تصویر جامعۀ معاصر در پلکان اثر اکبر رادی، نمایش‌‌نامه‌‌نویس بزرگ واقع‌‌گرای معاصر ایرانی

نوع مقاله : مقاله پژوهشی

نویسندگان

1 استادیار، گروه زبان فرانسه، واحد تهران مرکزی، دانشگاه آزاد اسلامی، تهران، ایران

2 دانشجوی دکتری، گروه زبان فرانسه، واحد تهران مرکزی، دانشگاه آزاد اسلامی، تهران، ایران

چکیده

نمایش‌‌نامۀ «پلکان» نوشتۀ اکبر رادی، نمایشی مدرن و در عین حال تراژیک است که جامعۀ معاصر ایران را به تصویر می‌‌کشد. رادی پس از دریافت سه عکس از دانشجویی ناشناس، این نمایش‌‌نامه را برای نشان‌‌دادن بی‌‌عدالتی اجتماعی به رشتۀ تحریر درآورد. در عکس اول مردی فقیر با لباس‌‌های فرسوده دیده می‌‌شود، در عکس دوم همان مرد در کنار مغازۀ دوچرخه‌‌فروشی‌‌ای است و عکس سوم همان مرد را نشان می‌‌دهد که بسیار ثروتمند شده است. رادی با دیدن این سه عکس مرد را تصور می‌‌کند و نام بلبل را در جایگاه شخصیت اصلی نمایش به تصویر می‌‌کشد؛ مردی که از راههای نامشروع برای رسیدن به قلۀ ثروت از نردبان اجتماعی بالا می‌‌رود. رادی با نمایش نماد شرارت و با نشان‌‌دادن پیچیدگی شخصیت بلبل، در قالبی به‌‌طور کامل واقع‌‌گرایانه، جامعۀ قبل و بعد از انقلاب را توصیف و نقد می‌‌کند. این نمایش در پنج پرده، تصویر سقوط بشریت در جامعه است. در این مقالۀ توصیفی - تحلیلی با استفاده از دیدگاه کلود دوشه شرح داده خواهد شد که رادی چگونه ازطریق زبان نمادین، افرادی از طبقات پایین جامعه را ترسیم می‌‌کند که راه دیگری جز رسیدن به اوج ثروت ندارند؛ با این حال در این مسیر، بیشتر آنان به‌‌دلیل محرومیت‌‌هایشان به گرگ‌‌هایی بدل می‌‌شوند که حاضرند با قربانی‌‌کردن انسانیت، دیگران را پاره‌‌پاره کنند.

کلیدواژه‌ها

موضوعات


Introduction

L'un des dramaturges iraniens qui a influencé la plupart des dramaturges en Iran, Akbar Radi, est né au Nord de l’Iran à Rasht, au milieu de la nature. Il est l'un des pionniers et des célébrités du théâtre contemporain de notre pays, qui a écrit des pièces iraniennes pendant plus de quatre décennies, et reflète la réalité de la société d'aujourd'hui dans une atmosphère iranienne moderne, avec un style unique : une scène qui n'a pas la couleur et l'odeur de nos pièces historiques, et en même temps est l'histoire elle-même. Tout cela a été réalisé grâce à sa connaissance précise des réalités de la communauté qui l'entoure. Comme a dit Rezaï Rad : « Un dramaturge qui n'a pas posé sa plume par terre, il n'a pas vendu de pain aux oppresseurs ? Pas plus qu'il n'est tombé dans le piège d'une écriture ridicule (…). Il est donc le seul à mériter pleinement le titre de dramaturge » (Rezaï Rad, 1999 : 86).

Radi a réussi une idée unique dans la caractérisation en se tenant à l'écart des dommages d’immerger dans l'un des courants de pensée contemporains (qu'il s'agisse de traditionalisme et d'inclination vers l'Est, ou de courants intellectuels inclinés vers l'Ouest). Dans ses œuvres il a abordé des thèmes propres à l'Iran contemporain.

Akbar Radi a commencé son expérience d'écriture à l'adolescence. En 1959, en même temps que son diplôme d'études secondaires, il envoie l'histoire de La Pluie au concours de contes du Magazine « Information Jeunesse » et remporte le grand prix de ce concours. Par la suite, il a écrit sa première pièce, Perdu ainsi que quelques autres pièces comme La Route publiée dans le magazine « Information jeunesse » et La Rue publiée dans le mensuel Sokhan. Il fait paraître la pièce Trou Bleu en 1962. Il a écrit cette pièce après avoir lu La maison de poupée d'Ibsen. Il a confié la pièce à Ahmad Shamloo, et ce dernier l’a décrite comme une rébellion générationnelle contre un régime usé mais patriarcal. Deux événements importants, l'un, la connaissance de Shahin Sarkisian, le grand maître du théâtre national, en 1960, et l'autre, celle de Jalal Al-Ahmad en 1962, déterminent le destin de Radi. Alors la scène théâtrale iranienne, pendant quatre décennies, a bénéficié des écrits de cet écrivain perspicace et éclairant. Radi est entré, avec succès, dans la Maison des Intellectuels Contemporains et ses réussites sont le résultat de ses efforts inlassables pour se familiariser avec la littérature persane et faire revivre les idiomes des différentes classes, pour étudier les problèmes scientifiques de la société, et se familiariser pleinement avec les œuvres d'auteurs et de dramaturges de renommée mondiale, en particulier Tchekhov, Ibsen et Tourgueniev. On a beaucoup écrit sur Tchekhov et son influence sur le style d'écriture de Radi, et il a lui-même reconnu : « Dans certaines de mes pièces, il y a l’ombre d’une main d’artiste, et c'est sans aucun doute l’ombre d’une main. C'est Tchekhov » (Talebi, 2003 : 436).

Radi avait une vision scientifique des problèmes culturels et sociaux de l'Iran, loin de l'étroitesse d'esprit ou des goûts des courants politiques de l'époque. Il a décrit la société contemporaine, l’a étudiée et a abordé ses problèmes dans ses œuvres, ses idées sont très proches de celles de Claude Duchet qui a parlé de '' la socialité du texte''.

Durant quarante ans, Akbar Radi a écrit plus d’une vingtaine de pièces et nouvelles qui sont le miroir de la société contemporaine de l'Iran. L'une des pièces les plus importantes de Radi, Les Escaliers, présente trois images d'un homme en trois périodes, se suivant dans l’ordre. Dans l'introduction des Escaliers, Radi décrit de vraies images pour transférer l'idée de sa pièce : l'auteur nous renvoie au monde réel et à ses faits. Un monde dans lequel, tout naturellement, les gens consacrent leur vie au progrès. Qui refuse de gravir l'échelle du progrès ? Probablement personne. Dans cette histoire, le personnage qui ressemble à un rossignol, gravit les échelons du progrès matériel en tuant les âmes et tous les corps des autres. Le progrès matériel sera la conséquence de cette tuerie. Radi a interprété ces trois photos et les étapes du changement de visage de l'homme comme une « horrible métamorphose » ; et il considère son gros visage comme des diamants compacts formés de particules de sang et de chagrin.

À propos de cette pièce, Les Escaliers, nous n’avons pas trouvé de travaux faits dans le passé. Il n’y a quelques articles généraux sur les œuvres de Radi mais il n’y a aucun article étudiant la société contemporaine sur Les Escaliers.

À cet égard, dans cet article, nous voulons analyser la structure du personnage de Bulbul, rossignol, dans Les Escaliers ainsi que d’en montrer les thèmes réalistes ; en plus, nous voulons analyser et montrer la critique sociale dans cette œuvre, tout en nous basant sur les idées de Claude Duchet. Les questions essentielles que nous allons traiter dans cet article sont : comment Radi a présenté la société et la condition de la vie de l'homme sous une forme réaliste ? Comment un homme arrive à tout anéantir pour s’emparer des biens d’autrui et devenir riche ? Pourquoi le progrès matériel détruit la personnalité de l'homme et pourquoi l'être humain ne peut-il pas se libérer de la cupidité ?

Ici, par un bref regard sur son œuvre Escaliers et le style de cet écrivain inclassable, tout en examinant le reflet des crises de l'époque dans ses pièces, nous tentons de conclure que la scène qu'il nous a laissée est une scène propre aux réalités sociales de l'Iran.

 

Une tragédie moderne et contemporaine

Les Escaliers doit être considéré comme une tragédie moderne et contemporaine, car, dans ce texte, nous considérons la triste vie de certains pauvres piégés dans le cercle d'égoïsme et d'auto-orbite d’un arriviste et d’un destructeur.

Ce qui se forme dans les Escaliers est une situation compatible avec les problèmes et les crises économiques contemporaines de notre pays. Dans les années 1930, 1940 et 1950, certains des novices de la société n'ont pas fermé les yeux sur les mouvements destructeurs pour parvenir à la croissance économique sans prêter attention à l'écrasement de certains pauvres de la société.

Comme à cette époque, de nouveaux arrivistes naissaient et poussaient comme des plantes dans toutes les villes. Au début et après la Révolution de l'Iran, ils ont emporté le capital de la patrie dans les autres parties du monde pour jouir de leurs acquis au prix de la souffrance des autres.

Radi ne peut pas être directement lié à la gauche, mais il sensibilise tout le monde aux relations erronées et aux différences de classe à travers un regard engagé et responsable sur son travail. Sensible aux couches sociales, il a une vision complètement socialiste de la révolte ouvrière pour instaurer la justice sociale. Ce que dit Radi est acceptable pour tout le monde. Valizadeh écrit : « Radi est parvenu à comprendre les réalités quotidiennes et, sans essayer de combiner son analyse et ses vraies idées, il raconte l'expérience dans un contexte réel. Il ne veut pas publier un manifeste politique, mais sensibiliser tout le monde aux aléas sociaux, afin de maintenir leur justice sociale à l'écart des calamités communes » (Valizadeh, 2019 : 45). Ce que Radi voulait présenter dans cette œuvre, c'est justement l'idée de socialité du texte, selon la définition de Duchet qui disait: « la socialité n’est pas un donné mais un produit, l’effet d’une lecture active du social, de l’ensemble des paramètres du social» (Duchet, 1979 :448). Il a ajouté que « La socialité est tout ce qui manifeste dans le roman la présence hors du roman d’une société de référence et d’une pratique sociale, ce par quoi le roman s’affirme dépendant d’une réalité socio-historique antérieure et extérieure à lui» (Duchet, 1979 : 449).

La pièce Des Escaliers témoigne du mauvais sort et des chagrins, sans fin, des ouvriers dans une petite ville. Cette pièce est l'une des plus belles œuvres engagées écrites pour l'Iran et les Iraniens, et cette même œuvre peut fortement indiquer la responsabilité sociale et la compassion de Radi pour ses compatriotes.

Le thème de la pièce Les Escaliers est parfaitement plausible, à la fois parce qu'il offre une expérience de l'état de vie général des gens qui ressemblent beaucoup aux gens vivant dans n'importe quelle société, et à cause de la caractérisation précise du protagoniste (le protagoniste principal), le protagoniste de l'histoire et son antagoniste. Bulbul, le héros de la pièce, apparaît dans le rôle de promoteur de deux situations. Il gravit l'échelle du matérialisme aussi rapidement que possible et, en même temps, nous pouvons voir son ombre lourde dégringoler les escaliers et s’éloigner de la spiritualité avec la même vitesse. Cela revient à la profondeur du regard de Radi, qui, dans une œuvre axée sur les personnages, intègre les pressions sociales, la pauvreté et l'inculture de manière aussi subtile que profonde dans tous les dialogues.

Dans ce jeu facile et retenu, de nombreuses références peuvent être suivies : la framboise est-elle à la période végétale et agricole, le foie à la période d'élevage, la bicyclette à l'invention des roues et à l'âge du fer, et la construction à différentes périodes d'évolution, font-elles référence au progrès humain ?

Ainsi, même dans une telle pièce, qui ne mentionne pas le caractère intellectuel, le fardeau de la culture inculte retombe sur la société. En fait, l'émergence de créatures ressemblant à des rossignols doit être trouvée dans la même société. Dans une analogie générale, il suffit de considérer les paroles de Bulbul au premier acte et ses aveux au cinquième :

« - Bulbul (à la fin du premier acte) : (...) j'ai tellement couru, j'ai tellement lutté, j'ai été battu, tu t'es moqué de moi, la piqûre, l'ironie, la langue malicieuse - ça suffit, (…) Maintenant, je veux me tenir (...). » (Radi, 2021 : 31)

 

 « -Bulbul (à la fin du cinquième acte) : ... Eh bien, Yahya ! Tu es de retour, comme tous les soirs, comme toujours (...), tu étais toujours mon serviteur, tu n'as pas de famille.  Je ne suis pas si injuste (...), tu as eu une vache et de l'argent maintenant. Ta sœur (…) est tombée dans la rivière et elle est morte. Ta femme, est morte, dans la fleur de sa jeunesse. Ton père s'est figé dans les toilettes, une pauvre nuit. Tu avais aussi un bébé, toi. Tu viens de franchir, seulement, la porte fermée, tu n'avais pas de chance dans ta vie, mais je te regarde, je ne suis pas quelqu'un de bien. Je sais bien ce que c'est un homme sans famille. Ouvre la fenêtre. Je veux entendre le bruit de la pluie. Je voudrais être gentil. Quel bruit triste cette pluie- là ! Ça me rappelle une nuit (...) » (Radi, 2021 : 130).

 

Comme nous avons déjà mentionné, la pièce Les Escaliers est une tragédie moderne, car dans ce texte, nous voyons la vie triste de certains pauvres piégés dans un cercle d'égoïsme et d'auto-orbite.

Le ton de l'œuvre est très décisif, et c'est le concept qui montre l'esthétique d'une œuvre dans le corps de ses composants. Ces mots sont tous des généralisations qui ne peuvent pas représenter l'essence de la pièce. Mais pour la formalité de l'escalier, un mot-clé doit être mentionné. C'est aussi la simplicité. Une simplicité qui ne met pas de côté la profondeur et qui ne se définit pas en surface. Dans l'exploration de l'exécution de la couleur des Escaliers, il y a une uniformité et simplicité d'expression. Les métaphores et les symboles, dans cette pièce, réussissent à introduire le personnage de Bulbul (du rossignol) et ses luttes intérieures.

Il y a différents personnages dans Les Escaliers et chacun a son propre monde. Passant d’une scène à l’autre dans cette œuvre, c'est comme si on feuilletait cinq tableaux magnifiques mais douloureux de la vie tragique des gens.

Bulbul est un véritable symbole des personnages qui viennent en ville d'un village lointain et isolé, perdant leur caractère humain et pur contre un esprit plein d'hypocrisie, pour monter Les Escaliers et atteindre les palais luxueux.

Talebi écrit :

« Ce personnage n'hésite pas à monter les escaliers avec toute malice et vulgarité, plutôt que d'exprimer son comportement abominable, ce sont ces "escaliers" maudits qui lui permettent de monter avec facilité, et ce n'est pas sans raison que Radi a nommé la pièce "Les Escaliers". En fait, le personnage principal est la même échelle qui mène l'homme en enfer au lieu de monter les escaliers pour rencontrer Dieu. » (Talebi, 2003 : 445).

 

Le premier acte de cette pièce se passe en été, un été succédant à un hiver dur. Il s'agit d'un acte à étapes dont le point culminant est un abîme offert à la chute de l'humanité. Et dans la troisième scène, les nouveaux vélos sont une interprétation de l'équipement dont Bulbul a besoin dans sa méchante ascension. Le vélo est un symbole de modernité et le signe d'une société en croissance et en voie d'industrialisation, avec laquelle les valeurs humaines sont oubliées. Au quatrième acte, le froid matin d'hiver correspond au gel de l'esprit spirituel de Bulbul. Dans le dernier acte, sur cet escalier, dans une rotation angulaire, il revient sur l'été chaud où Bulbul a débuté et cette métaphore est celle de la fin de la vie de Bulbul. Radi fait alors de l'espace le facteur principal de sa pièce. Un schéma structurel psychologique et esthétique qui doit combiner les différents schémas de ses pièces : « La dimension intensifiée dans l'image physique des scènes exprime les mondes intérieurs et privés des personnages. Ce sont les problèmes et les anomalies environnementales dont Radi a montré les signes dans les diamants de Bulbul, une scène tout à fait tragique et qui prévoit la destruction de l'humanité » (Tajvar, 2006 : 123).

 

Trois photos de Bulbul

Afin de confirmer le réalisme de son travail, Akbar Radi a écrit une préface au début de la pièce Les Escaliers, dans laquelle il fait référence à l'arrivée de trois photographies différentes, révélant la croissance et la prospérité d'un capitaliste. Ces photos lui sont envoyées par un étudiant anonyme, et Radi, après avoir longuement réfléchi sur leur interprétation, prend la décision d’écrire Les Escaliers. Il a écrit dans cette préface :

« L'été dernier, le facteur est venu et m'a donné un colis et une lettre. C'était un petit album. Sur la lettre on avait écrit : l'écrivain de ces phrases veut que son nom soit anonyme mais il était votre étudiant. Je pensais que ce serait tout. Il voulait que je ne demande pas son nom ni la source de cet album. Une figure ! Un nom ! Peu importe ? (...). J'ai ouvert l'album. Il y avait trois photos. La première, c'était l'image d'un jeune homme robuste aux cheveux frisés et bouclés, accroupi à l'ombre d'un toit en chaume, allongé sur un divan en bois. Il portait un sous-vêtement serré à manches courtes. On voyait, sur la photo, un tatouage floral sur son bras. Sans chaussures, une bourse en cuir pendait à son cou. À côté de lui, il y avait un narguilé. Son bras était appuyé sur son genou de sorte qu’on puisse voir son tatouage sur la photo. Un sourire ! Sur la deuxième photo c'était lui-même ; là, il était un peu plus gros, avec un ventre rebondi, il portait une veste, les talonnettes de ses souliers étaient pliées sous ses talons, ses cheveux frisés et bouclés étaient devenus plus minces, (…). Cette fois-ci, plus âgé, il était au milieu d'un magasin, à côté d'une moto, assis les jambes repliées, fumant une cigarette qui était au coin de sa bouche. Il avait à la main une clé à molette. Tout autour de lui on voyait des vélos et des motos. Même sourire ! Sur la troisième image, c'était encore lui-même. Il portait une robe de chambre en tissu panaché, debout à côté d'un rideau à pompons. Il avait mis la main sur le dos d’un fauteuil classique, copie des fauteuils de Louis, avec un geste aristocratique. On voyait un homme mûr, la cinquantaine. Ses cheveux étaient, à peu près, disparus (…). Avec un sourire malicieux. » (Radi, 2021 :7,8)

 

Radi essaie de décrire ce personnage en lui donnant le nom de Bulbul (rossignol) et d'attribuer son développement économique à des expériences répressives en donnant de nombreuses raisons. Bulbul n’a pas de racines individuelles ou sociales, c'est une personne qui commet n'importe quel crime et trahison pour échapper aux humiliations communes. Afin d'accéder à la célébrité et à la formalité, il participe à l’effondrement de tout le monde sans savoir qu'il tombera un jour dans le même piège et que ses richesses ne lui seront nullement utiles.

Pour que ses arguments soient vrais, Radi veut que des personnages tangibles et réels soient présents dans les pièces. En plus, Radi décrit « des ruraux et des ouvriers, des commerçants et des gens aisés, des intellectuels, des savants, des gens cruels et destructeurs qui se meuvent chaque jour aux quatre coins du monde, et il semble que la composition et la structure du monde soient telles qu'au fil du temps les mêmes choses se répètent et se reproduisent » (Talebi, 2003 : 442).

Radi s’attarde sur l’univers social présent qu’on peut  trouver dans le texte, en imaginant des personnages issus de toutes les classes sociales. En fait, la sociologie du texte « s’inspire de disciplines semblables comme la sociologie de la littérature qu’on a tendance à les confondre» (Escarpit, 1975: 34).

Les personnages de Radi parlent la langue de la rue et du bazar. En fait, écrire une pièce de théâtre est certainement aussi difficile que de recréer ces dialogues quotidiens. Armen Armani, Aliyev Azari, Pakhdooz Djalal, Haj Amoo Bazari, Seyed Jahl Maslak, Mashdi Mr. Kasab, Saeed Roshanfekr, Bulbul, etc., font partie des personnages de Radi dans cette pièce, qui s'expriment chacune dans la scène selon leur propre vocabulaire unique.

Radi forme une intrigue dramatique à partir de l'intersection et du défi de ces dialogues, et ses écrits peuvent être interprétés et médités loin du jugement direct de l'auteur devant le spectateur (lecteur). Radi a écrit : « L'intention d'utiliser une variété de mots souhaitables lors de l'écriture des dialogues, sans vouloir être unilatéral, pour permettre aux personnages de jouer un rôle efficace dans la formation du drame. » (Radi, Dans les coulisses : Entretien avec Akbar Radi, 2009 : 8).

 

Structure des trois images dans Les Escaliers

Comme nous avons écrit sur l'idée de la pièce, et comme Radi lui-même le souligne au début de la pièce, la source du récit est basée sur trois images qui lui ont été envoyées par un étudiant. Dans ces images, l’homme pauvre grandit progressivement dans une séquence de trois images et réalise des progrès matériels et sociaux au fur et à mesure qu'il apparaît. Radi transforme cette voie de progrès en une pièce réussie basée sur sa pensée créative et sa plume puissante. Une œuvre importante que Radi commence à partir de l'époque et du lieu de sa ville natale (Rasht) dans les années 1930 et dépeint un développement humain frustré qui est même laid, à travers cinq peintures ou escaliers différents. Des escaliers qui, bien qu'associés à la croissance matérielle et au statut social du personnage principal de la pièce, sont une échelle pour la chute de ses valeurs humaines. Cette croissance peut être vue chez le protagoniste de la pièce, même dans les noms que j'utilise tout au long de la pièce (Radi, 2000 : 43) : comme le personnage principal qui est d'abord appelé un rossignol, Bulbul, puis une poignée de Bulbul ou rossignols et enfin un ingénieur. Des progrès qui se réalisent sans connaissances ni compétences. Sur cette base et compte tenu du nom de l'œuvre et de la signification du mot ''escalier'', on peut dire que le thème de l'histoire est en fait le progrès. Le progrès est purement matériel et sans scrupules. Bien qu'à première vue, le culte de l'argent et l'ambition puissent également être considérés comme le thème essentiel de l'œuvre, aucun d'entre eux n'a de similitude avec le nom de l'œuvre.

La pièce Les Escaliers, racontée dans le genre de la tragi-comédie et d’une structure épisodique, est considérée comme une œuvre de l'école réaliste, dans laquelle le conflit principal entre le protagoniste et l'antagoniste est en fait le conflit entre l'homme et la société. Le protagoniste, en raison des complexités de son enfance, de la pauvreté et du destin d'une société qui devient rapidement une société moderne et industrielle, prend des mesures erronées, voire odieuses, pour se libérer du statut quotidien et faire ses preuves. En fait, la motivation de ce héros réside dans le complexe de son enfance.

Le premier écran commence par le monde normal dans le lieu et la situation mentionnés et avec des personnages secondaires ajoutés au personnage principal, l'équilibre est établi jusqu'au dernier paragraphe de cet écran. Mais le déséquilibre se crée au cœur du monde normal et dans le dernier paragraphe de la première scène, où le public découvre le secret de la disparition de la vache d’Aghagol, le vol commis par Bulbul, et l'histoire de la progression de celui-ci ; par conséquent, à partir du deuxième acte, la situation bascule.

En fait, le début et la fin de chaque acte forment les tournants de l'histoire et il n'y a pas de moment tournant unique pour toute l'histoire. De plus, chaque acte a ses propres vicissitudes, chacun d’entre eux est indépendant, mais ce qui peut être considéré comme le point culminant de l'histoire n'existe pas. Il n'y a clairement pas de crise.

D'après ce que l'on apprend sur le personnage essentiel au début et pendant le premier acte de l'histoire, à savoir ; un homme insatisfait de sa vie, qui pense toujours au progrès matériel et à la croissance, qui a tout essayé sans rencontrer de succès durant sa vie, qui gagne maintenant sa vie grâce au travail acharné, c’est ce qui peut être mentionné comme l'origine de la pièce Les Escaliers. Les personnages de cette pièce aussi sont tous des brigands, seul le personnage principal est devenu un personnage ou le héros essentiel.

Les méfaits que le protagoniste de l'histoire commet pendant le jeu et dans l’accès à l'argent et au pouvoir, et en fait dans la voie du progrès et du développement, commencent dans la première scène par le vol et transforment progressivement le personnage. Cette créature est flatteuse, traître, hypocrite, éprise d'argent et cruelle, qui dans certains cas, provoque même la mort des êtres chers. Le suicide de "Bemani", le premier amour de "Bulbul" au deuxième acte, la mort de la femme d'Eskandar, apprenti d'un magasin de vélos au troisième acte, la mort de "Suleiman", un travailleur de chantier dans le quatrième acte, tous, ont lieu en raison des mauvaises actions du protagoniste.

Le statut est l'effet de la réussite. Par exemple, à propos du personnage principal de l’histoire, l’étalage de ses richesses et de sa fortune, décrit de façon très appropriée et réaliste, commence par la vente de la "vache" volée de "Aghagol" et l'ouverture d'une brocante, puis cette propriété illégitime, pour gagner le cœur de Haj Amoo et épouser sa fille aînée (qui a dépassé l'âge du mariage et a également un problème ou plutôt une imperfection du visage) afin d'obtenir une partie de la richesse de Haj Amoo et de transformer un restaurant de foie en un magasin de vélos, puis conclure un contrat. À la fin du spectacle, cette richesse illégitime apparaît sous la forme de bijoux précieux et de diamants cachés de manière complètement ridicule et étrange (tirée de l'humeur et du caractère du personnage principal), et ces bijoux sont les seuls compagnons de Bulbul au moment de sa mort.

Les détails du travail ont été soigneusement examinés et arrangés par l’auteur. Des 550 Tomans pour la vente de la vache de ''Aghagol", 50 Tomans pour la dette de Bulbul au café "Kasali", 200 Tomans pour le camion de "Khan" et 300 Tomans pour le démarrage de l'activité jusqu'au sommeil de Haj Amoo. Et le récit des livres de Bulbul sur sa propriété, la vente et l'achat de vélos, ainsi que les détails de différents types de travail, des dialogues divers et même accentués (dialogue arménien), l'interaction des types entre eux et avec le personnage principal, décrivant des situations et tous les signes qui nous présentent la structure de ces trois images. Radi représente, alors, l'exactitude et la ponctualité.

 

Les cinq actes des Escaliers

Les Escaliers est une tragédie sociale et réaliste qui se déroule à travers cinq tableaux interconnectés. Elle a été écrite par Akbar Radi en 1982 et a été réécrite et mise en scène en 1995. Cette pièce traite du processus de formation d'un capitaliste depuis le début jusqu'au moment de son effondrement.

Dans le premier tableau, Cette nuit pluvieuse, qui se déroule en été dans le village de Pesikhan à Rasht, on voit la vache laitière de M. Gol volée par Bulbul et son ami. Grâce à cette vache et la culture des amandiers, Bulbul tourne la roue de sa vie.  Une fois la vache volée et vendue par Bulbul et son ami, M. Gol n'aura d'autre choix que d'accepter le sort tragique qui lui est imposé.

Le deuxième tableau, Au bout du brouillard, présente le même village de Pesikhan. Bulbul y possède un petit restaurant où il vend du foie grillé et demande à Haj Amoo Klouchepaz la main de sa fille, le visage de celle-ci porte des cicatrices causées par la variole ; à ce moment-là, la fille, Bemani, qui promet à Bulbul de vivre avec lui, se noie dans la rivière la nuit même.

Le troisième tableau s'intitule L'hiver de notre ville. La scène se déroule dans le magasin de vélos. Bulbul est maintenant devenu le gendre de Haj Amoo et a inauguré un magasin de vélos en vendant sa maison délabrée. Il fait du commerce dans cette boutique. Eskandar, son employé, lui réclame de l'argent pour sa femme malade, mais elle meurt de douleurs intenses, faute de 500 tomans.

Le quatrième tableau intitulé Le Soleil pour Suleiman se déroule au début du printemps 1950, dans une entreprise de construction de Bulbul à Golsar, Rasht, rue des nobles et des riches. Bulbul emprisonne un homme nommé Suleiman dans les toilettes d'un immeuble en construction, parce qu'il a protesté devant un autre directeur qu'on ne pouvait pas nourrir les membres de six familles pour dix-huit tomans. Pendant ce temps, plusieurs travailleurs interviennent pour sauver Suleiman des toilettes, mais Bulbul demande de l’aide à la police pour réprimer les émeutes des travailleurs ; finalement, ils transportent le corps gelé de Suleiman dans une camionnette au bureau de Bulbul.

Le cinquième acte, Pause, ressemble plutôt à une confession de Bulbul. Ce dernier vit à ce moment-là à Téhéran, et cherche à étendre sa relation financière et la possibilité de devenir capitaliste en faisant entrer en relation son fils Saeed avec Soraya Ahanchi, fille d'un homme aisé. Bulbul est assis dans le salon de sa maison où il a entassé des richesses incalculables et parle à son fils, Saeed, qui vient de rentrer des États-Unis et qui a des pensées modernistes. Bulbul passe les dernières minutes avec Yahya, fils de Suleiman et son fidèle serviteur. Il pense alors que Yahya veut le frapper avec un couteau à fruits, tandis que Yahya recule progressivement pour n'être témoin que de la chute et de l'effondrement d'un capitaliste. Un capitaliste qui avait porté atteinte plusieurs fois aux membres de sa famille.

 

L'histoire de l'ascension et du déclin des personnages

Les Escaliers, comme nous avons déjà écrit, est une pièce tragique et sociale. Bulbul, le personnage principal de la pièce, avec l'habileté que l'écrivain lui donne et sa propre ingéniosité, continue son chemin pour s'enrichir. Dans cette tragédie, dans chaque acte une personne est tuée et Bulbul contribue à la mort des êtres humains. Il s'enrichit d'instant en instant, et à chaque acte, décline facilement. Les Escaliers est une histoire d’arrivistes dont le chef est Bulbul.

Akbar Radi, avec sa maîtrise du nœud théâtral, reflète le jeu de l'escalier dans deux situations : mariage honorable et richesse. Bulbul connaît les règles du jeu et se débrouille facilement. Menacé par la révolte des ouvriers, ses pas victorieux sont ébranlés. Mais les dirigeants et les gardiens (c'est-à-dire le chef de la police) répriment la force et l’union des travailleurs et les condamnent.

Dans les Escaliers, la montée et la descente et la distance de classe des êtres humains sont discutées. Dans le deuxième acte, Haj Amoo, qui a deux filles à la maison, est bouleversé  car le mari ne vient pas chercher sa fille aînée. Il est l'une des personnes les plus riches du village, voilà son humeur décrite comme suit :

 « -Bulbul : Vous préparez trois fois par jour des cookies (Koloocheh). Des clients, des voyageurs… les achètent. Moi si j'étais à votre place, j'aurais des pots de bijoux et je les aurais mis dans un fossé.

Haj Amoo dit en riant : tu n'es pas au courant mon ami Bulbul. Faire des cookies ce n'est pas comme la vente de foie, n'est-ce pas ? Je n'ai qu'un effectif de cinq travailleurs. Khalifeh et son apprenti et trois garçons... Quand vient le soir, ils se promènent dans ma maison, autour de moi, comme un chien la nuit, comme les mendiants de Samara. De là, tu chancelles. Juste après, viennent des invités de Rasht ; la famille de ma femme, ils y restent et ne partent pas ! Et après, ce sont mes enfants avec leurs demandes. Celui-ci veut des gants en cuir, des bottes et des galoches. Il doit aller à l'école à vélo. Mes deux filles, vous, vous êtes comme l'un des membres de ma famille, et vous n'êtes pas étranger, sont maintenant à l'âge de mariage, mais elles sont, toutes les deux, restées chez moi, dans un coin de la maison. Elles sont de vieilles filles, et ma femme est toujours en train d'acheter des affaires pour leur dot » (Radi, 2021 : 37,38).

 

Haj Amoo fait partie de la classe moyenne de la société. Au lieu de le détester, le spectateur sympathise avec lui, alors il accepte un mariage honorable, selon lui. La pièce des Escaliers dépeint une période historique sensible dans les changements politiques et sociaux de l'Iran de 1940 à 1957. À vrai dire, Radi propose, dans cette œuvre, une lecture socio-historique du texte, ce que Duchet lui-même a considéré en parlant de la sociocritique, pour tenter de construire une poétique de la socialité (tendance innée à former des liens sociaux) inséparable d’une lecture de l’idéologique dans sa spécificité textuelle.

Cette œuvre fait partie de la catégorie des pièces qui unissent le personnage à son rôle et rendent Bulbul crédible. Elle combine des moments de la vie de celui-ci avec les sentiments du spectateur. Bulbul s'identifie au spectateur et en accord avec sa pensée, ne recherche désormais que la richesse, à tout prix.

Le spectateur ne sait comment plaindre le rossignol (Bulbul) ou l'appeler. L'identification de celui-ci avec son rôle, ses sentiments, sa concentration et ses tours crédibles en font un personnage cruel. Cette pensée de Bulbul, qui mène à la richesse et à la mort, fait que le lecteur déteste les actions de Bulbul. La relation entre la pauvreté de Bulbul et son caractère humiliant affecte le ressenti du spectateur.

La pièce Les Escaliers profite des règles suivantes pour aider l’acteur : les personnages des Escaliers s'appuient sur le stimulus de la passion, l'esprit du rôle, la vie extérieure et les relations des rôles, les uns avec les autres. Le sujet de la pièce transforme le sentiment et la compréhension communs qui devraient être dans le rôle comme étant un facteur de compréhension de l'empathie et de l'empathie du rôle. Les personnages de la pièce sont liés au passé, au présent et au futur. Stanislavski explique : « Chaque effet dramatique peut avoir un thème fort, mais il ne satisfait toujours pas les attentes de la scène. Il n'y a pas de règles scientifiques pour la scène, et il est nécessaire de ressentir et de comprendre la scène et ses désirs pendant la pratique. Nous n'avons donc pas de règles, de grammaire et de grammaire pour l'art de la scène » (Stanislavski, 1986 : 76).

Bulbul devient un loup prêt à déchiqueter ses adversaires mais il veut à tout prix conserver sa richesse, jusqu'à devenir à la fin de la pièce l'entrepreneur de bâtiments. Il joue avec ses diamants, et cela jusqu'à la fin de sa vie. Le serviteur, à la fin de pièce, est le symbole de tous les êtres humains dont Bulbul a causé la mort, il refuse d'apporter des pilules, et la mort de Bulbul est la fin d'une tragédie associant pauvreté et oppression.

 

 

 

Conclusion

Si Al-Ahmad, en écrivant Au service et à la trahison des intellectuels, nous invite à regarder le mouvement intellectuel avec impartialité et sous deux angles, Radi propose dans la plupart de ses ouvrages une vision permettant d'aborder sans compliments la crise intellectuelle contemporaine. Regarder de plus près et mesurer ses performances avec un autre signe. Il faut dire qu'au plus fort de ce débat et de ces opinions, Radi avait la plus grande proximité intellectuelle avec Bahram Beizai ; Radi peint le visage de la société de cette époque avec un style proche de l'ellipse. Ainsi, pendant et après sa vie, les penseurs ont eu des opinions et des critiques différentes sur ses pièces.

Beaucoup des personnages de ses pièces sont des enseignants et des personnalités culturelles qui se sont lancés dans un effort inlassable pour lutter contre la pauvreté culturelle, mais à la fin de l'histoire, ils ne se sentent que frustrés et vaincus. La miséricorde et la compassion qui se créent dans le public à la suite de l'effondrement des aspirations du protagoniste sont le désir de l'auteur de transmettre le profond chagrin qu'il ressent face à la situation de la société actuelle.

Bien sûr, les personnages des pièces ayant une profession intellectuelle ont des caractéristiques similaires à la classe aisée des œuvres de Tchekhov qui sont souvent considérés comme passifs ; rongés de désespoir, ils n'agissent pas. La plupart d'entre eux vivent dans une atmosphère nostalgique et en tissant philosophie et mots inutiles, se lient et sont contraints à ne choisir que l'isolement et l'évitement des autres. En conséquence, ils endurent les traumatismes de la confrontation avec d'autres classes dans le coin de la solitude.

Dans le même temps, la manifestation du personnage de Radi peut être vue à l'arrière-plan de certains des personnages des pièces de Shayegan qui tout en conservant leur estime de soi, connaissent des échecs cuisants et endurent des crises émotionnelles. Dans ses pièces de théâtre, Radi représente la situation d'une classe de la société et la principale souffrance de ceux et de celles qui en font partie. Il nous montre la situation des personnes et les désordres existants. Et cette souffrance est l'affaire de Radi.

Le fait que Radi écrit sur la vie, ainsi que ses autres valeurs de dramatisation dans le domaine du langage, de la forme et de la structure, etc., a fait de lui un écrivain à style qui, pour refléter les réalités de son environnement, utilise également le réalisme. Il sait très bien manier sa plume et considère le naturalisme nécessaire. Selon le Dr Qutbuddin Sadeghi et d'autres experts, il a fait de l'impressionnisme un éventail de ses milieux.

Le réalisme de Radi se retrouve dans sa compréhension de l'histoire, de ses conditions environnementales et sociales, ainsi que de la géographie de son expérience biologique : les profondes influences de Gilan, sa ville natale Rasht, sur l'ensemble de ses œuvres. Elles sont si prégnantes que parfois la nostalgie des moments de vie à Gilan assombrit tout l'espace de la pièce (la nuit sur le trottoir mouillé). En outre, les événements de la période post-Seconde Guerre mondiale et ses conséquences à Rasht et dans les environs, c'étaient les expériences d'enfance et du début de l'adolescence de Radi. C’est pour tout cela qu’il a choisi le sujet de ses œuvres parmi les questions contemporaines actuelles et les personnes qui l'entourent, racontant parfois des pans de l'histoire, notamment les troubles sociaux et les efforts de nationalisation de l'industrie pétrolière iranienne, ainsi que le coup d'État du 28 août 1943, en raison des pressions existantes. Ces sujets pertinents ne pouvaient être abordés que sous une forme symbolique ou allégorique ; dont : « Hameau à la salade de saison » qui est symbolique, complexe et à plusieurs niveaux ; ou le "déclin" qui décrit la culture au village en général.

La vision naturaliste de Radi est assez palpable dans la plupart des pièces des années 1940 et 1950, ainsi que dans Les Escaliers. Et les espaces impressionnistes sont plus clairs dans ces œuvres qui se déroulent à Gilan ou sont, en quelque sorte, associées aux souvenirs de Gilan, et dans les événements des années cinquante.

En conséquence, Radi, avec sa forte expérience, sa perception et son engagement envers la langue et la culture de son peuple, apporte un regard iranien contemporain sur la scène théâtrale, qui est à la mesure d'un théâtre dont le travail est de refléter la société du temps.  Cela convient également à une scène qui dévoile la recherche de sa propre identité iranienne. Cependant, cet effet peut être généralisé davantage au sein de la communauté urbaine, et de préférence à Téhéran, et dans les provinces du Nord. L’auteur des Escaliers s’est fortement inspiré de la société et de ses péripéties projetées dans la peinture de la société de fiction. C'est ce que la sociocritique de Duchet a défini de socialité du texte.

Dans Les Escaliers, Bulbul, connu plus tard sous le nom d'ingénieur Massoud Taj, en tant qu'anti-héros, qui vit à la fin de la pièce à Téhéran, dans un quartier très luxe, a causé la perte de nombreuses personnes. Ce héros de Radi appartient aux couches inférieures de la société, qui n'a que le choix de se révolter et d’accéder à l’opulence.

Au final, Les Escaliers peut être considéré comme l'une des meilleures œuvres de Radi et même de l'Iran contemporain. Cette pièce dépeint de façon magistrale et réaliste les étapes du développement humain d'une personne frustrée et rurale qui remonte du quartier "Pesikhan" de Rasht à celui de "Farmaniyeh" de Téhéran, gravit les échelons du progrès ; mais, parallèlement, ses qualités basses et inhumaines, son âme troublée et frustrée, le conduisent au niveau le plus bas de l'humanité.

 

Angha, Hamideh Banoo. (2010). Actes de la première conférence du Théâtre radiophonique. Téhéran : Qatreh.
Claude, Duchet. (1979). Introduction : positions et perspectives, Sociocritique, Paris : Fernand Nathan.
Escarpit, Robert. (1975). Le littéraire et Le social, Paris: Flammarion.
Radi, Akbar. (2021). Les Escaliers. Téhéran : Qatreh.
Radi, Akbar. (2009). Dans les coulisses : Entretien avec Akbar Radi, Interviewer : Mehdi Mozaffari Savoji. Téhéran : Morvarid.
Radi, Akbar. (2000). Conversations d'Akbar Radi, Interviewer : Malek Ebrahim Amiri. Téhéran : Wistar.
Tajvar, Ali. (2006). Bibliographie des mémoires du Théâtre. Téhéran : Centre des Recherches Culturelles et Sociales.
Talebi, Faramarz. (2003). Carte d'identité d'Akbar Radi. Téhéran : Qatreh.
Rezaï Rad, Mohammad. (1999). Études des Méthodes de pensée politique sur les conceptions de Mazdéisme. Téhéran : Tarheno. 
Stanislavski, Constantin. (1986) La Construction du personnage. Paris : Pygmalion.
Valizadeh, Mohammad. (2019). L'hérédité Honorable de Monsieur Guil. Téhéran : Bamdadehno.