نوع مقاله : مقاله پژوهشی
نویسندگان
1 دانشجو دکترا ، گروه زبان و ادبیات فرانسه ، واحد تهران مرکزی، دانشگاه آزاد اسلامی ، تهران ، ایران )
2 دانشیار، گروه زبان فرانسه، واحد تهران مرکزی، دانشگاه آزاد اسلامی، تهران، ایران
3 استادیار، گروه زبان فرانسه، واحد تهران مرکزی، دانشگاه آزاد اسلامی، تهران، ایران
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Dans l’objectif de dépeindre la vie quotidienne des gens à Paris et en province pendant la Restauration, sous la monarchie restaurée, Balzac, un des grands écrivains du XIXe siècle entreprend l’écriture d’une œuvre monumentale, La Comédie humaine. A cette époque, le Code civil de Napoléon régnait dans le domaine légal, ce qui pourrait nous aider à étudier la condition des femmes dans la société, et revoir les conséquences de cette loi sur elles. Comme l’indique ce Code, la femme doit être placée sous la tutelle de son mari et est privée de sa capacité juridique ; en d’autres termes, elle doit être obéissante à son époux.
Certes, la société laisse des emprunts sur les auteurs et affecte leurs productions littéraires, même si leurs œuvres seraient fictives. À cet égard, Honoré de Balzac, journaliste à un moment, est influencé par la situation sociale de son époque et pourrait être considéré en quelque sorte en tant qu’un historien, donc son œuvre est presque un documentaire.
Quant à la place de la femme dans les œuvres de Balzac, il ne serait pas sans intérêt de faire référence au Code qui les avait représentées en tant qu’un objet, une fortune, un bien de la famille qu’on pouvait échanger contre certains avantages ou certains titres. Le Père Goriot, La Duchesse de Langeais, Mémoires de deux jeunes mariés, La Femme de trente ans, La Femme abandonnée, Le Contrat de mariage, et surtout Physiologie du mariage sont autant d’œuvres de cet écrivain qui montrent la position de la femme à cette époque. Dans ce travail de recherche, nous avons l’intention de trouver des réponses aux questions qui nous aideraient à éclaircir mieux la création des personnages monomaniaques féminins chez Balzac, et surtout celles qui, malgré leur situation sociale défavorable, ont essayé de protéger leur amant ambitieux ou arriviste: Comment peut-on dire que la place de la femme dans les œuvres de Balzac est influencée directement par leur situation sociale? La société du texte et la société du référent représentent-elles la femme telle qu’elle était à cette époque? Que cherchaient-elles les héroïnes balzaciennes? Comment peut-on expliquer la monomanie chez les personnages féminins? Quel était leur destin? En nous appuyant sur l’étude sociocritique de certains romans de cet écrivain, nous allons essayer d’examiner la situation de la femme et les caractères que l’écrivain lui a attribués par l’intermédiaire de ses personnages féminins.
Des personnages typiques
La Comédie humaine de Balzac est une création littéraire monumentale qui, malgré la représentation d’un univers clos avec des protagonistes revenant dans chaque roman, a obtenu une valeur universelle. Du point de vue morphologique, la structure de cette œuvre est composée d’unités qui contiennent elles-mêmes des sous-parties que sont des groupes de romans. Ce monument littéraire composé de 95 nouvelles, romans et essais, fait d’études de mœurs, d’études philosophiques et analytiques est un ouvrage qui, selon André Maurois, «reste à la fois la peinture la plus vraie de l’homme éternel et la meilleure histoire des mœurs sous la Restauration». (Maurois, 1965: 429)
Dans une lettre à son épouse, Madame Hanska, Balzac explique ainsi:
«Les Études de Mœurs représenteront tous les effets sociaux sans que ni une situation de la vie, ni une physionomie, ni un caractère d'homme ou de femme, ni une manière de vivre, ni une profession, ni une zone sociale, ni un pays français, ni quoi que ce soit de l'enfance, de la vieillesse, de l'âge mûr, de la politique, de la justice, de la guerre, ait été oublié» (Balzac, 1899: 205, 206).
L’auteur n’y a rien négligé: les physionomies, les caractères des femmes et des hommes, des professions, et des milieux sociaux sont mis en scène avec le moindre détail. En outre, pour Balzac les études philosophiques aussi s’avéraient importantes car il était à la recherche du sens de l’ «absolu», il voulait saisir le sens caché du monde; de ce fait, il nous a donné à voir dans La Comédie humaine un bon nombre de «chercheurs d’absolu» ainsi que les savoirs et les points de vue des philosophes, des savants et des historiens. Quant aux études analytiques, l’auteur examine ainsi les principes concernant l’homme et la société.
Les récits de Balzac sont centrés sur la société, puisqu’elle est composée d’individus et de leurs fonctions. Nous avons les scènes de la vie privée, de la vie de province, de la vie parisienne, et une petite partie de la vie politique qui ensemble, forment une tapisserie bien riche de la vie quotidienne en France, à cette époque. Prenant en compte la théorie de la sociocritique élaborée par Claude Duchet, cela serait explicable car, comme le précise lui-même:
«[…] dans mes propositions sur les articulations entre texte, cotexte et contexte, je suis obligé de prendre en compte tout ce que travaillent les sociologies. C’est-à-dire que si l’on admet que l’univers contextuel est celui des écrivains, celui des lecteurs, il est certain qu’une sociologie de la lecture, une sociologie du livre, une sociologie des écrivains font retour sur l’activité d’écriture, se contextualisent» (Duchet & Maurus, 2011: 49).
Le contexte du récit est celui de la vie quotidienne française et la sociocritique le différencie de l’œuvre, elle-même, car le contexte est comme ce qui entoure l’œuvre, ce qui se passe au même moment que l’écriture de l’œuvre, mais a toujours été incapable de l’expliquer:
«[le contexte] n’est pas la totalité de l’univers, il est la portion de l’univers avec laquelle le texte travaille. Parler du contexte d’une œuvre, c’est toujours partir d’une œuvre et de ce qui peut dialoguer du monde avec l’œuvre. Le lien est toujours problématique. L’espace contextuel est un espace dans lequel est inscrite la présence de l’œuvre» (Duchet & Maurus, 2011: 45).
A vrai dire, l’auteur avait l’intention de montrer une morphologie de la civilisation humaine en mettant en scène plus de deux mille personnages, et en créant des portraits qui deviennent des «types», tout en leur attribuant des caractères complexes. Ces personnages types sont des figures qui apparaissent dans plusieurs romans, et sont mis dans un index du fait de leur retour, ainsi que de l’intention de l’auteur de donner des détails en vue de faciliter la lecture de ses romans. Dans l’avant-propos de La Comédie humaine, Balzac écrit ainsi: «Ce n'était pas une petite tâche que de peindre les deux ou trois mille figures saillantes d'une époque, car telle est, en définitif, la somme des types que présente chaque génération et que La Comédie humaine comportera» (Balzac, 1846 a: 3).
Pour être plus précis et saisir mieux le sens de «type», nous devons nous référer à P. Georges Castex qui affirme que «‘‘Le type’’ est un personnage légèrement esquissé. Le ‘’type’’ englobe conséquemment une diversité d’observations possibles et renvoie à toute une société dans sa complexité» (Castex, 1976: XXVI).
Dans l’intention d’être le miroir de la société de son époque, Balzac, cet écrivain réaliste du XIXe siècle, a mis en scène plusieurs types de bourgeoises dans La Comédie humaine. Elles sont tour à tour actives dans le commerce et l’administration, ou bien elles sont des servantes, des prostituées nommées «lorettes[1]», des marchandes à la toilette, des femmes d’âge mûr, des femmes de lettres, des femmes ambitieuses etc. Les bourgeoises parisiennes sont représentées avec des caractéristiques communes: elles incarnent le sentiment maternel, ainsi que l’image d’une femme qui cherche le bonheur conjugal, tout en croyant en l’amour et le confort matériel. Il ne serait pas sans intérêt d’ajouter que, malgré le regard d’un réaliste pur, Balzac a mêlé la fiction et la réalité dans la présentation des traits de la classe bourgeoise, et a créé ainsi des personnages «types».
L’étude détaillée que Balzac a faite de la société de son temps dans ses ouvrages est le résultat de son observation minutieuse de la société française de la première moitié du XIXe siècle. La description de la société ne se limite pas aux scènes de la vie de la capitale, lieu de l’ascension sociale et de perdition morales, mais celle de la province, des familles nobles, aristocrates et bourgeoises. Paris est montré selon lui comme l’enfer et ceux qui y vont, se précipitent vers la mort et la débauche et non pas vers le progrès. Les personnages types, que ce soit hommes ou femmes, sont les représentants de cette société où règnent l’argent, la beauté et le plaisir.
«Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné. Paris n’est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d’intérêts sous laquelle tourbillonne une moisson d’hommes que la mort fauche plus souvent qu’ailleurs […]; tous exténués, tous empreints des signes ineffaçables d’une haletante avidité? Que veulent-ils? De l’or, ou du plaisir?» (Balzac, 2015: 11)
Certaines figures féminines deviennent des personnages typiques: Dans Illusions perdues, Coralie est la maîtresse de Lucien de Rubempré; Esther est l’une des héroïnes les plus célèbres dans Splendeurs et misères des courtisanes qui avait causé la ruine de plusieurs de ses amants et tente de se racheter lorsqu’elle tombe amoureuse de Lucien de Rubempré. Dans La Fille aux yeux d’or, roman qu’on peut placer parmi les Études de mœurs de La Comédie humaine, Henry de Marsay tombe amoureux de Paquita qui a une autre relation; ces trois femmes sont autant d’exemples de prostitution chez les personnages féminins qui finissent par être ruinées, assassinées ou qui meurent d’amour. Florine dans Une Fille d’Ève est le type d’une femme entretenue et sans scrupule qui devient la maîtresse du poète Nathan ; Claudine Chaffaroux (Tullia) vivra un grand amour avec le Comte Ruscoli de la Palférine, et enfin Comtesse du Bruel dans Un prince de la bohème. Maurice Samuels affirme ainsi à propos de ces types de personnages féminins:
«À l'exception de Florine qui devient la maîtresse du poète Nathan, et de qui se tirera d’affaire en devenant d’abord une artiste célèbre, puis comtesse dans Un prince de Bohème où elle vivra de plus un grand amour avec le Comte Ruscoli de la Palférine, la plupart des lorettes sont victimes de la prostitution adolescente» (Samuels, 2006: 84).
La prostitution est l’un des thèmes majeurs chez Balzac et qu’en parlant de la prostitution, il ne faut pas confondre une courtisane fortunée et une fille qui se traîne sur le trottoir. Dans un article publié dans Le Monde, Macha Séry précise que dans les œuvres littéraires, «Les représentations oscillent toujours entre deux pôles: figure de luxure ou de misère, de cupidité ou d'abnégation, innocence profanée ou de libertinage assumé, esclave sexuelle ou femme libre de ses choix…». [2] (Séry, 2013: 1) Cela va de même pour l’univers créé par Balzac qui, bien qu’il soit fictif est quand-même, comme l’a affirmé Claude Duchet (1979), le reflet d’un extérieur, d’une société qui dévalorise la femme et montre la misère de la situation de ce deuxième sexe négligé lors de la prescription du Code Napoléonien.[3] Avec ces explications, nous pouvons bien distinguer la société du roman et la société de référence, qui est celle qui dominait l'époque sous la Restauration et la monarchie de Juillet.
Certes, les caractères attribués par Balzac aux personnages, surtout aux personnages féminins, peuvent être considérés comme le reflet des conditions des femmes du XIXe siècle dans la société. La monomanie est un de ces caractères obsessionnels qu'on distingue chez femmes et hommes balzaciens, surtout chez les types qui veulent prendre un jeune homme, une jeune fille, leur amant ou même leur mari sous leur protection. Nous allons en parler, mais avant tout il est indispensable de voir les différents types féminins qui apparaissent dans les œuvres de Balzac.
Les personnages féminins stéréotypes de Balzac
Dans l’univers textuel balzacien, nous l’avons déjà dit, il y a un grand nombre de personnages, surtout des figures féminines mais qui ne sont pas de vraies héroïnes qui puissent laisser des impacts durables dans la pensée du lecteur, ou qui deviennent une figure mythique. Si elles étaient considérées en tant que de vraies héroïnes, leur mort, thème récurrent des œuvres de Balzac, resterait inoubliable dans l’esprit des lecteurs qui les avaient acceptées comme des figures mythiques. Cela ne veut pas dire que toutes les héroïnes de Balzac meurent; Véronique Bui explique que «Toutes, cependant n’ont pas le même destin. Sur les neuf cents femmes que Balzac a inventées pour sa Comédie humaine, en moyenne une sur six meurt» (Bui, 2003: 13). À vrai dire, même si La Comédie humaine est peuplée de courtisanes, de femmes mariées, des bourgeoises de provinces et des aristocrates parisiennes, pourtant elles sont restées pour toujours les héroïnes des œuvres de Balzac, et non pas des mythes comme Atala pour pouvoir influencer d’autres écrivains.
Il y a aussi des femmes qui sont tellement charismatiques qui impressionnent leur entourage; à titre d’exemple, nous pouvons parler particulièrement de Renée de l’Estorade dans Mémoires de deux jeunes mariées, Henriette de Mortsauf dans Le Lys dans la vallée[4] et Lysbeth Fischer dans La Cousine Bette qui sont des personnages types dont la figure est associée au roman d’éducation. Bien que ces femmes mentionnées soient intelligentes, elles sont encore comme des instruments, des objets de valeur entre les mains de leurs possesseurs, et seront finalement abandonnées. Cette fin tragique est celui de presque tous les personnages féminins de Balzac et, en effet, est représentatif de la destinée de la femme dans la société de l’époque. Renée sera choisie pour le mariage en tant qu’un objet précieux, ce qui est visible dans ce passage:
«Le bonhomme l’Estorade avait acheté, la veille du jour où il devait revoir le chevalier, un beau domaine mal administré, où il se propose de planter dix mille mûriers qu’il élevait exprès dans sa pépinière, en prévoyant cette acquisition. Le baron, en retrouvant son fils, n’a plus eu qu’une pensée, celle de le marier, et de le marier à une jeune fille noble» (Balzac, 1968: 57).
Renée est une figure qui appartient à la noblesse provençale, Henriette qui vit en Touraine est un membre de famille de la haute noblesse parisienne, et Lisbeth Fischer est une simple paysanne. Ces femmes monomaniaques, obsédée par une seule idée, une seule passion ou un seul objectif ont un protégé qui pourrait être un mari, un aîné, ou quelqu’un qui est usé par les guerres et l’exil; comme Renée, dans Mémoires de deux jeunes mariées, le seul roman épistolaire de Balzac, qui essaie de favoriser l’ascension sociale de son mari et ne respecte pas assez les principes de la noblesse:
«Si je voulais voir Louis malheureux et faire fleurir une séparation de corps, je n’aurais qu’à me mettre à sa lèse. Je n’ai pas eu comme toi le bonheur de rencontrer un être supérieur, mais peut-être aurai-je le plaisir de le rendre supérieur, et je te donne rendez-vous dans cinq ans à Paris» (Balzac, 1968:168).
Les deux personnages féminins de ce roman de Balzac sont ainsi représentés par Gaëtan Picon: «Renée, c'est la raison, le choix de la sagesse, de la durée, la domination du destin
(et la compensation par l'imaginaire); Louise, c'est la folie, l'imagination vivante, la vie indifférente à la durée et à la mort: et toutes deux perdront» (Picon, 1965: 110)
Le choix de la forme épistolaire peut être expliqué par le fait que l’auteur pensait qu’ainsi son ouvrage s’avèrerait plus réaliste. Dans la préface de la première édition de Le Lys dans la vallée, il prétend que c’est «[Le] seul système qui puisse rendre vraisemblable une histoire fictive» (Balzac, 2009: 7).
Dans Le Lys dans la vallée, récit à la première personne sous forme de lettres, Henriette est fortement engagée et respecte bien les valeurs de la noblesse d’Ancien Régime; elle avait envie que Félix se comporte conformément à son idéal chevaleresque. Ce roman est considéré selon Méra comme «Princesse de Clèves du romantisme», selon Paul Morand, «histoire des Cent-Jours, vue d’un château de la Loire», selon Alain, «analyse» selon Anne-Marie Meininger, Le Lys est d’abord le récit d’une éducation sentimentale; une histoire d’amour contrarié, mais aussi une histoire d’absence d’amour» (Méra, 1986: 1).
Balzac lui-même décrit ainsi cette femme vue par Félix: «Cette grande Henriette de Lenoncourt, qui maintenant était ma chère Henriette, et de qui je voulais fleurir la vie, priait avec ardeur; la foi communiquait à son attitude je ne sais quoi d’abîmé, de prosterné, une pose de statue religieuse, qui me pénétra» (Balzac, 2009: 156).
Henriette montre un sentiment maternel envers Félix et a l’intention de le protéger contre les maux de la société parisienne, mais vue sa trahison, elle meurt de chagrin.
Quant à Bette, elle vit chez les Hulot et est l’incarnation du vice. Dans le roman le lys dans la vallée, les personnages féminins qui, tout au début se montrent vertueuses, n’hésitent pas à se laisser aller aux vices, si elles auront l’occasion. Pour le désir de vengeance, Bette détruit tout avec sa complice Valérie Marneffe. Ces deux femmes forment un couple maléfique qui vise la ruine de leurs ennemis. Le lecteur ne discerne aucune marque de remords chez ces personnages féminins, surtout que Valérie fait référence à l’exécution en guillotine lors de la Révolution française et dit: «La vertu coupe la tête, le vice ne vous coupe que les cheveux. Prenez garde à vos toupets, messieurs!» (Balzac, 2000: 277).
Édith Sanchez explique ainsi le caractère de ce personnage féminin de Balzac: «Bette, pour sa part, se voue tout entière à des valeurs concrètes, et veut voir ses protégés montrer de l’ardeur à la tâche, afin de créer des biens tangibles, que ce soit sous la forme d’œuvres d’art ou d’argent» (Sanchez, 2005: 13).
Lysbeth, vieille fille refoulée emplie de jalousie et d’envie, reporte toute son affection sur Wenceslas Steinbock, un exilé qu’elle avait sauvé du suicide et qui vit chez elle, retiré de tout le monde. Mais la monomanie de Bette n’aura pas de réponse de la part de celui-ci: il la trahit et se fiance avec Hortense, la fille d’Adeline, la cousine de Bette. C’est dans l’objectif de vengeance que Bette encourage Hulot dans ses débauches.
Si Balzac a attribué à certains de ses personnages dont il avait besoin, un caractère complexe c’était pour qualifier la société et animer La Comédie humaine. Il met en scène l’image de ses protagonistes dans tous leurs détails, comme tout individu dans la société qui se change tout le temps dans sa vie privée pour pouvoir s’adapter. En effet, ces traits peuvent se voir chez d’autres protagonistes et dans d’autres romans. Henri Mitterrand explique que «De là, [vient] cette véritable symbiose entre le personnage et le décor où il vit. De là, aussi cette schématisation de personnages «typiques», souvent même monomaniaques, qui portent sur leur extérieur les stigmates d’une passion dominante, voire exclusive» (Mitterrand, 1986: 213).
Le Père Goriot est un autre roman où Balzac a mis en scène un personnage féminin qui servira d’escalier pour la montée sociale de Rastignac, le jeune étudiant ambitieux. Delphine est la fille cadette du père Goriot, mariée au baron de Nucingen. Cette femme mal mariée, toujours à la recherche de l’argent, qui n’est pas contente de sa vie conjugale, a un amant, un riche banquier Henry De Marsay. Ambitieuse et avide d’argent, elle cherche à trouver une place à côté de la vicomtesse de Beauséant, femme qui a un grand pouvoir sur le tout-Paris. Malgré ce que le père Goriot avait offert toute sa fortune à ses deux filles pour leur donner des dots favorables à un mariage avantageux, Delphine tombe dans la misère financière du fait que son mari a pris en main la gestion de ses biens. Elle avoue sa situation à Rastignac qui voulait être son amant:
«Eh! bien, sachez que monsieur de Nucingen ne me laisse pas disposer d'un sou: il paye toute la maison, mes voitures, mes loges; il m'alloue pour ma toilette une somme insuffisante, il me réduit à une misère secrète par calcul. […] Nous sommes si jeunes, si naïves, quand nous commençons la vie conjugale! […] Le mariage est pour moi la plus horrible des déceptions, je ne puis vous en parler […] Comme il avait pris ma dot, il a payé; mais en stipulant désormais pour mes dépenses personnelles une pension à laquelle je me suis résignée, afin d'avoir la paix. […] Si quelques femmes se vendent à leurs maris pour les gouverner, moi au moins je suis libre!» (Balzac, 1853: 266-267)
Anastasie de Restaud est la fille aînée du père Goriot, et a, elle aussi comme sa pauvre sœur, une situation financière précaire. Comme toutes les héroïnes balzaciennes, Anastasie n’est pas contente de son mariage avec Comte de Restaud, et est la maîtresse de Maxime de Trailles. Elle est la figure d’un autre personnage féminin monomaniaque qui paie les dettes de son amant à Gobseck et à Rastignac. Elle sera abandonnée par son amant qui a plusieurs autres maîtresses. Anastasie et sa sœur, sont toutes les deux rivales pour pouvoir accéder aux grands salons parisiens. Son mariage sera un moyen pour arriver plus tôt que sa sœur à ce dont elle avait envie. Ces deux sœurs sont deux personnages féminins remarquables de ce roman qui montrent l’ingéniosité féminine. Malgré la richesse et la générosité de leur père, elles auront un mariage malheureux. Comme nous avons dans le texte: «Delphine aimait l'argent: elle épousa Nucingen, banquier d'origine allemande qui devint baron du Saint-Empire». (Balzac, 1853: 168) Quant à la sœur aînée: «Courtisée pour sa beauté par le comte de Restaud, Anastasie avait des penchants aristocratiques qui la portèrent à quitter la maison paternelle pour s’élancer dans les hautes sphères sociales» (Balzac, 1853; 168).
La vicomtesse de Beauséant est une figure du Tout-Paris et la cousine d’Eugène de Rastignac. Malgré ce qu’elle est bien connue dans la société, elle est une femme abandonnée par son amant, le marquis d’Adjuda-Pinto qui épouse une autre femme. La Femme abandonnée, sera le roman suivant de Balzac qui aura comme histoire, la fuite de la vicomtesse afin de fuir l’humiliation d’être trahie et abandonnée. Certes, cette femme a été, elle aussi comme les héroïnes de l’auteur, une femme abusée et délaissée, malgré son pouvoir et sa condition sociale.
Élevée par madame Couture, Victorine de Taillefer joue un rôle non négligeable dans Le Père Goriot. Grâce au caractère que Balzac lui a attribué, elle s’avère en tant qu’un personnage qui est opposé à son entourage, et est révélatrice de l’impureté de la société. Elle a eu une éducation religieuse car madame Couture voulait «en faire à tout hasard une fille pieuse» (Balzac, 1853: 28). Cependant, cette éducation n’a pas pu altérer en elle sa sensibilité féminine. Courtisée en un temps par Rastignac, elle quitte la pension après la mort de son frère. Le texte ne dit pas ce qu’elle va devenir avec l’héritage qu’elle a reçu, mais si elle était restée dans la pension, elle serait, certes, victime de l’ambition et de l’arrivisme de Rastignac. Madame Couture qui a pris sous sa protection Victorine Taillefer était veuve d'un commissaire-ordonnateur; Madame Vauquer, la veuve de M. Vauquer, une femme mal soignée, grasse et monstrueuse, ainsi que Mademoiselle Michonneau sont les personnages féminins secondaires. Cette dernière est ainsi décrite dans le roman: «Cette vieille fille blanche me fait l’effet de ces longs vers qui finissent par ronger une poutre» (Balzac, 1855: 95).
Dans une société où règne le malheur, la débauche, l’agent et le plaisir, il y a des femmes qu'on appelle "marchandes de la toilette”; elles sont comme les vautours charognards qui attendent la ruine d’une courtisane pour lui acheter ses bijoux, et ses objets de valeurs. En outre, elles ont le rôle de procurer des jeunes filles aux vieux barons. En tant qu’exemple, Madame de Saint-Estève est la plus célèbre marchande de la toilette qui est la servante d’Esther Gobseck, et selon l’ordre de son neveu, agit comme le chien de garde de cette héroïne dans Splendeurs et misères des courtisanes.
On ne peut pas parler des stéréotypes féminins des œuvres balzaciennes sans mentionner Le Père Goriot. Balzac y a placé une figure féminine, celle d’une jeune fille pauvre qui a hanté pendant longtemps l’esprit de l’écrivain. Il prétend lui-même: «Son histoire eût fourni le sujet d’un livre» (Balzac, 1855.: 27). Ce personnage est une orpheline déshéritée par son père qui était millionnaire, et est abandonnée seule au milieu d’une société pleine de dangers qui pourraient la menacer. Elle montre une symétrie avec le personnage principal du roman, le père Goriot. C’est encore là où l’on voit la monomanie de Madame la Couture qui la surveille tout le temps et la protège contre n’importe qui, que ce soit Rastignac ou Vautrin: «Pas de mauvaises plaisanteries, messieurs» (Balzac, 1855: 292). Emplie de bonnes qualité, l’éducation que Victorine a reçue de madame la Couture a fait d’elle une jeune fille dévote pleine de sensibilité féminine; cependant, cette éducation n’a pas détruit en elle le besoin de l’amour: elle s’abandonne sans pudeur au jeune et bel étudiant de la pension. Cette héroïne stéréotypée est encore l’exemple d’une jeune fille victime de son amour.
Le Père Goriot est, en effet, l’image des mariages malheureux où les femmes mariées ont des amants aussi décevants que leur mari. Balzac a imaginé la pension Vauquer comme un lieu sinistre, un microcosme de la société parisienne, preuve de l’inégalité sociale. La description de ce lieu montre les caractéristiques de ceux qui l’habitent: chaque étage correspond à une classe sociale, mais de façon inverse: plus on monte les échelons de la société, plus on descend dans la pension, en d’autres termes, les riches sont placés au premier étage, près de la cuisine et de la salle à manger. Ce choix montre bien l’objectif de Balzac en vue de décrire la société parisienne, lieu de débauche et foyer de la vie politique et sociale.
Enfin, mis à part Victorine, les pensionnaires, qu’ils soient vieux ou jeunes, sont des types indifférents et méfiants à l’égard de tout et de tous.
Dans La Comédie humaine,[5] le but de Balzac était de reconstituer la structure sociale, en mettant en scène le rang occupé par les différentes familles surtout dans la capitale ou, à vrai dire, dans la vie urbaine, ainsi que dans leurs relations sociales. Donc, nous pouvons citer un autre personnage féminin, Antoinette de Navarreins dans La Duchesse de Langeais qui appartenait à une «famille ducale, qui, depuis Louis XIV, avait pour principe de ne point abdiquer son titre dans ses alliances» (Balzac, 1968: 70). Le roman raconte l’histoire des malheurs et des mécontentements de la vie conjugale de cette femme après son mariage avec un noble, le Duc de Langeais, dans l’objectif d’obéir à la politique de sa famille et de garder leur pouvoir.
«En 1818, monsieur le duc de Langeais commandait une division militaire, et la duchesse avait, près d'une princesse, une place qui l'autorisait à demeurer à Paris, loin de son mari, sans scandale. […] Le duc et la duchesse vivaient donc entièrement séparés, de fait et de cœur, à l'insu du monde. Ce mariage de convention avait eu le sort assez habituel de ces pactes de famille. Les deux caractères les plus antipathiques du monde s'étaient trouvés en présence, s'étaient froissés secrètement, secrètement blessés, désunis à jamais. Puis, chacun d'eux avait obéi à sa nature et aux convenances» (Balzac, 1968: 72-73).
Philippe Berthier a effectué une étude sur la vie quotidienne dans La Comédie humaine et prétend que «le mariage n’est qu’un devoir dont on s’acquitte bien entendu selon les bienséances les plus scrupuleuses» (Berthier, 1998: 284). Dans La Duchesse de Langeais, Balzac fait allusion aux devoirs de la femme prescrits dans le Code napoléonien, car l’absence du mari de la Duchesse la laisse libre à faire ce qu’elle veut, tandis que dans l’article du Code nous pouvons voir que «La femme est obligée d’habiter avec le mari, et de le suivre partout [je souligne] où il juge à propos de résider».[6] La Duchesse de Langeais qui est coquette et sait bien comment attirer les hommes sans se donner, rencontre au cours d’un bal le marquis de Montriveau qui tombe amoureux d’elle. Lorsqu’elle avoue, à son tour, son amour pour lui, Antoinette détruit sa réputation; ces actions impudiques attirent le regard de toute la société parisienne, et comme le duc de Langeais tient la gestion des biens de sa femme, il la laisse pauvre. Alors, nous voyons bien comment est la valeur de la Duchesse de Langeais, comme la plupart des femmes au XIXe siècle ainsi que d’autres personnages féminins de l’univers balzacien qui sont dépendantes de leur mari.
La destinée tragique des héroïnes balzaciennes due à leur aspect monomaniaque
Dans l’étude faite précédemment, nous avons vu autant d’éléments de mariages au XIXe siècle qui nous révèlent la situation non favorable des femmes à l’époque. La distance sociale, le désir de l’intégration dans la haute société et l’absence de tout plaisir après le mariage ont fait que les femmes deviennent des créatures malheureuses en quête de l’argent et du bonheur. Le destin des femmes chez Balzac nous fait penser à Emma dans Madame Bovary de Flaubert qui, elle aussi, est un type de femme du XIXe siècle et la figure d’une femme malheureuse dans sa vie quotidienne qui ne peut pas supporter l’ennui qu’elle ressent auprès de son mari. Son destin tragique ressemble à celui des personnages féminins de Balzac.
En quête de sa liberté et déçue de sa vie conjugale, l’héroïne balzacienne, amoureuse de son amant voit en lui son sauveur mais devient dépendante de cet homme et malgré ce qu’elle désirait, son destin tombe entre les mains de celui-ci. En effet, pour les hommes, l’amour n’est qu’un plaisir charnel ou un moyen de leur ascension sociale, tandis que pour la femme l’amour a une importance primordiale et vitale. Dans une étude faite sur les écrits de Simone de Beauvoir, Francis Claude – Gontier explique ainsi l’amour chez la femme en s’appuyant sur les idées de cette auteure: «L’amour n’est qu’une occupation pour l’homme, mais un destin social pour la femme selon Simone De Beauvoir» (Francis-Gontier, 1979: 424).
L’amour que la femme pensait devenir un moyen pour se libérer, devient, la plupart du temps, une tyrannie. Elle sera délaissée et n’a plus rien; le résultat sera qu’elle meurt humiliée. Balzac a l’intention de montrer que les défauts du Code a rendu les femmes plus malheureuses qu’elles ne l’étaient dans leur vie, c’est pourquoi la plupart de ses héroïnes sont des êtres qui subissent l’inégalité que ce Code leur a imposée. Même, madame de Beauséant qui est «l’une des reines de la mode à Paris et dont la maison passait pour être la plus agréable du faubourg Saint-Germain», (Balzac, 1853: 62) a vécu une histoire tragique tout en étant riche et appartenant à l’aristocratie. Comme tout autre mariage dans La Comédie humaine, celui des Beauséant aussi était fait pour l’argent et réglé par le Code napoléonien. La liaison de madame de Beauséant avec son amant aboutira à la ruine sociale de cette pauvre femme:
«Monsieur d'Ajuda devait se marier. Il épousait une demoiselle de Rochefide. Dans toute la haute société une seule personne ignorait encore ce mariage, cette personne était madame de Beauséant. […] Quoiqu'il fût venu pour notifier ce mariage à la vicomtesse, le beau Portugais n'avait pas encore osé dire un traître mot. Pourquoi? rien sans doute n'est plus difficile que de notifier à une femme un semblable ultimatum» (Balzac, 1853: 125).
Après sa fuite de Paris, elle (Madame Beaussetan) s’installe en Normandie. Cette reine de Paris d’autrefois devient un paria de la société de Normandie. Personne ne l’accepte car elle est une femme séparée de son mari. Dans La Femme abandonnée, nous verrons la suite de son histoire: «La vicomtesse a eu d'autant plus de tort dans ses escapades que monsieur de Beauséant est un galant homme, un homme de cœur: il aurait très-bien entendu raison. Mais sa femme est une tête folle» (Balzac, 1855: 19). Très vite, elle va trouver un autre amant, le baron Gaston de Nueil. Mais, comme elle était mariée, il ne peut pas l’épouser, alors ce dernier l’abandonne pour faire un mariage stratégique, et elle reste définitivement toute seule.
En fait, prenant en considération la destinée de madame de Beauséant et la situation précaire des deux filles de Goriot, on devra dire que Le Père Goriot est un récit de changement radical où l’on peut discerner des personnages de différentes classes sociales, surtout des jeunes gens, des marginaux qui, grâce à la société, vont expérimenter la dégradation générale, et chacun sera détruit dans sa situation et dans de divers degrés.
Quant à Renée de l’Estorade, comme tout autre héroïne de Balzac, elle est mécontente de son mariage, et est en quête de bonheur; elle aura plusieurs enfants afin d’atteindre son objectif dans son dévouement maternel; ainsi elle trouvera la paix dans sa vie conjugale. Elle s’est dit: «Si je n'ai pas l'amour [dans le mariage], pourquoi ne pas chercher le bonheur?» (Balzac, 1968: 123). Se consacrer à ses enfants, sera un moyen pour Renée d’éviter un sort misérable qui pourrait lui arriver.
Mariée à un homme qui avait très tôt perdu les forces, avec deux enfants maladifs, Henriette de Mortsauf goûtera un amour platonique avec Félix, jeune homme rejeté par ses parents qu’elle avait rencontré au cours d’un bal. Pourtant, elle restera vertueuse et prendra sous son aile cet amour, à qui elle donne des conseils sur la conduite afin qu’il puisse confronter les obstacles de la vie. La monomanie de cette femme non plus n’aura pas une fin favorable. Après tous ces dévouements et sacrifices de la part de la Comtesse de Mortsauf, Félix tombera amoureux d’une autre maîtresse, Lady Dudley. Blessée et désespérée, Henriette embrassera la mort.
Malgré ce que Lisbeth Fischer, l’héroïne de La Cousine Bette est une figure abominable qui cherche la vengeance, Balzac l’a montrée aussi comme victime de la société. Née des parents pauvres et mise en marge par une famille aisée, cette fille célibataire a pris en charge la protection de deux personnes: une femme, Valérie Marneffe et le comte de Wenceslas Steinbock, un artiste sans appui de Livonia. En effet, c’est le seul cas dans La Comédie humaine où l’on peut distinguer une inversion sexuelle chez un personnage: le vieil Hulot est l’incarnation de l’abjection morale.
Après bien des complots avec Valérie dans le but de faire tomber les Hulot dans le malheur, le retour de Victorin hulot dans le foyer familial, la mort d’Adeline à la suite d’une nouvelle liaison de son mari avec la fille de cuisine, Agathe Piquetard, qu’il épousera quand il sera veuf, Bette mourra de tuberculose et de jalousie.
Les deux filles du père Goriot seront des femmes misérables qui perdront tout l’argent que Goriot leur avait donné: Delphine est tellement désespérée qu’elle donne quelques francs à son nouvel amant pour qu’il joue à la roulette. Finalement elle retourne vers son père et n’aura qu’à prêter la fortune familiale à son mari, le Baron de Nucingen, pour obtenir sa liberté de femme. Quant à sa sœur aînée, Anastasie de Restaud, détruit sa fortune en payant les dettes de son amant qui l’abandonnera.
En somme, l’étude de la société du texte dans tous les romans cités est preuve de la montée de puissance de la bourgeoisie commerçante, calculatrice et immorale. De même, l'argent est, à l'époque de Balzac, le Tout-Puissant qui est capable de tout.
Nous ne pouvons pas dire que les héroïnes de Balzac sont toutes coupables et doivent attendre la mort; de même, la destinée de toutes ces femmes, bien qu’elle soit tragique, ne sera pas la mort non plus, nous l’avons vu dans notre étude; à vrai dire, pour elles, la mort serait un moyen de pouvoir avouer leur sentiment caché: leur agonie serait l’instant de révélation. Imaginer une telle fin tragique pour les héroïnes, nous révèle l’opposition de l’auteur contre les règlements prescrits pour les femmes dans la société française.
Nous pouvons bien voir comment procéder aux théories sociocritiques de Duchet qui prétend «ouvrir l’œuvre du dedans» nous a aidés à analyser le comportement des femmes monomaniaques. Selon lui, effectuer une lecture sociocritique,
«[…] revient, en quelque sorte, à ouvrir l’œuvre du dedans, à reconnaître ou à produire un espace conflictuel où le projet créateur se heurte à des résistances, à l’épaisseur d’un déjà-là, aux contraintes d’un déjà-fait, aux codes et aux modèles socioculturels, aux exigences de la grande sociale, aux dispositifs institutionnels» (Duchet, 1979: 3).
Conclusion
Dans le cadre de notre étude, avec un regard sociocritique selon les théories de Claude Duchet sur certaines œuvres de Balzac, nous avons essayé de discerner la société du roman et la société de référence qui sont deux éléments principaux dans l'étude sociocritique. En outre, nous avons tenté d’examiner les emprunts de la société sur les personnages féminins, du fait que l’auteur les considérait comme des victimes de la société du XIXe siècle, et qu’il les voyait écrasées sous le poids des lois du Code qui précisaient leurs devoirs et leurs limites. Ainsi, comme la majorité des femmes, l’héroïne balzacienne ne pourrait jamais échapper à son sort inévitable, - malgré tous ses sacrifices, et la responsabilité qu’elle éprouve pour prendre sous son aile la personne qu’elle aime -; la plupart du temps malheureuse dans sa vie conjugale, et cherchant son plaisir et son bonheur chez un amant, elle tombe dans la folie ou meurt, ou encore elle se retire au couvent jusqu’à sa mort.
En effet, la représentation des personnages féminins monomaniaques dans l’œuvre de Balzac nous offre une vision fascinante et complexe de la condition féminine dans la société du XIXe siècle et prouve que les conséquences de la monomanie sur la vie des femmes exigent une méditation profonde sur la nature humaine et les forces qui la façonnent.