciproque entre l’homme et la nature. C’est la Terre qui permet aussi de prendre de grandes décisions politiques et culturelles en faveur de l’environnement. Mettant en rapport la terre avec l’écosystème, la Terre est un immense foyer dynamique des relations réciproque dans l’environnement: «la Terre est grande, dit le serpent» (Saint-Exupéry, 1943: 68). Tout cela nous ramène à une grande réflexion par rapport à la terre.
À la suite, nous prenons un autre élément naturel qui apparaît définitivement comme une notion clé de la vie et de la santé. En représentant l'élément de l'air, Exupéry refuse ainsi l’environnement statique. Respirant perpétuellement l'air agréable évoque l'importance de l’air. Cependant, la pollution, désigne l’aspect négatif de l’air. Il met ainsi son accent sur le caractère double de l’air. L’air en tant qu'il se définit à la fois comme un élément environnemental se décline en deux façons négative et positive ou les deux à la fois. À titre d'exemple, il contribue à mieux définir l’aspect négatif de l’air lorsqu'il relate: «je ne crains rien des tigres, mais j’ai horreur des courants d’air. Vous n’auriez pas un paravent? «Horreur des courants d’air... ce n’est pas de chance, pour une plante, avait remarqué le petit prince ...»
(Saint-Exupéry, 1943: 34). Nous reprenons en même temps la façon positive de l’air: «L’air frais de la nuit me fera du bien. Je suis une fleur» (Saint-Exupéry, 1943: 34). Enfin, parmi les quatre éléments, Exupéry s’attache au rôle important du feu et sa vivacité dans le cycle de la nature: «les éruptions volcaniques sont comme des feux de cheminée» (Saint-Exupéry, 1943: 38). Le feu y présente l'espoir, la vie et la jouissance. En somme, il y a ainsi une véritable volonté chez Exupéry de faire de l’œuvre un but pour affiner la connaissance de quatre éléments. Cependant, dans cet œuvre, tous les éléments de l’écosystème sont liés l'un à l'autre parce que la relation entre ces éléments est réciproque.
En outre, maints exemples, tels les animaux ou les plantes et les éléments galactiques montrent que tous les éléments de l’environnement contribuent à la construction de l’écosystème.
Ainsi, parmi ces pages, nous considérons constamment la présence des animaux où se reflètent l’amour, la responsabilité et l’alarme en face de ses espèces nécessaires dans le cycle écologique: «mais les bêtes... – Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaître les papillons. Il paraît que c’est tellement beau» (Saint-Exupéry, 1943: 37). Pourtant, la vie des animaux est aussi liée à la peur et au doute; ce qui est évident dans cette phrase: «les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C’est bien gênant»
(Saint-Exupéry, 1943: 78). Lorsque le renard parle de son doute et sa peur et remet en question la négligence par rapport aux animaux; il met également en lumière l’amour et dit encore: «s’il te plaît… apprivoise-moi!»
(Saint-Exupéry, 1943: 80). En fait, la vie des animaux est associée à la crise. C'est pourquoi le Petit Prince le compare à un sentiment de peur et de responsabilité. Et là encore, par la bouche du Renard, il rappelle que la coexistence doit provoquer l’amour et l’amitié: «le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors, ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé…» (Saint-Exupéry, 1943: 80).
De là vient l’alliance amicale de l’écosystème et de l’homme favorisant la floraison de l’environnement. Le Petit Prince rend compte des sentiments ardents dans l’environnement. C'est en cela que ses voyages sont remplis de ces amours en pleine réflexion.
De surcroît, le protagoniste déclare que l’environnement possède le droit de vivre. C’est pourquoi, par le biais de la fiction, l'auteur attribue des caractéristiques humaines aux éléments naturels tels que sa Fleur, symbole de son amour. À partir de la personnification de la nature, il insiste de manière répétitive sur le droit de la vie de l’écosystème. C'est ainsi qu’il décide de connaître sa fleur fidèle malgré son caractère orgueilleux; et il dit: «j’appris bien vite à mieux connaître cette fleur. (…) Elle s’habillait lentement, elle ajustait un à un ses pétales. (…) Sa toilette mystérieuse avait donc duré des jours et des jours» (Saint-Exupéry, 1943: 30).
Par définition, de façon imaginaire, il cherche à respecter la végétation et l’espace vert dans l’écosystème mettant en relief le caractère de sa Fleur. À l’égard de ces descriptions susmentionnées, sa Fleur est personnifiée en personne affective en même temps douce et orgueilleuse: «c’était une fleur tellement orgueilleuse...» (Saint-Exupéry, 1943: 40).
À propos de la naissance de la fleur, celle-ci dit elle-même :«je suis née en même temps que le soleil... Le petit prince devina bien qu’elle n’était pas trop modeste, mais elle était si émouvante!» (Saint-Exupéry, 1943: 28).
En général, malgré ces descriptions positives ou négatives, tout ce qui est notable, c’est certainement l’âme sensible de la nature. Autrement dit, s'attachant à l’importance des relations qui existent entre les éléments environnementaux, l’éco-anxiété omniprésent s’impose évidemment: «mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient!
Et ce n’est pas important ça!» (Saint-Exupéry, 1943: 30).
En outre, grâce à l’âme des éléments de l’environnement et aux fonctions révélatrices, la pensée de l’éco-anxiété nous rappelle également la fonction des étoiles. Le Petit Prince a changé la vision des hommes envers les étoiles en rappelant que: «les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns, qui voyagent, les étoiles sont des guides. Pour d’autres elles ne sont rien que de petites lumières. (…) Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a…» (Saint-Exupéry, 1943: 99). Le protagoniste compare aussi son étoile à un guide qui éclaire son chemin. Les étoiles semblent être présentes. Ainsi, au cours du temps, l'observation de l’étoile comme un guide de réfléchir, nous révèle même des souvenirs: «Tu seras toujours mon ami. Tu auras envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça, pour le plaisir … Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en regardant le ciel. Alors tu leur diras: oui, les étoiles, ça me fait toujours rire!»
(Saint-Exupéry, 1943: 100). En effet, ces coopérations amicales donnent la naissance à une nouvelle étoile. Ainsi, plus qu'un simple guide, chaque étoile est symbole de la naissance de la joie et la fraîcheur de l’environnement.
Et pourtant, c'est l’action d’un allumeur de réverbères dans la cinquième planète qui permet de se rendre compte de la présence de la joie ou de la tristesse, «quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli» (Saint-Exupéry, 1943: 57-58). En bref, l’âme vivant de la nature nous dévoile progressivement une sorte de l’inquiétude.
Ce qui montre également les effets du rôle humain dans la vie de l’environnement. De même, à la suite, en parlant de l’environnement et de l’écosystème, nous verrons l’éco-anxiété à travers les actions humaines.
L’Environnement Humain (non-naturel et Artificiel)
L’écocritique s'intéresse à la fois à l’environnement avec ses habitants. L’homme est un membre inséparable de l’écosystème. L’environnement artificiel permet de représenter la relation de l’homme et des territoires. Autrement dit, « (…) tout rapport qu'un individu ou un groupe d'individu entretient avec son environnement est appelé territorialité» (Breux, 2008: 473). En effet, la territorialité insiste sur «le vécu» afin de «repenser le lien entre espaces humains et littérature» (Westphal, 2007: 17).
Par rapport à ce lien, tout au long des moments, l’homme tel qu’un membre de l’écosystème acquiert un rôle fondamental dans la crise environnementale. C'est pourquoi, la définition des habitants et leurs caractéristiques occupe une place primordiale dans le Petit Prince. Celui-ci est influencé par la question du caractère des habitants. Alors, en ce qui concerne les caractères du récit: «la première était habitée par un roi. La seconde était habitée par un vaniteux. La planète suivante était habitée par un buveur. La quatrième était celle du businessman. La cinquième était habitée par un allumeur de réverbères. La sixième était habitée par un vieux Monsieur. La septième fut donc la Terre» (Saint Exupéry, 1943). Mais ce qui est plus important, c’est la Terre. Celle-ci attire bien l’attention du Petit Prince car «(…) on y compte cent onze rois (en n’oubliant pas, bien sûr, les rois nègres), sept mille géographes, neuf cent mille businessmen, sept millions et demi d’ivrognes, trois cent onze millions de vaniteux, c’est-à-dire environ deux milliards de grandes personnes» (Saint Exupéry, 1943: 66). En général, la territorialité humaine est un environnement peuplé où se concentrent les entreprises, les commerces et les industries et tout ce qui accentue le multiculturalisme. Confronté à un nouvel environnement, la représentation de l’écosystème connaît une nouvelle sorte de soucie et d’anxiété à sa manière. Le Petit Prince l'éprouve en disant cette phrase: «quel drôle de planète! pensa-t-il alors. Elle est toute sèche, et toute pointue et toute salée. Et les hommes manquent d’imagination. Ils répètent ce qu’on leur dit… Chez moi j’avais une fleur : elle parlait toujours la première…» (Saint-Exupéry, 1943: 74).
Par ailleurs, en s’appuyant sur l’imagination, il tente de représenter la Terre et ses habitants. Alors, en s'inspirant du cadre réel de la Terre, il s’intéresse à la réalité et en même temps à l’imagination. Il reflète la Terre réelle par le biais de l’imagination afin de représenter les «consensus homotopiques» et «hétérotopiques». Dans une «attribution erronée», cette situation cosmique de la terre ne se trouve pas. Pourtant, à l’abri de cette imagination, il est capable de mettre en cause la Terre. De même, à travers cet écosystème littéraire, il cherche à se nourrir de connaître l’autrui et soi-même, une forme réciproque du multiculturalisme.
La Terre est la dernière planète visitée où se concentre une population humaine ou non-humaine. La Terre est représentée sous toutes ses technologies en tant qu’un astéroïde peuplé. La Terre est plus complexe: «il eut un soupir de regret et se dit encore: celui-là est le seul dont j’eusse pu faire mon ami» (Saint-Exupéry, 1943: 60). Cependant, l’indifférence, la négligence des habitants, la pollution de l’environnement, des déchets industriels et bien d’autres facteurs donnent l’alarme pour la nature dont la vie est issue. Dès lors, la préoccupation mondiale prête plus d'attention à l’environnement. Preuve en est, la Terre est notre Fleur. Pour cela, il s'y mêle une sorte de la tristesse qui domine l’ambiance de l’environnement littéraire: «il se sentait un peu triste à cause du souvenir de sa petite planète abandonnée…» (Saint-Exupéry, 1943: 44). Il n'est pas étonnant que la Fleur dit:
«le soir vous me mettrez sous globe. Il fait très froid chez vous. C’est mal installé. Là d’où je viens...» (Saint-Exupéry, 1943: 34). En d'autres termes, chaque astéroïde connote notre terre qui doit s’éloigner des dangers comme la guerre. Car, des bouleversements de la guerre menacent la vie de l’environnement. En tout cas, c’est à cause de ces facteurs surtout que l’écosystème se trouve plus important. L’environnement connaît ainsi une prise de conscience. Enfin, l’homme doit se demander :«ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs?» (Saint-Exupéry, 1943: 30).
De surcroît, de manière plus subtile, la chasse par les hommes qui est également une façon de transgresser les droits de la nature, se trouve angoissante et nuisible pour l’environnement: «je sentais battre son cœur comme celui d’un oiseau qui meurt, quand on l’a tiré à la carabine» (Saint-Exupéry 1943: 97). La connaissance des droits de l’environnement met en évidence la présence de l’utopie. Afin de trouver l’utopie, c’est le Petit Prince qui nous permet d’analyser cette notion.
L’Environnement Utopique
Or, ce récit du voyage de Petit Prince, entretient également toutes les caractéristiques de l’écocritique qui a pour but de rejeter les facteurs nuisibles de la nature en les substituant par des environnements imaginaires et parfois utopiques. Ce récit, rempli des éléments de l’environnement tels que le désert et la fleur commence par le désert et se termine par la Terre, autrement dit, de la nature infertile à l’industrie.
Dès le début, il décide de quitter son astéroïde afin de trouver une utopie. C'est pour cette raison que, à la recherche de cette utopie, il commence ses voyages de mise en scène du mélange du réel et de l’imagination. Il est significatif ainsi que l’environnement est «à la fois réels et imaginés» (Soja, 1996: 84). Dans l’œuvre, l'auteur s'inspire des astéroïdes imaginaires afin de représenter l’environnement. En guise d’exemple,: le Petit Prince «se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s’instruire» (Saint-Exupéry, 1943: 41). D’un côté, chaque astéroïde est limité et d’autre côté, le temps est délimité dans son imagination pour représenter l’utopie; à ce propos, il dit: «ta planète est tellement petite que tu en fais le tour en trois enjambées. Tu n’as qu’à marcher assez lentement pour rester toujours au soleil. Quand tu voudras te reposer tu marcheras… et le jour durera aussi longtemps que tu voudras»
(Saint-Exupéry, 1943: 60). À vrai dire, à travers cet environnement clos et limité, le temps se considère comme une entité illimitée et éphémère; à ce propos, il dit: «alors maintenant qu’elle fait un tour par minute, je n’ai plus une seconde de repos. J’allume et j’éteins une fois par minute! – Ça c’est drôle! Les jours chez toi durent une minute! – Ce n’est pas drôle du tout, dit l’allumeur. Ça fait déjà un mois que nous parlons ensemble» (Saint-Exupéry, 1943: 59). Et le Petit Prince «se souvint des couchers de soleil que lui-même allait autrefois chercher, en tirant sa chaise» (Saint-Exupéry, 1943: 59).
De plus, ce qui est évident dans cette phrase: «ce que le petit prince n’osait pas s’avouer, c’est qu’il regrettait cette planète bénie à cause, surtout, des mille quatre cent quarante couchers de soleil par vingt-quatre heures» (Saint-Exupéry 1943: 60). Pendant ce temps illimité, l’utopie ou un non-lieu occupe la pensée du Petit Prince.
En effet, c'est à travers ces voyages oniriques qu’il décide de revenir auprès de sa Fleur, comme dit le Petit Prince: «ma fleur est éphémère, se dit le petit prince, et elle n’a que quatre épines pour se défendre contre le monde ! Et je l’ai laissée toute seule chez moi»
(Saint-Exupéry, 1943: 65). Car: «l'utopie est un non-lieu» (Westphal, 2007: 180). En effet, l’utopie n’est pas «nulle part» et se trouve en même temps «partout». La découverte de l’utopie est à l’intérieur de soi-même. Il faut ainsi temps que nous pensons à nos responsabilités. Parce que ce n'est pas seulement la fleur qui est responsable de cette situation dans son astéroïde, mais en revanche, mutuellement, le Petit Prince et chacun à leur tour est responsable par rapport à son astéroïde; en effet,: «c’est une question de discipline, me disait plus tard le petit prince. Quand on a terminé sa toilette du matin, il faut faire soigneusement la toilette de la planète. (…) Mais, s’il s’agit des baobabs, c’est toujours une catastrophe. J’ai connu une planète, habitée par un paresseux. Il avait négligé trois arbustes...» (Saint-Exupéry, 1943: 23-24). C’est pourquoi, en insistant sur l’importance de l’environnement, il a laissé libre cours à la responsabilité de l’homme dans cet environnement: «tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose… – Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir» (Saint-Exupéry, 1943: 83). Autrement dit, l’éco-anxiété produit essentiellement une sorte de la responsabilité se mêlant de l’inquiétude. Le chagrin et la responsabilité se confondent: «tu sais… une muselière pour mon mouton… je suis responsable de cette fleur!» (Saint-Exupéry, 1943: 92). À ce titre, en tenant compte de sa dimension écologique, les pensées du petit voyageur perpétuent l’enseignement de la responsabilité pour l’homme. Et en cela, c’est un enseignement à recueillir: «cependant c’est le seul (l’allumeur des réverbères) qui ne me paraisse pas ridicule. C’est, peut-être, parce qu’il s’occupe d’autre chose que de soi-même» (Saint-Exupéry, 1943: 60). Conformément à la situation présente, il reflète également l’importance des consignes et des décisions passées et actuelles qui mettent tout de suite l’accent sur la protection et la survie de l’environnement: «c’est bien là le drame! La planète d’année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n’a pas changé!» (Saint-Exupéry, 1943: 59). En outre, quant à la protection de l’environnement, la reconnaissance et l’amour sont liés au concept de la responsabilité.
En réalité, l’amour et la gratitude en faveur de la nature exercent l’influence sur la connaissance de la responsabilité. Afin de mettre en relief cette reconnaissance, le message du Petit Prince s’adresse à la fois aux enfants et il déclare ainsi: «c’est là un bien grand mystère. (…) Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d’importance!»
(Saint-Exupéry 1943: 104-105). Car «les enfants seuls savent ce qu’ils cherchent, fit le petit prince» (Saint-Exupéry 1943: 85). Bien entendu, dans une ambiance amicale, les enfants comme des interlocuteurs sensibles ont pour objectif de protéger et de révéler l’importance et la crise de l’écosystème. Par ailleurs, les enfants entretiennent une relation amicale et humaine avec la nature. Il leur donne des conseils ainsi : «Enfants! Faites attention aux baobabs!»
(Saint-Exupéry, 1943: 23-24). Parce que
«les grandes personnes sont décidément très très bizarres» (Saint-Exupéry, 1943: 51). C'est bien sûr pour cela que l’auteur donne des conseils écologiques aux enfants du point de vue original.
Par le biais du rêve et de l'imagination, l’éco-anxiété contemporain pour l’utopie se représente à travers la page. Il s’agit d’exercer l’influence réciproque de l’œuvre et de l’environnement. De fait, c’est grâce à cette représentation du Petit Prince que le pilote y insiste sur le sentiment réciproque: «le petit prince enferme sa fleur toutes les nuits sous son globe de verre, et il surveille bien son mouton…» Alors je suis heureux. Et toutes les étoiles rient doucement» (Saint-Exupéry, 1943: 104). En découvrant le secret de la nature, celle-ci nous offre de plus en plus la beauté et la vie et l’utopie. Il faut néanmoins rappeler que: «si tu aimes une fleur qui se trouve dans une étoile, c’est doux, la nuit, de regarder le ciel. Toutes les étoiles sont fleuries» (Saint-Exupéry, 1943: 98).
Enfin, le Petit Prince nous invite à trouver le secret de notre maison utopique et chacun à sa manière se répète également: «ma maison cachait un secret au fond de son cœur…»
(Saint-Exupéry, 1943: 85).
Conclusion
Associée à l’éco-anxiété, Le Petit Prince nous représente la crise et l’importance de l’environnement. Afin de représenter l’éco-anxiété, cette étude a focalisé sur l’écocritique. Or, ces voyages imaginaires dans le temps qui sont pris en compte permettent au protagoniste de découvrir ce qui est quasiment jusque-là négligé dans l’écosystème. À travers une approche écocritique, nous avons abordé les termes écologiques tels que l’eau, l’air, le feu, la terre autrement dit l’environnement naturel.
Ce travail de recherche s’est étendu sur les pistes du rapport entre l'environnement référentiel et l'environnement romanesque, leur interaction et la représentation littéraire de l’environnement. Ce travail de recherche a également mis en relief une coopération dynamique et permanente entre l’écosystème et le texte. À partir de cet argument, «l'influence de la littérature dans le monde se joue au niveau de l'espace, c'est-à-dire dans la façon dont les entités du monde coexistent. La littérature serait cette puissance de renégociation permanente des coexistences» (Blanchot, 1955: 23). En somme,
l’écosystème s’insère dans l’œuvre littéraire. Les fontaines, les déserts, les forêts, les animaux, les plantes vertes et généralement tous les éléments de l’écosystèmes jouent un rôle essentiel dans la coexistence écologique et littéraire.
Ainsi, nous y avons vu l'importance de la relation de l’écosystème et de l’œuvre. Ce travail de recherche consistait à représenter la manière dont la crise de l’environnement apparaît comme une sorte de l’anxiété et non pas une observation simple. Cette représentation littéraire peint une évolution remarquable de l’éco-anxiété à travers les pages. Au fur et à mesure, la crise environnementale tout en entier s'écrit à travers ces voyages oniriques.
Puisque ce lien entre l’environnement et la page est au centre du Petit Prince, en effet, c'est en espoir de respecter les droits de la nature que nous avons fait cette étude. Pour ce faire, les interlocuteurs de cette œuvre sont les enfants du présent ou d’hier à qui le Petit Prince confie la responsabilité. Mais cependant, tout cela nous ramène en réalité à une responsabilité en commun. Il découvre ainsi que tous les habitants de la Terre n'ont d'autre but que de protéger la Terre comme un foyer commun. Ces voyages multiples adressant véritablement à tous, cherchent à rappeler la volonté de protéger la nature et l’écosystème. N'est-ce pas ce qu'il laisse entendre par ces phrases: «et j’aime la nuit écouter les étoiles» (Saint Exupéry, 1943: 104). Ainsi, l’environnement est redessiné et représenté à travers les pages littéraires qui le rend unique et lisible d’une façon nette. L’auteur a recréé un écosystème littéraire en respectant «des interactions entre espaces humains et littérature» (Westphal, 2000: 17). D’une manière artistique, l’œuvre littéraire permet ainsi de faire résonner les crises et les beautés de l’environnement et devient un espace qui est capable de reconstruire l’environnement.
[1] Littérature et Écologie (une Expérience d’Écocritique)