مفهوم سواد دانشگاهی در آموزش زبان فرانسه به عنوان زبان خارجی: چالش‌های معرفت‌شناختی و چشم‌اندازهای آموزشی

نوع مقاله : مقاله پژوهشی

نویسنده

استادیار زبان فرانسه، گروه زبان و ادبیات فرانسه، دانشکده ادبیات و علوم انسانی، دانشگاه شهید چمران اهواز، اهواز، ایران

چکیده

سواد دانشگاهی یکی از عوامل کلیدی در موفقیت تحصیلی زبان‌آموزان در زبان دوم محسوب می‌شود. در زمینه آموزش زبان فرانسه به عنوان زبان خارجی (FLE)، این مفهوم به توانایی درک، تحلیل و تولید متون دانشگاهی مطابق با استانداردهای علمی اشاره دارد. این پژوهش با تحلیل 20 مقاله علمی نوشته‌شده توسط دانشجویان مقطع کارشناسی ارشد زبان و ادبیات فرانسه در دانشگاه شهید چمران اهواز، چالش‌های متعددی را آشکار می‌سازد، از جمله ضعف در ساختاردهی متون، استفاده نادرست از منابع و تسلط محدود بر سبک نگارش دانشگاهی. نتایج نشان می‌دهد که بسیاری از دانشجویان در رعایت انسجام متنی، استدلال منطقی و استناد به منابع معتبر با مشکل مواجه‌اند. این پژوهش با بهره‌گیری از روش تحلیل کیفی، به بررسی شکاف میان انتظارات دانشگاهی و عملکرد واقعی دانشجویان پرداخته و پیشنهادهایی برای بهبود آموزش سواد دانشگاهی در برنامه‌های آموزش زبان فرانسه ارائه می‌دهد. راهکارهای پیشنهادی شامل تقویت مهارت‌های نگارش علمی، آموزش استفاده صحیح از منابع و ارتقای درک دانشجویان از سبک‌های دانشگاهی است. این مطالعه می‌تواند به تدوین برنامه‌های آموزشی کارآمدتر در حوزه آموزش زبان فرانسه کمک کند.

کلیدواژه‌ها

موضوعات


L’enseignement du français langue étrangère (FLE) en milieu universitaire constitue un défi complexe, marqué par des enjeux linguistiques, cognitifs et culturels. Au-delà de l’acquisition des compétences linguistiques de base, les étudiants non francophones doivent s’adapter à un cadre académique exigeant, où la maîtrise des pratiques discursives spécifiques est cruciale pour réussir. Cette capacité à interagir avec des textes académiques, à produire des écrits conformes aux normes universitaires et à s’approprier les codes disciplinaires correspond à ce que l’on appelle la littératie universitaire. Pourtant, malgré son importance, cette notion reste sous-exploitée dans la didactique du FLE, où les dispositifs pédagogiques se concentrent souvent sur des compétences générales en langue, sans prise en compte des attentes spécifiques de l’université. Une attention spécifique est accordée aux aspects d'orthographe et de grammaire, éléments fondamentaux pour garantir la clarté et la rigueur des productions écrites des étudiants.

La notion de littératie universitaire, largement étudiée dans les contextes anglophones (Street, 1984; Lea & Street, 1998), a élargi le concept traditionnel d’«alphabétisation» pour inclure une dimension sociale, culturelle et cognitive. Elle ne se limite pas à la capacité de lire et écrire dans une langue, mais s’étend à la maîtrise des normes académiques propres à un milieu donné. Dans le contexte universitaire francophone, les étudiants allophones doivent non seulement apprendre le français, mais également intégrer des conventions discursives implicites, s’adapter aux pratiques d’écriture des disciplines spécifiques et répondre aux attentes institutionnelles. La difficulté de ce double apprentissage est souvent accentuée par des écarts significatifs entre les compétences initiales des étudiants et les exigences de l’université.

Le concept de littératie universitaire soulève ainsi des enjeux fondamentaux pour la didactique du FLE. En effet, la maîtrise des pratiques discursives académiques, c'est-à-dire l’ensemble des conventions et des stratégies de communication propres aux productions universitaires (rédaction d’articles, de dissertations, d’exposés oraux, etc.), constitue un défi majeur pour les étudiants non francophones.

Comment accompagner efficacement ces étudiants dans l’acquisition de ces compétences essentielles? Quels dispositifs pédagogiques permettent de réduire les obstacles rencontrés par ces apprenants? Et comment intégrer la formation à la littératie universitaire dans les cours de FLE sans alourdir les programmes déjà chargés? Ces questions sont d’autant plus cruciales dans un contexte d’internationalisation croissante des universités, où la diversité des profils d’apprenants rend nécessaire une réflexion approfondie sur les stratégies d’enseignement adaptées.

Dans de nombreux travaux, la réussite universitaire des étudiants non francophones est associée à leur capacité à produire des écrits conformes aux normes académiques (Delcambre & Reuter, 2010; Beacco, 2007). Cependant, les difficultés rencontrées par ces apprenants vont au-delà des aspects purement linguistiques. Une analyse des dissertations rédigées par des étudiants en master de littérature française a l’université Shahid Chamran d’Ahvaz, réalisée dans le cadre de cette recherche, met en lumière des lacunes récurrentes, notamment:

  • Une faible maîtrise des genres académiques tels que la dissertation ou le mémoire.
  • Des introductions souvent incomplètes ou mal structurées, sans problématique claire ni annonce de plan.
  • Une utilisation maladroite ou absente des références bibliographiques.
  • Un registre parfois trop informel ou narratif, éloigné du ton attendu dans les écrits universitaires.

Ces observations, issues d’un corpus d’écrits étudiants, confirment les conclusions de la littérature existante sur la littératie universitaire en FLE. Elles montrent que, pour de nombreux apprenants, l’écart entre leurs productions et les attentes académiques constitue un frein majeur à leur intégration dans le milieu universitaire.

Cet article vise à examiner les enjeux de la littératie universitaire en FLE en se concentrant sur une analyse empirique, fondée sur l’étude d’un corpus de dissertations d’étudiants en master de littérature française. Cette approche permettra d’identifier les écarts les plus significatifs entre les productions étudiantes et les normes académiques, tout en mettant en lumière les besoins spécifiques des apprenants en matière de littératie universitaire.

La méthodologie adoptée repose sur une combinaison d’outils théoriques et pratiques. D’une part, l’analyse des copies sera guidée par une grille d’évaluation basée sur des critères tels que la structuration du discours, l’intégration des sources et l’adoption d’un registre académique. D’autre part, les observations issues du corpus seront confrontées aux résultats des recherches précédentes afin d’élaborer des recommandations pédagogiques adaptées aux contextes d’enseignement du FLE.

L’article s’articulera en trois parties principales:

  1. Définir la littératie universitaire: Cette première partie clarifiera le concept de littératie universitaire et ses implications pour les apprenants en FLE, en mobilisant les cadres théoriques issus des travaux en didactique des langues et en sciences de l’éducation.
  2. Analyse des écarts entre attentes académiques et productions étudiantes: En s’appuyant sur un corpus de dissertations, cette section mettra en lumière les difficultés récurrentes rencontrées par les étudiants et identifiera les points de blocage spécifiques.
  3. Vers une didactique intégrée de la littératie universitaire en FLE: Enfin, cette dernière partie proposera des pistes pédagogiques pour intégrer la formation à la littératie universitaire dans les cours de FLE, en tenant compte des besoins observés et des cadres théoriques existants.

En définitive, cette recherche entend montrer que l’enseignement du FLE à l’université ne peut se limiter à une approche linguistique traditionnelle. La prise en compte explicite de la littératie universitaire est essentielle pour favoriser l’intégration des étudiants dans le milieu académique et, au-delà, pour leur permettre de devenir des acteurs pleinement engagés dans leur discipline.

 

Revue de littérature: cadre théorique et perspectives sur la littératie universitaire

La notion de littératie universitaire a émergé dans les années 1980 comme un concept central pour comprendre les pratiques d’écriture et de lecture en milieu académique. Elle dépasse la simple maîtrise des compétences de base en lecture et écriture pour inclure des dimensions sociales, cognitives et culturelles, qui influencent directement la manière dont les étudiants s’approprient les discours universitaires.

  • Les dimensions sociales renvoient aux interactions et aux normes institutionnelles qui façonnent les pratiques académiques. Par exemple, les étudiants doivent apprendre à naviguer entre différents registres de langue (formel, scientifique, argumentatif) et à respecter les conventions propres à leur discipline (citations, références, structure des textes). De plus, l’intégration dans une communauté académique passe par la capacité à interagir avec les enseignants, à collaborer avec d’autres étudiants et à participer aux débats intellectuels.
  • Les dimensions cognitives concernent les processus mentaux mobilisés pour comprendre, analyser et produire des textes complexes. La lecture d’articles scientifiques, la synthèse d’informations et la structuration d’une argumentation sont autant de compétences qui exigent une adaptation aux exigences universitaires. Par exemple, un étudiant doit être capable d’identifier la thèse centrale d’un texte, de distinguer les arguments principaux des secondaires et d’élaborer une réponse critique fondée sur des sources pertinentes.
  • Les dimensions culturelles font référence aux codes implicites du monde académique, qui varient selon les traditions universitaires. Un étudiant non francophone peut rencontrer des difficultés à cause des différences dans les attentes en matière de rédaction (linéarité de l’argumentation, style impersonnel, rigueur de la démonstration) ou dans les modes d’évaluation. Par exemple, alors que certaines cultures académiques valorisent la mémorisation et la restitution des connaissances, d’autres insistent sur la capacité à problématiser et à adopter une posture critique.

Le concept de littératie a été élargi au fil des décennies, passant d’une vision fonctionnelle (alphabétisation de base) à une perspective socioculturelle. Selon Street (1984), la littératie ne peut être réduite à une compétence technique, mais doit être comprise comme une pratique socialement et culturellement située. Cette approche, connue sous le nom de modèle "idéologique" de la littératie, a influencé de nombreux travaux sur la littératie universitaire.

Dans un contexte académique, Lea et Street (1998) identifient trois perspectives complémentaires:

  1. L’approche des compétences: La littératie est perçue comme un ensemble de savoir-faire techniques (lecture, écriture, compréhension des textes).
  2. L’approche sociocognitive: Elle met l’accent sur les processus de raisonnement, la pensée critique et la structuration des idées.
  3. L’approche socio-discursive: Elle insiste sur l’importance des pratiques discursives propres aux disciplines et sur l’immersion des étudiants dans les normes et conventions académiques.

En didactique du FLE, cette conception multidimensionnelle est particulièrement pertinente. Les apprenants doivent non seulement maîtriser la langue française, mais également s’adapter aux codes discursifs spécifiques des universités francophones. Cette double exigence rend l’acquisition de la littératie universitaire particulièrement complexe pour les étudiants iraniens de la langue française.

Le concept de littératie universitaire est étroitement lié à celui de littératies disciplinaires, qui met l’accent sur les pratiques spécifiques à chaque discipline académique (Hyland, 2000; Shanahan & Shanahan, 2008). Les disciplines universitaires ne partagent pas toutes les mêmes normes d’écriture ou de raisonnement. Par exemple, les genres académiques en littérature (dissertation, commentaire de texte) diffèrent des rapports ou des mémoires scientifiques attendus en ingénierie ou en sciences sociales.

Selon Hyland (2000), l’écriture académique est une pratique située qui reflète les valeurs, les conventions et les objectifs d’une communauté disciplinaire. Ainsi, pour les étudiants en FLE, réussir à produire une dissertation en littérature française nécessite non seulement une maîtrise linguistique, mais aussi une compréhension des attentes spécifiques liées à ce genre académique.

Cependant, les dispositifs pédagogiques en FLE restent souvent généralistes et ne prennent pas suffisamment en compte cette contextualisation disciplinaire. Beacco (2007) souligne l’importance d’introduire des approches différenciées en fonction des besoins spécifiques des apprenants, en intégrant des exercices qui reflètent les pratiques réelles des disciplines.

Les recherches montrent que les étudiants allophones rencontrent des difficultés spécifiques liées à leur statut de locuteurs non natifs. Narcy-Combes (2005) et Delcambre & Reuter (2010) identifient plusieurs défis majeurs:

  • Une faible appropriation des genres académiques, en raison d’un manque de familiarité avec les normes implicites.
  • Une surcharge cognitive, due à la nécessité d’apprendre simultanément la langue française et les pratiques académiques.
  • Des difficultés à gérer les références bibliographiques et à éviter le plagiat, souvent causées par un manque de formation explicite.

Ces défis soulignent la nécessité de dispositifs pédagogiques spécifiques pour accompagner les étudiants non francophones. L’approche socioconstructiviste, proposée par Vygotsky (1985), offre une piste intéressante. Elle met en avant l’importance de l’apprentissage collaboratif et de l’accompagnement des apprenants dans des activités authentiques. Par exemple, la co-rédaction de textes académiques ou l’analyse critique de dissertations et d’articles peuvent aider les étudiants à s’approprier les normes discursives et à développer leur autonomie.

Malgré une reconnaissance croissante de l’importance de la littératie universitaire, les programmes de FLE en Iran se concentrent encore majoritairement sur des compétences générales, sans intégrer pleinement les spécificités académiques. En tant que professeur de FLE dans les universités iraniennes, je constate que le programme met l’accent sur des cours de grammaire et de dictée, au détriment d’une approche adaptée aux besoins réels des étudiants.

  • Approche homogène: L’enseignement du FLE repose principalement sur une formation linguistique générale, sans distinction claire des besoins spécifiques des étudiants selon leur domaine d’étude.
  • Manque d’exercices authentiques: Les activités pédagogiques privilégient souvent des exercices décontextualisés (analyse morphosyntaxique, traductions littérales), ce qui limite l’exposition aux genres académiques réels tels que l’article scientifique ou la dissertation universitaire.
  • Absence de formation explicite: Les attentes académiques en matière d’écriture et de lecture restent largement implicites, laissant les étudiants sans repères face aux exigences des productions universitaires en français.

Ces limites montrent que la prise en compte de la littératie universitaire nécessite une refonte des dispositifs pédagogiques en FLE, avec une attention particulière aux besoins des étudiants en milieu académique.

La revue de littérature met en évidence plusieurs axes prioritaires pour améliorer l’intégration de la littératie universitaire dans les programmes de FLE:

  1. Différenciation disciplinaire: Adapter les cours de FLE aux spécificités des disciplines étudiées par les apprenants.
  2. Activités contextualisées: Proposer des exercices authentiques, tels que l’analyse de textes académiques ou la rédaction de dissertations.
  3. Formation explicite aux normes académiques: Enseigner les attentes institutionnelles, les conventions de citation et les genres spécifiques.
  4. Approche collaborative: Encourager l’apprentissage par la pratique et la collaboration, en intégrant des outils numériques et des activités interactives.

Cette réflexion théorique offre un cadre solide pour aborder les résultats empiriques dans la section suivante, où nous analyserons un corpus de dissertations d’étudiants en master de littérature française à l’université Shshid Chamran d’Ahvaz afin de confronter ces constats aux pratiques réelles des apprenants.

 

Méthodologie: Analyse empirique des productions étudiantes

Cette recherche vise à analyser les difficultés rencontrées par les étudiants en FLE dans l’acquisition de la littératie universitaire, en s’appuyant sur une étude empirique des productions écrites. L’analyse porte sur l’ensemble des copies, soit un corpus élargi de 20 dissertations rédigées par des étudiants en master de littérature française à l’université Shahid Chamran d’Ahvaz durant les années universitaires 2023-2024 et 2024-2025.

L’objectif est d’identifier les écarts entre les attentes académiques et les compétences rédactionnelles des étudiants, en se basant sur des critères précis. Ces attentes académiques reposent sur des normes définies dans les ouvrages méthodologiques et les recherches en didactique du français sur l’écrit universitaire (Pirooz, 2024; Ristea, 2020). Elles incluent:

  • La structuration du discours, qui suppose une introduction claire avec une problématique explicite, un développement organisé en arguments et sous-parties cohérentes, et une conclusion synthétique ouvrant sur une réflexion (Ristea, 2020).
  • L’intégration des références, qui exige une mobilisation pertinente des sources académiques, avec des citations conformes aux normes bibliographiques (Pirooz, 2024).
  • L’usage du registre académique, qui requiert une écriture formelle, objective et argumentée, évitant le registre trop personnel, narratif ou subjectif (Donahue, 2010).

Ces éléments sont essentiels pour assurer une adéquation entre les productions des étudiants et les standards universitaires en vigueur.

Cette approche repose exclusivement sur l’examen d’un corpus authentique, permettant d’étudier de manière concrète les pratiques d’écriture des apprenants et de proposer des pistes d’amélioration adaptées.

 

Constitution du corpus

Le corpus étudié comprend 20 copies de dissertations, rédigées dans le cadre d’un master de littérature française au sein de l’université Shahid Chamran d’Ahvaz dans les années universitaires 2023-2024 et 2024-2025.

La sélection de ces copies a été effectuée selon plusieurs critères méthodologiques :

  • Homogénéité du niveau académique: Tous les étudiants sont inscrits en master, ce qui garantit une base de comparaison cohérente en termes d’attentes académiques.
  • Diversité des performances: Les copies incluent des dissertations notées de 10 à 18/20, permettant d’analyser à la fois les réussites et les difficultés les plus fréquentes.
  • Variété des sujets: Les dissertations portent sur des œuvres littéraires variées (Tropismes de Nathalie Sarraute, Le Rouge et le Noir de Stendhal, etc.), ce qui permet d’examiner la capacité des étudiants à adapter leur écriture aux spécificités des textes étudiés.

Les copies ont été anonymisées afin de garantir une analyse objective et respectueuse des droits des étudiants.

Critères d’analyse des copies

L’évaluation des dissertations repose sur une grille d’analyse détaillée, alignée sur les attentes académiques du niveau master. Elle vise à mesurer l’écart entre les compétences attendues et le niveau réel des étudiants.

Avant d’examiner les copies, il est essentiel de rappeler le sujet de la dissertation ainsi que les consignes données aux étudiants.

Les dissertations portent sur des œuvres littéraires variées, telles que Tropismes de Nathalie Sarraute ou Le Rouge et le Noir de Stendhal. Cela permet d’évaluer la capacité des étudiants à adapter leur écriture aux spécificités des textes étudiés, notamment en fonction du genre, du style et des enjeux littéraires propres à chaque œuvre.

Consignes données aux étudiants:

  • Construire une dissertation argumentée et structurée en respectant les normes académiques.
  • Mobiliser des références théoriques et textuelles pertinentes pour appuyer l’analyse.
  • Intégrer et analyser les citations en évitant la simple paraphrase.
  • Respecter les conventions de citation et de bibliographie.
  • Assurer la clarté, la cohérence du raisonnement et la qualité linguistique du texte.

L’évaluation des copies repose sur trois axes principaux:

  1. Structuration et organisation du discours
  • Présence d’une introduction complète contenant une problématique précise et une annonce de plan explicite.
  • Développement structuré selon une progression logique et cohérente des idées.
  • Qualité des transitions permettant une articulation fluide entre les différentes parties du texte.
  1. Mobilisation des références et des concepts théoriques
  • Utilisation pertinente des citations et références en lien avec l’argumentation.
  • Capacité à analyser et interpréter les références plutôt que de les citer de manière descriptive.
  • Respect des normes de citation et des conventions bibliographiques conformes aux exigences académiques.
  1. Qualité linguistique et registre académique
  • Précision du vocabulaire et usage d’un lexique approprié à l’analyse littéraire.
  • Respect du registre formel, en évitant les formulations orales ou familières.
  • Maîtrise de la syntaxe, de la grammaire et de l’orthographe, garantissant la clarté et la rigueur de l’argumentation.

L’analyse des copies vise à identifier les points forts et les lacunes récurrentes afin d’adapter les recommandations pédagogiques et d’améliorer les compétences rédactionnelles des étudiants au niveau master.

 

Méthode d’analyse des données

L’analyse des copies repose sur une approche combinant méthodes qualitatives et quantitative:

 

Analyse qualitative

Une lecture détaillée de chaque dissertation a permis de repérer des tendances récurrentes, notamment en matière de formulation des problématiques, d’argumentation et d’usage des références. Des extraits anonymisés ont été sélectionnés pour illustrer les principales difficultés et stratégies des étudiants.

 

Analyse quantitative

En complément de l’approche qualitative, des données chiffrées ont été recueillies pour quantifier les difficultés les plus courantes. Voici quelques indicateurs extraits du corpus:

 

 

Tableau 1. les données de l’analyse quantitative

Critère

Pourcentage d’étudiants en difficulté

Absence de problématique clairement formulée

65 %

Absence d’un plan annoncé en introduction

55 %

Usage incorrect ou inexistant des références

70 %

Faible maîtrise du registre académique

60 %

 

 

Ces données permettent de visualiser les lacunes les plus fréquentes et de cibler les priorités en matière d’amélioration pédagogique

 

Résultats: Analyse des productions étudiantes et identification des difficultés

L’analyse des 20 dissertations rédigées par des étudiants en master de littérature française met en évidence des écarts significatifs entre les attentes académiques et les compétences rédactionnelles observées. Ces écarts concernent principalement trois dimensions: (1) la structuration du discours et l’argumentation, (2) l’intégration des références et la mobilisation des concepts théoriques, et (3) la maîtrise du registre académique et des normes linguistiques.

Dans cette section, nous présentons les résultats en croisant analyse qualitative et données quantitatives, afin d’identifier les lacunes récurrentes et les points forts des productions étudiantes.

 

Structuration du discours et organisation argumentative

Problématique et annonce de plan

L’un des problèmes les plus fréquents concerne l’absence d’une problématique clairement formulée. Sur les 20 copies analysées, 65 % des étudiants ne posent pas explicitement une question centrale à laquelle leur dissertation tente de répondre.

Exemple d’introduction problématique:

«Ce roman parle de l’hypocrisie sociale et de la religion. L’auteur critique ces aspects de la société et les personnages en souffrent.»

Problèmes identifiés:

  • Formulation trop vague, sans questionnement analytique.
  • Pas d’annonce claire du plan.

À l’inverse, 35 % des copies présentent une introduction conforme aux normes académiques, avec une problématique bien définie et un plan clairement annoncé.

 

Cohérence et progression des idées

L’analyse des copies révèle que 55 % des dissertations présentent une organisation déficiente du développement. Les idées sont souvent juxtaposées sans transitions claires, rendant l’argumentation difficile à suivre.

Exemple d’absence de progression logique:

«Le personnage de Julien Sorel est hypocrite. Il cherche à s’intégrer dans la société. Stendhal critique la religion. Le clergé joue un rôle important dans le roman.»

Problèmes identifiés:

  • Enchaînement d’idées sans articulation logique.
  • Absence de liens entre les arguments.

À l’inverse, les copies ayant obtenu des notes plus élevées (15/20 et plus) présentent une meilleure structuration des idées, avec des transitions fluides et une progression argumentée.

 

 

Tableau 2. Synthèse des résultats sur la structuration du discours.

Critère

Proportion de copies en difficulté

Absence de problématique claire

65 %

Absence d’annonce de plan en introduction

55 %

Progression argumentative incohérente

50 %

 

 

Mobilisation des références et concepts théoriques

Usage des citations

L’intégration des références constitue un défi majeur pour les étudiants. 70 % des dissertations utilisent des citations de manière inappropriée: soit elles sont insérées sans explication, soit elles sont mal référencées.

L’un des obstacles majeurs à l’utilisation correcte des références bibliographiques réside dans les lacunes linguistiques des apprenants, qui peuvent freiner leur capacité à comprendre les textes académiques. Comme le soulignent Mousavi, Letafati et Shairi (2018), «les lacunes linguistiques des apprenants sont plus facilement surmontées grâce à des activités favorisant le développement des capacités d'inférences nécessaires à la construction de la cohérence du texte». Ces observations appellent à une pédagogie explicite pour aider les étudiants à mobiliser les références de manière critique et analytique.

Exemple de citation non analysée:

«Comme l’a écrit Stendhal: ‘Je haïssais encore plus la religion au nom de laquelle ils me tyrannisaient.’»

Problèmes identifiés:

  • Citation placée sans mise en contexte.
  • Absence d’analyse ou d’explication sur son lien avec l’argument développé.

À l’inverse, les 30 % restants des copies montrent une intégration correcte des références, avec une analyse de la citation et un lien explicite avec l’argumentation.

 

Respect des normes bibliographiques

Seulement 40 % des étudiants respectent les normes de citation et de bibliographie. La majorité des dissertations présentent:

  • Des références absentes ou incomplètes.
  • Une absence de différenciation entre citation directe et paraphrase.
  • Un manque de rigueur dans la présentation des sources (ex.: pas de mention de la maison d’édition).
  •  

 

 

Tableau 3. Synthèse des résultats sur l’usage des références:

Critère

Proportion de copies en difficulté

Citations insérées sans explication

70 %

Problèmes de référencement bibliographique

60 %

 

 

Registre académique et qualité linguistique

Précision du vocabulaire et formulation analytique

Un autre point de difficulté concerne le registre et le style académique. 60 % des copies adoptent un ton trop narratif ou informel, ce qui nuit à la rigueur scientifique attendue dans un écrit universitaire.

Exemple de formulation trop vague:

«L’auteur parle de la religion et montre que c’est un problème pour les personnages.»

Problèmes identifiés:

  • Lexique trop général («parle de», «montre que»).
  • Absence de verbes analytiques («critiquer», «dénoncer», «interroger»).

En revanche, les 40 % de copies bien notées utilisent un lexique plus précis et des formulations analytiques.

 

Maîtrise syntaxique et grammaticale

L’analyse grammaticale révèle que 50 % des copies contiennent un nombre important d’erreurs syntaxiques et grammaticales:

  • Confusions entre temps verbaux.
  • Syntaxe lourde ou incorrecte.
  • Accord des temps et des adjectifs mal maîtrisé.

 

 

 

 

Tableau 4. Synthèse des résultats sur le registre académique et la qualité linguistique :

Critère

Proportion de copies en difficulté

Usage d’un registre trop narratif ou informel

60 %

Erreurs syntaxiques et grammaticales fréquentes

50 %

 

Synthèse des principaux résultats

L’analyse des 20 dissertations met en lumière plusieurs tendances:

  1. Difficulté à structurer une argumentation claire: Une majorité des copies présentent des introductions incomplètes et un développement mal organisé.
  2. Mauvaise intégration des références: Beaucoup d’étudiants insèrent des citations sans analyse et ne respectent pas les normes bibliographiques.
  3. Problèmes de registre et de maîtrise linguistique: Un style trop narratif et des erreurs syntaxiques sont fréquents.

 

Tableau 5. Synthèse des principaux résultats

Catégorie

Principaux problèmes identifiés

Proportion d’étudiants concernés

Structuration et argumentation

Absence de problématique, enchaînement d’idées sans logique

65 %

Utilisation des références

Citations non analysées, bibliographie incomplète

70 %

Registre et qualité linguistique

Style trop narratif, erreurs syntaxiques fréquentes

60 %

 

 

Ces résultats montrent que les difficultés rencontrées par les étudiants ne sont pas uniquement linguistiques, mais relèvent aussi de l’appropriation des normes académiques et des pratiques discursives propres à l’université.

Dans la section suivante, nous proposerons des recommandations pédagogiques pour remédier à ces difficultés et renforcer la formation en littératie universitaire dans les cursus de FLE.

 

Discussion: Interprétation des résultats et implications pédagogiques

L’analyse des 20 dissertations étudiées met en évidence des lacunes significatives dans l’appropriation de la littératie universitaire par les étudiants en FLE. Ces difficultés ne se limitent pas à des problèmes linguistiques, mais concernent également la structuration du discours, l’intégration des références académiques et l’usage du registre académique. Cette section propose une interprétation critique des résultats obtenus et explore les implications pédagogiques pour l’enseignement du FLE en milieu universitaire.

 

Une difficulté à structurer un discours académique: un problème d’acculturation universitaire

L’un des constats majeurs de cette recherche est la difficulté des étudiants à organiser leurs idées et à produire une argumentation conforme aux attentes académiques. 65 % des copies analysées présentent une introduction incomplète, sans problématique explicite ni annonce de plan, ce qui empêche une progression logique du raisonnement.

Cette difficulté peut être interprétée sous l’angle de l’acculturation universitaire (Lea & Street, 1998). Les étudiants non francophones doivent non seulement maîtriser la langue, mais aussi s’approprier les normes discursives propres à l’université francophone. La structuration du discours académique fait partie intégrante de cette maîtrise, et elle est abordée dans certains cursus dès la licence, notamment à travers l’enseignement des plans analytiques et dialectiques qui permettent d’organiser l’argumentation.

Toutefois, ces apprentissages restent souvent limités à une approche formelle et ne sont pas toujours approfondis au point de permettre une réelle autonomie rédactionnelle au niveau master. L’enjeu ne réside donc pas uniquement dans l’introduction de ces concepts, mais dans leur consolidation et leur application rigoureuse dans des contextes académiques plus exigeants. Un accompagnement spécifique est nécessaire pour renforcer ces compétences et assurer une transition réussie vers les attentes rédactionnelles du master.

Dans de nombreuses copies, l’absence de planification et de structuration claire du discours révèle un déséquilibre entre les différentes étapes de la rédaction. Comme le soulignent Sadidi et Fahandej Saadi (2023), «les étudiants iraniens ont tendance à concentrer l’essentiel de leurs efforts sur la phase d’écriture au détriment de la planification et de la révision». Cela explique en partie pourquoi les problématiques sont souvent absentes ou mal formulées, et pourquoi les idées manquent de cohérence logique.

Ainsi, il est conseillé d’enseigner explicitement les normes académiques afin de remédier à ces difficultés:

  • Intégrer des modules spécifiques sur la structuration des écrits universitaires, notamment la rédaction de problématiques et la construction d’un plan.
  • Proposer des modèles de dissertations annotées pour aider les étudiants à mieux identifier les attentes académiques.
  • Mettre en place des exercices de reformulation et de synthèse afin de renforcer leur capacité à articuler leurs idées de manière cohérente.

 

Une intégration problématique des références académiques: entre plagiat et citations mal exploitées

L’un des résultats les plus frappants est le mauvais usage des références bibliographiques :

  • 70 % des étudiants insèrent des citations sans explication ni mise en contexte.
  • 60 % des copies présentent des références incomplètes ou incorrectement formatées.

Ces résultats confirment les recherches de Pecorari (2013), qui montrent que les étudiants non natifs ont souvent du mal à comprendre les normes implicites de citation et de référencement dans le monde universitaire. L’absence de formation explicite sur ces pratiques expose les étudiants au plagiat involontaire, un phénomène largement documenté dans les travaux sur la littératie universitaire.

Implication pédagogique: une formation méthodologique sur la citation et la paraphrase

  • Organiser des ateliers pratiques sur l’intégration des sources (comment citer, analyser et commenter une citation).
  • Sensibiliser les étudiants aux outils bibliographiques (Zotero, Mendeley) pour les aider à structurer leurs références.
  • Proposer des exercices de reformulation et de paraphrase pour éviter la simple juxtaposition de citations sans analyse critique.

 

Un registre académique mal maîtrisé: une écriture encore trop narrative

L’analyse des copies révèle que 60 % des étudiants adoptent un ton trop narratif ou descriptif, au détriment d’une écriture analytique conforme aux normes académiques. Ces résultats rejoignent les observations de Narcy-Combes (2005), qui souligne que les étudiants en FLE ont souvent recours à des formulations trop générales et imprécises.

Bien que les épreuves du DELF et du DALF familiarisent progressivement les apprenants avec certaines exigences langagières, elles ne garantissent pas nécessairement une maîtrise approfondie des codes spécifiques du discours universitaire, notamment en ce qui concerne l’argumentation et la structuration des idées. De plus, tous les étudiants en licence, en particulier en Iran, ne sont pas nécessairement exposés à ces examens ni à leur méthodologie. Cette difficulté souligne donc l’importance d’un enseignement approfondi de ces compétences dès la licence afin de mieux préparer les étudiants aux exigences rédactionnelles du master.

Cette difficulté s’explique aussi en partie par l’influence de la langue maternelle des étudiants, qui façonne leur manière de structurer la pensée et l’argumentation. Il est donc essentiel de les accompagner dans l’acquisition des structures analytiques et des marqueurs discursifs propres au français académique.

Implication pédagogique: renforcer l’appropriation du style académique

  • Mettre en place des exercices de reformulation, où les étudiants transforment des phrases descriptives en énoncés analytiques.
  • Introduire des banques de formulations académiques pour enrichir le lexique des étudiants (ex.: «Il convient de souligner que…», «Cet élément met en évidence…»).
  • Encourager la lecture critique de textes universitaires, afin d’exposer les étudiants aux modèles d’écriture attendus.

 

Une surcharge cognitive liée à un apprentissage simultané de la langue et des normes académiques

L’ensemble des difficultés observées suggère que les étudiants sont confrontés à une double charge cognitive:

  1. Maîtriser le français comme langue étrangère.
  2. Assimiler les exigences universitaires en matière de structuration du discours, d’intégration des références et de style académique.

Cette situation place certains étudiants dans une position de vulnérabilité, où les exigences académiques sont perçues comme insurmontables, ce qui peut entraîner une perte de motivation et des difficultés d’adaptation (Beacco, 2007). La surcharge cognitive observée chez les étudiants pourrait être aggravée par une interaction complexe entre des facteurs internes et externes influençant leur apprentissage. Comme le notent Mousavi et Vesal (2022), «la motivation dans l'apprentissage d'une langue étrangère est un processus dynamique influencé par des facteurs internes, tels que les croyances et les attitudes, ainsi que par des facteurs externes, comme l’environnement social et les stratégies pédagogiques». Ces éléments doivent être pris en compte dans la conception des dispositifs pédagogiques pour mieux soutenir les apprenants.

Implication pédagogique: une approche progressive et différenciée

  • Proposer une progression pédagogique adaptée aux différents niveaux des étudiants.
  • Mettre en place des activités collaboratives, où les étudiants peuvent co-rédiger des textes et s’entraider dans l’appropriation des normes académiques.
  • Introduire des outils numériques et interactifs (correction collaborative en ligne, annotation de textes, analyse de corpus académiques).

 

Synthèse et perspectives

Les résultats obtenus confirment que la difficulté des étudiants en FLE à s’approprier la littératie universitaire ne relève pas uniquement d’un manque de compétence linguistique, mais d’un problème d’acculturation académique, nécessitant un accompagnement pédagogique spécifique.

 

 

Tableau 6. Difficultés en écriture académique: Analyse des causes et stratégies pédagogiques

Problème identifié

Facteurs explicatifs

Solutions pédagogiques

Structuration du discours déficiente

Manque de familiarité avec les genres académiques

Enseigner explicitement la construction de problématiques et de plans

Intégration des références problématique

Absence de formation aux normes de citation

Ateliers sur l’usage des sources et exercices de paraphrase

Style académique mal maîtrisé

Influence de la langue maternelle, absence d’exposition au français académique

Exercices de reformulation et lecture critique de textes universitaires

Surcharge cognitive

Apprentissage simultané de la langue et des normes académiques

Progression pédagogique adaptée et apprentissage collaboratif

 

 

 

Ces résultats suggèrent la nécessité d’intégrer explicitement la formation à la littératie universitaire dans l’enseignement du FLE, afin d’aider les étudiants à mieux s’adapter aux exigences académiques.

Dans la section suivante, nous proposerons des recommandations concrètes pour améliorer la formation des étudiants et favoriser leur réussite universitaire.

 

Conclusion: Vers une meilleure intégration de la littératie universitaire en FLE

L’analyse des 20 dissertations étudiées met en évidence des lacunes importantes dans l’appropriation de la littératie universitaire par les étudiants en FLE. Ces difficultés ne se limitent pas à des erreurs linguistiques, mais concernent également des aspects structurels, argumentatifs et discursifs qui sont essentiels pour réussir dans le cadre académique francophone.

Trois problèmes majeurs ont été identifiés:

  1. Un déficit de structuration et de cohérence argumentative, avec des introductions incomplètes et un manque de progression logique dans les développements.
  2. Une mauvaise intégration des références académiques, notamment des citations insérées sans explication et des bibliographies souvent incomplètes ou incorrectes.
  3. Un registre académique mal maîtrisé, marqué par un style trop narratif et un manque de précision terminologique.

Ces observations confirment les résultats de nombreuses recherches sur la littératie universitaire (Lea & Street, 1998; Beacco, 2007; Narcy-Combes, 2005) et soulignent que l’un des principaux obstacles à la réussite des étudiants en FLE n’est pas seulement la maîtrise de la langue française, mais aussi l’acquisition des normes académiques implicites.

 

Synthèse des implications pédagogiques

Les résultats obtenus montrent que les étudiants ont besoin d’un accompagnement spécifique pour développer leurs compétences en littératie universitaire. Pour répondre à ces besoins, plusieurs solutions pédagogiques peuvent être envisagées:

  1. Enseigner explicitement la structuration des écrits universitaires:
    • Intégrer des modules sur la construction de problématiques et l’organisation d’une argumentation cohérente. Bien que la dissertation ne soit pas un écrit académique au sens strict (comme un mémoire ou un devis doctoral), elle constitue néanmoins un exercice universitaire exigeant qui repose sur des normes discursives et méthodologiques spécifiques.
    • Proposer des exercices de rédaction guidés et des modèles annotés pour aider les étudiants à identifier les attentes institutionnelles.
  1. Former les étudiants aux normes de citation et d’intégration des sources :
  • Organiser des ateliers pratiques sur l’analyse et l’exploitation des références bibliographiques.
  • Mettre en place des activités de paraphrase et de reformulation pour éviter le plagiat.
  1. Renforcer l’appropriation du registre académique:
  • Encourager la lecture critique de textes universitaires pour exposer les étudiants aux modèles d’écriture attendus.
  • Introduire des banques de formules académiques et des exercices de reformulation pour affiner le style rédactionnel.
  1. Réduire la surcharge cognitive des étudiants en adoptant une approche progressive:
  • Adapter les exigences en fonction du niveau des apprenants et proposer des feedbacks détaillés.
  • Favoriser les approches collaboratives (travaux de groupe, co-rédaction, annotation collective).

L’enseignement du FLE en contexte universitaire ne peut plus se limiter à un apprentissage purement linguistique. La réussite des étudiants non francophones repose sur leur capacité à s’approprier les pratiques discursives, argumentatives et méthodologiques propres à l’université francophone. Si la dissertation n’est pas un écrit académique au sens strict, elle demeure un exercice fondamental qui prépare aux exigences de la recherche et de la rédaction scientifique.

Cette recherche montre que la littératie universitaire peut être envisagée comme une compétence majeure, englobant plusieurs compétences spécifiques, telles que la structuration du discours, l’argumentation, l’intégration des sources et l’usage du registre formel. Son développement nécessite un accompagnement pédagogique structuré et adapté aux besoins des apprenants.

Au niveau de la licence, il s’agit d’initier les étudiants aux exigences de l’écriture universitaire en leur fournissant des outils méthodologiques fondamentaux (organisation du discours, usage des connecteurs logiques, distinction entre description et analyse).

Au niveau du master, l’accent doit être mis sur l’approfondissement de ces compétences, en insistant sur la maîtrise des normes académiques de rédaction (problématisation, citation des sources, argumentation avancée).

En intégrant explicitement cet apprentissage dans les cours de FLE à ces deux niveaux, les enseignants peuvent jouer un rôle clé dans la réussite académique et l’intégration des étudiants internationaux au sein des communautés scientifiques francophones.

Une refonte des dispositifs pédagogiques en FLE, prenant en compte ces enjeux, semble donc essentielle pour assurer une formation complète et efficace aux étudiants appelés à évoluer dans un cadre universitaire francophone exigeant.

Beacco, J.-C. (2007). L’approche par compétences dans l’enseignement des langues: questions et mise en œuvre. Didier.
Delcambre, I., & Lahanier-Reuter, D. (2010). Les littéracies universitaires: Influence des disciplines et du niveau d’étude dans les pratiques de l’écrit. Pratiques, (153, 154), 3-19. https://doi.org/10.4000/pratiques.1905
Donahue, Ch. (2010). Évolution des pratiques et des discours sur l'écrit à l’université: étude de cas. Lidil, (41), 137-160, https://doi.org/10.4000/ lidil.3034
Hyland, K. (2000). Disciplinary discourses: Social interactions in academic writing. Longman.
Lea, M. R., & Street, B. V. (1998). Student writing in higher education: An academic literacies approach. Studies in Higher Education, 23(2), 157-172. https://doi.org/10.1080/03075079812331380364
Mousavi, H., Letafati, R., & Shairi, H. (2018). Analyse des problèmes des apprenants iraniens dans la compréhension du texte en langue étrangère: l’étude de la variation de la dilatation de la pupille lors de la lecture du texte. Revue des Études de la Langue Française, 10(1), 31-46. https://doi.org/10.22108/relf.2018.101119.1001
Mousavi, H., & Vesal, M. (2022). Motivations et attitudes d'apprentissage du français chez les étudiants iraniens en milieu universitaire. Revue des Études de la Langue Française, 14(2), 39-52. https://doi.org/10.22108/relf.2023.136982.1207
Narcy-Combes, M.-F. (2005). Didactique des langues et TIC: vers une recherche-action responsable. Ophrys. https://doi.org/10.4000/apliut.2635
Pecorari, D. (2013). Teaching to avoid plagiarism: How to promote good source use. Open University Press. http://dx.doi.org/10.1016/j.jslw.2014.04.003
Pirooz, A. (2024). Portrait des erreurs collocationnelles dans les écrits universitaires de quelques étudiants non francophones. Lidil, (7). https://doi.org/10.4000/12lma
Ristea, P. (2020). L’appropriation des écrits académiques en FLE : l’exemple de la problématique. Revue TDFLE, (76). https://revue-tdfle.fr/articles/revue-76/1543-l-appropriation-des-ecrits-academiques-en-fle
Sadidi, S., & Fahandej Saadi, R. (2023). L’étude descriptive des stratégies rédactionnelles utilisées par les étudiants iraniens de FLE. Revue des Études de la Langue Française, 15(1), 49-64. https://doi.org/10.22108/relf.2023.138977.1220
Shanahan, T., & Shanahan, C. (2008). Teaching disciplinary literacy to adolescents: Rethinking content-area literacy. Harvard Educational Review, 78(1), 40-59. https://doi.org/10.17763/haer.78.1.v62444321p602101
Street, B. (1984). Literacy in theory and practice. Cambridge University Press.
Vygotsky, L. S. (1985). Pensée et langage. La Dispute.