نوع مقاله : مقاله پژوهشی
نویسندگان
1 استادیار و عضو مرکز تحقیقات میان رشته ای زبان و ادبیات ، دانشگاه علامه طباطبایی، تهران، ایران
2 کارشناسی ارشد، گروه ادبیات فارسی و زبانهای خارجی، دانشگاه علامه طباطبایی، تهران، ایران
چکیده
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موضوعات
Depuis la publication de l’Occidentalite dans les années 60, l’intérêt pour ce livre ne cesse d’augmenter car comme le titre désigne clairement, la modernité venue de l’occident est considérée par l’auteur comme une pathologie qui conduit le peuple à la perte de son identité. Al-e Ahmad excelle dans la description des problèmes sociaux, de la perte des repères traditionnels parallèlement à une modernisation agressive, des méfaits de la pauvreté et de l’ignorance. Il critique vivement la société consommatrice d’Iran. Il dénonce l’empirisme du monde industriel et mercantile sur son pays. Al-e Ahmad a influencé toute une génération d’intellectuels iraniens ainsi que la prose moderne. L’impact de cet écrivain sur ses contemporains, certains comme Shafi’i Kadkani (2001) pensent qu’il a été un écrivain au sens propre du terme, c’est pourquoi il fait partie des écrivains contemporains les plus populaires (Nazri-Doust, 2013 :46). On peut parler de génération Al-e Ahmad car l’influence de l’écrivain et le rayonnement de son œuvre sont remarquables. Dans beaucoup de récits de ces années, jusque dans les années soixante-dix et même après, on retrouve la griffe particulière du style de Al-e Ahmad. Le lecteur iranien procure un certain plaisir qui l’incite à relire l’œuvre, à la fois pour la perception de la réflexion de Al-e Ahmad concernant l’histoire et le passé de l’Iran et aussi pour le langage, le style et son rythme très original. Il faut noter que comme un certain nombre d’écrivains de sa génération, Al-e Ahmad était professeur. Il critique le système de l’éducation qui aboutit selon lui à une déculturation, à une perte des repères et des valeurs morales. Ce courant identitaire, contribuera beaucoup aux mouvements qui conduiront à la révolution de 1978. Ses avis sur l’économie iranienne et son indépendance ont affecté la révolution iranienne. Il insistait alors sur le besoin de nationalisation des industries et rejetait toute dépendance envers les puissances occidentales. D’ailleurs ayatolla Khomeini se montra attentif aux théories de Al-e Ahmad.
Dix ans après l’avènement de la Révolution Islamique, M. Kotobi, le traducteur de « Pour un gouvernement islamique » traduit l’Occidentalite, l’œuvre qui a joué un rôle important pour éveiller et attiser le mouvement contestataire. La traduction de cette œuvre en français a contribué à une meilleure compréhension de la situation sociopolitique de l’Iran qui a conduit au renversement du régime en place. Ceci est l’une des raisons pour laquelle nous avons décidé de jeter un regard critique sur la traduction de cette œuvre.
Notre travail de recherche a donc pour objectif l’analyse de la traduction des données socioculturelles dans la traduction réalisée par Les Kotobi. Pour cela, nous allons relever ces éléments à la fois au texte original et à sa traduction. Nous allons aussi recourir à la théorie des tendances déformantes proposée par Antoine Berman afin d’extraire les déviations qui entrainent la non-transmission des structures significatives et sociales du texte source.
Pour réaliser cet objectif, nous allons étudier les points de divergence et de convergence entre l’original et le texte traduit sur différents plans tels que la forme et les structures des phrases par lesquelles l’auteur reflète sa vision à l’égard de société et de culture, la signification et la valeur de ses écrits et ses intentions qui sont transposées dans la trame de ses phrases aussi bien que le style et le niveau langagier. Donc nous cherchons à savoir si la forme et la pensée de Al-e Ahmad sont bien transmises dans la langue cible et si la traduction produit les mêmes effets que le texte d’origine et enfin quelles sont les tendances déformantes les plus récurrentes dans la traduction.
Après une première lecture, nous avons l’impression que ces éléments sociologiques ne sont pas recréés en français comme il faut. De même, en changeant le style de cet écrivain, les traducteurs n’ont pas bien transféré la vraie impression de celui-ci.
Recherches effectuées dans ce domaine
Dans l’article intitulé « Infrastructures sociales dans l’Enfant de l’autre », les auteurs[1] estiment que dans ce récit, le débat propre à la société représentée par Al-e Ahmad peut être lu dans un rapport d’homologie avec la société ou, avec des questions qui l’habitent et qui l’agitent. En effet, ils croient qu’une telle production littéraire qui est aussi production sociale devient signe d’une réalité anthropologique digne d’intérêt et de traitement. Selon Salimi et Kahnamouipour (2009), l’Enfant de l’autre est autant une photographie réaliste, personnelle qu’une interprétation consciente et critique des enjeux sociaux et des conditions culturelles aussi bien qu’une grande tentative de révélation.
Dans l’article intitulé « La relecture de l’Occidentalite de Jalal Al-e Ahmad- pour une confrontation Orient-Occident», les auteurs ont tenté de montrer l’efficacité des lois de Pierre Brunel dans l’approchement des images entrecroisées entre l’Occident et l’Orient où le regard du « Je » médiateur apprécie à la fois la dissemblance et l’assimilation. Selon eux, la motivation des reproches que Al-e Ahmad adresse à l’homme occidentalise se cristallise dans la confrontation entre l’originalité orientale et la civilisation occidentale.
Il est à noter que jusqu’à maintenant personne n’a effectué une recherche approfondie sur la traduction de l’Occidentalite de Al-e Ahmad.
Occidentalite: reflet d’une société ébranlée
Al-e Ahmad a créé diverses œuvres sous forme d’articles et de livres comportant ses idées en matière de culture. Parmi ses ouvrages, L’Occidentalite (1962) reflète l’influence politique et sociale de son temps de sorte qu’on pourrait considérer cette œuvre comme le fruit de ses réflexions et méditations. Il faut préciser qu'après la publication de cette œuvre, la notion d'Occidentalite a été exposée, débattue et vérifiée dans les milieux politiques et culturels iraniens de cette époque et parallèlement prises en compte dans les recherches scientifiques.
Les points de vue de Al-e Ahmad exposés dans ce livre sur cette notion ont été violemment critiqués par des écrivains tels que: Dariouche Achouri, Behrouz Khorram et Féreydoun Adamiyatte. En écrivant ce livre, Al-e Ahmad aurait eu, pour la première fois, la velléité d'avertir la société iranienne de l’existence, de la signification et des conséquences de ce phénomène.
Le sens véritable d’occidentalite serait selon lui « la recherche de l’identité nationale et éthique face au nationalisme universel ». Il reconnaît également cette notion comme une maladie dont l’Orient et l’Occident sont les deux versants. Selon lui, l’Occident, c'est « toute l’Europe, la Russie et toute l’Amérique du nord, tous les pays développés et industrialisés ou encore les pays capables de transformer les matières premières en outils compliqués, à l’aide des machines pour les présenter ensuite sur le marché » (Al-e Ahmad, 1988: 25).
Afin de définir « l’occidentalite », il considère notre planète comme un champ de bataille où luttent deux mondes à savoir: « les rassasiés et les riches puissants, producteurs et exportateurs de produits industriels» et « les affamés, les pauvres et les déshérités, consommateurs et importateurs» (Al-e Ahmad, 1988: 29).
Continuant son argumentation, il précise que l’Orient, accablé « par la force économique et politique » de l’Occident, doit se comporter comme un consommateur « noble et docile » à l’égard des produits industriels importés. Parallèlement, cette consommation exige non seulement l'aliénation du gouvernement, de la culture autochtone, mais aussi elle vise notre vie quotidienne en nous traitant « comme des machines» (Al-e Ahmad, 1988: 31).
Ensuite, Al-e Ahmad s’explique davantage: « Nous n’avons pas pu sauvegarder notre personnalité historico-culturelle face à la machine et à son inéluctable agression, et nous avons été anéantis.» (Al-e Ahmad, 1988: 32)
Il connaît la cause essentielle du retour des Orientaux vers l'Occident, c'est bien le manque de connaissance de la nature et du fondement des civilisations occidentales. Le résultat en sera finalement un accueil superficiel fondé sur l'apparence des Occidentaux.
Bref, Al-e Ahmad parle de l’incompatibilité entre les conditions culturelles et économiques de l’Iran de l’époque avec le soi-disant « révolution économique » imposée par le régime du Shah. Pour Al-e Ahmad ces réformes ne seront qu’une imitation et une transposition des programmes occidentaux qui transformeront le pays en clientèle incontestée des multinationales gérées par les industriels occidentaux.
Ce livre sera son travail le plus important et le point culminant de sa carrière d’écrivain.
Occidentalite: miroir des structures socio-politique d’Iran
Dans l’Occidentalite, Al-e Ahmad tente de faire connaître à l’Orient ses retards et d’apprécier l’épanouissement industriel de l’Occident, réalisé par le biais d’une sagesse collective. En effet, les Occidentaux progressent sans cesse et l’Occidentalite encourage l’éveil national pour que les Iraniens puissent avoir une position ferme devant l’Occident: être actif, c’est être motivé. Toutefois, le regard de notre auteur tourné vers l’espace européen est un critère stimulant pour conduire une investigation novatrice sur la différence entre l'occident et l’orient. Le témoignage de Al-e Ahmad sur l’Occident ne se limite pas à une simple représentation de l’Europe, il veut plutôt mettre en scène la différenciation ou l’assimilation. Sous cet angle, son œuvre mérite d’être appréciée comme une vision pertinente sur les échanges socioculturels entre un Occident exploiteur et un Orient consommateur.
Dans L’Occidentalite, ce qui nous paraît important, c’est de relever l’interprétation que fait Al-e Ahmad du rôle de l’Occident dans les échanges socioculturels avec l’Orient: il éveille ainsi le peuple iranien à l’égard des contraintes imposées par les Occidentaux. Ainsi, l’Occident émerge à la surface de l’écriture al-e ahmadienne comme un phénomène dominant, dont on a pu dire: « L’Occidentalite a soulevé de vives controverses et la critique a été sévère. C’est un fruit qui n’est pas mûr, mais il a le mérite d’exister » (Al-e Ahmad, 1988: 19). Al-e Ahmad souhaite que le peuple iranien soit indépendant dans son cheminement vers le progrès.
L’Occidentalite a été écrit pour guider le peuple iranien qui subit la domination de l’Occident: un peuple dont la première partie de la vie a été constituée d’oisiveté, de résignation et de mensonge, est un peuple victime et au regard de l’histoire, ce peuple souffre et est malheureux. Pourtant, il n’a commis aucun péché malgré toutes les occasions qui se sont offertes à lui. Il reste à savoir que l’Occident ne laisse personne poursuivre sa vie tout simplement (Anari, 1975: 118).
Suivant les œuvres de Al-e Ahmad, nous constatons que selon l'auteur, les Iraniens ont perdu leur identité nationale.
Situation sociopolitique et économique à l’époque de Al-e Ahmad
Le développement des rapports avec l’Europe et surtout les Etats-Unis qui avaient récemment fait leur entrée dans la vie politique internationale, a éveillé en Iran l’intérêt des personnes désireuses des activités politiques pour l’Occident (l’occidentalite). Dans cette situation, de grands changements dans divers domaines: culturel, littéraire et social se sont réalisés.
D’autre part, la médiocrité culturelle et morale dans la société assouplissait peu à peu et l’opposition entre la modernité et la tradition: ce qui avait timidement commencé depuis des années, prenait une grande liberté d’allure. Alors, les villageois ont immigré aux grandes villes; et la déception sociale, résultat d’une défaite politique, a fait pousser chez les intellectuels les germes d’une tendance au nihilisme.
« Cette tendance était plutôt la conséquence du désespoir et de la défaite qui a suivi le coup d’état du 28 mordad 1332/1953, tendance apparue chez la majorité des intellectuels. Dans cette atmosphère tyrannique pleinee désespoir, les thèmes tels que : le vin, l’héroïne et la louange des brasseries étaient à la mode » (Shafiï Kadkani, 2001: 61).
À la fin des années 60, l’intérêt du régime se dirigeait de plus en plus vers les gouvernements étrangers surtout les Etats-Unis à cause des progrès scientifiques et industriels de ces pays. Les étudiants iraniens partis à l’étranger pour faire des études, à leur retour en Iran se sont mis à propager les influences qu’ils y avaient reçues. Ces influences ont profondément bouleversé les bases sociales, politiques et culturelles de notre pays. Ajoutons également que ces évolutions en Iran se sont fait jour surtout sous forme de réflexions religieuses et culturelles.
Etant donné qu'il s'agit dans cette recherche de la mise en pratique de la théorie d’Antoine Berman, il faut donner brièvement une définition précise du système «des tendances déformantes.»
Analyse du corpus :
Dans cette partie du travail, nous allons dégager tout d’abord les données socio-culturelles qui se cachent dans le texte. Il ne s’agit évidemment pas d’une analyse du contenu de l’œuvre, mais on est à la recherche des éléments sociaux à travers l’ensemble des relations structurales, dans les formes et les structures par lesquelles l’auteur dévoile sa vision sociale.
Il sied de signaler que la traduction des œuvres de Djalal Ale-Ahmad en respectant son style, son langage et les techniques narratives propres à lui est une tâche bien difficile à faire. L’œuvre de cet écrivain est remplie d’innovations linguistiques et stylistiques. A un style familier et un rythme particulier, s’ajoute l’utilisation de termes argotiques qui transcrivent parfaitement, à travers le texte, le langage oral et les émotions exprimées (Sherkat Moghadam, 2021 :154). Etant donné que ce travail est une étude traductologique, nous cherchons à savoir si la forme, la structure et le style narratif par lesquels Al-e Ahmad présente indirectement ses idées, sont bien transmis dans la langue cible. Pour ce faire, nous allons confronter les formes et les structures présentes dans la traduction avec celles de l’original afin de vérifier si les traducteurs ont bien transmis le vouloir-dire de l’auteur ou ils l’ont déformé et de quelles manières. Afin de parvenir à des conclusions justifiables et fondées, nous recourons aux tendances déformantes de Berman.
Exemple 1:
Tableau no 1 |
"غربزدگی میگویم، همچون وبازدگی و اگر به مذاق خوشآیند نیست، بگوییم همچون گرمازدگی یا سرمازدگی؛ اما نه! دست کم چیزی است در حدود سنزدگی! [...]" (آل احمد، ۱۳۸۳: ۲۵). |
"Je dis occidentalite comme on dirait poliomyélite ou, si l'image passe mal, bronchite ou amygdalite. Mais non, c'est au moins quelque chose comme une attaque de termites [...]." (Al-e Ahmad, 1988: 27). |
Gharbzadegui que les traducteurs ont traduit par occidentalite est le titre d’un petit livre consacré à l’analyse de l’aliénation culturelle et au procès de la domination occidentale en Iran. La construction sémantique du terme est éclairante. Il est composé du nom commun « garb » occident et du suffixe « zadegui » du verbe « zadan » qui signifie frapper et qui s’emploie pour décrire une attaque corporelle ou mentale résultant d’une action violente. La structure décrivant l’ «occidentalisé » renvoie aux composés désignant un ‘pestiféré’ un ‘possédé’ ou la victime d’une catastrophe naturelle (Yavari, 1988 : 6). Ce terme a été rapidement adopté par les milieux de l’opposition ensuite par l’ensemble des intellectuels. On assiste à la naissance d’une catégorie de langage et une représentation sociale. On assiste aussi à l’apparition d’un discours nouveau sur la société, sa crise d’identité et sa dépendance à l’occident. Pour expliciter le concept de Gharbzadegui, (Occidentalite) l'auteur a énuméré quelques maladies d'assonance identique telles que vabâ zadegui (le choléra), garmazadegui (l'insolation), sarmazadegui (gelure), senzadegui (termite) etc. Ces maladies n'ayant pas la même terminaison « ite » en français donc les traducteurs ont été amenés à les remplacer par quelques autres pouvant rimer avec Occidentalite, comme: la poliomyélite pour le choléra (vabâ zadegui) ; la bronchite pour l'insolation (garmâ zadegui) ;l'amygdalite pour la gelure (sarmâ zadegui); rongé par les termites pour la maladie du blé (sen zadegui).
En envisageant la forme rythmique de ces mots, on pourrait déduire que Al-e Ahmad est tout à fait conscient du modèle qu’il reproduit pour concrétiser une réalité sociale auprès de ses contemporains, ce qui est réalisé certainement à l’aide d’une forme appropriée. Le texte est donc constitué dans ses compositions structurale et stylistique, des éléments qui peuvent accentuer et démontrer «la structure sociale ». Donc, nous tenterons de comprendre comment cette donnée sociale se trouve inscrite dans la structure du texte. A cet effet, notre analyse tiendra compte d'abord de la structure et des enjeux narratifs de ce livre.
Etant inspiré par Albert Camus, Djalâl Al-e Ahmad a écrit l'Occidentalite et dans son analyse : comme nous venons de le dire, ce terme est considéré comme une maladie, telles que le choléra ou la peste. En tout cas, il s'agit d'une affection épidémique. Les traducteurs ont essayé de respecter l'échelle de gravité des maladies pour rester fidèles au rythme du texte persan. Mais ils n’ont pas transmis la signification exacte des mots dans la langue source.
Ce qui saute aux yeux dans le texte, c’est l’omniprésence des phrases courtes, saccadées et haletantes mettant en scène la vision de Al-e Ahmad à l’égard de la société iranienne de cette époque. Une communauté consommatrice, inactive et passive qui ne se donne la peine de produire ni de créer ou d’inventer. L’auteur accuse les élites, les dirigeants politiques, le clergé et les intellectuels d’avoir failli à leur fonction sociale. La faute est ensuite attribuée au peuple et à la nation qui ont cessé d’être vigilants.
Dans toute traduction, le traducteur adopte une stratégie qui est un plan bien élaboré d’action à mener du début jusqu’à la fin. La stratégie serait donc une somme de décisions qui dépend de plusieurs facteurs qui influencent les choix du traducteur. L’un de ces facteurs est la visée de la traduction. Elle peut avoir comme but de faire connaître une œuvre ou un auteur à un public étranger. D’autres traductions ont des visées plus ethnologiques. Elles tiennent à fournir au lecteur le maximum d’informations sur la civilisation et sur la langue. Parfois la traduction a pour objectif de faire conna tre l’œuvre à un maximum de lecteurs au contraire, quelques fois la traduction s’adresse à un cercle restreint de lecteurs érudits.
La tendance à la rationalisation est extrêmement présente dans la traduction des Kotobi. Elle provoque souvent deux ou même plusieurs tendances déformantes.
Dans l’exemple 1, la ponctuation est modifiée : les points d’exclamation du texte original ( اما نه! دست کم چیزی است در حدود سنزدگی!) sont supprimés dans la traduction (Mais non, c'est au moins quelque chose comme une attaque de termites.); ce qui change complètement le rythme et l’intonation du texte original, ainsi le vouloir-dire de l’auteur est courroucé. Les virgules et le point-virgule dans la phrase «بگوییم همچون گرمازدگی یا سرمازدگی؛ اما نه! » deviennent mots de liaison et point final dans la traduction «bronchite ou amygdalite. Mais non, » alors que la phrase doit rester ouverte comme celle de l’originale. Ainsi la forme, le rythme et les incises ne sont pas respectés. Mais, il est à noter que les traducteurs ont substitué à la rime persane une rime plus ou moins équivalente en français.
La clarification est un autre procédé employé tout au long de la traduction de ce livre. Dans la plupart des cas, le traducteur en ajoutant des informations supplémentaires veut faciliter la compréhension. Concernant la clarification, Berman dit que l’explication vise à rendre claire ce qui ne veut pas l’être dans l’original (1985: 72). Mais, même si le lecteur rencontre des problèmes à poursuivre le texte, il faut respecter le style et ne pas l’alourdir en clarifiant fréquemment le texte.
Dans l’extrait ci-dessus, le traducteur allonge la phrase en donnant des explications afin d’éclaircir le texte source telles que « on dirait » et « comme une attaque de ». Ce qui modifie le fond du texte original et parallèlement la structure significative du texte.
Proposition de traduction :
« Je dis Occidentalite, comme cholérite et si l'image passe mal, on dirait chaleurite ou froideurite ; Mais non ! C’est au moins quelque chose comme termites. [...]. »
Exemple 2
Tableau no 2 |
"[...] شرق و غرب در نظر من دیگر دو مفهوم جغرافیایی نیست.[...] امّا برای من غرب و شرق نه معنای سیاسی دارد ونه معنای جغرافیایی؛ بلکه دو مفهوم اقتصادی است. غرب، یعنی ممالک سیر و شرق، یعنی ممالک گرسنه. برای من، دولت آفریقای جنوبی هم تکه ای ازغرب است؛ گرچه در منتهی الیه جنوبی آفریقا است واغلب ممالک امریکای لاتین جزو شرقند؛ گرچه آن طرف کرهی ارضند" (آل احمد، ۱۳۸۳: ۲۶). "واضح است که ما ازین دستهی دومیم. ازدسته ی ممالک گرسنه" (آل احمد، ۱۳۸۳: ۲۷). |
"[...] ni l'Est ni l'Ouest ne sont plus dans mon esprit des notions géographiques [...] pour moi, l'Occident et l'Orient n'ont de sens ni politique ni géographique, mais sont deux concepts économiques: l'Occident, ce sont les pays rassasiés, et l'Orient, les pays affamés. Pour moi, l'État d'Afrique du sud est aussi une parcelle de l'Occident bien que situé à la pointe méridionale de l'Afrique; et bon nombre de pays d'Amérique latine font partie de l'Orient, quoique situés à l'autre bout du globe" Il est évident que nous appartenons au second groupe, celui des pays de la faim, tandis que le premier rassemble tous les pays rassasiés" (Al-e Ahmad, 1383 : 29). |
L’écriture incohérente et déstructurée de Al-e Ahmad, qui se présente sous la forme du langage parlé, rendrait le récit plus vraisemblable et le rapproche de plus en plus aux structures de la conscience d'une société désordonnée. L'apparence irrationnelle et déréglée de cette narration rappelle les soucis et les préoccupations de l’auteur et sa vision du monde troublée et tragique qui l'a engendrée. Enfin, il convient d'ajouter que les phrases de Al-e Ahmad montrent davantage sa colère et son mécontentement face à ce phénomène. Donc, les phrases saccadées et télégraphiques de l’auteur, offre au lecteur le spectacle d’une déstructuration qui est le signe d’une société en désordre.
Afin de montrer l'importance des conséquences de modernité chez Djalâl Al-e Ahmad, nous devons tenir compte de la différence entre l'Occident et l'Orient de son point de vue. Pour l’auteur, l’Occident est une suprématie économique qui entraîne à sa suite la famine, la discorde et l’injustice. Selon Al-e Ahmad, nous sommes confrontés à deux mondes, cette différence est économique et non géographique: les pays rassasiés et les pays affamés. Nous appartenons au second groupe.
Il exprime sa vision sociale à l'aide des phrases juxtaposées tandis que les traducteurs ne les ont pas bien respectées donc la colère contenue dans les phrases de l'auteur n'est pas transmise correctement à l'interlocuteur francophone et corrélativement la structure significative et le vouloir-dire de Al-e Ahmad.
Une autre tendance déformante présente dans les traductions est l’ennoblissement. Berman explique que l’ennoblissement est un type de « réécriture » dans lequel on traduit en changeant de style, le traducteur rend le texte cible plus noble.
Dans l’exemple 2, nous constatons que le traducteur a modifié le style de l’original en passant d’un style émotif parlé à un style soutenu, il a transmis le fond du contexte mais cela ne produit pas le même effet. Par exemple, le terme « pour moi » pour la phrase « در نظر من » ne semble pas approprié. De même, la structure syntaxique est modifiée.
Al-e Ahmad choisit la juxtaposition au détriment de la coordination pour recréer l’effet d’un langage parlé. Alors, il ressemble à un locuteur qui ne dispose que d’un minimum de temps pour transmettre son vouloir-dire. C'est ainsi que Al-e Ahmad préfère juxtaposer au lieu de subordonner. On constate que le traducteur n’a pas exactement respecté la ponctuation du texte de départ et avec cette rationalisation, le rythme du texte original est altéré.
Ainsi, en modifiant les éléments structuraux du texte, les traducteurs n’ont pas correctement transmis les principes sociologiques du texte.
Proposition de traduction:
« [...] ni l'Est ni l'Ouest ne sont plus dans mon esprit des notions géographiques [...] mais à mon avis, l'Occident et l'Orient n'ont de sens ni politique ni géographique ; mais sont deux concepts économiques. L’Occident, ce sont les pays rassasiés, et l'Orient, les pays affamés. À mon idée, l'État d'Afrique du sud est aussi une parcelle de l’Occident ; bien que situé à la pointe méridionale de l'Afrique et bon nombre de pays d'Amérique latine font partie de l'Orient, quoique situés à l'autre bout du globe. »
« Il est évident que nous appartenons au second groupe, celui des pays de la faim, tandis que le premier rassemble tous les pays rassasiés. »
Exemple 3
Tableau no 3 |
«بحث در این است که ما ملل در حال رشد_مردم ممالک دستهی دوم که دیدیم_ سازنده ی ماشین نیستیم؛ اما به جبر اقتصاد وسیاست و آن مقابلهی دنیایی فقر و ثروت، بایست مصرفکنندگان نجیب و سربهراهی باشیم برای ساختههای صنعت غرب یا دست بالا، تعمیرکنندگانی قانع و تسلیم و ارزان مزد برای آنچه از غرب میآید باشیم» (آل احمد، ۱۳۸۳: 30). |
« Il se trouve que nous, peuples en voie de développement, ne sommes pas constructeurs de machines, mais il nous faut être consommateurs consentants et dociles des produits industriels occidentaux, par le jeu des rapports de forces économiques et politiques. Tout au plus, il nous faut être réparateurs satisfaits et soumis, et nous contenter de bas salaires » (Al-e Ahmad, 1383 : 31). |
La structure significative du texte montre que selon Al-e Ahmad, la fierté nationale et l’identité culturelle sont nécessaires pour empêcher l’Occident qui veut imposer ses structures socioéconomiques à l’Orient, c’est un signe de mépris national. Dans ces phrases, l’emploi des adjectifs ayant des connotations négatives pour un patriote qui cherche l’indépendance et l’identité nationale à l’égard des autres pays telles que « نجیب », « سر به راه », « قانع », « تسلیم » et « ارزان مزد » montre le mécontentement de Al-e Ahmad envers l’attitude et le comportement des Iraniens de cette époque. Tandis que le choix de l’équivalent pour certains de ces adjectifs comme « consentant » et « satisfait » ne convient pas à « نجیب » et « سر به راه » dans le texte original.
Mais ce message n'est pas bien transmis dans le texte cible car la juxtaposition n'est pas respectée et aussi le traducteur a changé la structure des phrases sources.
Le langage familier et oral utilisé par l’auteur montre sa hâte et son impatience pour transmettre un message important au lecteur. Al-e Ahmad en tant qu’auteur engagé, veut alerter la société iranienne de cette maladie grave qui la menace sans cesse. Il a l’intention d’éveiller le peuple iranien pour qu’il devienne indépendant et insoumis. La tonalité avec une anxiété accrue des phrases est frappante; donc le traducteur doit y faire attention en la recréant dans la langue d’arrivée.
Dans l’exemple 3, nous constatons un cas de réécriture de la phrase où le traducteur modifie le style de l’original en passant encore d’un style émotif parlé à un style plus noble et soutenu (ennoblissement), il transmet le contenu mais ne produit pas le même effet. Tandis que la recréation de mêmes effets dans la traduction est plus importante pour bien transmettre les éléments sociologiques.
Par exemple le traducteur a utilisé « Il se trouve que » pour « بحث بر سر این است » qui n’est pas approprié. Car en utilisant ce terme, Al-e Ahmad voulait expliquer quelque chose de plus important du point de vue sociologique.
Encore une fois la structure syntaxique est changée.
Les traducteurs substituent à une phrase marquée par le langage parlé
»اما به جبر اقتصاد وسیاست و آن مقابلهی دنیایی فقر و ثروت، بایست مصرفکنندگان نجیب و سربهراهی باشیم برای ساختههای صنعت غرب یا دست بالا «
Une phrase soutenue grammaticalement correcte où chaque élément est situé à sa juste place : « mais il nous faut être consommateurs consentants et dociles des produits industriels occidentaux, par le jeu des rapports de forces économiques et politiques ».
Autrement dit, Al-e Ahmad choisit encore une fois la juxtaposition au préjudice de la coordination pour recréer l’effet d’un langage parlé. Alors, il ressemble à un locuteur qui ne dispose que d’un minimum de temps pour transmettre son vouloir-dire. C'est ainsi que Al-e Ahmad préfère juxtaposer au lieu de subordonner.
Proposition de traduction :
« La question est que nous, peuples en voie de développement, ne sommes pas constructeurs de machines, mais par le jeu des rapports de forces économiques et politiques et la confrontation du monde des pauvres et des riches, il nous faut être consommateurs honnêtes et dociles des produits industriels occidentaux, des réparateurs comblés et soumis, et nous contenter de bas salaires. »
Tableau no 4 |
«عین غربیها زن میبریم، عین ایشان ادای آزادی را در میآوریم، عین ایشان دنیا را خوب و بد میکنیم ولباس میپوشیم وچیزی مینویسیم واصلا شب وروزمان وقتی شب و روز است که ایشان تایید کرده باشند؛ جوری که انگار ملاکهای ما منسوخ شده است. حتی از اینکه زایدهی اعور ایشان باشیم به خود میبالیم. بله؛ اکنون از آن دوحریف قدیم _چنین که میبینید_، عاقبت یکی جارو کنندهی میدان از آب درآمده است و آن دیگری، صاحب معرکه است وچه معرکهای! معرکهی اسافل اعضا و تحمیق و تفاخر و تخرخر؛ تا نفت را باز بزنند!» (آل احمد، ۱۳۸۳: 50). |
«Nous prenons femme à la mode d'Occident, comme eux, nous singeons la liberté, disons le bien et le mal, portons le vêtement ou tenons la plume et en vérité il faut qu'ils nous disent le jour et la nuit. Comme si nos valeurs étaient périmées. Rabaissés au rang d'appendice dans leur ventre, nous en sommes encore fiers. |
Voici maintenant ces deux adversaires : l'un, finalement, balaie le passage pour laisser l'autre faire son numéro. Et quel numéro ! Sexe, abêtissement, leurres, âneries. Pendant ce temps-là, le pétrole est mis en barils !» (Al-e Ahmad, 1383 : 50). |
Al-e Ahmad en exprimant ses idées critiques de la société iranienne qui imite les modèles occidentaux, même pour leur mariage ou pour leur manière de s'habiller, ils copient les occidentaux. Ainsi, ils renoncent totalement à leur origine et deviennent de simples imitateurs. L'auteur exprime son irritation et son agacement face aux conditions turbulentes de la société en utilisant des expressions tels que « معرکهی اسافل» اعضا و تحمیق و تفاخر و تخرخر » »et en répétant l’expression » « عینِ.
Al-e Ahmed se sert des phrases à la hâte et empressement en utilisant plusieurs fois le mot de liaison « et » et s’aide aussi structure juxtaposée.
L’étude de la traduction française de ces phrases, montre que les traducteurs n'ont pas correctement employé les signes de ponctuation, donc la colère et la hâte existantes dans les phrases de l’auteur ne sont pas transmises aux lecteurs français.
On constate que la ponctuation et le rythme ont subi des déformations :
- Le point-virgule dans l’original «واصلا شب وروزمان وقتی شب و روز است که ایشان تایید کرده باشند؛ جوری که انگار ملاکهای ما منسوخ شده است.» ne devient point dans la traduction. On remarque non seulement une tendance à la rationalisation mais également la destruction des rythmes et des systématismes. Le fond du discours n’est pas modifié, mais le rythme énergique s’est atténué pour faire place à un rythme plus lent qui, contrairement à celui de l’original, berce le lecteur.
- Dans le texte source, l’auteur n’a pas employé deux points comme signe de ponctuation «اکنون از آن دوحریف قدیم _چنین که میبینید_،» tandis que les traducteurs, par souci de clarification, les ont ajoutés dans la traduction «Voici maintenant ces deux adversaires :». Les deux points impliquent une relation de cause ou d’énumération.
- L’incise » « _چنین که میبینید_ a été supprimé par les traducteurs ainsi que la répétition de mot « « عینِ tandis que l’auteur par la répétition insiste sur cet élément.
»-Faire son numéro», c’est à dire: « se faire remarquer, se donner en spectacle », c’est une expression imagée qui rend le sens original et reflète l’image du texte source et en même temps, on y voit une similitude dans les visions sociales des deux langues.
Le ton général de l’œuvre de Al-e Ahmad est ironique, direct et rapide, les traducteurs en écrivant dans un style plus noble ne respectent pas le style oral et fluide de l’auteur, ils modifient l’ambiance du texte.
Dans l’exemple 4, il y a un contresens lexical. Le mot « leurres » n’a pas la même vérité signifiante que le mot « تفاخر » nous constatons donc un appauvrissement qualitatif.
Les traducteurs en choisissant l’expression Pendant ce temps-là, n’ajoutent rien à la signifiance de l’œuvre, mais l’alourdissent et portent atteinte à son rythme.
Proposition de traduction :
« Comme l’occident, nous prenons femme, comme eux, nous singeons la liberté, comme eux, nous rendons le monde bien et mal et portons le vêtement et écrivons quelque chose et en vérité il fait nuit et jour quand ils nous ont confirmé la nuit et le jour ; comme si nos valeurs étaient périmées. Rabaissés au rang d'appendice dans leur ventre, nous en sommes encore fiers. Oui ; maintenant sur ces deux vieux adversaires, comme vous pouvez le voir, l'un, finalement, balaie le passage pour laisser l'autre faire son numéro et quel numéro ! Sexe et abêtissement et étalage et âneries ; pour que le pétrole soit mis en barils !»
Exemple 5 :
Tableau no 5 |
«روحانیت نیز که آخرین برج و باروی مقاومت در قبال فرنگی بود، از همان زمان مشروطیت چنان در مقابل هجوم مقدمات ماشین در لاک خود فرورفت و چنان درِ دنیای خارج را به روی خود بست و چنان پیلهای به دور خود تنید که مگر در روز حشر بِدَرد؛ چرا که قدم به قدم عقب نشست» (آل احمد، ۱۳۸۳: 71). |
« Le corps religieux, constituant le dernier bastion de résistance à l’étranger, dès la monarchie constitutionnelle, s'est si bien recroquevillé sur lui-même face aux premiers assauts de la machine, il a si bien fermé sa porte au monde extérieur, qu'il ne sortira de son cocon qu'à la fin des temps à force de reculer pas à pas » (Al-e Ahmad, 1383 : 67). |
Selon la conscience collective de la société, les Iraniens considèrent le clergé comme le dernier pouvoir contre l'Occident, on peut donc déduire les idées des Iraniens qu’ils considèrent les clergés comme la seule force historiquement capable de résister à l'Occident.
Par conséquent, certaines parties du livre « L'Occidentalite » soutiennent également les efforts de Al-e Ahmad pour amener les clergés sur la scène politique et sociale de l'Iran ; ce qui est rarement apparu dans l'atmosphère convulsée de la politique iranienne.
En regardant la traduction française, il nous semble que les traducteurs ont réussi à transmettre l’ambiance dominante de la société iranienne aux lecteurs français en appliquant correctement quelques expressions existantes dans le texte. Mais d’autre part, Al-e Ahmad utilise beaucoup, des phrases coordonnées et en répétant l’expression de چنان در مقابل...، چنان در دنیای...، چنان پیله ای... exprime son fâcherie et ses ennuis cependant que la juxtaposition était important chez les traducteurs et ils n’ont pas respecté le style de l’auteur et jusqu’à présent l’émotion de l’auteur n’est pas bien concrète dans la langue cible.
Quoique le traducteur clarifie le texte source en choisissant « le corps religieux » pour « روحانیت », ce n’est pas un bon choix à cause d’allongement du texte source.
Tout au long de l’extrait ci-dessus, Al-e Ahmad a beaucoup utilisé le mot de liaison « چنان در مقابل هجوم مقدمات ماشین در لاک خود فرورفت و چنان درِ دنیای خارج را به روی خود بست و چنان پیلهای به دور خود تنید» alors que les traducteurs l’ont remplacé par les virgules «si bien recroquevillé sur lui-même face aux premiers assauts de la machine, il a si bien fermé sa porte au monde extérieur, qu'il ne sortira de son cocon», donc ils n’ont pas respecté le style de l’auteur et d’après Berman, non seulement ils ont rationalisé du texte traduit mais aussi ont détruit des rythmes. Donc, les traducteurs ont recours à la rationalisation et destruction des rythmes.
Destruction des locutions :- « À la fin des temps » rend à peu près le sens concret de l'image source mais il aurait mieux valu faire allusion à cette croyance musulmane, alors on aurait pu mettre « le jour de résurrection » qui définit plus clairement le sens du terme original.
- «Résurrection» : relever, retour de la mort à la vie (Larousse Maxi-poche, 2011 : 1214).
- « Se recroqueviller sur lui-même » : se rétracter, se tordre, se ramasser, se replier sur soi (Larousse Maxi-poche, 2011 : 1174).
«در لاک خود فرو رفتن»- prend son image d'une tortue qui rentre dans sa coquille et figurativement signifie « être isolé » ou « se retirer d'un milieu » (لازار،۳۶۲:۱۳۸۹) alors, le terme choisi dans la langue cible concrétise parfaitement le sens de l'image source.
Proposition de traduction :
« Le clergé qui a constitué le dernier bastion de résistance à l’étranger, dès la monarchie constitutionnelle, s'est si bien recroquevillé sur lui-même face aux premiers assauts de la machine et il a si bien fermé sa porte au monde extérieur et a si bien tourné de cocon à son autour qu'il n'en sortira qu'au jour de résurrection ; à force de reculer pas à pas. »
Conclusion
Dans ce travail, nous avons tenté de faire une étude traductologique de l’Occidentalite de Al-e Ahmad afin de voir si les éléments socioculturels du texte sont bien transmis dans la traduction. Pour atteindre cet objectif, nous avons donné des informations sur les principes sociaux de l’époque pahlavi et l’Occidentalite. Nous avons compris que les données sociales dans cette œuvre est une réalité vécue et l’Occidentalite se place entre cet univers et le style, la syntaxe, les images, bref les moyens proprement littéraires qu'a employés Al-e Ahmad pour s'exprimer.
La mise en œuvre des tendances déformantes de Berman, et la confrontation du texte de départ et sa traduction nous a aidés à dégager les points forts et les points faibles de la traduction; à travers cette mise en pratique nous avons repéré la stratégie employée dans la traduction mais aussi les déformations que les traducteurs ont introduites.
Au terme de notre travail, il faut répondre d’une manière précise aux questions que nous nous sommes posées:
Au sujet de la fidélité du texte traduit, il est évident qu’il ne faut pas confondre cette notion avec la traduction littérale, une lecture profonde de ce texte nous montre que les traducteurs ont essayé de transmettre le texte de la langue persane en français de manière à ce que le sens et le vouloir-dire de l’auteur soient identiques. Mais en ce qui concerne le style et la structure syntaxique en raison des différences existantes et des contraintes linguistiques entre ces deux langues, ils n’ont pas toujours réussi. On observe à travers les choix des traducteurs des déformations dues aux ajouts, à la suppression, à la modification des ponctuations, à l’allongement, à l’ennoblissement, à la destruction des rythmes, à clarification et autres tendances déformantes élaborées par Berman.
En réalité, le fond de l’original est bien transmis aux lecteurs par la traduction des Kotobi. Les lecteurs peuvent saisir la visée sociale de Al-e Ahmad au sujet de la recherche de l’identité nationale et éthique face au nationalisme universel. Mais les traducteurs en changeant la structure syntaxique de l’œuvre et même la ponctuation, la forme et les structures des phrases par lesquelles Al-e Ahmad présente sa vision n’ont pas bien transmis ses intentions inconscientes qui sont transposées dans la trame de ses phrases de son style, de son niveau langagier et la structure significative cachée dans l’infrastructure du texte comme il faut. Cette traduction estompe parfois le style de l’auteur en normalisant le texte, le rendant ainsi plus fade.
En confrontant attentivement les deux textes, on remarque que la forme et les structures mentales utilisées par Al-e Ahmad ne sont pas parfaitement bien transposées dans la traduction car les traducteurs ont modifié parfois la façon de dire de l’auteur en remplaçant la juxtaposition par la coordination et le vice-versa.
[1] Ibrahim Salimi et Jaleh Kahnamouipour