نویسندگان
1 دانشجوی دکترای زبان و ادبیات فرانسه، دانشکدۀ ادبیات و علوم انسانی، دکتر علی شریعتی، دانشگاه فردوسی مشهد، مشهد، ایران
2 استادیار زبان و ادبیات فرانسه، دانشکدۀ ادبیات و علوم انسانی، دکتر علی شریعتی، دانشگاه فردوسی مشهد، مشهد، ایران
3 دانشیار زبان و ادبیات انگلیسی، دانشکدۀ ادبیات و علوم انسانی، دکتر علی شریعتی، دانشگاه فردوسی مشهد، مشهد، ایران
چکیده
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موضوعات
Introduction
Les enjeux environnementaux, notamment le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique qui menacent désormais la Terre entière, sont l'une des préoccupations mondiales de nos jours, préoccupation qui mérite d’être placée au premier plan de la réflexion contemporaine. La révolution industrielle et l'émergence du machinisme ont conduit à la transformation de la nature, à des dommages irréparables à l'environnement.
Les écritures de la nature ne cessent d’évoluer au fur et à mesure que progresse la domination de l’homme sur la nature. Dès le début du XXème siècle, l’Iran, comme beaucoup d'autres pays a connu une révolution industrielle, en particulier à Téhéran et aux grandes villes dont les pollutions et les questions environnementales sont très visibles. Donc, cela amène certains écrivains iraniens à montrer certaines tendances écologistes dans leurs œuvres, et dans les domaines de la littérature environnementale, nous pouvons constater la résurgence d’un regard anthropocentrique sur la nature et ils repensent ainsi la situation de l’homme dans le monde. Parmi ces écrivains, nous pouvons parler de Fariba Kalhor, l’auteure de science-fiction pour les enfants et les adolescentes, qui, à l’aide de son imagination, reflète les questions environnementales, l’interaction de l’homme et son environnement ainsi que sa responsabilité à l’égard des dommages environnementaux. Dans Les Intelligents de la planète d'Orak, (Kalhor, 2014) en imaginant une vie extraterrestre, elle met l’accent sur la pollution atmosphérique qui menace la Terre entière par le trou de la couche d'ozone.
Les œuvres de science-fiction pourraient jouer un rôle important pour transmettre aux enfants et aux adultes le respect de l’environnement et impliquer surtout les enfants dans la protection de l’environnement et de la nature ; elles arrivent également à sensibiliser les enfants et les adultes à l’importance de l'écologie et fournissent ainsi les moyens appropriés pour empêcher la destruction de la Terre en leur rappelant les bons réflexes écologiques. Dans les œuvres de science-fiction, une catastrophe environnementale est parfois le prélude à une prise de conscience.
Fariba Kalhor, avec Les Intelligents de la planète d'Orak, illustre certains aspects de la problématique environnementale ; mais dans quelle mesure pouvons-nous conclure qu’elle sensibilise les enfants à l’écologie à travers les images de la destruction ? Comment pouvons-nous confirmer que Les Intelligents de la planète d'Orak suggère l’idée de l’interaction humaine avec l’environnement ? Comment Kalhor propose-t-elle un nouveau regard sur l’écologie ? A travers l’étude de rapport homme-nature dans cette œuvre, nous essaierons d’étudier comment la question de l’environnement est évoquée dans la littérature de jeunesse persane.
En vue d’étudier la problématique environnementale et les enjeux écologiques dans l’œuvre de Kalhor, nous nous sommes essentiellement appuyés sur les théories de Lawrence Buell et de Pierre Schoentjes (Schoentjes, 2015). Dans l’écocritique de Buell et l’écopoétique de Schoentjes, les enjeux éthiques et esthétiques participent à repenser la relation de l’homme avec la nature. Ces deux théoriciens cherchent à étudier l’œuvre littéraire tant sur le plan thématique que sur le plan poétique et esthétique. La littérature environnementale et l’écocritique connaissent depuis deux décennies un essor important, et leurs racines sont situées aux États-Unis et dans la littérature américaine.
Afin de nous interroger sur les liens entre l’éco-responsabilité et l’esthétique littéraire dans l’œuvre de Kalhor, nous parlerons tout d’abord de l’étendue de l’approche écocritique vers une écopoétique, comme instrument de recherche et d’analyse qui nous permettra de mieux voir le rapport homme-nature dans Les Intelligents de la planète d’Orak de Fariba Kalhor, surnommée "Dame des mille histoires" dans la littérature persane. Nous nous pencherons ainsi sur la littérature de jeunesse pour montrer ensuite à travers cette recherche, comment la question de l’environnement est évoquée dans la littérature de jeunesse persane.
Les recherches faites sur les œuvres de Kalhor sont à notre connaissance en persan. Parmi ces recherches réalisées sur ses œuvres, nous pouvons citer un article intitulé « Les maisons d’Orak n’ont pas de fenêtre » (Yousefi, 2006) ; en effectuant une analyse sur les rapports entre les formes textuelles et la pensée féministe, l’auteur se penche sur la question du féminin dans l’œuvre de Kalhor.
Quelques autres recherches ont été faites sur les traits caractéristiques des personnages de Kalhor, comme une recherche intitulée : Les Intelligents de la planète d’Orak et La fille maudite (Roeintan, 2016) ; dans cette thèse, la chercheuse analyse les traits caractéristiques des personnages de Kalhor.
En ce qui concerne la littérature française, beaucoup de chercheurs s’intéressent aux liens entre l’humain et son environnement. A titre d’exemple, dans « Zoopoétique », Anne Simon met l’accent sur la richesse des interactions entre l’humain et le monde animal. (Simon, 2018). Garrard consacre un chapitre de son livre (Garrard, 2004) à l’étude de : « Pollutions » et il aborde dans cette partie les problématiques qui évoquent l'environnement urbain et même industriel pour entamer la discussion à propos du réchauffement climatique.
A notre connaissance, malgré le nombre considérable de recherches réalisées sur les représentations de la nature dans la littérature persane, aucune étude n’a été menée sur le lien entre l’homme et l’environnement naturel dans Les Intelligents de la planète d’Orak.
Par une approche écocritique, nous entendons une critique littéraire qui s’interroge sur les liens entre littérature et environnement naturel. Née aux Etats-Unis, l’ecocriticism est employé pour la première fois en 1978 par William Rueckert dans son fameux essai Literature and Ecology (Rueckert, 1978). Le terme privilégié fréquemment utilisé par les Français est « écopoétique » qui met l’accent sur l’engagement et plutôt sur la composante proprement littéraire. Il est utilisé en France depuis le milieu des années 2000. Claire Jaquier, dans son article intitulé « Écopoétique un territoire critique » (Jaquier, 2015) nous suggère la nécessité d’une méthode critique qui explore les questions environnementales, une méthode qui nous permette d’étudier la modalité des enjeux sociaux liés aux risques climatiques dans les œuvres littéraires. C’est dans la seconde moitié des années 1990 que voient le jour les efforts conjugués de plusieurs chercheurs, notamment ceux de Lawrence Buell, qui demeure jusqu’ici le principal théoricien de ce type d’études (Afeissa, 2015). Cette nouvelle critique littéraire, comme les autres termes littéraires, connait une étendue assez vaste (Glotfelty, 1996). Étymologiquement, le mot « écopoétique » vient de deux mots grecs :
« Au grec « poiein », à un faire littéraire qu’interroge toute poétique. Le mot partage en outre une racine avec « écologie », construit sur « oikos », qui désignait la maison mais dans un sens qui englobe tant la demeure et les terres que les membres de la famille. » (Shoentjes, 2015 :15)
Comme le souligne Shoentjes, l’homme n’est pas extérieur à la nature ; par l’écopoétique, il entend une étude attentive à tous les usages littéraires de la nature, même si les modes d’usages sont assez divergents (Jaquier, 2015).
Selon Buell, il existe quatre éléments clés qui forment le texte environnemental :
« 1) L’environnement non humain est évoqué comme acteur à part entière et non seulement comme cadre de l’expérience humaine ; 2) les préoccupations environnementales se rangent légitimement à côté des préoccupations humaines ; 3) la responsabilité environnementale fait partie de l’orientation éthique du texte ; 4) le texte suggère l’idée de la nature comme processus et non pas seulement comme cadre fixe de l’activité humaine (Buell, 2001 : 77).
Cette méthode s’inscrit non seulement comme une méthode de critique littéraire mais également comme une étude culturelle, ainsi l’esthétique littéraire et l’aspect poétique du texte littéraire apportent des éléments de réflexion à la question de rapport entre l’homme et son environnement naturel.
Image de destruction : Dommages environnementaux
Dans la littérature de jeunesse à vocation écologique, du trou de la couche d’ozone jusqu’à la guerre et l’image d’apocalypse, les images de la destruction écologique sont effectivement utilisées pour sensibiliser les enfants en vue de les mobiliser contre la destruction du monde naturel.
Pollution de l’air :
Sont nombreuses les œuvres qui nous mettent en garde contre la pollution sous ses diverses formes, que ce soit le réchauffement climatique ou la pollution due aux déchets. Qu’on le nomme : "La littérature de pollution ou littérature sur les déchets », que « les Anglo-Saxons désignent sous le terme de waste literature, apparaît comme un cas particulier de la nature writing » (Shoentjes, 2015 : 116).
L’histoire du récit de Kalhor se repose sur la préservation de la planète Terre et l’intrigue tourne autour du réchauffement climatique. Bien que l’avenir de l’écologie se joue sur le destin de l’homme, nous constatons que la technologie entraîne souvent un environnement dégradé ou la destruction des écosystèmes. L'image première de la Terre comme « la planète bleue » change et nous constatons l’impact de l’homme sur la Terre :
« Encore une fois, il [Être intelligent extraterrestre] se retourne vers le télescope, il regarde la terre et il dit : "L'air de la terre est vraiment pollué. Il est absolument indispensable de penser encore plus à la protection de la couche d'ozone » (Kalhor, 2014a : 65).
L’écrivain insiste sur les principales causes de la pollution de l’air en montrant que cette pollution est un sujet préoccupant car elle a des effets significatifs sur l’environnement et la santé des gens :
« Les voitures circulaient sur la route, les piétons marchaient de long en large entre la fumée noire et sale qui sortait des voitures. » (Kalhor, 2014a : 76)
Il ne s’agit pas d’un bref aperçu de la problématique de la pollution, nous pouvons suivre des conséquences prévisibles de l’usage et de l’abus des sources naturelles, et la dégradation de l’environnement qui est directement liée au processus d’industrialisation, Kalhor tente de rappeler au lecteur l’importance de la protection de la planète et de l’environnement :
« (Adapa dit à Saba :) Tout se tourne autour d’un constat alarmant de la couche d'Ozone. Cette couche nous protège des rayons ultraviolets du soleil, non seulement en Orak mais également à la Terre. Tu sais que la dégradation ou l’appauvrissement de la couche d’Ozone est très dangereux car la couche d’ozone a un rôle protecteur pour les êtres vivants contre les UV en les empêchant d’attendre le sol. Des rayons du soleil peuvent provoquer de nombreuses maladies. […] Alors il continue : mais malheureusement il y a un trou dans la couche d’Ozone. Les terriens ne sont pas encore conscients de ce trou car ils ne se sont pas assez savants pour remarquer à juste titre le danger. Mais nos intelligents extraterrestres ont aperçu ce dommage, la couche d’ozone se dégrade tous les jours. […] Cette situation est non seulement très dangereuse pour nous mais également pour les êtres humains. Vous ne le savez peut-être pas, mais les gaz nocifs produits par certaines usines terriennes menacent la couche d'ozone » (Kalhor, 2014a : 191).
Pour les extraterrestres de la planète d’Orak, l’environnement est tellement menacé par l’Homme au point qu’ils envisagent même une guerre contre les êtres humains :
« Un des Patsi[1], qui était un expert en guerre, a regardé le maître Patsi et il a dit: nous n'avons qu’une solution, il faut attaquer la Terre. Nous allons arrêter les gaz nocifs des usines qui envahissent la Terre. Nous pouvons également les encourager de consommer l’énergie solaire ou d’autres énergies renouvelables. » (Kalhor, 2014a : 44).
Les extraterrestres cherchent des solutions concrètes pour sauver la planète, mais la technologie moderne arrive-t-elle à trouver une solution ?
« Si les intelligents gèrent la Terre, ensuite, toutes les usines qui produisent ces gaz nocifs seront détruites. Nous fournissons des sciences et technologies très développées à la disposition des humains pour qu’ils n’aient pas besoin de ces usines polluantes. Nous protégeons actuellement de la couche d'ozone, avec des appareils spéciaux, mais nous pouvons utiliser et bénéficier de ces appareils que d’une façon temporaire. L'air de la Terre va être pollué jour par jour. Dans un avenir proche, l'air sera tellement fumé que l'usage de ces appareils sera inutile. Nous devons donc réfléchir à des solutions plus pratiques » (Kalhor, 2014a : 192).
Voilà l’idée de l’écomodernisme qui apparaît dans ce récit, les extraterrestres essaient de protéger la terre et découpler les impacts anthropiques du monde naturel en profitant de la technologie.
Ils parlent de l’impact de la dégradation de la couche d’ozone sur la santé des êtres vivants et en même temps, ils se rendent compte que la santé de la planète dépend des actes de tous les êtres du monde :
"Notre recherche montre qu'il y a trois grands trous dans la couche d'ozone", a poursuivi Patsi. Les trous sont si grands qu'ils ont créé un problème pour les Terriens. Sur ces trois lieux, des moutons sont nés aveugles, des poissons meurent et le cancer de la peau est très répandu. Dans notre planète, les effets défavorables de ces trous sont plus importants. Ces jours-ci, quatre cas de maladie spécifique ont été observés chez les intelligents extraterrestres. […] Je tiens à avertir que la vie dans l’Orak est impossible si on ne lutte pas contre la destruction de la couche d’ozone. » (Kalhor, 2014b : 34)
L’avenir décrit par l’écrivain est une pensée éco-globale qui cerne toute la planète ; l’ampleur des destructions de l’espace collectif partagé par tous montre l’impact nocif des polluants de l’air sur les êtres vivants et sur la végétation.
Apocalypse
Le désir de dénoncer les atteintes à l’environnement et la volonté de mettre en garde contre une destruction plus générale encore de notre planète conduisent l’écrivain à recourir au scenario bien rodé de la menace de l’apocalypse :
« La littérature d’environnement donne un monde envisagé comme proche de sa fin. Elle relève d’une imagination automnale. Le monde est mort, et il n’est pas sûr qu’il renaisse à la prochaine saison. Nous avons enfanté d’un monde acyclique. La littérature d’environnement est un regressus ad infinitum. » (Suberchicot, 2012 : 21)
Ainsi la nécessité d'arrêter la dégradation de l'environnement est souvent illustrée par les images d’apocalypse horribles. Kalhor juxtapose deux mondes aussi dissemblables que possible, pour nous montrer le destin de toute une écologie des populations des deux mondes terrien et extraterrestre : « des moutons sont nés aveugles, des poissons meurent et le cancer de la peau est très répandu » (Kalhor, 2014b : 34) Les pesticides et les gaz extrêmement toxiques pour les plantes sont capables de détruire amplement l’environnement naturel : « […] on va apprendre aux terriens à profiter de l’énergie solaire et de l’énergie renouvelable au lieu de produire des gaz toxiques de CFC. » (Kalhor, 2014a : 44).
La destruction de l’espace vert
La nature dans les récits littéraires devient un lieu où l'imaginaire peut s'attacher à un grand nombre d'éléments, ainsi l'humain, l'animal, le végétal et le minéral offrent une grande diversité de supports à partir desquels elle rayonne. Selon Buell et Schoentjes, la littérature à vocation écologique s’interroge à propos du rapport de l’homme et de la nature végétale, nous étudierons des interactions entre littérature et science de l’environnement et nous analyserons non seulement la thématique de la nature mais également nous nous interrogerons sur la relation homme/nature ou plus généralement homme/environnement.
Dans l’œuvre de Kalhor, les thèmes tels que l’agriculture extra-terrestre, les arbres imaginaires et la technologie très avancée de ce domaine montrent essentiellement des propositions pour résoudre les problèmes dans ce terrain, et les lecteurs découvrent un paysage dans lequel les végétaux ont diverses fonctions imbriquées dans des problématiques environnementales.
Saba a grandi dans une maison terrienne avec un petit jardin naturel et convivial : « Il n'y avait que deux arbres de kaki qui étaient éloignés, à travers ces deux arbres, il y avait plusieurs arbustes de rose et de jasmin ainsi qu’un gazon bien vert partout dans le jardin » (Kalhor, 2014a : 27).
Cependant la nature extra-terrestre d'Orak est tout à fait différente :
« Après des années et peut-être des siècles d’études et de recherches, l'un des scientifiques de la planète d'Orak a mené à une découverte inattendue. Il a réalisé qu'en greffant un certain type d'arbres non fruitiers, et d’autre type d’arbre fruitiers il y aurait des arbres particuliers produisant un gaz invisible. Le scientifique a suggéré que ces arbres soient plantés à des distances de 500 mètres afin que toute la planète soit invisible du point de vue des autres grâce à des gaz spéciaux. […] Alors chaque jour de nouveaux arbres ont été plantés sur la planète d'Orak et une partie de la planète a disparu. »( Kalhor, 2014a: 120)
Cet avantage provoque par contre des inconvénients :
« En fait, seuls les arbres de la planète d'Orak étaient les arbres que leurs gaz conservaient d'un côté la sécurité de la planète et d'autre part, ils détruisent tous les autres arbres et plantes. [...] Après avoir planté des arbres géants dans une vaste zone, toutes les fermes et tous les champs se sont soudainement asséchés. La planète d'Orak était menacée de famine. [...] Si nous ne pouvons pas faire l'agriculture sur le sol, sous le sol, nous pouvons le faire. Oui, nous déplaçons les fermes au sous-sol.
- mais sans lumière naturelle du soleil ? Comment faire pousser les plantes sans lumière naturelle ?!
-Ce n'est peut-être pas un vrai problème surtout quand le problème peut être si facilement résolu. La lumière synthétique des réacteurs est la solution. Le réacteur peut produire un filet contenant 95 pour cent des caractéristiques du soleil. 5% du reste peut être ignoré ou compensé au fil du temps. C'était que l'agriculture était reportée sous la terre qui avait été construite profondément dans la planète » (Kalhor, 2014a: 120).
Les extraterrestres ont une technologie d’agriculture très avancée :
« Nous avons profité de la méthode de croissance accélérée pour faire pousser les légumes plus rapidement. Par exemple, si vous avez besoin d'une saison pour obtenir des kakis sur la Terre, nous l’obtenons de manière spéciale en une semaine » (Kalhor, 2014a : 184-185).
La destruction d’espaces végétales menace la vie des humains sur la Terre, d’autre part, sur la planète d’Orak, nous apercevons que les activités des extraterrestres ont des répercussions négatives sur l’environnement mais le mode de destruction de l’espace végétale est différent ; les plantes transgéniques détruisent les autres plantes naturelles. Nous observons également que les extraterrestres découvrent une méthode qui permet d’accélérer la croissance des plantes afin de récompenser la perte de biodiversité.
La Guerre et l’environnement naturel
Les impacts environnementaux de la guerre ont fait l’objet d’un grand nombre d’études universitaires. Dans l’œuvre de Kalhor, nous constatons le débat sur cette problématique ; les extraterrestres s’interrogent sur les conséquences irréversibles de la guerre sur l’environnement naturel de la Terre :
« Patsi de la guerre a répondu : les terriens sont très forts, mais nous avons l’accès à des technologies avancées comme des gaz invisibles qui peuvent empêcher le fonctionnement de leurs équipements. […] En conquérant les espaces terriens, nous pouvons empêcher la pollution par des gaz toxiques de leurs usines qui détruit la couche d’Ozone.
L’anthropologue a dit : je conseille de penser un peu plus avant d’attaquer la Terre. » (Kalhor, 2014a : 44-45)
La guerre des extraterrestres contre les terriens entraîne ensuite le recours massif à des gaz invisibles hautement toxiques pour l’homme et l’environnement. La catastrophe écologique en temps de guerre et les conséquences écologiques de la guerre des extraterrestres sont ainsi dénoncées. La guerre extraterrestre va provoquer des dégâts et les substances toxiques vont polluer la Terre, même si les extraterrestres essaient de justifier cette guerre pour empêcher la pollution de l’air par des gaz toxiques des usines terriennes, c’est avant tout sur les écosystèmes et sur l’environnement naturel que l’impact des conflits est le plus durable.
L’image positive et le rôle de l’éducation
Le choix de Kalhor de communiquer par l’image constructive comme un travail d’éducation et de sensibilisation dans les œuvres littéraires, a émergé d’une prise de conscience à l’échelle mondiale de la détérioration de l’environnement naturel. L’éducation sur l’environnement est basée d’abord sur une réalité catastrophique à laquelle nous sommes confrontés, l’éducation dans ce domaine contribue à éveiller les consciences du plus grand nombre puis Kalhor montre également l’épanouissement de ses personnages à travers leurs relations avec l’environnement et la nature ; elle renforce la solidarité intergénérationnelle dans la perspective de l’éducation de la protection de l’environnement naturel, en suggérant la responsabilité individuelle et collective à la fois. Parfois, l’éducation passe par un échange, parfois par rapport au concept de développement durable par les notions de connaissance et de préservation des milieux naturels. Dans ce roman, l’un des consignes à bien respecter est de se nourrir sainement, partager les aliments avec les animaux et produire moins de déchets ; l’écrivain essaie ainsi de suggérer la responsabilité sur l’alimentation et sur la gestion des déchets. Par l’éducation à l’environnement, l’écrivain s’efforce de recréer un lien entre les hommes et leur environnement naturel, social et culturel.
Préserver la Terre
Dans la littérature à vocation environnementale nous constatons que les écrivains considèrent la Terre comme une mère qui nous offre la vie, on parle ainsi des droits de la Terre-mère. Chez Saba, l’héroïne de Kalhor, nous observons une relation singulière et l’amour inconditionnel pour la Terre. Elle respecte la Terre-mère, elle se sent responsable à l’égard de cette mère, ainsi un lien unique, comme le lien mère-enfant, se construit. La Terre apparaît comme un être à part entière ; presque vivant :
« La terre sera sauvée. Avec la Terre... la famille ... les oiseaux seront sauvés ... » (Kalhor, 2014b: 94 ).
« Saba était plus contente que jamais d’être en mesure de trouver la voie du retour à la Terre. Cela provoque en elle une joie et un plaisir inattendu. Elle regarde le bracelet, elle murmure la Terre … la Terre… Maman. » (Kalhor, 2014a : 220)
La Terre comme un être vivant entre dans une relation symbiotique avec l’écosystème interplanétaire. Pour sauver l’humanité et la planète, Saba dresse d’abord un bilan alarmant de sa planète. On retiendra des phrases de différents chapitres du livre, qui évoquent l’émotion de Saba devant la dégradation de l’état de la Terre :
« Le chagrin de Saba était immense. La destruction de la terre signifie la destruction des idées pour lesquelles Saba avait vécu et toléré la solitude. » (Kalhor, 2014b : 55)
Les images de la destruction de la Terre-mère est en harmonie avec la grande tristesse de Saba, la Terre-mère est l’âme du Saba, et face à cette crise écologique, elle cherche à tout prix à soigner cette Mère-Terre. Kalhor fait ainsi recours au lyrisme et au sensationnel, à la place d’un discours didactique. L’écrivain montre d’abord une réalité globale de la destruction des écosystèmes de la Mère-Terre et au fil du temps, le récit reflète clairement la nécessité d’un changement immédiat, étant donné le fait que la vie de tout être vivant est en danger. Kalhor promeut ensuite l’éducation à l’environnement par l’attention aux thématiques plus au moins larges : la pollution, les déchets, le gaspillage, l’exploitation illégale des ressources naturelles, les espèces en voie de disparition, etc. comme les effets des sociétés contemporaines, puis elle vise à construire une identité environnementale pour son personnage, par le respect de l’environnement et la sensibilisation au développement durable. On s’aperçoit de la part des extraterrestres de projets utopiques dans lesquels l’harmonie règne entre l’Homme et la Nature.
La relation homme-animal
La littérature à vocation écologique s’interroge non seulement sur le rapport homme-nature, mais elle explore également les façons dont l’humain se conduit à travers sa vie partagée avec les autres êtres vivants (animaux, végétaux, etc.) (Schoentjes, 2015). Comme l’indique Anne Simone (Tellier, 2016), l’humanisme anthropocentré ne reste pas au centre de la littérature d’environnement. Kalhor défend l’idée d’une relation harmonieuse entre l’humanité et son environnement, c’est ainsi qu’elle renouvelle les questionnements de l’animalité. La zoopoétique est une nouvelle approche des textes littéraires qui aborde les liens entre le texte littéraire et la vitalité animale du point de vue historique, philosophique, éthique et éthologique. (Tellier, 2016) Saba, l’héroïne de Kalhor, est toujours accompagnée des animaux, qu’elle soit sur la terre ou sur Orak, l’idée essentielle est de croire à un destin commun entre l’homme et les animaux. Nous pouvons toujours constater les bienfaits de la présence des animaux pour Saba, ainsi sur la terre sa présence est associée aux animaux comme les tortues et les poissons rouges et sur Orak, elle est accompagnée par les canaris. C’est pour cette raison que les êtres intelligents extraterrestres la surnomment « la fille des canaris » (Kalhor, 2014a : 214).
Quand Adapa (être extraterrestre) essaie de réaliser un environnement compatible avec la vie terrienne pour Saba, les arbres et les animaux semblent des éléments indispensables pour cette représentation de l’espace terrestre :
« Saba se leva et le suivit [Adapa]. Quand elle est arrivée à la porte, elle s'est arrêtée à la porte et a regardé la chambre. Un arbuste était en plein milieu de la pièce et il y avait quelques oiseaux. » (Kalhor, 2014a : 195)
« Saba s'est approchée de l'arbuste. Elle a regardé les canaris, les oiseaux ont déploré la terre ». (Kalhor, 2014a : 196)
L’arbre représente un élément majeur des écosystèmes terrestres. Les animaux également se réfèrent aux paramètres de la vie terrestre. Ainsi, nous constatons l’adaptation à la première forme de vie terrienne sous forme de vie végétale et animale. Pour Saba, personnage principal de l’histoire, les animaux sont plutôt des êtres humains qui sont très sensibles, et elle les respecte comme s’ils étaient les membres de sa famille. Nous pouvons également noter que dans des moments difficiles de sa présence sur Orak, c’est juste l’accompagnement des canaris qui la rassure et lui procure du calme.
« Mais Saba n’a pas pu s’éloigner des canaris, Elle resta dans la chambre toute la journée et, avec les mots doux qu'elle disait pour les canaris, elle oublia ses ennuis et ses chagrins » (Kalhor, 2014a : 196)
« Son monde se résume à cette pièce et en regardant les oiseaux, elle se réchauffe le cœur» (Kalhor, 2014a : 197).
Le développement d’une éthique animale et environnementale est au cœur de l’écriture de Kalhor. Cet intérêt se dessine sur fond du rapport de l’homme et de l’animal comme l’épreuve du semblable. Même si les animaux ne parlent pas, Saba arrive à bien saisir leur émotion et leur souffrance avec son cœur. Saba se montre tellement sensible à l’égard des animaux que la pensée d’une tortue renversée l’empêche de s’endormir :
« Saba saute hors du lit et va vers la cour […]. Le son devint plus clair à chaque instant. Quelqu'un voulait de l'aide. Plus elle prête l’oreille, plus elle pouvait entendre son propre nom. "Saba, Saba" […] Saba se pencha et dans clair-obscur, elle cherche des tortues sur l'herbe de la cour. Puis elle a vu l’une des tortues, renversée sur sa carapace, qui bouge ses pattes. Elle l’a remise en bonne position avec des mains tremblantes. […] Maintenant, il savait la raison de son insomnie. C’était la pensée de cette tortue renversée sur sa carapace qui la préoccupait sans le savoir. » (Kalhor, 2014a : 108)
Ce côtoiement tant amical de Saba avec les animaux fait preuve de sa compassion et de son empathie à l’égard de ces êtres qui lui sont chers ; elle nous dévoile ainsi son univers animal largement méconnu et à la fois familier, ce monde qui reste toutefois à découvrir et à protéger. Autant de rencontres éblouissantes de Saba avec les animaux, ces créatures extraordinaires aux capacités inattendues, nous laissent apercevoir la nature dans son altérité.
La sensibilité de Saba à l’égard de l’environnement se dévoile à travers sa préoccupation permanente de la protection et du bien-être animal. Ainsi la protection des animaux comme le respect de l’environnement devient un critère de choix de Saba. La protection de l’animal est ainsi placée au premier plan de la protection de l’environnement. L’accompagnement de ses canaris devient la raison pour laquelle Saba décide de retourner très vite sur Orak : « Saba a dit : "Je ne peux rien faire sans mes canaris" » (Kalhor, 2014b : 15).
Le bien-être animal fait partie intégrante de la vie de Saba, ses préoccupations se retrouvent même dans sa vie extraterrestre sur Orak.
Réinventer la nature par le lien homme/nature
En marge de la question de l’écologie, nous pouvons demander comment la nature peut procurer de la joie. Dans l’œuvre de Kalhor, plus cette joie est extrême, plus elle semble fugitive. Cette joie procurée de la nature est pure dans son essence, elle est une vraie victoire dans le monde. Cette joie que la nature nous procure évoque au fond la relation entre homme et nature : « Le soleil chaud et réjouissant remplissait la cour » (Kalhor, 2014a : 16).
Le bonheur se cultive par cette joie que nous procure la nature. Tout le plaisir et toute la joie de contempler et de comprendre la nature peut faire ressentir aux hommes le langage de la nature : « L'odeur de l'herbe mouillée se répandait dans la cour. […] Zanbaghe se tenait sur les escaliers de marbre en regardant le ciel. Elle respire de l'air pur à fond. La sensation agréable de la vie et de la vivacité coulait dans ses veines » (Kalhor, 2014a : 225).
Cette joie n’est pas juste propre aux terriens, les intelligents extraterrestres qui n’ont eu aucune relation avec la nature terrienne ressentent la même chose au contact de la nature, pour en donner une épreuve, écoutons Adapa : « L'anthropologue a regardé la pelouse, il n'a jamais vu d'herbe sur sa planète. Il ne pouvait pas résister à l’attraction de cette pelouse bien verte et épaisse qui l’attire, il s'est assis, les mains sur la pelouse, il sent une bouffée d’air frais, c’était très agréable. » (Kalhor, 2014a : 76)
Dans cette œuvre, se fait voir également une joie immense des extraterrestres passionnés par des chants des canaris :
« Nergal a dit : Mais ce que j'entends, c'est une voix étrange. Je ne sais pas c’est le son de quoi ? En entendant ce bruit, je frémis, Mais tous les jours j’ai envie de l’entendre. » (Kalhor, 2014a : 200-201)
« Et les chansons des canaris ", a déclaré Patsi d'Onash** " Écouter les oiseaux qui chantent autant que je l'ai étudié fait un plaisir étrange" Patsi de la fertilité se disait : un plaisir extraordinaire. » (Kalhor, 2014a : 207)
« Patsi de la fertilité*** se dit le chant des oiseaux est très euphonique et je me sens détendu quand ils chantent... » (Kalhor, 2014b : 33).
L’animal médiateur de la relation homme-nature occupe une place primordiale dans l’œuvre de Kalhor. Les choix des prénoms des personnages sont également en rapport avec les éléments de la nature, par exemple : « Saba », l’héroïne, signifie en persan le vent doux qui souffle au nord-est ; « Senobar », la sœur de Saba, signifie en persan le sapin.
Panthéisme ou la divinité de la nature
Selon le panthéisme, tout est en Dieu, tout ce qui existe et relatif à la nature. Dans l’œuvre de Kalhor, ce panthéisme est une forme de la sensibilité qui voit Dieu manifesté dans toute la nature. Cette assimilation de Dieu à l’univers et à la nature témoigne d’amour et de respect pour la nature. Nous pouvons reconnaître que Dieu dans la pensée de Saba est lié à la nature, Dieu et l’univers ne font qu’un, nous pouvons aller plus loin et dire que la nature n’est pas un reflet de Dieu, mais Dieu lui-même :
« Ô mon dieu, Ô lumière Oh, le propriétaire de la lumière, Dieu qui a créé la nature, les plantes, les animaux et les humains, sauvez la terre » (Kalhor, 2014b : 56).
« Saba a dit que Dieu existe dans le cœur de nous. Si on le regarde, on l'entend, Dieu est dans la chanson de canari, Dieu est au soleil. » (Kalhor, 2014b : 143)
La nature est l'incarnation de Dieu. Saba, par sa philosophie, rend la nature digne de respect en tant que lieu de création et d’émerveillement. La splendeur d’un paysage naturel manifeste la puissance divine de la nature. Les animaux seront également respectés, car l’homme réfléchit à sa place dans l’univers et à sa responsabilité vis-à-vis des animaux. L’héroïne de Kalhor projette son état d’âme sur la nature, et lui prête une vie, des sentiments.
L’impact des rapports sociaux sur l’environnement naturel
Les rapports sociaux ne sont pas un axiome de la thématique à vocation environnementale, mais elles sont l'essentiel de la substance du drame environnemental qui se joue dans l'un et l'autre. (Suberchicot, 2012 : 38). Tout texte environnemental rencontre la question sociale tôt ou tard, et on ne peut pas ignorer les rapports sociaux et son impact sur la relation des hommes et l’environnement qui les entoure.
Mais par l’impact des rapports sociaux sur l’environnement, parlons-nous des effets positifs ou négatifs sur l’environnement naturel ? L’Autre constitue parfois un facteur de désagrégation et d’aliénation de l’homme avec la nature. Autrement dit, l’influence de l’autrui peut changer notre comportement envers les éléments naturels. Les autres personnages se moquent de Saba qui essaie d’être en harmonie avec les animaux (Kalhor, 2014a : 82).
Mais tout rapport social est avant tout un rapport intergénérationnel. Selon le point de vue de l’écrivain, nous pouvons observer le rôle et l’influence d’une génération sur toutes les générations à venir pour préserver ou détruire l’environnement naturel. A priori, le récit littéraire à vocation écologique analyse l’équité intergénérationnelle face aux problèmes environnementaux. Parfois nous apercevons l’impact positif intergénérationnel dans les stratégies et les décisions présentes dans les préoccupations environnementales et parfois nous observons l’impact négatif intergénérationnel face aux défis environnementaux. Dans l’œuvre de Kalhor, l’esprit de la grand-mère est en parfaite harmonie avec la nature. La description de la chambre de la grand-mère de Saba témoigne de l’approchement de la nature et l’esprit de la grand-mère : « Dans une autre pièce, l’odeur d’herbe verte envahit la pièce, cette odeur fraîche et agréable fait penser la grand-mère aux meilleurs jours de sa vie. Qui aurait pu imaginer que ce corps, robuste et vieux, était une fois la personne la plus heureuse sur la terre ? »(Kalhor, 2014a : 102). La grand-mère devient ainsi la figure de la nature qui était avant en pleine santé, comme notre environnement naturel qui n’était pas encore pollué dans les siècles précédents. Quand elle devient malade, l’odeur fraîche de cette chambre donne sa place à l’air pollué. Cette figure nous paraît plus claire, dans les paroles de la mère de Saba : « Saba sortit de la chambre de la grand-mère. Sa mère, en feuilletant le magazine lui a dit : "Je t’ai dit de ne pas rester dans la chambre de grand-mère. Elle est vieille et malade. L'air de la pièce est pollué».(Kalhor, 2014a : 104)
Ainsi, l’air pollué de la chambre de la grand-mère évoque bien l’atmosphère et l’état de notre planète. Quand Saba parle à propos de sa grand-mère avec son père, nous observons encore cette image de la grand-mère comme figure de la nature :
« Le père a crié : " Mais c'est quoi cette histoire ? Elle est ma mère, et je l'aime autant que tu aimes ta mère." […] Saba a dit d'une voix tremblante : " Si j’avais un jardin de fleurs et que j’oubliais toujours de les arroser, comment pourrais-je prétendre que j’adore les fleurs ?» (Kalhor, 2014a : 118).
Tout au long de l’œuvre, la nature devient le miroir de la sensibilité de la grand-mère. Selon l’humeur d’elle, l’environnement paraîtra triste ou joyeux. Quand elle était triste, nous découvrons sa symbiose avec la nature : « il pleuvait toute la nuit, que la pluie était triste ! » (Kalhor, 2014a : 39)
Autant la grand-mère devient un grand réservoir de symboles merveilleux des éléments naturels, autant nous pouvons observer l’impact négatif de sa génération ultérieure, comme le père de Saba, sur l’environnement ; par contre, les enfants sont impliqués dans la protection de l’environnement naturel. Les enfants ont conscience que protéger l’environnement, c’est de préserver la survie de l’humanité.
Personnage écoresponsable
Les personnages qui ont une conscience de l’environnement ou de la nature sont gentils et généraux. En mettant les autres en priorité et au centre de sa préoccupation, un personnage écoresponsable pense aux autres avant de penser à soi-même. Quant à Saba, nous savons qu’elle est si douce, gentille, extrêmement compatissante et compréhensive, attentive aux besoins des autres (Kalhor, 2014a : 25).
Kalhor cultive chez des personnages écoresponsables, un esprit d’enfance, un esprit ludique qui se montre ensuite comme une marque d’éminence intellectuelle, comme chez Saba ou Zanbagh. Les adultes écoresponsables conservent leur esprit d’enfance comme ressource, pour penser, agir et créer. Ils ont un goût prononcé pour l’esthétique et la création. Un personnage en quête d’harmonie avec la nature, comme la grand-mère de Zanbagh, est très gentille, elle fait même attention aux besoins des animaux, elle conseille à Zanbagh de ne pas manger tous les kakis et de laisser un peu sur les arbres pour les oiseaux (Kalhor, 2014a : 28).
Zanbagh, la nièce de Saba, est également un personnage écoresponsable, comme sa tante, elle est une personne gentille, naïve et hypersensible (Kalhor, 2014a :18). Les personnages écoresponsables de Kalhor sont ainsi fiers d’être sensibles ; ils s’autorisent à vivre ces émotions et cela se traduit par des élans de générosité envers les autres. Dans l’œuvre de Kalhor, les personnages écoresponsables sont confrontés à de lourdes épreuves pour sauver l’univers, ils vivent les situations de crise environnementale plus intensément que les autres et ils acceptent leur différence. Comme nous l’avons indiqué auparavant, les plaisirs simples procurés par la nature et l’environnement naturel les émerveillent. Un problème mineur pour un animal devient une catastrophe qui les empêche de vivre tranquille. Ils font preuve d’une forte empathie et portent ainsi le poids des problèmes environnementaux sur les épaules, comme ce que nous pouvons constater chez Saba. Elle est dotée d’une forte intuition, elle se sent profondément humaniste, animée par une forte passion pour la nature, elle est prête à vivre des expériences enrichissantes. Chez elle, on trouve un sens inné pour la protection de l’environnement naturel.
La société a un impact sur l’évolution des personnages écoresponsables de Kalhor, mais le débat concernant la double influence contradictoire sur ces personnages reste ouvert. Ainsi, ces personnages écoresponsables sont les défenseurs d’une écologie positive mais ils nous offrent un aperçu des problématiques que recouvre l’éthique de l’environnement.
Conclusion
Pour comprendre de quelle manière la littérature persane se saisit des questions d’environnement, nous avons suivi le regard de Kalhor sur l’écologie et le rapport de l’homme et son environnement naturel dans Les intelligents de la planète d’Orak. Nous avons cherché à saisir comment l’environnement naturel et la relation homme/nature se manifestent dans cette œuvre de Fariba Kalhor. En recourant aux théories de Lawrence Buell et de Pierre Schoentjes, et par une approche écopoétique, nous avons étudié le rapport entre l’homme et son environnement naturel dans la littéraire persane à travers une œuvre de science-fiction. Nous avons constaté que l’intrigue principale du livre est basée sur une catastrophe écologique, cependant les images concernant la relation homme-nature, représentées par Kalhor, nous donnent l’impression qu’elle valorise la nature et l’environnement naturel dans son œuvre plutôt par des images positives. Elle essaie de nous suggérer la protection de l’environnement par l’amour de la nature. L’auteure profite bien des éléments naturels (les animaux, les végétaux), pour sensibiliser la jeunesse sur l’avenir de notre planète.
Rappelons encore les possibilités pédagogiques de la littérature de jeunesse. Kalhor profite de cette œuvre de science-fiction comme un outil pédagogique privilégié pour insinuer l’amour de l’environnement naturel et sensibiliser les jeunesses à la protection de l’environnement. Elle nous fait réfléchir à la nature des différents problèmes environnementaux soulevés par l’homme. Enfin de compte, par la création des personnages compatissants et écoresponsables, elle stimule la réflexion sur le rapport et la place de l’homme vis-à-vis de la nature et de l’environnement.
[1] Patsi : Le gouvernement de la planète d’Orak se forme de quarante-deux Patsi, comme dans un système hiérarchique, il existe le grand Patsi qui règne, et les autres sont spécialistes dans les différents domaines : Patsi de guerre, Patsi d’agriculture, etc.