نویسندگان
1 استاد، گروه زبان و ادبیات فرانسه، دانشکدۀ ادبیات فارسی و زبانهای خارجی، دانشگاه تبریز، تبریز، ایران
2 دانشجوی دکترا، گروه زبان و ادبیات فرانسه، دانشکدۀ ادبیات فارسی و زبانهای خارجی، دانشگاه تبریز، تبریز، ایران
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Introduction
Caligula (1938), L’Étranger (1942) et La Chute (1956) se trouvent parmi les œuvres les plus importantes d’Albert Camus qui présentent, chacune à sa propre manière, une partie profonde de la pensée camusienne. Albert Camus, considéré comme l’un des plus importants théoriciens de la philosophie de l’absurde, a développé, dans ces trois œuvres, tout ce qu’il a déjà théorisé à propos du non-sens de la vie humaine. Tout en insistant sur l’absurdité de la vie humaine, Camus a choisi les thèmes du crime et de la mort pour dessiner un monde dans lequel toutes les valeurs morales sont désignifiées et dégradées. Dans Caligula qui met en scène les crimes absurdes d’un empereur romain, Camus a établi une relation entre le crime et le pouvoir illimité dans une atmosphère noire et vide de sens. Tyranniques et lunatiques, les actes criminels de Caligula commencent après la mort de sa maîtresse et le désespoir qui la suit. Dans L’Étranger, Meursault, le personnage principal qui concrétise « l’homme absurde » au sens propre du terme, commet un crime gratuit qui mérite une réflexion profonde pour en dégager les motifs et les conséquences. Dans La Chute, le crime se présente d’une manière indirecte mais influence toute la vie du personnage principal. Juge et pénitent en même temps, le personnage principal de La Chute, par son crime se trouve dans un piège qui le serre de toutes parts. N’apportant aucun secours à une jeune femme qui voulait se suicider, Clamence de La Chute se remémore des crimes qu’il a commis au passé tout en les racontant à un inconnu.
En dépit de toutes les différences génériques aux niveaux de la forme et du fond, Caligula, L’Étranger et La Chute sont les œuvres qui, par l’intermédiaire du thème de crime et par le traitement de ce thème, peuvent être le sujet d’une comparaison. Le côté absurde des crimes des personnages de ces œuvres et leurs châtiments hors du commun, sont le fil conducteur de notre étude. Voici la raison pour laquelle nous essayerons d’offrir, dans cet écrit, une étude comparée de trois crimes qui mettent en évidence l’essentiel de la philosophie camusienne tout en expliquant les différentes étapes de ces crimes.
À cause de l’importance de l’œuvre camusienne des points de vue romanesque et philosophique, il existe beaucoup de recherches, du vivant de l’auteur jusqu’aux années récentes, sur les différents aspects de ses œuvres. Parmi les articles les plus récents, on peut citer un article intitulé « L’absurde ou la condition humaine » (2017), dans lequel, Damien Darcis, nous parle de la raison objective qui peut confronter à l’absurdité de la vie. En parlant du crime dans l’œuvre camusienne, on ne peut trouver que les articles qui traitent la question du crime uniquement dans L’Étranger sans étudier la relation avec les autres œuvres de Camus. Par exemple, dans un article intitulé « Délit, procès et peine dans L’Étranger D’Albert Camus », Alfredo Verde a traité, d’une manière psychanalytique, la tragédie du meurtre de l’Arabe dans L’Étranger.
La question du crime est un aspect important du roman camusien qui est très peu étudié. Les romans qui font le corpus de cette recherche se tournent autour du thème du crime et c’est le crime qui fait apparaître la mentalité des personnages. Il s’agit d’une mentalité qui se définit par l’absurdité de la condition de vie des personnages criminels. Ce rapport signifiant entre le crime et l’absurde et l’importance de ces deux concepts chez Camus, sont la raison pour laquelle on a décidé de faire une étude comparée de l’acte criminel dans trois romans d’Albert Camus qui traitent le thème du crime.
Dans cet article, notre objectif sera d’examiner, d’une manière comparative, l’itinéraire de trois crimes commis dans les situations différentes mais entraînant des résultats communs. Pour accéder à cette fin, en une première étape nous étudierons les effets de l’absurdité du monde sur les crimes des personnages. En deuxième étape, nous analyserons le jugement et le châtiment de ces criminels étranges tout en mettant en relief leurs comportements en face de ces jugements. Enfin, nous suivrons les différentes phases de l’évolution de ces trois personnages criminels en essayant de poursuivre les traces de regrets et d’interrogation de soi après l’acte criminel. À la fin de cette étude, nous devons répondre à cette question conceptuelle : Pourquoi Camus a-t-il choisi le thème du crime pour dramatiser sa philosophie de l’absurde ?
De l’absurdité du monde à la prise de conscience
Sous l’influence du philosophe russe, Léon Chestov, Georges Bataille qui a étudié le rôle du mal dans les œuvres littéraires, réunit toujours la question du mal avec celle de l’obscurité. Pour lui, le mal coexiste la plupart du temps avec une sorte de l’incertitude qui torture l’être humain de l’intérieur. Cette incertitude est suivie par la « chute dans le vide » (Bataille, 1978: 52) qui peut être aussi synonyme d’une angoisse progressive et d’une absurdité profonde. En parlant de l’œuvre d’Albert Camus, Georges Bataille affirme que son œuvre est « d’abord un témoignage humain. Mais il est clair en effet qu’Albert Camus a résumé l’inquiétude d’esprit de notre temps, comme on ne l’avait pas fait avant lui… » (Cité par Sollers, 2009). Donc, on peut ainsi dire que les thèmes du crime et de la mort développés dans nos œuvres étudiées, sont au service de la représentation d’une société qui souffre en même temps de l’immoralité et de la difficulté de la situation humaine. Il s’agit d’une situation dure à supporter qui cause la violence, une violence gratuite dont l’origine peut être le non-sens de la vie. Ainsi les œuvres de Camus deviennent le témoin de l’Histoire et des philosophies qui l’envahissent à l’époque y compris la philosophie de l’absurde. Selon la philosophie de l’absurde, tout être humain est considéré comme un condamné à mort qui doit subir, tout seul, toutes les souffrances de la mort. Dans une telle situation, la réaction des personnages camusiens est différente : certains choisissent la voie de l’indifférence et certains d’autres, celle de la violence et de la cruauté. De ce point de vue, Meursault et Clamence se définissent par leur indifférence au crime et Caligula par sa violence et sa cruauté.
Dans toutes les trois œuvres étudiées, avant de l’omniprésence du mal et de la mort, il y a une dominance des beautés et des voluptés dans la vie des personnages. Caligula, en tant qu’empereur, a tous les plaisirs du monde : l’amour et le pouvoir. Meursault aussi, à son tour, à la proximité de la mer et du soleil, a une expérience agréable de la beauté du monde. Pour Clamence de La Chute, son statut particulier en tant qu’avocat brillant, lui offre une sorte de satisfaction de soi. Mais un péché ou plutôt un ensemble de péchés, met tous ces personnages en dehors d’un paradis terrestre. Une fois des vicissitudes de la vie disparues, se manifeste la figure embarrassante du mal et ainsi la vie harmonieuse des personnages devient embrouillée. Dans un monde marqué par le mal et la mort, le personnage camusien perd son espoir et découvre l’indifférence du monde aux problèmes qui l’envahissent. Ainsi, toutes les choses perdent leurs significations et le non-sens de la vie se présente. Emprisonné d’un monde irraisonnable, le personnage camusien est confronté à l’absurdité du monde jusqu’à tel point que « cet irrationnel et […] ce désir éperdu de clarté » sont résonnés « au plus profond » (Camus, 1942: 26) de son âme. Du cœur de cette irrationalité naît une sorte de misère et de tragédie.
À partir de Caligula, le côté tragique de l’angoisse se présentant comme le résultat de l’absurdité et de la révolte métaphysiques est incarné. Après la mort de sa maîtresse Drusilla, toutes les choses perdent leurs significations pour Caligula et il se sent seul et abandonné dans un monde qui n’a aucune réponse à ses questions : « J’ai vingt-neuf ans. C’est peu. Mais à cette heure où ma vie m’apparaît cependant si longue, si chargée de dépouilles, si accomplie, enfin... » (Camus, 1958: 167). La réaction de Caligula à son angoisse est absolument illogique et anarchiste. Rejetant toutes les règles, il va se venger d’un monde qui l’a privé de ses plaisirs. Alors la tragédie de sa vie se transforme en une sorte de comédie noire et tout devient ridicule et insignifiant autour de lui. Déçu de sa vie et de ses entourages et conscient de l’absurdité de ses actes, Caligula se sent maître de son destin par le non-respect des lois. Pour oublier la souffrance profonde de son âme et pour affirmer sa toute-puissance, il tue les hommes et ainsi il se sent libre face au destin.
Ces crimes font de lui un empereur fou qui doit apaiser sa soif de la liberté et du pouvoir par tuer les hommes. Il devient alors un tyran frustré et sadique qui règne sur tout ce qui l’entoure : « Je viens de comprendre enfin l’utilité du pouvoir : il donne ses chances à l’impossible. » (Camus, 1958: 58). En fait, Caligula va se venger de la mort par le meurtre. Dans L’Homme révolté, Camus analyse cette attitude maladive : « L’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est. La question est de savoir si ce refus ne peut l’amener qu’à la destruction des autres et de lui-même… » (Camus, 1951: 19). Mais ce n’est pas seulement la question de la mort de sa maîtresse qui épuise Caligula de l’intérieur, c’est plutôt un problème métaphysique qui le fait souffrir : « On croit qu’un homme souffre parce que l’être qu’il aime meurt en un jour. Mais sa vraie souffrance est moins futile : c’est de s’apercevoir que le chagrin non plus ne dure pas. Même la douleur est privée de sens. » (Camus, 1958: 169). La mort de la bien-aimée n’est qu’un prétexte pour que l’empereur romain soit conscient de l’absurdité de sa vie. C’est pourquoi au fur et à mesure, Caligula comprend que même les crimes successifs aussi ne peuvent pas garantir sa dominance sur le monde. Le malheur de sa vie est plus vaste et plus profond que la perte de sa bien-aimée. Sa vie est vide de sens et en absence de toute sorte de la foi et de la moralité, il n’y a aucune solution pour sauver sa vie : « […] de quoi me sert ce pouvoir si étonnant si je ne puis changer l’ordre des choses ? » (Camus, 1958: 62). Désarmé en face d’une réalité cruelle qui se présente plus forte que le tyran, Caligula se trouve dans un monde où il n’y a aucune réponse à ses appels : « Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas supportable. J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. » (Camus, 1958: 48).
Si des crimes de Caligula sont pour conquérir le monde et pour oublier le non-sens de la vie, le crime de Meursault de L’Étranger est pour rien. Meursault qui est un modeste employé de bureau, suit une vie morose et tristement répétitive. Il ne réagit qu’avec l’indifférence à tout ce qui lui arrive et même la mort de sa mère ne le rend pas triste. C’est au bord de la mer et après un jour agréable que Meursault commet son crime gratuit. Sous l’accablement du soleil, il perd un moment sa conscience et tire sur un Arabe qui l’a déjà menacé. C’est alors à la suite d’un enchaînement contingent d’événements que Meursault tue un homme. Outre l’aspect personnel et gratuit du crime de Meursault, il faut faire attention à l’atmosphère dans laquelle il commet un meurtre. L’action de L’Étranger se situe dans une Algérie hantée par plusieurs problèmes à l’époque. En dépit de Caligula, Meursault n’est pas conscient, avant de son crime, de l’absurdité du monde et c’est par l’intermédiaire du crime qu’il prend conscience de l’injustice sociale. Cette prise de conscience met en évidence progressivement les aspects obscurs de la personnalité de Meursault. Par son caractère « obstinément enfantin » (Bagot, 1993: 104), il s’éloigne de Caligula qui est une figure du mal et de la cruauté. Emprisonné de son for intérieur et étranger à la société dans laquelle il vit, Meursault éprouve une solitude tragique qui ne l’abandonne jamais. À la recherche de son identité pour enfin se sentir distant par rapport aux autres, Meursault se définit comme un exilé vagabond qui n’a aucune origine. C’est à cause de cette personnalité étrange et discrète que la vie intérieure de Meursault tout comme son crime devient un secret irrésolu marqué par le signe du hasard.
Contre le soleil brûlant et menaçant qui aveugle Meursault, la source d’eau fraîche le console comme une mère. Pour calmer sa souffrance au sein de cet ange gardien, il est obligé de dépasser un obstacle qui est sa future victime armée d’un couteau. Malgré la présence angoissante de l’homme qui lui lance un défi, c’est la lumière éblouissante du soleil qui l’égare : « Et chaque fois que je sentais son grand souffle chaud sur mon visage, je serrais les dents, je fermais les poings dans les poches de mon pantalon, je me tendais tout entier pour triompher du soleil et de cette ivresse opaque qu’il me déversait. » (Camus, 2005: 62). Si Caligula commet des crimes d’une manière tout à fait consciente, Meursault devient criminel par le hasard de l’instant. Toutefois, tous ces deux personnages criminels reflètent l’absurdité de leurs mondes par leurs actes criminels : l’un par ses meurtres innombrables et irraisonnés et l’autre par un crime gratuit et par hasard.
Dans La Chute, le crime commis par le personnage principal est moins concret que les crimes de Caligula et de Meursault. Autrement dit, Clamence, le personnage principal de La Chute, se sent responsable d’un crime qu’il n’a pas commis directement. En effet, il pouvait empêcher le suicide d’une jeune femme et sauver sa vie mais par l’indifférence, il l’a laissée mourir dans la nuit. En ce qui concerne la fatalité de la situation et la passivité de Clamence en face du suicide de la jeune femme, on peut comparer le crime de Clamence à celui de Meursault. Tous ces deux crimes ont lieu par hasard et sans aucun plan. Dans une telle situation, Clamence se présente comme le meurtrier d’une femme dont il n’a pas empêché le suicide. Après cet événement choquant, Jean-Baptiste Clamence, l’ancien avocat parisien, se sent coupable et responsable d’un crime. Le sentiment de la culpabilité ne laisse pas un moment l’avocat parisien et le fait enfin confesser à un inconnu afin d’apaiser un peu son sentiment désagréable. Brillant dans son carrière, Clamence qui était toujours égoïste et indifférent aux problèmes des autres, se préoccupe profondément de la mort de la femme inconnue. En effet, ce suicide fait ouvrir les yeux de Clamence aux vérités du monde et aux maux qui l’entourent. Ainsi, par l’intermédiaire de ce roman, Camus décrit la décadence de l’humanité et des valeurs morales dans une société qui est dominée par le matérialisme et l’individualisme. Cette situation est la caractéristique essentielle de la bourgeoisie française juste après la Seconde Guerre mondiale. Par la dominance du capitalisme, la société s’éloigne progressivement de l’humanisme et l’homme se trouve dans une atmosphère absurde sans aucun secours de la part des autres.
De l’acte criminel à la souffrance
Après avoir commis le crime dans une atmosphère absurde, le personnage camusien doit subir le jugement et le châtiment. Mais il s’agit d’un jugement qui va plutôt juger la personnalité du personnage criminel que son crime.
Dans Caligula, à cause de la puissance illimitée du personnage criminel, personne ne peut le juger et le punir. Mais les crimes multiples de Caligula influencent sa santé physique et mentale. Il sent de douleurs stomacales et il souffre d’insomnies. Tous ces deux problèmes nous annoncent le vide profond qui épuise sa vie. Son corps et son âme sont butés dans une attitude hostile et lui rappellent les crimes qu’il a commis. Ainsi la vie fait dos à lui et en dépit de sa toute-puissance, il ne peut pas profiter des plaisirs de la vie. Ainsi, ce sont son propre corps et sa propre âme qui le jugent et vont le punir. C’est pourquoi à la fin de la pièce, Caligula qui est affaibli extrêmement par épuisement des forces physiques et mentales, pense au suicide. La déviation de ses tendances normales et son altération profonde sont accompagnées de la haine de son entourage envers lui. Inondé par l’amour de tout le monde dès son enfance, l’empereur-criminel perd progressivement tout ce qui l’admirait un jour. C’est la méfiance des autres qui lui conduit vers une angoisse métaphysique et il devient le prisonnier de sa mentalité maladive. Cette solitude fait craindre le tyran romain mais il ne laisse pas parcourir un chemin qui n’a aucun bout que la chute et la décadence. Enfin, son angoisse se transforme en « agressivité féroce et pathologique » (Lucas, 1967: 174). Dès lors, Caligula est considéré comme un malade mental qui ne peut pas contrôler sa tendance maladive au mal. Comme il ne peut pas vivre avec les hommes, il se réfugie au monde des morts : « C’est drôle. Quand je ne tue pas, je me sens seul. Les vivants ne suffisent pas à peupler l’univers et à chasser l’ennui. Quand vous êtes tous là, vous me faites sentir un vide sans mesure où je ne peux regarder. Je ne suis bien que parmi mes morts. » (Camus, 1958: 165).
Caligula tue ses victimes pour échapper à la solitude mais il ne réussit pas à trouver un soulagement pour ses douleurs. À ce point de son chemin criminel, il se sent fatigué de tuer les autres et pense à éliminer soi-même. Il devient alors un criminel qui doit être puni par lui-même et il affirme l’absurdité de sa vie par sa propre mort. Après avoir découvert le vide existentiel qui l’a envahi, il se rend compte de la tragédie de sa vie : « une vérité toute simple et toute claire, un peu bête, mais difficile à découvrir et lourde à porter » (Camus, 1958: 49). La confrontation de l’esprit criminel de Caligula et la vérité amère de sa vie l’éloigne progressivement de tout ce qui appartient au monde des hommes et le rapproche de plus en plus des profondeurs de l’enfer.
En dépit de Caligula dont les crimes le font souffrir dès le début, Meursault de L’Étranger n’accepte pas tout d’abord l’étiquette d’être un criminel. Comme le crime gratuit de Meursault, son jugement et les interrogations qui suivent son crime surprennent aussi le lecteur. Du fait que Meursault ne peut pas établir la causalité entre ses motivations et son acte criminel, ses paroles devant le tribunal semblent tout à fait illogiques et inacceptables : « Raymond, la plage, le bain, la querelle, encore la plage, la petite source, le soleil et les cinq coups » (Camus, 2005: 69). Toutes ces hésitations et incertitudes provoquent la nature existentialiste et absurde de son crime. Selon la philosophie de l’existentialisme, l’absurde « ne peut pas être expliqué par la raison et refuse à l’homme toute justification philosophique ou politique d’une action. » (Pavis, 2006). Mais cette difficulté à expliquer la véritable motivation de son crime n’empêche pas que Meursault perde sa naïveté et sa sincérité. Il avoue sincèrement au juge d’exécution tout ce qui se passe dans sa tête et ne sert pas des mots pour justifier son crime et pour prouver son innocence. Une telle position de la part de Meursault permet aux autres de reconstruire les événements qui ont causés le meurtre à leur gré et non pas selon la vérité. C’est pourquoi le procureur veut donner un ordre et une cohérence à un meurtre qui est commis complètement d’une manière gratuite. Le procès de Meursault devient alors moins celui d’un meurtrier que celui de l’homme qu’il est. Un tel jugement de la part des autres, provient de la personnalité étrange et anticonformiste de Meursault qui n’accepte pas de mentir pour prouver son innocence. Il ne nie pas la gratuité de son crime et ainsi il ne peut pas attirer la pitié des autres. Alors qu’il pouvait faire croire aux autres qu’il a tué l’homme arabe parce qu’il l’a déjà menacé. Mais il savait très bien que la motivation de son crime n’était pas la menace mais une autre chose qu’il ne peut jamais expliquer. Une telle attitude devant son crime, éloigne Meursault des autres criminels et le laisse tout seul en face d’une société qui doit attribuer une raison bien logique à n’importe quel crime. Dès lors, Meursault se présente plutôt comme un homme antisocial qu’un meurtrier. Accusé d’« avoir enterré une mère avec un cœur de criminel » (Camus, 2005: 97), Meursault est condamné à briser les règles de la séniorité. Le fait de mettre en péril les valeurs d’une société bourgeoise, fait paraître la nature absurde de la bourgeoisie à l’époque. Il met en évidence une sorte de divorce et de décalage, les deux concepts qui expliquent selon Jean-Paul Sartre le roman de Camus.
Meursault a commis un meurtre et doit être jugé et puni pour ce crime mais il est puni pour le non-respect des valeurs sociales, pour la remise en question de la bourgeoisie. Par son indifférence aux normes sociales, il s’éloigne de plus en plus de son entourage. Il devient alors un étranger qui doit payer le prix de sa différence par rapport aux autres. Une fois que Meursault ressent ce divorce, il éprouve une sorte de crise. Une « métamorphose du style » (Viggiani, 1961: 103-136) nous annonce l’évolution intérieure de Meursault. Tout au long de la première partie du roman, les paroles de Meursault sont tout à fait spontanées, tandis que ses paroles à la deuxième partie du roman ne se prononcent « qu’avec répugnance » (Viggiani, 1961: 103-136). Ce changement significatif, met en évidence l’« évolution psychologique » (Viggiani, 1961: 103-136) de personnage criminel. Distant et affaibli, dès lors, Meursault se transforme à un homme révolté qui, comme les héros romantiques, provoque son propre mort. De ce point de vue, le crime de Meursault aussi comme les crimes de Caligula, est un prétexte pour découvrir le non-sens de la vie. En face de cette situation absurde, Meursault, ainsi que Caligula, choisit la voie de la mort. Mais l’acceptation de la mort n’est pas facile pour Meursault. Même son indifférence à la vie et à tout ce qui lui appartient aussi n’empêche pas qu’il ne regrette quelques plaisirs du passé. Le témoin en est sa prise de conscience de certaines choses qui lui ont été chères : la mer, sa maîtresse, … Ce n’est pas seulement sa privation des plaisirs de la vie qu’il doit subir en tant que châtiment de son acte criminel, il souffre aussi, tout comme Caligula, de la haine des autres envers lui. Sur ces entrefaites, on peut conclure que le regard des autres, comme l’affirme Jean-Paul Sartre, est le vrai enfer de Meursault et de Caligula. Si indifférent aux jugements des autres avant son crime, Meursault comprend progressivement la lourdeur de ce jugement sur son âme et c’est son vrai châtiment. Il souffre du regard des autres parce qu’ils ne le détestent pas à cause de son crime mais à cause de son étrangeté par rapport aux valeurs d’une société qui ne sont pas les siennes.
Dans La Chute, personne ne juge le crime de Clamence et personne ne le punit. Clamence intériorise le mal qu’il se sent après le suicide de la jeune femme et il en souffre de l’intérieur. Cette souffrance intérieure l’épuise et le pousse à extérioriser le mal qui a envahi son esprit. Sa solution pour l’extériorisation de sa souffrance, c’est de se confesser à un inconnu. Alors, il se laisse volontairement être jugé par les autres. En tant qu’avocat, il ne se soumet pas à la loi, parce que selon la loi, il n’a commis aucun crime. Son crime n’est explicable que pour lui-même. Indifférent au suicide de la femme, Clamence sait très bien qu’il n’a pas respecté la morale. C’est pourquoi, il a choisi le tribunal de la société pour être jugé et châtié. En dépit de Caligula et de Meursault qui ne supportent pas le regard et le jugement des autres, Clamence choisit librement le tribunal des hommes. Sa confession à un inconnu n’est pas seulement pour être libéré de son sentiment de la culpabilité mais aussi pour révéler les autres crimes qu’il a déjà commis. Après le suicide de la femme, la conscience de Clamence frappe à la porte et il s’éloigne progressivement de sa situation de l’homme de la loi. Dès lors, au lieu de juger le crime des autres, il doit être jugé par les autres. Une telle confession est pour lui une sorte de soulagement pour abolir la gravité de son péché.
Dans la chute, Albert Camus remplace la situation du juge et du criminel et fait d’un juge brillant celui qui doit subir le procès des hommes ordinaires. Ce remplacement est une caractéristique du monde absurde dans lequel Clamence vit. Il s’agit d’un monde dans lequel chacun peut à chaque instant perdre son rôle et ainsi l’ordre de la société se transforme en un désordre inexplicable. Au milieu de ce désordre, le sentiment de la culpabilité influence toute la vie de Clamence et remet en question toute son existence. Il s’éloigne alors de l’égoïsme d’un avocat brillant et devient un pêcheur qui doit se soumettre au châtiment afin de se libérer d’un sentiment désagréable qui l’anéantit de l’intérieur. Cette succession du crime et du châtiment de soi nous fait penser au Crime et Châtiment de Dostoïevski dont le personnage principal subit une oppressante lourdeur de la culpabilité. De ce fait, le sentiment de la culpabilité devient une partie inséparable de la vie de Clamence et ne le laisse pas un instant. À cette étape, ainsi que Caligula et Meursault, Clamence aussi se trouve tout seul et désarmé : « J’ai compris que je n’avais pas d’amis. Du reste, même si j’en avais eu, je n’en serais pas plus avancé. Si j’avais pu me suicider et voir ensuite leur tête, alors, oui, le jeu en valait la chandelle. Mais la terre est obscure, cher ami, le bois épais, opaque le linceul… » (Camus, 1956: 42). Même ses justifications pour sa passivité en face du suicide de la jeune femme aussi ne peuvent pas le sauver de sa chute intérieure. Il se sent responsable de la mort de la jeune femme et il souffre de l’indifférence qui domine sa société marquée par les valeurs de la bourgeoisie. De ce fait, Camus condamne toute une société dans laquelle personne n’est sensible aux malheurs des autres. Fatigué de son sentiment de la culpabilité, ainsi que Caligula,
Clamence aussi pense à se suicider.
De la figure du criminel à la figure de l’interrogateur
D’après Georges Bataille, le vertige en face du monde et de la réalité est un résultat de la prise de conscience de l’être humain. Dans une telle situation, les événements les plus durs et les plus tragiques de la vie humaine deviennent comiques et perdent leur nature initiale. Dans nos trois œuvres étudiées, les différentes étapes des crimes des personnages affirment cette évolution. Entourés par l’angoisse lorsqu’ils commettent leurs crimes et qu’ils subissent le jugement des autres, ces trois personnages criminels se penchent enfin sur eux-mêmes pour découvrir tout ce qui se passe à leur intérieur. C’est la dernière étape de la « chute dans le vide » (Bataille, 1978: 52) qui se trouve cette fois chez le personnage criminel et non pas dans le monde qui l’entoure.
Dans cette partie, nous allons voir que le personnage criminel camusien, si cruel, si indifférent et si égoïste soit-il, souffre toujours de son crime et les effets de son acte ne le laissent jamais. C’est ainsi que le mal influence tous les aspects de sa vie et il devient une partie inséparable de son existence. En parlant de la question du mal dans la littérature, Georges Bataille affirme que « la littérature est l’essentiel, ou n’est rien. Le Mal - une forme aiguë du Mal - dont elle est l’expression, a pour nous, je le crois, la valeur souveraine. Mais cette conception ne commande pas l’absence de morale, elle exige une « hypermorale ». La littérature est communication. La communication commande la loyauté : la morale rigoureuse est donnée dans cette vue à partir de complicités dans la connaissance du Mal, qui fondent la communication intense. » (Bataille, 1979: 171). De cette expression, on peut conclure que la représentation du mal dans la littérature, est une prétexte afin de mettre en relief les valeurs morales qui sont en train d’être disparues au profit d’un matérialisme immoral. Une telle approche de la part de l’auteur exige que le mal soit analysé de la part de celui qui l’a causé. Au cours de cette analyse ou bien de l’interrogation de soi, le personnage criminel examine toute une voie qui a abouti à un mal ou bien à un crime. Cette interrogation peut être finie par une révolte qui sera plutôt une révolte contre soi-même. Un autre résultat de cette accusation personnelle sera l’extériorisation et la concrétisation d’un mal intérieur et abstrait qui résidait depuis longtemps à l’intérieur du personnage criminel et que le crime sera un moyen de le présenter.
Après la mort de sa maîtresse et après son désespoir de tuer les autres pour soulager ses peines, Caligula découvre le nihilisme. Dans cette situation, il avoue que sa liberté et son pouvoir ne servent à rien. Il arrête alors ces actes criminels et s’interroge sur le sens de sa vie. Il s’éloigne ainsi d’un criminel aveugle et avide du sang et devient un homme misérable qui n’a aucune réponse à ses questions. C’est pourquoi, Sophie Bastien, une spécialiste des œuvres de Camus, déclare que « Caligula camusien a plus d’âme que le Caligula réel » (Bastien, 2005: 352). En effet Camus fait référence à l’histoire et en choisit un tyran pour enfin exprimer que le mal ne peut pas être une solution pour les absurdités de la vie. Après sa prise de conscience de l’inutilité de ses actes, Caligula se rend compte que la mort de Drusilla n’est plus la catastrophe de sa vie et qu’il a d’autres problèmes à résoudre. Une fois découverte la face la plus profonde de la vie, Caligula se regrette de tout ce qu’il a déjà fait pour gagner le bonheur. Il a donc devant soi une question métaphysique qui doit être résolue : « […] le souvenir de Drusilla occupera une place toute secondaire et Caligula sera rongé intérieurement non plus par sa perte personnelle mais par la mort universelle devenue pour lui un scandale métaphysique. » (Clayton, 1966: 166). La découverte tragique de sa solitude absolue et son incapacité de communiquer à quelqu’un qui peut l’aider, font de Caligula un homme mélancolique qui est suspendu dans son monde vide du sens. Il s’interroge soi-même et il veut trouver une voie qui aboutisse à la lumière, mais faute de foi et loin de toute valeur morale, il ne sent que l’angoisse et le malheur. Caligula sait très bien que sa vie est influencée complètement par la mort : la mort de sa maîtresse, la mort de ses victimes et sa propre mort. Tout à fait conscient de la situation dans laquelle il se trouve, Caligula est un juge intelligent de ses attitudes. Acceptant la cruauté de ces crimes et la vanité de sa vie, il ne trouve enfin aucune solution que l’élimination de soi.
En dépit de Caligula, Meursault de L’Étranger, n’est pas un homme profond qui interroge toujours soi-même et qui analyse tous les événements de sa vie. Il avoue lui-même à cette caractéristique : « Tu sais bien que je ne pense jamais. Je suis bien trop intelligent pour ça. » (Camus, 1958: 47). Mais après être jugé et dans la prison, Meursault se change un peu et réfléchit à son crime et à l’homme qu’il était. Ces réflexions aboutissent non seulement à la connaissance de sa situation embrouillée, mais aussi à une connaissance de soi-même. Cette prise de conscience l’amène à découvrir son vrai sentiment en face de son crime. Toutefois, le sentiment de la culpabilité chez Meursault ne provient pas de son crime mais d’une autre chose : « la destruction de l’équilibre du monde » (Rey, 1970: 43). Il s’agit d’une autre caractéristique de l’absurde : inutilité de remords. Les remords ne peuvent pas aider le personnage camusien
parce que, après avoir détruit une chose, la reconstruction est impossible.
Ainsi que la plupart des criminels, Meursault doit être châtié dans la prison. En dépit de son attachement à la liberté et aux plaisirs de la vie, la prison n’est un véritable châtiment pour Meursault parce qu’il la dépasse en s’y habituant. Mais elle est une occasion pour lui afin de penser à tout ce qu’il négligeait. C’est dans la prison qu’il pense pour la première fois à sa mère et il en devient triste. Il s’agit d’une sorte de réveil qui l’éloigne progressivement de son indifférence. Réveillé, il se trouve privé de tout ce qui n’avait déjà aucune valeur pour lui. Après ce réveil, il accepte sa situation en tant que criminel et il attend sa punition. En attendant son châtiment, il comprend que la vie n’était pas si simple qu’il croyait : « Tout a l’air si compliqué. Tout est si simple pourtant. Si j’avais eu la lune, si l’amour suffisait, tout serait changé. Mais où étancher cette soif ? … L’impossible ! Je l’ai cherché aux limites du monde, aux confins de moi-même. » (Camus, 1958: 172). Perdu au milieu des questions sans réponses, c’est dans l’acceptation de sa propre mort que Meursault trouve la seule échappatoire par laquelle il peut s’en tirer de son monde vide du sens.
Le cas de Clamence de La Chute est bien différent de celui de Caligula et de Meursault en ce qui concerne la question de l’interrogation de soi. Si dans Caligula et L’Étranger, l’interrogation de soi est un problème qui se présente vers la fin et après une prise de conscience tardive, dans La Chute, l’interrogation de soi et le sentiment de la culpabilité font le thème principal du roman. Après la scène du suicide de la jeune femme au début du roman, Clamence commence à s’interroger pour une morale qu’il n’avait jamais respectée.
En absence de tout juge et de tout homme qui le juge, la confession de Clamence est une décision tout à fait volontaire. Le choix du point de vue interne pour le roman est en effet un moyen d’attirer l’attention du lecteur à l’intérieur du personnage et à tout ce qui se passe dans sa tête. De confessions de Clamence, on comprend que sa brillante statue de l’avocat n’était qu’un masque pour cacher son âme monstrueuse. Alors, il fallait un événement ainsi que le suicide de la jeune femme que la vraie figure de l’avocat soit dévoilée. C’est ici que la contradiction et l’humour existés dans le roman se manifestent : celui qui défendait un jour les valeurs humaines, a dépassé ces mêmes valeurs ! Cette vérité éloigne Clémence de son égocentrisme et fait de lui un homme coupable et suspendu entre deux mondes : celui du juge et celui du coupable. Cette ambivalence peut aboutir à une identification de la part du lecteur parce que tout le monde juge soi-même et ses attitudes de temps en temps. De ce point de vue on peut ainsi dire que Clamence est en quelque sorte la représentation de toute une génération bourgeoise qui a oublié l’humanisme. La dégradation des valeurs morales désespère Clamence non seulement de lui-même mais aussi de tout son entourage. Désespéré de tout le monde, comme Caligula et Meursault, Clamence aussi se sent seul et lassé de sa vie obscure : « La vie me devenait moins facile : quand le corps est triste, le cœur languit. Il me semblait que je désapprenais en partie ce que je n’avais jamais appris et que je savais pourtant si bien, je veux dire vivre. » (Camus, 1956: 24).
Par son auto-condamnation, Clamence se présente comme un vrai représentant de la philosophie existentialiste. Selon l’existentialisme, chaque personne est le responsable de ce qu’il fait et il doit subir le résultat de ses actions. En soutenant cette thèse, Clamence remet en cause tous ses jugements en tant que juge et accepte toutes les fautes qu’il a faites au passé : « Nous nous confions rarement à ceux qui sont meilleurs que nous. Nous fuirions plutôt leur société. Le plus souvent, au contraire, nous nous confessons à ceux qui nous ressemblent et qui partagent nos faiblesses » (Camus, 1956: 47).
Conclusion
L’omniprésence du thème du mal dans l’œuvre camusienne est un moyen de dramatiser ses pensées philosophiques. Dans cette lignée, le crime, le personnage criminel, les motifs et les suites d’un crime se présentent dans plusieurs œuvres de l’auteur. Mais l’importance de la dramatisation du crime dans l’œuvre camusienne revient à la présentation de différentes faces de l’acte criminel. Les personnages criminels de Camus ne se ressemblent jamais et chacun a sa propre particularité. Le personnage de Caligula qui est inspiré d’un empereur romain, est le représentant des criminels dont la puissance illimitée leur permet de commettre des crimes. Personne ne peut arrêter Caligula et il continue à tuer son entourage jusqu’à ce qu’il se rend compte de l’absurdité de ses actes et de sa vie. Mais la situation de Meursault est bien différente de celle de Caligula. Il est un modeste employé de bureau qui tue un Arabe par hasard sans aucune intention et sans aucune hostilité personnelle. Le cas de Clamence est encore un cas spécifique : se sentir coupable pour le suicide de quelqu’un d’autre au nom du regret pour la dégradation des valeurs humaines. Mais ce qui est commun entre ces criminels, c’est qu’ils ne peuvent pas justifier leurs meurtres et trouver des raisons logiques. D’où vient le sentiment d’être emprisonné dans un monde vide du sens. Ils souffrent de l’absurdité de leurs situations et ne trouvent aucune réponse à leurs questions. Le désespoir issu d’une telle condition fait de ces hommes désespérés, les assassins qui ne pensent qu’au suicide. Ce suicide peut être interprété comme une sorte de révolte contre leur destin tragique. Incapable de donner le sens à leurs existences, ils préfèrent éliminer eux-mêmes. Tous ces trois œuvres commencent par la mort et se terminent par la mort : la mort de la maîtresse de Caligula et son suicide, la mort de l’Arabe dans L’Étranger et la condamnation à la mort de Meursault, le suicide de la jeune femme dans La Chute et la décision de Clamence pour se suicider à la fin du roman. Ce plan peut évoquer la domination de la fatalité sur la vie du personnage camusien. Comparable aux personnages des tragédies classiques, le personnage camusien est au milieu d’une situation fatale à laquelle il ne peut pas échapper. De ce point de vue, ces œuvres peuvent être considérées comme un point de rencontre de la face tragique de la condition humaine, du sentiment de la culpabilité et du désespoir de l’homme absurde.