نوع مقاله : مقاله پژوهشی
نویسندگان
1 دانشیار گروه تخصصی فرانسه، دانشگاه آزاد اسلامی، واحد علوم و تحقیقات، تهران، ایران
2 کارشناسی ارشد زبان و ادبیات فرانسه، دانشگاه شهید بهشتی، تهران، ایران
3 دانشجوی دکتری زبان و ادبیات فرانسه، دانشگاه آزاد اسلامی، واحد علوم و تحقیقات، تهران، ایران
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موضوعات
Introduction
Dans la lignée des poètes contemporains iraniens, Hassan Honarmandi (1928-2002) apparaît comme un ardent partisan de la littérature française dans laquelle il trouve une source effervescente pour toute création artistique. En d’autres termes, le regard de Honarmandi tourné vers la France devient le pivot d’une poésie francophile : l’inspiration poétique se fait par un désir fugitif. En s’inspirant de Gérard de Nerval (1808-1855) et de Charles Baudelaire (1821-1867), notre poète se montre favorable à toute exaltation intrinsèque notamment quand il s’agit d’une créativité francophile. Dans ce sens, Honarmandi représente une poésie vivifiante et se différencie des autres poètes contemporains surtout Nīmā Yušig[1] et ce, grâce à son goût emphatique dit baroque. Ainsi, pour Honarmandi,[2] la France demeure-t-elle au sein de sa production poétique comme une contrée révélatrice. Bien que la plupart des poèmes de Honarmandi apparaissent plus proches du romantisme français, son épanchement vers la nouveauté le rend avant tout, un poète à caractère baroque: «En terre francophone au contraire, il semble que le succès du «baroque littéraire» ait précédé celui du «baroque artistique.» (Charpentrat, 1967: 74). En s’appuyant sur l’idée de Charpentrat, on peut dire que la présence de la poésie baroque dans les poèmes de Honarmandi présage l’influence du romantisme aussi bien dans l’inspiration que dans la création: «La poésie de Honarmandi est essentiellement romantique, d’un romantisme assez noir: à la fois par son tempérament, son élaboration personnelle et ses influences provenant de Baudelaire et de Nerval.» (Sarrafian, 2016a: Trois, 20). De ce fait, Honarmandi envisage de traduire les Nourritures terrestres et les Faux monnayeurs d’André Gide dans l’idée de faire connaître davantage l’image de la littérature française à ses lecteurs passionnés. De 1960 à 1963, il fait ses études en licence de langue et de littérature françaises à l’Université de Téhéran. Puis, il retourne en France pour y préparer sa thèse en littérature comparée à la Sorbonne, intitulée «André Gide et la littérature persane» qu’il soutient en 1968.
Ainsi, c’est grâce à ses études approfondies en langue et culture françaises que Honarmandi s’efforce de s’initier à un romantisme assez noir dont les représentants seraient Nerval et Baudelaire, c’est-à-dire une poésie tragique, un peu baroque basée sur les contradictions. À cet égard, nous lisons le passage où le critique iranien Kâmyâr Âbedi souligne: «le baroque montre le plus souvent le conflit des pôles opposants: l’approchement et l’éloignement, la foi et la non-foi, la lumière et l’obscurité. Le succès final sera certainement pour l’étrangeté, l’éloignement, le doute et l’obscurité.» (Âbedi, 2013, 45)[3]. Partant de ce point de vue, on peut dire que la poésie de Honarmandi représente le baroque comme la révolte d’un poète tourmenté par les contraintes de la vie et le romantisme exalté par la voix intérieure qu’est le gémissement spirituel. Car, le baroque est une sorte de poésie exubérante qui pousse le poète vers un soulagement plus ou moins stable où l’espérance et l’angoisse s’opposent constamment. En sus, notre problématique se pose sur ces questions fondamentales: l’approchement socioculturel de Honarmandi de la France se justifie-t-il dans ses compositions poétiques? Comment l’inspiration intrinsèque de Honarmandi se réalise-t-elle dans sa vision du monde? Bien entendu, la mobilité du poète iranien dans la culture française non seulement est un parcours imaginatif, mais elle est le signe d’une tentative individuelle pour affranchir l’encadrement de la poésie classique iranienne. Certainement, la rêverie éveillée de Honarmandi pour la création poétique s’évertue dans ses poèmes à caractère social liés à tout gémissement intérieur. C’est ainsi que nous nous proposons d’étudier l’inspiration romantique de Honarmandi dans ses poèmes surtout Harâs (Angoisse)[4] comme l’indice d’un romantisme à caractère baroque. Certes, le poète iranien se contente de composer ses poèmes dans le cadre d’un refuge désiré où la solitude, la lamentation, le rêve, l’imagination et la fuite montrent son souci constant pour le destin humain. Nous tenterons également de montrer l’importance du goût poétique de Honarmandi pour le romantisme et d’apprécier davantage la particularité du baroque pour la consolation de tout esprit tourmenté.
Perspectives de recherches
Pour une meilleure appréciation de la démarche artistique de Hassan Honarmandi pour la nouveauté poétique en Iran, il faut se référer aux sources inspiratrices qui l’ont rendu francophile. Certes, les écrivains comme Gérard de Nerval et Charles Baudelaire ont influencé Honarmandi et ce, grâce à sa position ferme envers le Romantisme: «Honarmandi par la traduction d’une œuvre intitulée: Du Romantisme au Surréalisme[5], a traité de poésie du XXème siècle et pour la première fois, il a souligné le lien entre le style de poésie de Nīmā Yušig et la poésie française.» (Oweissi Kokha, 2012: 8). Dans cette perspective, l’idée d’une nouvelle poésie désigne l’approchement de Honarmandi de l’Occident où l’imagination et la nostalgie s’embrassent pour une quête identitaire: «Honarmandi dans la poésie Iran a bien dépeint le comble de la nostalgie, c’est-à-dire, être loin de la patrie et en migrant vers l’Occident, il gémit à cette distance, et dessine son pays et son passé avec des thèmes romantiques.» (Oweissi Kokha, 2012: 8). Il importe de dire que l’admiration de Honarmandi pour la poésie française ne se limite pas à une simple connaissance, mais elle va au-delà de l’inspiration mystique comme le précise Sarrafian: «Honarmandi, dans son poème Avarêh (Errant) se compare à un oiseau qui brise sa cage et tente de se libérer pour voler à tire d’ailes vers …Paris: Comme un oiseau qui brise sa cage/ J’ai trouvé le chemin vers les horizons lointains/ Paris! Je viens vers toi sur un long chemin/ Avec pour provision de voyage une lourde peine et le chagrin de l’échec […]. » (Sarrafian, 2016 b: 418). Si l’on admet que le poète iranien trouve le noyau de sa création en France, dans ce cas-là, la découverte de la vivacité poétique répondrait plus à la purification de l’esprit qu’à une solitude désirée. Ainsi, la trace d’un tel élan se voit dans l’opinion d’Ali Sayadani: «Dans la poésie de Honarmandi, on voit une sorte de désespoir et de pensée sombre et des vagues centrées sur la mort. Bien sûr, la cause de cette vision du monde n’est pas les conditions politico-sociales, elle est plus ancrée dans sa vision et sa vie personnelle.» (Sayadani, 2018: 16). À l’issue de cette considération, on se contente d’étudier d’une part les traits caractéristiques de la francophonie de Honarmandi dans l’accomplissement d’une poésie à part entière (baroque-romantique) et de mener à des fins précises sa vocation pour la modernité poétique d’autre part. De plus, les points communs entre le poète iranien et Baudelaire apparaissent dans le passage où Sarrafian écrit: «la poésie de Honarmandi, excepté dans quelques exemples, ne demeure pas ancrée dans la réalité quotidienne ni dans l’actualité; cela provient sans doute aussi de l’influence de Hafiz[6] et de Baudelaire, qu’il n’a cessé de vénérer.» (Influence, 2016b: 449). Il faut dire que Baudelaire, parmi les poètes français, l’intéresse plus que les autres, car Honarmandi avait l’intention d’être l’admirateur des poètes modernes: «Après Baudelaire, on trouve principalement Gérard de Nerval, Arthur Rimbaud, Paul Valéry.» (Influence, 2016b: 449). Par conséquent, cette nouveauté poétique nous encourage à reconnaître en Hassan Honarmandi un poète francophile dont l’originalité s’avère dans la composition lyrique. Il est à noter que si le poète iranien s’approche des poètes français, cela provient de son regard raffiné envers la France où l’altérité[7] et l’exotisme sous-tendent la trame de toute influence reçue. Celle-ci prend un sens légitime au moment où Kâmyâr Âbedi parle de Honarmandi: «Honarmandi fait une différence entre l’influence subie qui élargit les idées et l’imitation qui est un signe de paresse de l’esprit, et il accepte la première et rejette l’autre.» (Âbedi, 2012: 117)[8]. Sous ces termes, on peut dire que Honarmandi est le véritable francophile chez qui l’éclosion de la poésie lointaine implique une âme pure et un esprit libre. L’importance de cette étude provient du fait qu’à part quelques travaux récents sur l’œuvre de Honarmandi (Ali Sayadani: l’étude comparée de la poésie de Honamandi et d’Hafez Ebrahim (la critique et l’analyse du Romantisme), 2018; Abdol-Ali Oweissi Kokha: l’étude du Romantisme et son reflet dans la poésie d’Hassan Honarmandi), 2012; Kâmyâr Âbedi: Hassan Honarmandi et la recherche dans la littérature comparée), (2012), la nécessité d’une nouvelle recherche sur l’œuvre de Honarmandi paraissait utile. Dans son article, Ali Sayadani (2018) démontre que l’école romantique est la source principale de la création poétique de Honarmandi. Dans d’autres travaux des chercheurs mentionnés, le statut poétique de Honarmandi a été examiné sous le signe d’un Romantisme enchanté lorsqu’il s’agit d’un regard pertinent sur le mysticisme et le spiritualisme. En fait, la poésie francophile de Honarmandi se sert de déterminer la valeur de l’inspiration dans le sens où la tentative du poète devient une mesure convenable pour la découverte de soi.
Méthodologie de recherche
Dans les études comparatives, l’approche socioculturelle devient le pivot de toute nouveauté transcendante: l’importance de l’Autre dépend du regard du Même. En d’autres termes, la réception de l’apport littéraire de l’étranger se fait par une inspiration subie à laquelle s’attache principalement l’idée d’une réflexion créative: «Fondamentalement tout texte sur l’étranger relève de l’antique dialectique du même et de l’autre.» (Moura, 1992: 6). Partant de ce point de vue, on peut dire que la réception de la poésie francophile de Honarmandi en Iran renvoie à l’idée d’une créativité poétique où la France apparaît comme une contrée inspiratrice et où la poésie dominante de Baudelaire devient le vecteur révélateur d’une francophonie latente: l’expérience de l’étranger est une opportunité à la fois concrète et discrète. De là provient le choix des poèmes composés par Honarmandi comme une remarque apparente pour mener nos recherches vers une thématique plus formelle et plus réelle. Dans ce sens, la méthodologie appliquée dans cette recherche va jusqu’où moment où la poésie de Honarmandi représente les traits caractéristiques des poèmes baudelairiens aussi bien dans la création que dans l’inspiration. Du fait, pour mettre en valeur la réception de la poésie francophile de Honarmandi, on se réfère tantôt à son état d’âme pour la composition et tantôt à son goût pour la nouveauté. En effet, notre méthodologie démontre d’une part le lien étroit entre l’autre (la France) et le même (l’Iran) et d’autre part l’apport poétique de Honarmandi comme une source référentielle.
Caractéristiques des poèmes de Honarmandi à la lumière du baroque[9]
La notion de baroque correspond à l’idée de modifier la monotonie du goût poétique en faveur d’une nouveauté transcendante: la fantaisie et l’imagination sont liées à l’outrance du sentiment. Il convient de préciser que le baroque est un pont entre la Renaissance et le Classicisme et sa particularité apparaît dans l’opinion de Jean-François Chénier: «Aux XVIIème et XVIIIème siècles, ce mot est utilisé pour qualifier une esthétique caractérisée par une grande liberté d’expression.» (Chénier, 2007: 72). Partant de ce point de vue, l’esthétique du baroque apparaît comme une sorte de dialogue libre comme le dit Victor
L. Tapié[10]:
Il [le Baroque] était la forme d’un sentiment contrasté de la vie. Tantôt l’art et la littérature s’efforcent d’établir une hiérarchie dans les valeurs, et de soumettre celles-ci à la raison: ils y introduisent un équilibre, ils en dégagent une harmonie. Tantôt, au contraire, ils expriment la passion, l’inquiétude, le contraste entre les attirances diverses qui sollicitent le cœur et l’esprit de l’homme. (Tapié, 1980: 66).
Selon cette affirmation, l’attrait du baroque dans la poésie de Honarmandi apparaît sous forme d’un pessimisme outré dont la trace se voit dans le jugement de Sarrafian: «Dans l’œuvre de Honarmandi des thèmes le désespoir, l’effroi, la solitude, la mort, l’obscurité, l’échec et l’informe, le plaisir sensuel et le péché sont omniprésents.» (Sarrafian, 2016b: 409)
Il faut dire que la figure emblématique du poète iranien pour le baroque, provient de son approchement de l’Occident qui l’achemine vers la vivacité tout en restant le témoin d’une souvenance nostalgique: la prééminence de l’esprit libre (la France) sur le sentiment figé (l’Iran). De la sorte, le parcours créatif de Honarmandi se cristallise dans une fugue désirée jusqu’ à ce qu’il trouve un équilibre vital: «la poétique n’est pas dans le faire, elle est dans la création et c’est tout autre chose.» (Onimus, 1996: 24). Plus précisément, la tentative de Honarmandi pour s’exprimer librement renvoie à la période où il souffrait depuis son enfance: «exprimer une demande à la mort dans mes poèmes, c’est une manière de demander une vie meilleure.» (Honarmandi, 1957: 22) [11]. Selon cette assertion, à l’instar des poètes baroques, Honarmandi aborde la notion de mort pour y trouver le passage de la vie terrestre à la vie céleste:
«L’Iran pousse des clameurs dans ma poitrine!
Ô voyageurs perdus, tu t’es enfui, à la fin
Et ce fruit doré des pensées pures Tu l’as versé sur le passage des étrangers
[…] Et alors, mes lèvres se murmurent à elles-mêmes
Il semble qu’elles excusent le péché que je n’ai pas commis
Où, je me suis rompu
Comme une branche qui se rompt de sa jointure
Oui, je me suis enfui
Comme une flamme effrayée fuit son point de jonction
[…] » (Sarrafian, 2016 b: 422)
Aux termes de cette composition, il faut dire que le poème Iran est une opportunité pour que Honarmandi puisse exprimer sa fuite, son époque et son univers intérieur, ce qui lui permet de montrer à la fois une joie exacerbée et un regret intense. Cela dit, la contradiction entre le présent et le passé se réalise au moment où le poète se trouve dans une situation plus ou moins réelle: la clarté de l’esprit est liée à la volonté du poète. Celle-ci se noue certainement avec l’idée de Honarmandi lui-même: «quelconque serait être poète et le fait d’être un simple poète n’a aucune valeur […] mais le grand poète est celui qui compose avec une certaine sensibilité et une réflexion pertinente des poèmes efficaces pour son peuple.» (Honarmandi, 1957: 7) [12]. Il convient de préciser que les traits caractéristiques du baroque sont apparents dans les poèmes de Honarmandi de sorte que les termes comme «branche» et «flamme» démontrant le détachement du poète de son pays natal. À plus forte raison, la présence du baroque chez notre poète renvoie à son état d’âme dans la mesure où il devient le consolateur d’un être quasiment touché par la nostalgie du passé. Les deux termes «branche» et «flamme» évoquent la contradiction envisagée du baroque dont l’équilibre se fait par le mécontentement du poète vis-à-vis de sa fuite:
«Oui, je me suis enfui
Mais tu es avec moi
Tu es le matin clair pour mes nuits malheureuses
Loin de toi, que mon âme ne soit pas loin de ton rêve
Partout la chanson de ton amour est la compagne de mon âme
Tu es partout avec moi.» (Sarrafian, 2016b: 422).
Ici, la fuite se lie avec le thème majeur du romantisme auquel puise Honarmandi pour globaliser davantage son soutien constant pour une poésie francophile: le déplacement et le dépaysement accentuent le concept d’un Ailleurs enchanté. Cette conduite du poète iranien désigne plus particulièrement les jeux de mots jusqu’à ce qu’ils deviennent la trame d’une méditation intrinsèque par l’usage des termes «le clair», «la nuit», «l’âme» et «le rêve» considérés comme une poétique baroque: « […] la «poétique» classique est pénétrée par la rhétorique, la poétique baroque ignore la rhétorique, sans doute parce qu’elle n’est pas une poétique organisée […] Mais nous disons bien la «poétique» baroque; en aucun cas l’écriture baroque, ni, par conséquent, la poésie baroque.» (Forestier, 1993: 17). Certes, l’admiration de Honarmandi pour la poétique baroque est attestée par sa vision du monde au moment où il s’exprime à l’image d’un poète déçu par les contraintes d’une poésie traditionnelle:
[…] Chaque sentiment amer et nouveau est comme la blessure d’un poignard qui entre dans le corps de mon âme, et chacun de mes poèmes est le son du gémissement que je pousse dans cette douleur. Vous qui entendez ma poésie, peut-être trouverez-vous le chemin d’un monde où j’ai vécu autrefois. Moi, à l’aide de mes poèmes, comme un sculpteur débutant, je suis occupé à construire et à polir mes statues imaginaires.
(Cité par Sarrafian, 2016b: 471)
Voilà pourquoi le baroque[13] est dominant dans la composition de Honarmandi, ce qui lui permet de se soulager aussi bien dans ses préoccupations spirituelles que dans ses angoisses intimes. Car, pour Honarmandi, la poésie est un parcours intuitif où il pourrait découvrir tour à tour la consolation et la perfection. À certains égards, l’itinéraire du poète iranien dans l’espace poétique français nous révèle l’importance d’une francophonie désirable. Plus fondamentalement, c’est le baroque qui exhorte le poète iranien à s’approcher du romantisme dont la similarité se voit dans une approche analytique: la cristallisation du baroque dans le romantisme se fait par le jaillissement de l’esprit. À cet égard, il faut citer l’opinion de Robert Sabatier qui affirme que le baroque est «une plus parfaite maîtrise de la science poétique et des lois du nombre conduisant vers les voies du baroquisme ou vers celles du mysticisme ésotérique et religieux quand ce n’est vers de nouvelles clartés.» (Sabatier, 1975: 9). Par conséquent, dans son poème Iran, Honarmandi s’est montré favorable au passage du baroque au romantisme d’une part par son prolongement dans l’angoisse nostalgique et d’autre part dans une sensation poétique mêlée à l’éloignement imposé à l’instar des poètes romantiques. A cet égard, notons le jugement de Pierre Charpentrat: «[…] le baroque a dans une certaine mesure remplacé le romantisme, a repris le rôle d’anti-classique apprivoisé que celui-ci n’était plus capable de jouer dans notre univers culturel.» (Charpentrat, 1967: 123). Certes, l’impact du baroque et son reflet sur le romantisme encourage Honarmandi à composer des poèmes lyriques. Bien entendu, la poésie francophile de Honarmandi procède du baroque dans la mesure où il devient le canevas d’une inspiration purement romantique.
Honarmandi face au Romantisme français: Nerval et Baudelaire
La particularité du romantisme dans la poésie de Honarmandi apparaît dans quelques thèmes précieux (la solitude, la lamentation, le rêve, l’imagination) ayant chacun une influence considérable sur la francophonie de ce dernier. Celle-ci résulte d’une démarche enrichissante par laquelle l’activité du poète devient la cible de tout jugement définissable: «l’écrivain romantique a pour mission de deviner les ressorts de la «vie réelle» de ses contemporains et de les exposer dans sa création littéraire.» (Fort, 2002: 45). À cela s’ajoute évidemment l’importance d’une position constante où Honarmandi met en cause le désarroi de la société de son temps: «Les évènements des années 1941-1951, c’est-à-dire un réveil amer et triste des sommeils dorés des vingt années précédentes, étaient pour moi et ceux de ma génération simultanée avec la crise des années d’adolescence-et quelle terrible adolescence!» (Cité par Sarrafian, 2016 b: 470). D’où dérive le concept romantique du poète iranien qui s’achemine vers un univers plein de satisfaction et de vivacité pour ainsi dire que la destinée de l’homme dépend de l’agissement réel. En sus, le motif principal de notre poète pour le romantisme français nous encourage à étudier les thèmes auxquels s’attachent effectivement son rapprochement de l’Occident. A ce propos, Chahab Sarrafian précise: «Honarmandi est un poète qu’on peut qualifier de Romantisme, en un sens assez fort et profond du terme.» (Sarrafian, 2016 b: 470) Il est vrai que Honarmandi pénètre dans l’espace de la France comme un poète passionné et attentif à la nouveauté poétique, mais son objectivité répond plus ou moins à ce qu’il entend réaliser: la créativité du poète dépend de son état d’âme.
Si l’on admet que Honarmandi est un poète engagé qui traite les vices sociaux, cela provient du fait qu’il aurait voulu mettre en lumière à la fois l’enthousiasme et le sensualisme propre à tout esprit recherché. Du fait, parmi les quatre points cardinaux du Romantisme (le rêve, l’amour, la nature et le moi), le rêve apparait comme un concept conflictuel entre l’objectivité et la subjectivité dont l’équilibre devient le soulagement d’une âme tourmentée: la vitalité de l’esprit se fait par une exaltation poétique. Certes, le rêve et la subjectivité s’unissent dans la mesure où ils deviennent le pivot d’une création artistique comme le précise Michael Zink: «l’apparition de la littérature française se trouve donc coïncider avec le moment où l’art doit reconnaitre qu’il n’a d’autre vérité que celle de la subjectivité qui s’incarne en lui.» (Zink, 1985: 16). Bien que le rêve de Honarmandi soit issu d’un mal qui le tourmente durant toute sa vie et se termine par se suicider en 2002, l’exemple d’Aurélia de Gérard de Nerval pourrait être une mesure convenable pour l’approcher de la poésie de ce dernier. Sous cet angle, Aurélia se veut comme un récit fantastique dans lequel la hantise du mal articule un rapport complexe entre le monde intrinsèque (la Bien-aimée) et le monde extrinsèque
(la détresse physique): «[…] Aurélia apparait comme un être à la fois maléfique et bénéfique. Ceci nous a montré que le fantasme et le rêve se sont trouvés dans le mal! Le Mal qui persiste à toute âme exaltée des romantiques munis d’un goût onirique.» (Yousefi Behzadi, 2018: 219) [14]. Ainsi le rêve est le noyau primitif de cette ambigüité fantastique qui forge une liaison ferme entre le personnage (lui, qui vivait dans le passé) et le narrateur (lui, qui vit dans le présent) afin d’améliorer notre perception sur la hantise du mal propre à toute détresse imprévue. Si l’on considère le rêve comme une sorte d’ambigüité, dans ce cas-là le pessimisme de Honarmandi est similaire à celui de Nerval sur la question du rêve dans le poème Femme:
«Comme Dieu qui ne voulait pas voir les femmes…moi aussi,
Il y a longtemps que je ne regarde plus leur visage.
Demande-t-on à Dieu «comment vas-tu sans femme?
Comme Dieu, j’ai choisi un autre chemin.
Chaque femme qui était la créature de ma poésie,
S’est échappée de moi et s’est endormi dans les bras d’un autre.
Elle souhaite que je lui chante une chanson mais
Elle posait ses lèvres sur les lèvres silencieuses d’un autre.
Sauf dans mon rêve, mon paradis et rien d’autre […]» (Sarrafian, 2016b: 431)
Bien entendu, toujours à la manière de Nerval, il exprime parfois son mécontentement à l’égard du monde social par le rêve, car le monde du rêve apparaît non comme une dimension, mais comme un autre monde d’existence, tout aussi vrai et légitime que la vie éveillée. On remarque le même sentiment dans Aurélia de Nerval: «Le Rêve est une seconde vie. […] Les premiers instants du sommeil sont l’image de la mort […].» (Fort, 2002: 89). Selon cette affirmation, le rêve nervalien implique un pouvoir onirique pour la description d’un monde où les souvenirs des visions délirantes pouvant construire la trame d’une idée énigmatique:
le rêve est-il la solution d’un désir fugitif?
On peut dire que l’inspiration de Honarmandi au romantisme nervalien le met à l’abri de tout tourment mental dont le poème Femme y témoigne grandement. Quant à Baudelaire, il convient de préciser que la poésie francophile de Honarmandi se réfère à la traduction des ouvrages poétiques de Charles Baudelaire comme une source convenable pour l’épanouissement de la poésie moderne persane. Ainsi la connaissance de Honarmandi de la poésie baudelairienne coïncide avec la traduction des Fleurs du Mal (1957/1336 par Honarmandi et N. Naderpour) et Spleen de Paris (1962/1341 par Eslami Nadouchan) en Iran. En imitant Baudelaire, Honarmandi expose non seulement sa beauté poétique, mais il trouve en outre une ouverture d’esprit à laquelle il est profondément attaché. Certes, la présence de Nerval et de Baudelaire dans la poésie de Honarmandi est le signe d’une inspiration francophile. Dans le poème Bizâr (Dégoûté), on remarque une scène poétique à la manière des poètes français:
«O vieux fabuliste, arrête, arrête!
L’utopie de la vie est fastidieuse,
Laisse-moi m’enfoncer dans le sommeil de la mort;
Invisible est la fin de la noire nuit,
Il est inutile que tu dises que le matin sourit.
Ames oreilles, cette chanson s’alourdit.
[…]» (Sarrafian, 2016b, 427).
L’acceptation du principe de l’imitation par la poésie persane permet une approche littéraire sur la richesse et l’originalité de poèmes crées par Honarmandi. A cet égard, nous précisons l’avis de Kâmyâr Abedi pour qui Honarmandi est un poète qui, comme Baudelaire, «cherche la fraîcheur dans l’obscurité.» (Âbedi, 2012: 64) [15]. De ce fait, le romantisme noir à la manière de Baudelaire se manifeste aussi dans le poème Seul:
«Les autres l’ont assassiné et, il y a des années, Son corps sans âme était sur mes épaules.
Dès que je ferme les yeux, je verrai de mes propres yeux,
Qu’un mort s’est endormi dans mes bras. Là où en cachette je mets les pieds, nuit et jour,
Il a beaucoup de choses à me dire.
Personne ne sait qui est avec moi, oh donc, avec moi.
Mais je sais qu’avec moi, c’est lui, oh c’est lui!
Tant que j’ai dormi dans le même lit avec ce mort, […]» (Sarrafian, 2016b: 409)
Dans ces poèmes, tout est obscur et Honarmandi porte un regard noir, une réflexion d’une amertume sans réserve et désespérée sur l’existence. Autrement dit, cette tendance pessimiste fait de Honarmandi un poète déçu comme Baudelaire qui croit que le fait d’être indifférent est un acte inhumain. Nous citons donc le passage où Jean-Paul Sartre parle de Baudelaire: «la noblesse et la grandeur humaine de Baudelaire viennent en grande partie de son horreur du laisser-aller.» (Sartre, 1975: 125). On voit aisément dans d’autres poèmes de Honarmandi, comme Les Couleurs les thèmes proprement romantiques où l’angoisse du poète se transforme en une plainte véhémente:
«Je t’ai dit que le rouge est la couleur brave de notre époque
Bien que le vert m’ait séduit;
Mais une chanson nouvelle se fait entendre:
Au-dessus du noir, il n’y plus de couleur.» (Sarrafian, 2016b: 410)
Il est à noter que la couleur symbolise la solitude, l’échec social du poète, car il est à la recherche d’un refuge paisible dans la nature. De plus, l’état d’âme de Honarmandi est indéniablement mystique déterminant l’aspect de la nature plus formelle et plus claire. Dans le poème La Fille de l’océan, on trouve encore le rêve et l’imagination comme deux composantes romantiques qui mènent intimement à la mort:
«Un matin du nouveau printemps,
A l’instant où le baiser ondule sur les lèvres de la brise,
On la sépare, comme une fleur, des bras de sa mère;
On lave son corps au parfum du matin,
On confie son berceau à la vague. […]
Ô maints printemps qui passent ainsi!...
Une nuit, la brise se plaindra de loin,
On dirait que la fosse mortuaire est devenue la chambre à coucher d’une femme.» (Sarrafian, 2016b: 413)
Assurément, la mobilité du poète iranien dans l’espace européen dans la mesure où elle répondrait aux exigences de la nouvelle génération, est un cheminement vers la progression des idées reçues à travers l’œuvre de Baudelaire. De ce fait, la similitude se voit dans le poème de Honarmandi Inan ke miravand ze mâ (celles qui passent en hâte dans ma vie) qui reprend le même thème existant déjà dans le poème A une passante de Baudelaire. On se contente d’évoquer ici quelques indices de la francophonie de Honarmandi:
«Celles qui passent en hâte à côté de moi,
La nuit, sont dans le lit calme de qui?
Où se posent-elles, les lèvres pleines de baisers?
Celles qui s’enfuient de nous, elles sont apprivoisées par qui?
Celles qui vont chez mon voisin
N’ont pas, même une nuit, frappée à ma porte.
[…] » (Sarrafian, 2016b: 413)
On voit aussi les mêmes sentiments dans les poèmes de Baudelaire où l’image de la femme est inaccessible:
«La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passe, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douleur qui fascine et le plaisir qui tue.
[…] » (Baudelaire, 1996: 133-134).
Partant de ce point de vue, on peut dire que la description de la femme dans la poésie romantique est une nouveauté langagière qui justifie la francophonie de Honarmandi. Cela dit, l’image de la femme dans l’imagination d’un poète romantique pourra être le vecteur d’une poétisation féminine lorsqu’il s’agit d’une créature à la fois bénéfique et maléfique: « […] la femme est l’être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos rêves. La femme est fatalement suggestive; elle vit d’une autre vie que la sienne propre : elle vit spirituellement dans les imaginations qu’elle hante et qu’elle féconde.» (Decaunes, 2001: 39). Par conséquent, à plus forte raison, la similitude des poèmes de Honarmandi avec ceux des poètes romantiques provient de l’idée d’un approchement désiré où son apport poétique prévoit la réception d’une francophonie en Iran.
Conclusion
On a vu que la francophonie poétique dépendrait d’une expérience vécue qui représente la France comme une réalité concrète pour toute création désirable. Si la poésie de Honarmandi a amené de la nouveauté dans la littérature iranienne, son efficacité continuera de combler les lacunes qui existent encore dans l’imagination de certains poètes modernes. La francophonie s’est présentée par le biais d’une création poétique pour laquelle Honarmandi eut l’inspiration de Nerval et de Baudelaire. Cette créativité est marquée par le goût du baroque du poète iranien jusqu’à ce qu’il fasse du pessimisme un critère stimulant pour aboutir à son objectivité qu’est la connaissance de la liberté poétique.
De plus, le concept du noir et l’usage du rêve font des poèmes de Honarmandi une poésie séduisante qui pourrait répondre aux attentes de la nouvelle génération iranienne désirant se mobiliser dans l’espace européen avec ardeur. Si Honarmandi s’est montré favorable aux sources littéraires françaises, il a dû connaître la vitalité des littérateurs français: Nerval évoque dans Aurélia le sentimentalisme occulté et Baudelaire dans ses poèmes expose l’humanisme mystifié. En fait, le baroque
(la vivacité de l’esprit) et le romantisme noir (l’exaltation intrinsèque) sont connus dans les milieux littéraires de l’Iran par la poésie de Honarmandi qui met pleinement en valeur l’apport de sa poésie francophile.
Nous avons également constaté que l’état d’âme de Honarmandi s’est nourrit par un pessimisme baudelairien et un rêve nervalien afin qu’il puisse être le témoin d’un monde imaginaire propre au romantisme français. Le monde occidental trouve ses origines dans la poésie de Honarmandi à travers laquelle le baroque apparaît comme le vecteur stimulant d’une modernité désirable. En effet, «l’angoisse» et «la désespérance» sont deux termes essentiels pour trouver les origines de l’influence romantique dans les poèmes de Honarmandi considéré comme le partisan d’une poésie francophile. Le poète iranien par sa création poétique s’est montré ardent dans l’inspiration et motivé dans la création. Finalement, les idées novatrices de Honarmandi pour réconcilier l’Iran avec la France sous l’effet des échanges littéraires sont plutôt celles d’un observateur sincère et engagé qui ne veut que le bonheur d’un peuple curieux de découvrir réellement la vérité.
[1] La poésie moderne persane a subi l’influence de poètes français comme Alfred de Vigny et Paul Eluard au moment où Nīmā Yušig (1897-1959) découvre la France comme une source inspiratrice. L’épanouissement poétique de Nīmā avait pris une bonne tournure sur la voie du développement des «vers libres» en Iran, car il formulait une sorte de contemplation nouvelle à la poésie persane. Cf. Majid Yousefi Behzadi, Nīmā Yušig et les poètes modernes français, in Revue Pazhuhesh-e Zabanha-ye Khareji (Recherche des langues étrangères), Université de Téhéran, no 53, 2009.
[2] Honarmandi commença à traduire de grandes œuvres littéraires en collaborant avec la revue Sokhane (Parole). Parmi ses traductions, on cite les Faux Monnayeurs et les Nourritures terrestres d’André Gide, le premier en 1955, le deuxième en 1956.
[3] Cf. Kâmyâr Âbedi, Mosafer-e gomchodeh (le voyageur perdu). Téhéran, Sâless, 2013. C’est nous qui traduisons.
[4] Hâras (Angoisse) est le premier recueil de Honarmandi, publié en 1958.
[5] Cette traduction comprend 141 poèmes de 26 poètes français avec 28 photos de ces derniers. Elle représente aussi le tableau des styles littéraires les plus importants de France avec l’explication détaillée et la définition des expressions littéraires les plus utiles. Cet ouvrage est publié par les éditions Amir Kabîr à Téhéran en 1957.
[6] Chamsoddin Mohamed Hafiz ou Hafez, né et mort à Chiraz (1325-1392); à la fois exégète du Coran et auteur d’un divan qui associe amour mystique et amour profane, il fut un maître de l’exégèse coranique et connu en Europe grâce à Goethe.» Cf. Majid Yousefi Behzadi, Victor Hugo et la Perse, in «Littérature-Monde» Francophone en mutation, Écriture en dissidence. L’Harmattan, Paris, 2009, p. 172.
[7] «Certes, les traits fascinents d’une altérité exotique proviennent du fait qu’il faut observer l’étranger comme le présentateur d’une réalité culturelle notamment dans le domaine artistique.» Cf. Majid Yousefi Behzadi, Altérité et exotisme dans Un Barbare au Japon d’Henri Michaux, Revue Tozai, no 12, Presses universitaires de Limoges, 2015, p. 138.
[8] C’est nous qui traduisons.
[9] Cf. Anne Delmont-Derouet, L’Europe de 1600 À 1750, librairie Gründ, Paris, 1989. «Le baroque connut autant de variantes que d’écoles, de peintres et de sculpteurs indépendants, dispersés à travers les villes et les pays d’Europe, voire d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Si le style classique se prête à un langage académique, que favorise sa nature intrinsèque, le style baroque quant à lui est infiniment plus difficile à cerner ou à définir. On peut néanmoins y déceler des tendances et en dégager des constantes, notamment l’exubérance de la nature et de l’existence humaine et l’exaltation de son contraire: la mort s’affirmant au-delà d’une apparence de plénitude et de faste.» (5).
[10] Cf. Victor L. Tapié, Baroque et classicisme, Editions, Brodard et Taupin, Coll. Pluriel, Paris. 1980. «On a beaucoup discuté depuis sur l’origine du mot baroque, on doit tenir à présent pour certains qu’elle est dans le mot portugais barroco, employé pour désigner la perle irrégulière.» (55).
[11] C’est nous qui traduisons.
[12] C’est nous qui traduisons.
[13] Nous pouvons mentionner ici comme l’exemple, François de Malherbe (1555-1628), le poète de l’époque baroque qui compose des poèmes lyriques pour sensibiliser l’esprit humain par la grandeur de la nature où la précaution et la prévention font la trame d’une connaissance divine. Le plus célèbre de son poème s’intitule Sur la mort du fils de l’auteur. Cf. Majid Yousefi Behzadi, Le Commentaire des textes littéraires du XVIIème, Éditions Andishmandan Kasra, Téhéran, 2016.
[14] Cf. Majid Yousefi Behzadi, Approche interprétative du Mal dans Aurélia de Girard de Nerval, Presses universitaires de Tabriz, Iran, Colloque national, Poétique du Mal, Littérature morbide comme spectacle d’une crise intellectuelle, pp. 207-220, septembre 2018.
[15] C’est nous qui traduisons.