انزوا وتنهایی مکان‌‌ها در آثارعیش، تابستان و تبعید وسلطنت نوشتۀ آلبر کامو

نوع مقاله : مقاله پژوهشی

نویسندگان

گروه زبان فرانسه، واحد تهران مرکزی، دانشگاه آزاد اسلامی، تهران ، ایران

چکیده

مضمون تنهایی در تمامی آثارکامو به هر شکل وجود دارد. کامو یکی از نویسندگانی است که آرزو دارد سنگینی تنهایی و انزوا را به خواننده نشان دهد. تنهایی می تواند دلپذیر یا ناخوشایند باشد اما انسان همواره آرزو دارد از آن بگریزد. درس بزرگی که هر نویسنده از طریق اثرخود به خواننده منتقل می کند، نشاندهنده عدم بیرون رفت از آن است. پرشس اساسی این است که آیا این تنهایی معنای دلپذیر دارد یا شوم است؟. در این مقاله ما سعی داریم تا مضمون تنهایی را در دنیای خارج ، در آثار عیش، تابستان و تبعید و پادشاهی نشان دهیم. این مضمون درآثار کامو می تواند متنوع ترین تجربیات ، توصیفات ، پدیده ها یا تصورات را به ما نشان دهد. گاهی در صحرا ناخوشایند ، ناراحت کننده و نوستالژیک است و همچنین نشاندهنده تبعید است و گاهی نیز در دنیای مدرن ، در شهرها، نشاندهنده از بین رفتن چشم اندازهای زیباست ، اما این تنهایی می تواند دلپذیرهم باشد در مناطق مدیترانه ، تحت تأثیر رنگهای گرم خورشید یا در جزایر ، مکانی بسیار غنی از تصاویر.

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موضوعات


Introduction

L’étude du thème de la solitude chez Camus, ce grand écrivain du XXe siècle, nous montre un phénomène de cause et conséquence. Une première lecture des œuvres camusiennes donne à penser aux lieux solitaires et les thèmes qui présentent cette solitude. Les lieux choisis par Camus constituent un décor topographique chargé des réalités visibles et tangibles qui confère à son œuvre une valeur parfaite.

L’étude des œuvres camusiennes montre bien que l’auteur a d’emblée préféré le thème de solitude. Ce sentiment désigne pour lui une attitude intellectuelle particulière ; c’est dans cet état que Camus observe librement son esprit avant de faire une description pour son lecteur. C’est en cet état qu’une écriture féconde en images interroge sur des notions littéraires, politiques, philosophiques, etc. C’est en cet état que Camus crée le mythe de l’homme solitaire ou du moins construit un personnage littéraire cohérent au-delà de l’anarchie des images.

Certainement, nous distinguons des formes de solitude chez Camus : sa solitude temporaire et momentanée est une période pendant laquelle il se sent seul mais qui est de courte durée. Une réaction à des circonstances extérieures liée à un changement dans la vie plonge Camus dans la solitude. Aussi, un repli progressif sur soi peut engendrer une solitude totale qui persiste des mois, voire des années. Le sentiment de la solitude, ainsi, pourrait mener à des spirales négatives ou positives.

Pour détecter, dans cet article, les lieux à caractère solitaire dans les œuvres de Camus, qui prend un aspect particulier, il nous faut étudier des lieux solitaires où ce sentiment peut se traduire par un comportement, par une parole, etc. Ainsi, la solitude transparaît-elle et peut être évaluée à l’aide de différentes images et lieux.

Plusieurs questions se posent-elle. Où l’angoisse des personnes seules se remarque-t-elle ? Comment ce malaise social et individuel se traduit-il ? Comment peut-on décrire les lieux solitaires dans les œuvres de Camus? À quoi servent ces symboles de la solitude? Et pourquoi Camus insiste sur les lieux solitaires?

Les lieux solitaires sont présents dans l’univers de Camus ; cela ne présente aucun doute mais cet article essaye de mettre l’accent sur les trois œuvres de Camus; L’Exil et le royaume, Les Noces et L’Été; puisque les lieux à caractères solitaires, dans ces œuvres, sont plus remarquables que dans les autres livres de Camus. Notre méthode de travail, dans cet article, est une méthode analytique sur le thème de la solitude dans les lieux imaginés de Camus dans ces trois œuvres.

Toutes les questions mentionnées ci-dessus sont des signes susceptibles de motiver notre intérêt pour faire des analyses dans cet article.

 

L’image retentissante du désert

Camus n’est pas une personne qui souffre de la solitude. Il ne s’enferme pas dans le passé de même qu’il continue à parler des événements passés. Ses prises de partie traduisent une tentative efficace pour disparaître le sentiment désagréable issu de la solitude. Camus solitaire n’a jamais voulu élargir le fossé entre lui et les autres.

On pourrait dire que Camus choisit un processus pour la mise en scène de la solitude. Il traduit les étapes concrètes de ce sentiment grâce à l’image du « désert » ; l’image du désert est éclatante chez cet auteur ; elle se loge partout dans l’univers camusien comme un point de départ et d’aboutissement. D’autant plus que, ne l’oublions pas, son pays natal se situe près de la mer, sous un soleil de plomb.

Depuis Noces, on retrouve deux essais où Camus révèle particulièrement son grand intérêt pour ce thème : Le vent à Djemila et Le Désert : l’un est consacré au paysage désertique et solitaire de Djemila qui était une ville romaine, l’autre décrit le désert et la solitude dans ce désert, sous tous ses aspects.

Dans L’Été, Le Minotaure, cette image du domaine minéral et du sentiment de solitude, nous informe de ce qu’est la pensée camusienne relative à ce thème.

Le désert engendre plusieurs valorisations « dans le sens de l’approfondissement, et dans celui de l’essor » chez Camus. Dans la mesure où l’imagination travaille, toutes les formes, toutes les matérialités de l’élément minéral sont une substance du désert dans l’œuvre : le rocher de Sisyphe, le sable des plages d’Oran et d’Alger, les ruines de Tipasa, le désert de Janine et du Renégat et la pierre d’Arrast semble être capable d’élaborer le thème du désert et de la solitude.

Dans L’imagination du désert, Laurent Mailhot décrit :

« Avant d’être un espace et des éléments imaginés, le désert est d’abord, dans l’imagination, le climat d’une absence, la brûlure du vide. Le désert de l’imagination, c’est sa pauvreté, sa rigueur ascétique, son jeûne ; ce sont les ‘‘signes négatifs’’ de la nostalgie, le dépaysement de l’exil, l’effacement du paysage, la monotonie et la sécheresse de l’œuvre» (Mailhot, 1973: 68).

 

Cette idée de Maillot sur le désert est présentée dans l’œuvre de Camus; la nostalgie, le dépaysement de l'exil, la monotonie du désert, la sécheresse, la mort et le sentiment pessimiste et négatif.

D’abord, Tipasa apparaît pour Camus comme un lieu paradisiaque :

« À Tipasa, je vois équivaut à je crois, (….) Tipasa m’apparaît comme ces personnages qu’on décrit pour signifier indirectement un point de vue sur le monde. Comme eux, elle témoigne, et virilement. Elle est aujourd’hui mon personnage et il me semble qu’à le caresser et le décrire, mon ivresse n’aura plus de fin. Il y a un temps pour vivre et un temps pour témoigner de vivre. Il y a aussi un temps pour créer, ce qui est moins naturel. Il me suffit de vivre de tout mon corps et de témoigner de tout mon cœur. Vivre Tipasa, témoigner et l’œuvre d’art viendra ensuite. Il y a là une liberté » (Camus, 2012: 18-19).

 

Ce passage de Noces identifie la passion de Camus pour ces ruines aux pierres. À Tipasa, on rencontre des amas de pierres, couverts de fleurs, de parfums, de lumière, autour de la basilique, sur la colline Est, il y a des « sarcophages exhumés »(Camus, 2012 : 14)  qui avaient autrefois contenudes défunts. Cet endroit évoque les pierres de la vie et de la mort qui s’alignent ensemble comme deux fils inséparables de la même terre. La pierre des ruines, qui fait penser à un élément invincible, reste comme l’acceptation de la ténacité de la vie.À côté de la terre du « retour des filles prodigues » de Tipasa, Djemila, ville désertique, montre son squelette déshabillé par la violence du soleil et du vent. Bientôt, l’homme devient ce vent. Ces colonnes et cet arc, ces dalles surchauffées et ces plateaux pâles autour de ce lieu mort, accusent le contraste. L’austère beauté de Djemila, d’où le duo solitaire du vent et du soleil émane, est dépeinte comme « ces lieux où meurt l’esprit pour que naisse une vérité qui est sa négation même »(Camus, 2012: 23).

Quand Camus voyait cette ville minérale, il aurait dû penser à la mort, comme un homme sensible et obsédé par la mort aurait pensé tout de suite au squelette. Pourtant, dans cette ville morte, de grande « confusion du vent et du soleil » (Camus, 2012 :24),le narrateur en voyant ce désert, se sent la solitude et le silence. Si les ruines de Tipasa sont considérées comme la beauté féminine, l’autre ville déserte, Djemila, serait l’aspect masculin qui est affecté d’une connotation de révolte avec le vent :

« Il soufflait depuis une trouée entre les montagnes, loin vers l’est, accourait du fond de l’horizon et venait bondir en cascades parmi les pierres et le soleil. Sans arrêt, il sifflait avec force à travers les ruines, tournait dans un cirque de pierres et de terre, baignait les amas de blocs grêlés, entourait chaque colonne de son souffle et venait se répandre en cris incessants sur le forum qui s’ouvrait dans le ciel » (Camus, 2012:25).

 

Le narrateur du Minotaure continue à méditer la pierre ou le désert où représentent toutes les douleurs du monde issues de la solitude:« Le désert lui-même a pris un sens, on l’a surchargé de poésie. Pour toutes les douleurs du monde, c’est un lieu consacré. Ce que le cœur demande à certains moments, au contraire, ce sont justement des lieux sans poésie»(Camus, 2012:77).

Le désert ou la minéralité camusienne suggère le sens de l’innocence. L’innocence du désert attire Camus; selon lui, « l’innocence a besoin du sable et des pierres.» (Camus, 2012:106). Dorénavant, Camus a pour objectif de créer ses personnages attachés au désert.

Au début de la première nouvelle de La Femme adultère, Marcel et Janine font un voyage pénible à travers des déserts où on voit seulement des pierres solitaires:

« Elle n’avait pas pensé au froid, au vent coupant à ces plateaux quasi polaires, encombrés de moraines. Elle avait rêvé aussi de palmiers et de sable doux. Elle voyait à présent que le désert n’était pas cela, mais seulement la pierre, la pierre partout, dans le ciel où régnait encore, crissant et froide, la seule poussière de pierre, comme sur le sol où poussaient seulement, entre les pierres, des graminées sèches » (Camus, 2016 :17).

 

Imaginer cette femme dans le désert, c’est la confronter à la réalité de la vie. Car le désert n’invite pas à vivre et pourtant des gens y vivent. C’est là que Marcel, le mari de Janine, gagne sa vie en parcourant « les villages des hauts plateaux et du sud pour se passer d’intermédiaires et vendre directement aux marchants arabes» (Grenier, 1961:29).

Sous le soleil qui dessèche et brûle et l’air qui souffle brutalement, la terre, prenant l’aspect du désert, nous renvoie, dans une angoisse impitoyable, à un lieu solitaire et aride. Selon Camus le désert est une épreuve pénible. Comme les autres passagers de l’autocar, Janine,dansL’Exil et le royaume, en ressent mentalement la rigueur car, dans cet océan de sable et de pierre, le sable a bouché le carburateur. Lorsque le désert commence à manifester une telle hostilité, le silence se lève pour dominer l’homme. Comme l’observe Janine, il y avait « (…) plein d’Arabes qui faisaient mine de dormir (…). Quelques-uns avaient ramené leurs pieds sur la banquette et oscillaient plus que les autres dans le mouvement de la voiture. Leur silence, leur impassibilité finissaient par peser sur Janine ; il lui semblait qu’elle voyageait depuis des jours avec cette escorte muette » (Camus, 2016:14).

Dans la mesure où le voyage se déroule dans le désert, la solitude nous renvoie à des significations importantes. Elle symbolise un point de départ pour l’univers ouvert de même qu’elle est un signe de sa fermeture. Or, dans l’univers de Janine, la solitude et le désert la dominent tour à tour.

Dans cette œuvre Camus pour nous représenter des pierres, des terrains rocheux, décrit la description de l’éveil de Janine sur la terrasse  et il note: « (…) qu’elle attendait seulement que son cœur encore bouleversé s’apaisât à son tour (…). Les dernières étoiles des constellations laissèrent tomber leurs grappes un peu plus bas sur l’horizon du désert, et s’immobilisèrent. », et elle ajoute: « Dans la plus grande partie du sud algérien il n’y a ni sable, ni oasis. Ce sont des terrains rocheux, des pierres calcinées, le désert, oui, mais tout autre qu’on l’imaginait. On attendait des dunes de sable croulant sous les pas des dromadaires, un ciel embrassé par un soleil de feu»(Camus,2016:40).

En effet, le mutisme de l’homme produit l’étouffement, la peur, la solitude, d’autre part, la voix du silence de la Nature (du désert, de la nuit) permet à Janine d’écouter l’accord entre toutes ses perceptions, communiquant avec la grandeur du désert avec ses rochers et ses pierres qui montrent encore la solitude de ce lieux. À vrai dire «La solitude ce n’est pas de se sentir seul en plein désert, mais de se sentir seul dans la foule.»[1]

Maintenant, on entre dans la solitude dépouillée du plateau. C’est le pays pierreux de Daru. Dès la première page de L’Hôte, la présence de la pierre, qui souligne le raidillon abrupt, révèle l’isolement relatif qu’impose la vie aux habitants. Ici, la terre n’a rien d’humain. Toute la vie de l’instituteur n’est placée que sous le signe de la solitude : celui qui y est né, est nommé à un poste sur le haut plateau désert de ce pays, comme si c’était un bout du monde. Dans ce silence total, il ne se sent pas pourtant hostile à ce paysage désertique qui lui permet d’aller jusqu’au bout de ses possibilités aussi bien spirituelles que physiques. Il s’intègre tant à ce monde qu’il a l’impression d’être son prolongement, sans pour autant être dominé par lui.

«Première figure du haut plateau, la pierre gelée. Tout est gelé : la colline couverte de neige, la piste disparue « sous une couche blanche et sale »(Camus, 2016: 101), « le jet de vapeur »(Camus, 2016: 101)  sorti des naseaux, « la salle de classe vide et glacée» (Camus, 2016: 101).La glace peut servir tout d’abord à signaler un interdit de vie joyeuse. Pourtant, Daru a une fenêtre d’où « on pouvait apercevoir les masses violettes du contrefort montagneux où s’ouvrait la porte du désert»(Camus, 2016:102).

Cette fois-ci, ce haut plateau où l’école de Daru est bâtie, prend un sens philosophique profond ; il apporte un signe de la méditation. Avec la fenêtre qui donne vers le Sud, le plateau est aussi lié, dans L’Hôte, à l’idée d’un cheminement périlleux vers le risque de la mort et de la vie, si l’on se rappelle que, pendant la période de la sécheresse, « les moutons mouraient alors par milliers et quelques hommes çà et là, sans qu’on puisse toujours le savoir»(Camus, 2016:104).

L’homme est incapable d’éviter le destin minéral cruel qui détruit la vie normale, soit par la neige tombée brutalement, soit par le soleil de plomb sous lequel la terre est recroquevillée et torréfiée, comme chez Daru.

Ici Camus présente les lieux désertiques en parlant sur les espaces géographiques, au Sud de l’Algérie, où les gens se sentent être seuls dans le désert loin de la vie vivante et confortable en Ouest.

Un autre visage de ce pays cruel se charge de la lourdeur et de la dureté de la vie minérale :

« Parfois, des sillons faisaient croire à des cultures, mais ils avaient été creusés pour mettre au jour une certaine pierre, propice à la construction. On ne labourait ici que pour récolter des cailloux. D’autres fois, on grattait quelques copeaux de terre, accumulée dans des creux, dont on engraisserait les maigres jardins des villages. C’était ainsi, le caillou seul couvrait les trois quarts de ce pays. Les villes y naissaient, brillaient, puis disparaissaient ; les hommes y passaient, s’aimaient ou se mordaient à la gorge, puis mouraient. Dans ce désert, personne, ni lui ni son hôte n’étaient rien. Et pourtant, hors de ce désert, ni l’un ni l’autre, Daru le savait, n’auraient pu vivre vraiment » (Camus,  2016:113).

 

Cette image qui évoque pour nous la vie d’une grande carrière, participe à la misère. La misère de cette « terre ingrate » prend place ici, non seulement comme un paysage simple, mais aussi pour décrire une condition humaine. Camus retrace ici, la vie dure des gens qui souffre de la misère dans le désert. On y voit d’autres visages d’un Sisyphe musclé, condamné à transporter sans fin le lourd rocher.On y souligne la valeur de l’acceptation de la tâche humaine vouée au labeur jusqu’à l’aboutissement de la mort.

La vie de Daru sur le haut plateau lui permet d’ouvrir son cœur, de contempler la Nature par la fenêtre, où, avant le début du désert, s’impose la présence massive et colorée des montagnes. Ce lieu élevé acquiert un sens profond et devient synonyme de méditation grâce à cette fenêtre qui regarde vers le sud.

La valeur symbolique de la fenêtre ouverte sur l’air et la lumière est riche sur le plan littéraire. La fenêtre dans sa situation élevée, car elle est haute, verticale, rapprochée du ciel, se retrouve chez des personnages qui ont une vie spirituelle intense comme Daru. Plusieurs personnages ont ainsi leur fenêtre.La fenêtre, qui peut contempler tous les rythmes de la Nature, devient un chemin spirituel vers le Cosmos ; elle joue souvent un rôle dans le rapport de l’âme solitaire au désert. Ce passage dans L’Exil et le royaume, montre bien la solitude de l’homme:

« Derrière le mur, on entendit le cheval s’ébrouer et frapper du sabot. Daru regardait par la fenêtre. Le temps se levait décidément, la lumière s’élargissait sur le plateau neigeux. Quand toute la neige serait fondue, le soleil régnerait de nouveau et brûlerait une fois de plus les champs de pierre. Pendant des jours, encore, le ciel inaltérable déverserait sa lumière sèche sur l’étendue solitaire où rien ne rappelait l’homme » (Camus, 2016:108).

 

Le Renégat, l’interprétation d’une enfance désertique

Dans cette nouvelle, le personnage, dont le nom même n’est pas découvert, mène une vie aux multiples visages. Elle est divisée en deux parties : étapes géographiques sur le plan de l’itinéraire : du Massif Central à Alger et d’Alger à la ville de sel. L’un est l’image de la gestation du désert puisque le rôle du soleil est la cause du désert, l’autre désigne un véritable et infernal désert.

L’enfant, né dans un pays du « haut plateau du Massif Central », (Camus, 2016:46) est décrit comme un être qui ressent profondément la carence affective due à sa naissance entre « un père grossier » et sa « mère brute » ; (Camus, 2016:46)il les aime peut-être mais il ne se sent pas le calme.

Au sens figuré, son enfance est synonyme de désert, la lumière affectueuse qui lui aurait permis de se développer harmonieusement. Il se trouve en rupture d’affection, ce qui explique son besoin de s’isoler et de se replier sur lui-même. Sans se rendre compte que le piège se referme sur lui, il choisit délibérément son exil dans la ville de sel et sous le soleil du désert:

« Je voulais partir, les quitter d’un seul coup et commencer enfin à vivre, dans le soleil, avec de l’eau claire. J’ai cru au curé, il me parlait du séminaire, il s’occupait tous les jours de moi, il avait le temps dans ce pays protestant où il rasait les murs quand il traversait le village. Il me parlait d’un avenir et du soleil (…) » (Camus, 2016: 46).

 

Le curé isolé vivait « dans ce pays protestant où il rasait les murs quand il traversait le village.»(Camus, 2016:46). Cette image évoque étrangement la faiblesse néfaste de la famille de cet enfant comme une force épouvantable qui fait se stériliser tous les germes de la vie. On songe naturellement à l’aube de la vie de cet enfant qui est menacé, qui, s’il restait dans ce pays, pourrait trouer seulement une vie amère au milieu du sel.

Ce passage, en plus, nous montre que dèsl’enfance, il se sent seul dans le désert et la chaleur familiale aussi ne peut pas leur donner une vie normale puisque la vie sur le désert en sel est sans intérêt.Le paysage négatif a poussé l’enfant à un sentiment de rejet de son pays natal.

C’est toute la situation de la prime enfance qui se résume dans le sentiment de rancune que l’on retrouve jusqu’à la période du séminaire à Grenoble :

« Je me sentais meilleur, j’avais grossi, j’étais presque beau, je voulais des offenses. Quand nous marchions en rangs serrés et noirs, l’été, sous le soleil de Grenoble, et que nous croisions des filles en robes légères, je ne détournais pas, moi, les yeux, je les méprisais, j’attendais qu’elles m’offensent et elles riaient parfois. Je pensais alors : "Qu’elles me frappent et me crachent au visage", mais leur rire, vraiment, c’était tout comme, hérissé de dents et de pointes qui me déchiraient, l’offense et la souffrance étaient douces! » (Camus, 2016:47- 48).

 

Dans la description d’un jour sous le soleil de Grenoble, à côté du passage des filles en robes légères, le paysage intérieur-état d’âme dévoile son côté masochiste. Le soleil et des filles en robes légères sont très significatifs pour cet être marginal en soutane. Sa réaction intérieure nous le montre comme un homme ayant vécu au fond d’une grotte et qui s’oblige à fermer les yeux en plein soleil.

Dans la nouvelleLe Renégat Camus présenteun prêtre, dans le village de Taghâsa dans le désert, qui veut convaincre les nomades du désert pour qu’ils convertissent au christianisme. La scène commence à l’aube avant l’apparition du soleil. Le prêtredans un  long monologue raconte les récits de son enfance en utilisant le passé et les récits présents en utilisant le présent de l’indicatif. Les habitants ennuyés par ses paroles  et en restant sous le soleil acharnant du désert, ne voulaient plus l’écouter. Fait prisonnier par les nomades, il se sent seul dans un pays désertique et  loin de son pays natal, devient absurde et recourt à un monologue intérieur. Ce prêtre renégat apparaît en conflit permanent avec la nature : sa haine de l’hiver lemène vers le midi, puis le soleil du désert lui restitue un Massif Central qui n’est plus repoussant,mais un doux souvenir idyllique. Cette confusion intérieure lui fait négliger plus tard l’âpreté dudécor au profit de sa peur de l’autre :« (…) Ce n’est pas la ville de sel, les murs blancs dans le soleil torride qui m’ont frappé dans son récit, non, mais la cruauté des habitants sauvages (…)»(Camus, 2016:49).

Mais pourquoi ces habitants sont cruels? Ce n’est pas parce qu’ils vivent dans le désert où on ne se trouve pas une vie normale et heureux? Ici, Camus insiste sur le désert, avec une image néfaste et négative, qui transforme aussi l’homme à être cruel et sauvage.Nous pouvons aussi ajouter que les habitants qui vivent dans le désert, désirent, peut-être, de quitter leur pays, ils sont fatigués de cette chaleur affreuse, alors ils attaquent les européens, ici le prêtre, mais ils ne peuvent pas se retirer de cet endroit. C’est à cette raison-là que l’on peut dire pourquoi la plupart des algériens, des marocains et des tunisiens veulent quitter leur pays: «La position géographique de la ville située à la frontière entre deux continents, l’Afrique et l’Europe, est bien significative (…), pour arriver en Espagne» (Khajavi&Dadvar, 2016: 8).Cela nous montre, certainement, la haine des habitants du désert.

Dans La Femme adultère, une autre nouvelle de cette œuvre, Janine, le personnage principal, exprimesa solitude très profonde. En plus, dans L’Hôte, les écrits de Camus, s’achèvent sur le même mot : « Dans ce vaste pays qu’il avait tant aimé, il était seul» (Camus,2016:124). Ici, la solitude des habitants est issue de la vie dure dans le désert.

Le narrateur exprime ses angoisses et sa solitude. En s’éloignant de son pays natal, le personnage se sent dans une piège et ne peut sortir de cette angoisse, cette solitude, ce silence et ce désespoir qui l’entourent: « Ici, l’exil ou la solitude, au milieu de ces fous languissants » (Camus,2016:218).

Les personnages de L’Exil et le royaume  dans Le Renégat et les autres nouvelles de cette œuvre parle du conflit entre l’homme et la nature.Le Renégatreprésente sa haine contre le désert, le soleil du désert et l’hiver de son enfance, vers le midi, dans le Massif Central : « (…) Le long hiver, la burle glacée, les fougères dégoûtantes, oh ! Je voulais partir, les quitter d’un seul coup, et commencer enfin à vivre, dans le soleil avec de l’eau claire» (Camus,2016:46).

LeRenégat connaît la nostalgie de son pays natal. Il déteste aussi la sauvagerie des habitants, issue de la solitude et du désert : « (…) Ce n’est pas la ville de sel, les murs blancs dans le soleil torride qui m’ont frappé dans son récit, non, mais la cruauté des habitants sauvages (…)» (Camus,2016: 49).

En ce qui concerne l’importance du désert dans l’univers de Camus, on peut ajouter un commentaire supplémentaire : c’est dans le désert qu’il retrouve sa prise de conscience, c’est dans le désert que sa solitude trouve des planifications, c’est grâce au thème du désert que l’on peut évaluer la solitude de Camus. C’est dans le désert que la solitude est si facilement détectable. L’homme seul, oublié et rejeté par les autres, condamné à l’angoisse, etc. choisit le désert.

 

Les repères d’un soleil violent

L’attrait du soleil mène Camus au désert, complètement dominé par la force du soleil. À la porte du désert, Alger, il avait volé l’argent de l’économat. Voyons cette scène du Renégat où le héros camusien arrive à la ville de sel :

« J’ai traversé l’Atlas, les hauts plateaux et le désert, le chauffeur de la Transsaharienne se moquait de moi : "Ne va pas là-bas", lui aussi qu’est-ce qu’ils avaient tous, et les vagues de sable pendant des centaines de kilomètres, échevelées, avançant puis reculant sous le vent, et la montagne à nouveau, toute en pics noirs, en arêtes coupantes comme du fer, et après elle, il a fallu un guide pour aller sur la mer de cailloux bruns, interminable, hurlante de chaleur, brûlante de mille miroirs hérissés de feux, jusqu’à cet endroit, à la frontière de la terre des noirs et du pays blanc, où s’élève la ville de sel. Et l’argent que le guide m’a volé, naïf toujours naïf je le lui avais montré, mais il m’a laissé sur la piste, par ici, justement, après m’avoir frappé : « Chien, voilà la route j’ai de l’honneur, va, va là-bas, ils t’apprendront », et ils m’ont appris, oh oui, ils sont comme le soleil qui n’en finit pas, sauf la nuit, de frapper toujours, avec éclat et orgueil, qui me frappe fort en ce moment, trop fort, à coups de lances brûlantes soudain sorties du sol, oh à l’abri, oui à l’abri, sous le grand rocher, avant que tout s’embrouille» (Camus, 2016: 51-52).

 

Cette image figée de toutes les matières durcies, chaudes et colorées en noir et blanc peut s’associer au feu infernal. Le caractère métallique « fer » avec l’hostilité du minéral des « sables », « la montagne toute en pics », « cailloux » peut se mesurer facilement à la violence et à l’agressivité du soleil.

Ce décor sauvage, poussant ces ascètes au cœur du désert, permet au héros d’avoir le même monologue solitaire que Clamence dans sa ville cernée d’eau. À côté de Clamence qui est considéré comme un exilé solitaire dans la ville moderne et la foule, le renégat est un exilé aussi dans un océan de sable.

Dans son monologue du premier jour dans la ville de sel, le soleil est comme une planète suzeraine du désert qui n’existerait pas sans sa présence implacable. Bien qu’il symbolise la virilité, le désert n’est que le champ d’application de son action.

Le thème du soleil revient avec insistance :

« Quelle bouillie quand la chaleur monte, je transpire, eux jamais, maintenant l’ombre elle aussi s’échauffe, je sens le soleil sur la pierre au-dessus de moi, il frappe, frappe comme un marteau sur toutes les pierres et c’est la musique, la vaste musique de midi, vibration d’air et de pierres sur des centaines de kilomètres comme autrefois j’entends le silence. Oui, c’était le même silence, il y a des années de cela, qui m’a accueilli quand les gardes m’ont mené à eux, dans le soleil, au centre de la place, d’où peu à peu les terrasses concentriques s’élevaient vers le couvercle de ciel bleu dur qui reposait sur les bords de la cuvette»(Camus, 2016: 54-55).

 

Ici, l’action du soleil est très significative au niveau du langage. Si l’on comprend bien les pages de « la parole de l’eau » de Gaston Bachelard[2],la présence du soleil dont la grande sècheresse est une conséquence, évoque le langage stérile. Le renégat n’entend que le silence.

Dans« la maison du fétiche » (Camus, 2016:66),la cérémonie se passe dans le silence martelé par la musique et les cris. Personne n’y parle ni le sorcier, ni les femmes, ni le captif-renégat. Dans l’absence totale de communication orale, la langue de ce captif est coupée par les hommes noirs. Ce missionnaire, renégat qui voulait propager la parole du christ aux habitants du cœur du désert, voit, ironie du destin, son message brutalement interrompu par l’amputation de sa langue, ce qui efface définitivement le message qu’il venait apporter aux hommes:

« Quand j’ai repris connaissance, j’étais seul dans la nuit, collé contre la paroi, couvert de sang durci, un bâillon d’herbes sèches à l’odeur étrange emplissait ma bouche, elle ne saignait plus, mais elle était inhabitée et dans cette absence vivait seule une douleur torturante. J’ai voulu me lever, je suis retombé, heureux, désespérément heureux de mourir enfin, la mort aussi est fraîche et son ombre n’abrite aucun dieu» (Camus, 2016: 63-64).

 

Son attitude nous montre les limites infernales et perpétuelles de ce dilemme, tant que la « mort » ne viendra pas le délivrer d’avoir opté pour sa nouvelle religion, celle du mal, à laquelle il se raccroche désespérément dans son destin tragique, puisqu’il est mutilé à jamais. Le désert, le soleil brûlant le poussent maintenant vers l’enfant vivant, matérialisé par ce terrifiant désert.

Ici, les thèmes du soleil, du silence, de la langue en plein désert sont implicites ; l’état de vide, d’absence et d’exil suggérés par ces thèmes symbolise en plusieurs circonstances un aspect solitaire.

Le désert est toutefois moral ; c’est dans son lieu d’exil que l’homme seul affronte le poids de la vie. Camus accepte bien « le désert de notre vie » comme « les eaux de la lumière »[3](Camus, 1989: 1834).

La Méditerranée est pour Camus, l’endroit de la vérité du monde. Elle présente une vérité centrale de son enfance, mais à la fois une vérité néfaste et agréable du monde. L’Algérie de la Méditerranée,symbole du soleil et de la mer, offre des images très différentes de celles du désert. Nous y trouvons différentes couleurs. C’est l’endroit pour réfléchir sur la vie.L’Algérie de la Méditerranée représente l’amour, la justice, la beauté et la liberté. Tipasa ou encore Oran nous montre les souvenirsde l’enfance de l’auteur. Les souvenirs agréables et encore néfaste de Camus. Cet endroit imagine l’absence du père et le silence d’une mère muette.Le soleil et la Méditerranée donnent lieu à de véritables créations artistiques chez Camus. Leur image vive nourrit la solitude de Camus. Et ils ouvrent la porte de la solitude pour lui.

 

La ville, lieu des confessions des hommes seuls

Le thème de la ville apparaît fréquemment dans l’œuvre de Camus. La ville donne le contour des circonstances de la vie des personnages et de l’auteur lui-même.

Dans les grandes cités, l’écrivain perçoit la détresse humaine, « la rumeur malheureuse de la ville déserte» (Camus, 2012: 169). Cependant, Alger a pour lui une autre résonnance. Mais au cours de son voyage à Prague, angoissé, étranger, Camus retrouve sa ville à l’odeur « aigre de concombre et de vinaigre» (Camus, 1978: 56). Loin de Prague, la Grèce, pourrait dire Camus à la place de Clamence « dérive quelque part en moi, au bord de ma mémoire, inlassablement»(Camus, 2012:114). Pour Camus, Alger est la Grèce, qui est faite de liberté, de spontanéité et de douceur qui allie la Nature et la métaphysique.

Jung voit dans la ville un symbole maternel(Jung, 1973: 384). Parmi les villes décrites par Camus, Alger seule relève de ce symbolisme. Le voyageur arrivant au port est accueilli par « la baie aux bras tendus, les maisons parmi les arbres et l’odeur déjà proche des quais » (Camus, 1971: 126), la mère attendant son retour. Chez Camus, cet attachement à sa ville natale, cette passion de la rejoindre, caractérisent une tendance œdipienne. Tout cela s’exprime dans un passage des Chroniques Algériennes :« J’ai aimé avec passion cette terre où je suis né, j’y ai puisé tout ce que je suis, et je n’ai jamais séparé dans mon amitié aucun des hommes qui y vivent (…). (…) La terre du bonheur (…) et de la création. »(Camus, 1974: 593)

L’identification de son quartier misérable (la terre) et de sa mère, être primitif, conduit à la nostalgie de l’innocence et de la pureté. L’ambivalence de la terre natale (à la fois misère et lumière) chez Camus laisse en fait apparaître une ville heureuse. De même que pour Hemingway, l’espace heureux est la montagne, et pour Faulkner, la forêt et le Mississipi, pour Camus, le bonheur a pour nom la mer algérienne. Malgré tout, on s’aperçoit plus loin que l’injustice et la mort ne manqueront pas de détruire cette ville, image maternelle et heureuse.

Mais est-ce que la ville produit toujours une image agréable ou elle peut être funeste ?

Le voyage de l’apprentissage de la solitude commence à Prague. Dans d’autres grandes villes telles que Paris, Saint-Etienne, Lyon, New-York, Camus se perfectionne dans le goût de l’isolement, avec la nostalgie ardente «des villes pleines de soleil et de femmes, avec des soirs verts qui ferment les blessures»(Camus, 1974: 816). Les grandes villes du monde moderne ont coupé les racines naturelles de l’homme. Le parfum des absinthes, du romarin a fait place à l’odeur des bureaux, du vinaigre, de la mort et des poubelles. Les collines ont disparu sous les gratte-ciel, les réverbères ont pris la lumière des étoiles, la beauté du corps s’est effacée, ne laissant qu’une silhouette. Nous pouvons approuver ce sentiment dans ces phrases :« Sur le pont, je passai derrière une forme penchée sur le parapet qui semblait regarder le fleuve »(Camus, 2012:81).

New York rassemble tous les aspects aliénants de la grande ville qui présente la solitude des hommes entre les pierres et les aciers. En 1953, Camus dans son « journal de bord » note ses impressions :

« À New York, certains jours, perdu au fond de ces puits de pierres et d’acier où errent des millions d’hommes, je courrais de l’un à l’autre, sans en voir la fin, épuisé, jusqu’à ce que je ne susse plus soutenu que par la masse humaine qui cherchait son issue. J’étouffais alors, ma panique allait crier. Mais, à chaque fois, un appel lointain de remorqueur venait me rappeler que cette ville, citerne sèche, était une île, et qu’à la pointe de la Battery l’eau de mon baptême m’attendait, noire et pourrie, couverte de lièges creux » (Camus, 1974: 819).

 

Les contours de la ville sont durs, acérés, faits de pierre et d’acier, ils délimitent la prison de l’homme, le puits où il se perd. Cette dureté du béton rappelle les chaines de l’esclave, la matière est le tyran de notre temps.

La ville offre à l’individu une moue de mépris. Elle n’abrite qu’une masse humaine. Même à Marseille, « ville vivante » (Camus1978: 67) qu’il aime, Camus a vécu la solitude.

L’eau de la grande ville joue presque toujours un rôle maléfique : Paris est « souillée » par la pluie, ses « ciels brouillés, [ses] « toits luisants », (Camus, 1978: 205) ses quartiers déformés, elle paraît :

« (…) Comme une monstrueuse buée sous la pluie, une enflure informe et grise de la terre, si l’on retourne alors vers le Calvaire de Saint-Pierre de Montmartre, on sent la parenté d’un pays, d’un art et d’une religion. Toutes les lignes de ces pierres frémissent, tous les corps crucifiés ou flagellés emplissent l’âme de la même émotion éperdue et souillée que la ville elle-même » (Camus, 1978:205).

 

À New York, l’eau du port, noire et pourrie, traîne une odeur de mort.

Nous avons jusqu’à présent parcouru avec Camus les villes où il a vécu. Maintenant, on va voir la cité maléfique des villes à travers son œuvre. D’emblée, Camus nous présente Oran dans sa laideur. Ville de poussière et de caillou :

 « Tout le mauvais goût de l’Europe et de l’Orient s’y est donné rendez-vous. On y trouve, pêle-mêle, des lévriers de marbre, des danseuses au cygne, des Dianes chasseresses en galalithe verte, des lanceurs de disque et des moissonneurs, tout ce qui sert aux cadeaux d’anniversaire ou de mariage, tout le peuple affligeant qu’un génie commercial et farceur ne cesse de susciter sur les dessus de nos cheminées » (Camus, 2013 :18-19).

 

Construite en forme d’escargot, Oran qui se referme vers son centre, transforme en minéral les plantes elles-mêmes comme d’autres villes formant un univers de pierre, sa séduction est celle du: «Le vide, l’ennui, un ciel indifférent, quelles sont les séductions de ces lieux ? C’est sans doute la solitude et, peut-être, la créature. Pour une certaine race d’hommes, la créature, partout où elle est belle, est une amère patrie. Oran est l’une de ses mille capitales» (Camus,2013:33).

Dans son œuvre, les villes jouent à la fois le rôle de cadre d’une action, et de symbole pour le destin des personnages. On s’intéresse ici à l’aspect métaphysique et symbolique de la ville. Chaque ville a son symbole de l’autorité paternelle, malgré qu’Alger ait un aspect maternel. La notion de la ville est très complexe dès qu’elle constitue le cadre de la vie humaine. Dans la mesure où la ville moderne a changé avec le développement de la société industrielle, elle a commencé à détruire la création de Dieu (Nature).

Dans l’histoire, les grandes villes, New York, Leningrad, Washington, Moscou représentent la puissance politique. N’est-ce pas que les petites villes sont en réalité des pneumocoques lorsque des villes moyennes se sont enrhumées devant la toux de Washington et de Moscou ?

Ainsi, la grande ville représente, semble-t-il, très souvent, l’agressivité paternelle, la virilité masculine dans la psychanalyse. À côté de la campagne dont les verdures ont leurs racines sous la terre, la ville est construite solidement de tous les matériaux durs (ciment, fer, goudron, etc.) sans racine.

En plus du paysage régulier et plus ou moins strict elle impose des lois comme celle du trafic aux passagers caractérise le côté maternel, sans doute, la structure de la ville permet de désigner l’image paternelle, la puissance, le pouvoir.

En effet, on est bien persuadé que la ville devient le symbole de la prison comme chez Camus. À Oran, le mur est omniprésent,Taghâsa la ville « de sel » qui fige un à un les habitants « semble un fantôme laiteux » (Camus, 2016:54). Cette ville dénuée de formes et de couleurs n’est habitée que par les éléments naturels : vent, soleil, froid qui assaille le renégat prisonnier.

Dès la première page du Minotaure, on voit que Camus garde toujours la vision de la grande ville sous son regard terrifié : la solitude à jamais incrustée dans son esprit lui fournit tout le vocabulaire qui marque son œuvre. La ville, c’est une nécessité du « Mal » pour lui :

« Certes, c’est bien cette solitude peuplée qu’on vient chercher dans les villes d’Europe. Du moins, les hommes qui savent ce qu’ils ont à faire. Ils peuvent y choisir leur compagnie, la prendre et la laisser. Combien d’esprits se sont trempés dans ce voyage entre leur chambre d’hôtel et les vieilles pierres de l’île Saint-Louis ! Il est vrai que d’autres y ont péri d’isolement. Pour les premiers, en tout cas, ils y trouvaient leurs raisons de croître et de s’affirmer. Ils étaient seuls et ils ne l’étaient pas. Des siècles d’histoire et de beauté, le témoignage ardent de mille vies révolues les accompagnaient le long de la Seine et leur parlaient à la fois de traditions et de conquêtes. Mais leur jeunesse les poussait à appeler cette compagnie. Il vient un temps, des époques, où elle est importune. « À nous deux ! » s’écrie Rastignac, devant l’énorme moisissure de la ville parisienne. Deux, oui, mais c’est encore trop  »(Camus, 2012:76-77) !

 

L’île, l’espace d’un éternel retour des solitaires

Il n’existe pas beaucoup d’îles, décor concret, lieu réel, dans l’œuvre de Camus, si l’on excepte les îles de Clamence.

Dans les symbolismes mythiques et religieux anciens, c’est à travers le voyage que l’île gagne sa valeur. Elle représente une sorte de perfection loin de l’agitation du monde. Ainsi, devient-elle symbolique du sacré. Cette notion nous est restée, l’île est le refuge et l’exil aussi.

Pour son maître, Jean Grenier, les îles sont des moments privilégiés grâce auxquels le voyageur peut accéder à « une vie secrète » (Grenier, 1973: 68).Ce désir de Grenier, Camus l’a, de son propre aveu, admiré et limité si bien que le sentiment l’a mené réellement à la découverte du désir de création. L’île est un conteur géographique idéal, elle fournit la condition de l’art. Grenier décrit ainsi :« J’adorais le secret qui fait toute chose belle, le secret sans lequel il n’est pas de bonheur »(Grenier, 1973:72).

Cette condition peut être construite artificiellement par l’homme. Par exemple, une vie secrète, une utopie ; Descartes l’a menée en pleine ville d’Amsterdam :« C’est grâce à la banalité affichée que Descartes obtient la permission de vivre à l’écart »(Grenier, 1973:68).

Ainsi, chez Camus, plutôt que d’îles, peut-on parler d’insularité ? Dans sa préface au livre de Jean Grenier Lesîles, Camus donne son impression après la lecture ; le voyage signifie un itinéraire dans l’imaginaire et l’invisible. L’homme après sa quête d’île en île trouve la mort.

Ce qu’il a trouvé chez son maître, Camus en a fait une vision personnelle qu’il approfondit toujours. Cette fascination de l’insularité était le point de départ de sa vie créative. Pour lui, les îles sont des supports à son rêve dans le sens du bonheur et en même temps de la souffrance et de la solitude ; de même que pour le voyageur, l’île est un espoir, elle est aussi un isolement et un dépaysement.

Si l’on trouve une valeur de l’île à travers le voyage, ce sera celle d’un endroit très riche en images. Un voyage a un but, mais si le but vient à manquer, on peut flâner, s’arrêter en chemin, sur l’île.

Dans chaque situation réelle, l’homme camusien aura cette attitude d’approfondir sans cesse ce qui est devenu ses îles. Elles ne sont pourtant pas le salut ces « îles en dérive », (Camus,2012:176) mais on peut aimer l’aspect terrible de l’océan, de la vie où règne la séparation entre les « déments obstinés, accrochés à des planches, jetés sur la crinière des océans immenses (…); sûrement, en tout cas, peuvent l’aimer ceux qui chérissent,la solitude et la mer»(Camus, 2012:176). Camus perçoit la réalité comme morcelée, il l’écrit dans le style de la discontinuité.

Dans Explication de L’Étranger, Sartre rend compte de ce style caractéristique :« Une phrase de L’Étranger c’est une île »(Sartre,1973: 109).

Elle enferme sa signification qui est donnée comme une image, suivie d’une autre image. Sartre note l’absence de relation au niveau du temps entre ces phrases :« Au lieu de se jeter comme un pont entre le passé et l’avenir, elle n’est plus qu’une petite substance isolée qui se suffit »(Sartre, 1973: 109).

Si comme on le dit le style est l’homme maintenant, on peut affirmer que, ce qui se révèle au travers de ces phrases sèches, c’est le drame intime de la solitude.

Vient un autre aspect du même moule. C’est une vie d’artiste. Le peintre célèbre, Jonas, immergé dans la chance, mais qui risque de s’y noyer, réagit à temps en se donnant la possibilité d’être seul pour créer. Cet artiste comblé habite au milieu de ses semblables un vieux quartier de la capitale. Son appartement est décrit ainsi :

« La hauteur vraiment extraordinaire des plafonds, et l’exiguïté des pièces, faisaient de cet appartement un étrange assemblage de parallélépipèdes presque entièrement vitrés, tout en portes et en fenêtres, où les meubles ne pouvaient trouver d’appui et où les êtres, perdus dans la lumière blanche et violente, semblaient flotter comme des ludions dans un aquarium vertical. De plus, toutes les fenêtres donnaient sur la cour, c’est-à-dire, à peu de distance, sur d’autres fenêtres du même style derrière lesquelles on apercevait presque aussitôt le haut dessin de nouvelles fenêtres donnant sur une deuxième cour » (Camus, 2016:140).

 

Toutes ses fenêtres et portes font comme des vitrines qui exposent complètement l’intérieur de la maison, à tel point que Jonas doit isoler son nouveau-né avec des toiles en guise de paravent. Cette situation totalement extériorisée se continue dans les obligations de la célébrité : visites et coups de téléphone sans fin. En même temps, elle l’empêche de donner libre cours à son action de création comme un poisson ne peut nager dans l’aquarium. Ici, la liberté de l’artiste est synonyme de travail. Pour la retrouver, Jonas se construit un refuge « à mi-hauteur des murs » (Camus,2016:170). Sa soupente, c’est une île :

« Le lendemain, à la première heure, Il grimpa dans la soupente, s’assit, posa le cadre sur le tabouret, debout contre le mur, et attendit sans allumer la lampe. Les seuls bruits qu’il entendait directement venaient de la cuisine ou des toilettes. Les autres rumeurs semblaient lointaines et les visites, les sonneries de l’entrée ou du téléphone, les allées et venues, les conversations, lui parvenaient étouffées à moitié, comme si elles arrivaient de la rue ou de l’autre cour » (Camus, 2016: 170-171).

 

Sa vie de la soupente est par excellence la vie insulaire qui signifie la solitude. La note de Jean Grenier le justifiera ainsi :« D’où vient l’impression d’étouffement qu’on éprouve en pensant à des îles ? (…) Mais on y est « isolé» (n’est-ce pas l’étymologie ?). Une île ou un homme seul. Des îles ou des hommes seuls»(Grenier, 1973:108).

Insulaire, Jonas qui a les oreilles sensibles ressemblant aux contours des coquillages, écoute les vagues de la mer, « il entendait les grognements de ses enfants, des bruits d’eau, les tintements de la vaisselle » (Camus, 2016:175).

Si l’île correspond à la morale individuelle, que devient-elle dans le destin collectif ? La vie insulaire constitue une étape qui mène paradoxalement à la solidarité. On peut le vérifier dans l’évolution des comportements, à la fin, des plus solidaires. Camus pense que ce processus est presque obligatoire dans notre monde où tout se répercute partout :« Nous savons aujourd’hui qu’il n’y a plus d’îles et que les frontières sont vaines »(Camus, 1965:341).

Ainsi, cette idée est développée dans La Peste. Si Rieux, en tant que médecin de la clandestinité contre une ennemie de l’homme, la peste, qui coupe deux mondes, semble avoir été créé par l’imagination de Camus à l’aide de souvenirs de la Résistance, sa « solitude n’est ici que la plus sévère des solidarités »(Gascar, 1964: 250).

Quelle que soit sa valeur, l’île a toujours une apparence solitaire. Les îles du Sud dont la richesse consiste à être toujours dans la lumière et avec le vent. La lumière ne fait allusion à rien d’autre qu’au bonheur pour l’homme camusien.

Cette image de météore, également marque de la vie, si l’on accepte que la mort est un phénomène d’arrêt de la respiration. La respiration de la Nature n’est représentée que par le souffle du vent. Se doublant d’un « rêve de vol », du dynamisme aérien, les îles édéniques camusiennes reliées à son passé, la plus belle époque de Clamence, resteront comme une nostalgie de sa jeunesse.

On voit bien quel est l’élément infernal pour lui. L’obscurité domine ce paysage inhospitalier, chargé de tous les signes du vide, de la monotonie, de la solitude. Par rapport aux îles pleines de soleil, l’île Marken serait associée à la mort. Les personnages du recueil apprennent que la confiance entre eux est très fragile. Jonas, heureux dans sa vie avec sa femme et ses enfants, oublie les conflits familiaux et seulement pense à ses tableaux et ses peintures ou  Yvars connaît un bonheur et la solidarité entre ses amis ouvriers : «L’odeur des copeaux brûlés commençait de remplir le hangar. Yvars, qui rabotait et ajustait les douelles taillées par Esposito reconnut le vieux parfum et son cœur se desserra un peu. Tous travaillaient en silence, mais une chaleur, une vie renaissait peu à peu dans l’atelier»(Camus, 2016:85).

Les personnages de Camus dans L’Exil et le royaumeprésentent une sorte de malentendu dans leur relation avec les autres. Ne pas avoir une bonne relation et une bonne communication, ils se sentent seuls. Insignifiants ou mal compris, les héros se brisent et se sentent absurdes et seuls. Mais Camus essaye de les unir par le langage afin que les personnages puissent enfin arriver à briser cette solitude.

 

Conclusion

Pour l’homme ordinaire, la nature n’a pas de voix, mais depuis toujours, le peintre, le poète, le musicien, l’ermite et les grands penseurs sont à son écoute. La nature parle ! On peut le voir dans la promenade de Camus à Tipasa et de son dialogue avec la nature au printempsjaillissant et de sa marche dans les ruines de Djemila où il devient vent, colonnes et arc.

Les œuvres de Camus se composent de proses pleines de sentiments, à la mer et au soleil, à la liberté, comme il le dit aux « fêtes de la terre et de la beauté »(Camus, 2016:102).Dans les écrits de Camus qu’il situe en Algérie, les événements se passent toujours sousl’éclat du soleil d’été. L’éclat du soleil qui contient parfois un sentiment agréable ou parfois un sentiment  sombre.

L’écriture camusienne reflète le désarroi et les doutes de Camus : les paysages lumineux d’Algérie sont devenus le décor d’affrontements sanglants et l’espoir dans la fécondité de la Pensée de Midi s’affaiblit face à la violence.Mais l’originalité de son œuvre ne se résume pas à cette recherche formelle ; d’une certaine manière, chaque livre prépare, prolonge ou rejoint la confession douloureuse de Clémence, et tous les personnages sont en exil d’eux-mêmes : l’exil quotidien dont Janine prend conscience mais auquel elle échappe dans la découverte d’une autre vie, l’exil et la solitude des hérosde La Peste dans leur ville, etc., donnent l’image du déchirement que connaît Camus. Plusieurs personnages se font l’écho de l’état camusien. Tous ses personnages sont habités, plus ou moins consciemment, d’un désir ou d’une nostalgie transcendante qui les porte au-delà d’eux-mêmes et de la vie qu’ils mènent ; ces héros solitaires montrent leurs liens étroits, et peut-être réversibles : ne sont-ils pas « l’envers et l’endroit » de la vie des hommes.

Affronté à un monde aussi néfaste, l’homme solitaire ne peut s’empêcher de lancer un appel, comme un exilé qui veut parler à quelqu’un. Mais s’il en appelle à une entité supérieure, et non plus aux hommes, il ne reçoit que la réponse de la solitude, il se heurte à des murs solides qui l’entourent de toutes parts. Alors il choisit, parfois, d’être dans un endroit solitaire pour se retirer de ce sentiment de la solitude.

Les œuvres  de Camus retracent la pauvreté ainsi que la lumière, elle considère le refus d’une société ruinée par ses routines, ses injustices, ses mensonges, et la condamnation d’une création polluée par la maladie et la mort. Déçu de sa vie et ses mensonges, il se réfugie dans un endroit solitaire.

La solitude est une marque du temps. Dans les œuvres de Camus, et surtout dansL’Été, L’Exil et le royaume et LesNoces,tous les personnages et les lieux semblent prédestinés à être seuls. La répétition des événements et la réincarnation des premiers personnages en d’autres qui portent le même caractère et possèdent la même personnalité, élève l’histoire de cet univers, isolé de la modernité où les nouveautés ne peuvent venir que de l’extérieur, au mythe tragique d’un éternel retour. Mais ces événements, symboles de la solitude, illustrent les façons de lutter contre la mort. La solitude admet bien des modalités psychologiques et sociales, constitutive de l’être même, elle dit à la fois que l’on est unique au sein de l’espace mais que, comme elle, on est voué à un processus naturel et inévitable de décomposition.

On a essayé de montrer dans cet article les différents lieux où la solitude de Camus et ses personnages prennent forme. On a vécu un environnement où son silence favorise la solitude. Camus y réapprend à goûter le moment présent. Choisir le désert, la ville, l’île, etc. lui accorde un temps d’arrêt dans un lieu isolé et solitaire. Il réapprend à s’occuper seulement de soi pour entendre la voix de son for intérieur. C’est redécouvrir le silence qui nous habite et nous aide à retrouver un sens à notre vie.

Le thème de la solitude dans le monde extérieur, dans Les Noces, L’Été et L’Exil et le royaume, représente un monde néfaste dans le désert,le désert demeure au cœur du silence. Le désert a une voix, parfois il est comme un exil pour se recueillir et parfois un endroit néfaste et négatif. Dans les villes entourées des murs, on se sent encore seul, puisqu’on y trouve ''mensonges'', ''injustices'' et ''hypocrisie''. La ville camusienne, c’est le règne de l’ennui de la mécanique, de la foule, et c’est l’envahissement d’un lieu par la solitude. En somme, elle offre à Camus une prison à tous les niveaux de la vie humaine. La solitude montre aussi une vie agréable dans les îles pleines de couleurs, dans la Méditerranée où on peut avoir un refuge pour se détendre, se reposer et réfléchir. La solitude d’après Camus n’imagine pas seulement la mort mais la vie pleine d’espoir. Les lieux à caractère solitaire ont un double sentiment. Ce double sentiment, agréable ou néfaste, signifie l’absurdité et la révolte de Camus.



[1] https://citation-celebre.leparisien.fr/citations/76916

[2] « L’eau est la maîtresse du langage fluide, du langage sans heurt, du langage continu, continuité du langage qui assoupit le rythme, qui donne une matière uniforme à des rythmes différentes » (Bachelard, 1970 : 250).

[3] Camus écrit : Ces signes sombres que vous tracez parlent aussi d’une lumière et je suis préoccupé de lumière. J’entends les uns dire qu’il faut mourir dans le désert, les autres qu’il faut fuir vers l’oasis. Je me méfie de tous. Il faut vivre dans le désert, voilà tout, et le forcer pour que jaillissent un jour les eaux de la lumière. Vous êtes dans le désert, (…) (Camus, 1989: 1845).

Bibliographies
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Camus, A. (1965). Essais, Introduction par R. Quilliot, édition établie et annotée par R. Quilliot et L. Faucon. Paris: Gallimard et Calmann-Lévy
Camus, A. (2006). Œuvres complètes, I., 1931-1944. Bibliothèque de la Pléiade, Préface à l’édition universitaire américaine, Paris: Gallimard.
Camus, A. (1974). Théâtres, Récits, Nouvelles de l’édition de la Pléiade des Œuvres d’Albert Camus. Paris: Gallimard.
Gascar, P. (1964). Albert Camus, Réalité. Paris: Hachette.
Grenier, J. (1961). Inspirations méditerranéennes. Paris: Gallimard.
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Khajavi, B. &Dadvar, E. (2016). Le passage de la Méditerranée: la migration et la nouvelle culture dans Partir de Thar Ben Jelloun. Revue Plume. N°23, Téhéran: AILLF.
Mailhot, L. (1973). Albert Camus, L’imagination du désert. Montréal: Les Presses de l’Université de Montréal.
Sartre, J.P. (1973). Situation I. Paris: Gallimard.
Jung, C.G. (1973). Métamorphoses de l’âme et ses symboles. Genève: Georg.
 
Sitographie
https://citation-celebre.leparisien.fr/citations/76916