مطالعۀ حرف ربط or در زبان فرانسه و بررسی مفاهیم «گذار» و «تضاد» در ترجمه به فارسی

نوع مقاله : مقاله پژوهشی

نویسندگان

1 دانشیار گروه زبان و ادبیات فرانسه، دانشگاه شهید بهشتی، تهران، ایران

2 دانشجوی کارشناسی ارشد مترجمی زبان فرانسه، دانشگاه شهید بهشتی، تهران، ایران

چکیده

در امر ترجمۀ دو زبانی که ساختارهای کاملاً متفاوتی دارند، آسیبی که شاید بیش از همه مترجم در معرض آن باشد همانا انتخاب واژه‌ای دوپهلو برای ترجمۀ کلمه‌ای چندمعنایی است. چرا که همین انتخاب منجر به بدفهمی یا عدم ایجاد درک دقیق نزد خوانندۀ اثر ترجمه‌شده می‌شود. هدف از این پژوهش بررسی پیچیدگی‌های مربوط به ترجمۀ حرف ربط or از زبان فرانسوی به فارسی با در نظر گرفتن جنبۀ «تضاد» و مفهوم «گذار» در این حرف ربط است. در این پژوهش، ابتدا ضمن ارائۀ تمام جوانب معناییِ این حرف ربط بر اساس منابع متعدد دستور زبان فرانسه، بررسی جامعی از مفهوم این حرف ربط صورت می‌گیرد. در ادامه، پس از گردآوری مجموعه‌ای از جملات ادبی برگرفته از منابع فرانسوی که در آنها بر حسب بافت‌ مربوطه، این حرف ربط جنبۀ «تضاد» را منعکس می‌کند، به بررسی فرایند انتقال این معنی در ترجمه به فارسی پرداخته می‌شود. به عنوان نتیجه، این مقایسه نشان می‌دهد که تا چه اندازه در عمل معادل‌گزینی برای این حرف ربط، امکان از دست رفتن بخشی از بار معنایی این کلمه وجود دارد و راهکار مترجمانِ فارسی که آثارشان مورد مطالعه قرار گرفته است در برابر این چالش چه بوده است. این پژوهشِ تطبیقی و تحلیلی مسئله‌ای دستوری را به مقتضیات بالفعل امر ترجمه پیوند می‌زند و با استناد به قوانین زبان‌شناسی از دستوردانان مختلفِ هر دو زبان فارسی و فرانسوی، درصدد آشکارسازی علت ایجاد ابهام در ترجمۀ این حرف ربط به زبان فارسی است.

کلیدواژه‌ها

موضوعات


Introduction

Les conjonctions de coordination possèdent parfois de nombreux sens, ce qui rendre le processus de leur traduction interlinguale plus compliqué. Si l’on choisit l’un des équivalents concernant une conjonction, cela signifie que l’on est en train de limiter son sens en ce terme-là. Alors, le choix du traducteur non seulement détermine cette limitation, mais aussi le sens que le lecteur du texte traduit reçoit. C’est pourquoi les différents choix provoquent les sens différents. Dans le premier regard, quoi que ce soit l’équivalent choisi, on arrive à transmettre le sens approximatif sans commettre d’erreur structurelle dans les enchaînements des groupes syntaxiques des phrases et leurs contenus. Mais, qui détermine le sens compris selon le texte cible? Le sémème d’un équivalent en traduction délimiterait l’idée principale du choix lexical par lequel l’auteur du texte de départ essaye de montrer son intention et si l’on n’essaye pas de la transmettre, le lecteur du texte traduit ne comprendra pas ce que le traducteur aurait compris. C’est ainsi que le processus de la réception se passe différemment chez le lecteur du texte source et le lecteur du texte traduit. Notre recherche essaye de répondre à cette problématique: Comment, lors d’une traduction français-persan, pourrons-nous distinguer la valeur opposée de la conjonction or de ses autres valeurs pour la transmettre à travers des équivalents adéquats en langue persane? Afin de mieux explorer cette problématique, nous essayerons d’avancer des questions supplémentaires, nous permettant d’élargir notre compréhension globale du sujet et d’offrir une perspective plus complète sur les enjeux qui émergent dans le cadre de notre étude: pourquoi est-ce que la conjonction or se traduit en persan souvent d’une manière indistincte et sous des formes équivoques? Comment peut-on transmettre la notion de «transition» comprise dans la conjonction or tout en gardant son orientation d’opposition? Il semble que parmi les équivalents persans envisagés pour or, ce sont ammā et vali qui provoquent une orientation opposée, tandis que par exemple l’équivalent bāri aura tendance à reprendre le propos à la suite de ce qu’on a déjà dit. Sur ces entrefaites, c’est peut-être le sens de transition qui empêche le traducteur de choisir un équivalent permanent et décisif à la place de cette conjonction de coordination: dans les cas choisis, le choix du traducteur dépend de la valeur opposée de cette conjonction. Cette recherche fournit une étude descriptive-analytique de type contrastive à travers les différentes sources grammaticales françaises et persanes en s’appuyant sur des exemples variés tirés des textes issus de la littérature française qui sont traduits en persan par les traducteurs iraniens de renom. Le but de cette recherche est d’étudier les difficultés traductionnelles par rapport à la conjonction or en trouvant ses origines linguistiques. A cet égard, d’abord, nous analyserons les différents sèmes de la conjonction or en langue française, puis nous vérifierons les traductions des équivalents qui évoquent l’aspect opposé de cette conjonction. Enfin, nous essayerons de découvrir la raison pour laquelle la traduction de cette conjonction paraît compliquée et s’il existe éventuellement un moyen efficace qui aide le traducteur à se débrouiller.

 

Revue de littérature

Dans le domaine de la traduction des conjonctions françaises en langue persane, on n’a pas déjà travaillé d’une manière précise sur la conjonction or. En outre, il existe des recherches intralinguales persanes concernant la grammaire persane. Ces recherches se divisent en deux catégories selon leurs points de vue : syntaxique ou fonctionnel.

 

Les recherches adoptant un point de vue syntaxique intralingual dans le domaine de l’analyse des conjonctions en langue persane

Les recherches dans lesquelles nous saisissons des analyses linguistiques et sémantiques des conjonctions et des constructions conjonctives en langue persane: Conceptualisation de construction coordonnée en langue persane: l’approche syntaxique (Hashemi nasab, 2021); Phrases complexes en langue persane parlée (Yeganeh, 2022).

 

Les recherches adoptant un point de vue fonctionnel intralingual dans l’analyse des conjonctions à travers les œuvres littéraires

L’autre catégorie est en rapport avec la vérification des fonctions des conjonctions dans les ouvrages littéraires en langue persane. Parmi ces ouvrages nous signalons ceci: Vérification grammaticale des prépositions et des conjonctions de Marzban-name (Roumieh, 2019); Recherche diachronique concernant les modifications des conjonctions dans les textes persans en prose du début de l’époque islamique jusqu’à la fin du 8e siècle (Daghigh Ahmadi, 2016); Vérification des conjonctions de Divân Hâfez selon la théorie de cohérence de Halliday (Shafâati,2023); Vérification des différentes fonctions  des conjonctions des poèmes de Saadi (Kheiri,2022)

 En fait, à propos des problèmes concernant la traduction de la conjonction de coordination or en langue persane il n’existe pas encore de recherche interlinguale cohérente.

 

Cadre théorique

Caractéristiques grammaticales de la conjonction or

En ce qui concerne la catégorie de la conjonction or Charaudeau donne une explication en recourant à la grammaire traditionnelle: «En ce qui concerne la conjonction de coordination, selon la grammaire Larousse, on compte traditionnellement sept conjonctions de coordination: et, ni, ou, mais, or, car, donc.» (Charaudeau, 1992, p. 497) Mais selon La Grande Grammaire du Français la conjonction or a une certaine caractéristique atypique, celle-ci ne nous permet pas de la comparer facilement avec les autres conjonctions:

 

«Or est souvent en début de phrase racine, précédé d’une ponctuation forte, comme les connecteurs adjectivaux (Pire, il a menti.). Il peut introduire une phrase sans verbe. Du point de vue discursif, il introduit un élément d’opposition entre la phrase qu’il introduit et ce qui précède. Il peut s’agir parfois de plusieurs phrases précédentes.» (Abeillé et Godard, 2021, p. 1738)

 

Autrement dit, la conjonction or fait ouvrir une idée qui diffère de l’idée déjà exprimée.

En outre, d’après Grevisse les différentes conjonctions de coordination se divisent en sept catégories:

«Principaux rapports indiqués par les conjonctions (et locutions conjonctives) de coordination:

  1. Addition, liaison: et, ni, puis, ensuite, alors, aussi, bien plus, jusqu’à, comme, ainsi que, aussi bien que, de même que, non moins que, avec.
  2. Alternative, disjonction: ou, soit…soit, tantôt…tantôt, ou bien.
  3. Cause: car, en effet, effectivement.
  4. Conséquence: donc, aussi, partant, alors, ainsi, par conséquent, en conséquence, conséquemment, par suite, c’est pourquoi.
  5. Explication: savoir, à savoir, c’est-à-dire, soit.
  6. Opposition, restriction: mais, au contraire, cependant, toutefois, néanmoins, pourtant, d’ailleurs, aussi bien, au moins, du moins, au reste, du reste, en revanche, par contre, sinon.
  7. Transition: or.» (Grevisse, 2007, p. 231)

 

Ce qui nous intéresse c’est que dans la septième catégorie qui comprend le rapport de transition, parmi les conjonctions de la langue française il n’y a qu’un seul connecteur or. En fait, cela montre sans doute le cas exceptionnel du rapport de transition.

 

Méthodologie

Dans cette recherche, à travers une analyse grammaticale contrastive concernant les grammaires du français et du persan, nous nous concentrons sur les exemples tirés des traductions faites par les traducteurs/traductrices iraniens/iraniennes dans lesquels l’équivalent choisi montre une orientation opposée par rapport aux phrases qui précèdent la conjonction or. Ensuite, d’après les explications grammaticales données, nous vérifierons si ce choix est proche de la pensée de l’auteur du texte source ou pas. Dans le but de fournir une analyse étymologique concernant les origines sémantiques de la conjonction or, nous les trouvons d’abord en consultant les dictionnaires. Donc, il nous faut en même temps une recherche syntaxique pour saisir la nature de cette conjonction. Cette recherche s’effectue ainsi à travers les sources grammaticales en langue persane comme la langue cible. En fait, dans la plupart des cas, l’auteur du dictionnaire bilingue donne les équivalents qui sont les traductions des équivalents de ce terme-là dans les dictionnaires intralinguaux dits les encyclopédies. C’est pourquoi nous nous concentrons surtout sur la grammaire afin de vérifier les origines sémantiques de la conjonction or au sein même de la langue française.

 

Les dictionnaires encyclopédiques

Le dictionnaire encyclopédique propose le sémème et les significations au sein d’une même langue en donnant des synonymes ou des exemples. De cette façon, le sens des différentes significations devient plus accessible en lisant les phrases exemplaires. Regardons d’abord les informations données par le dictionnaire Le Robert pour la conjonction or:

 

«Or: conj. Marque un moment particulier d’une durée ou d’un raisonnement, plus ou moins en opposition avec ce qui précède. Introduit la mineure d’un syllogisme, un argument ou une objection à une thèse. → cependant, pourtant. Il se dit innocent, or toutes les preuves sont contre lui. Elle pleurait pendant des jours entiers. Or, un soir, son mari rentra. (Maupassant)

contr.: ores» (Rey, 1995, p. 875)

 

Alors, Le Robert donne d’abord une petite explication par laquelle on comprend premièrement qu’il s’agit notamment de la coordination ce qui diffère de la proposition principale. Ainsi, dans le cas de coordination or est un outil par lequel nous pouvons aborder une proposition coordonnée. Deuxièmement, à travers cette petite explication nous saisissons plus ou moins les propriétés qualificatives de cette phrase coordonnée commençant par or: la phrase coordonnée s’oppose approximativement à la proposition principale précédente. Dans la partie de discussion nous allons voir comment cette qualification peut être déterminante. En fait, c’est ce qui nous permet de distinguer la conjonction or de la conjonction mais. Dans l’explication du Robert nous trouvons les autres indicateurs grammaticaux: "un syllogisme", "un argument" et "une objection" ces caractéristiques nous montrent les propriétés sémantiques de la nature de cette oppositions approximative, c’est ce qui est en rapport avec le sème "thèse" mentionné par Le Robert. En fait, le sème «thèse» est engendrée par la nature argumentative de ce type de coordination. De même, le terme "thèse" est une notion remarquable pour comprendre la raison pour laquelle la phrase coordonnée commençant par or est considérée comme une phrase indépendante de ce qui précède, car la phrase commençant par or évoque sa propre idée sous la forme d’une thèse. C’est pourquoi selon La Grande Grammaire du Français «la conjonction or ne doit pas introduire de catégorie non phrastique.» (Abeillé et Godard, 2021, p. 1739) En effet, tandis que la conjonction or est un mot de coordination mais elle apparaît plus ou moins définitivement à la tête d’une phrase semblant indépendante à travers le point de la phrase précédente. Si l’on attarde sur le deuxième exemple du Robert: «Elle pleurait pendant des jours entiers. Or, un soir, son mari rentra. (Maupassant)», la ponctuation nous montre que malgré la coordination, la phrase coordonnée commençant par or n’est pas liée à la phrase précédente, car selon les règles de la ponctuation le point montre la fin d’une phrase. L’autre information dont l’on profite dans l’explication du Robert est de présenter deux mots en tant que synonymes indiqués par une flèche: «cependant, pourtant». En fait, ces termes-là peuvent marquer l’un des sens de la conjonction or. L’auteur voulait ainsi nous orienter vers la connotation sémantique de cette conjonction. La dernière information donnée par le dictionnaire Le Robert est de présenter un contraire: «ores». Contrairement à or étant une conjonction de coordination, ores est un adverbe qui signifie « maintenant – Loc. littér. D’ores et déjà: dès maintenant, dès à présent. Les ordres sont d’ores et déjà donnés <→ désormais, dorénavant>» (Rey, 1995, p. 878)

Larousse comme un autre dictionnaire intralingual ou bien encyclopédique donne une explication courte mais remarquable: «conj. Marque une transition d’une idée à une autre.» (Les Éditeurs, 2006, p. 609) Cette information existe dans Le petit Grevisse (Grevisse, 2007,
p. 231
) Cette explication nous permet de distinguer les différences grammaticales entre cette conjonction et les autres. Dans un dictionnaire français-persan nous pouvons ainsi suivre le reflet sémantique de ces explications françaises.

 

Les sources grammaticales

Selon Charaudeau malgré l’apparition des différents points de vue grammaticaux, c’est la tradition grammaticale qui joue le rôle du "consensus" dans ce champ des grammaires et en fait c’est le premier l’escalier qui nous donne accès à passer vers les autres sources grammaticales:

 

«[…] il existe une tradition des études linguistiques qui, au-delà des différences de points de vue, a établi un consensus autour de certains concepts et procédés de description des systèmes de la langue, surtout dans ce qu’il est convenu d’appeler l’approche sémantique de la langue.» (Charaudeau, 1992, p. 4)

 

Donc, en respectant la tradition grammaticale nous abordons les définitions et les emplois de la conjonction or par les distinctions qui existent dans ces grammaires de référence: Le bon usage, Le petit Grevisse, La Grande Grammaire du Français, Nouvelle Grammaire du Français; Cours de Civilisation Française de la Sorbonne. Après avoir vérifié leurs explications identiques et leurs différences éventuelles, cette vérification sera appliquée au sein des grammaires du persan afin d’éclairer le sens des équivalents que les traducteurs choisissent en persan vis-à-vis la conjonction or.

Auprès des sources grammaticales, nous découvrons la catégorisation et les emplois distinctifs de la conjonction or sous la partie des conjonctions de coordination:

«Les conjonctions de coordination sont celles qui servent à joindre soit deux propositions de même nature, soit deux éléments de même fonction dans une proposition: Je pense, donc je suis. (R. Descartes) Les principales sont: et, ou, ni, mais, car, or, donc, cependant, toutefois, néanmoins.» (Grevisse, 2007, p. 231)

 

Cette indication sur la fonction identique nous permet de distinguer la proposition coordonnée de celle subordonnée. C’est ce que nous avons déjà mentionné auprès de la catégorisation de Grevisse concernant des rapports que les différentes conjonctions: c’est seulement dans la quatrième partie où nous trouvons une distinction entre or et les autres conjonctions.

Ainsi, Le bon usage se définit la raison par laquelle la ponctuation des phrases commençant par or est différente:

 

«Liste des conjonctions de coordination: et, ni, ou, mais, car, or. Les deux dernières ne servent qu’à unir des phrases ou des sous-phrases. Les quatre autres peuvent en outre unir des éléments de phrases: propositions, syntagmes, mots, et même des parties de mots.» (Grevisse et Goosse, 2008, p. 1803)

 

Donc c’est pourquoi, dans La Grande Grammaire du Français, on a déterminé que la conjonction or ne peut pas introduire une catégorie non phrastique. (Abeillé et Godard, 2021, p. 1739) De même Le bon usage renforce l’importance de la ponctuation des phrases commençant par or:

«Or est presque toujours précédé d’une ponctuation forte: Il m’eût fallu tout d’abord prendre conscience du péril qu’elle courait. Or, je n’ai jamais supposé qu’elle pût perdre ou eût déjà perdu la faveur de cet instinct de conversation. (A. Breton, Nadja, pp. 167-168)» (Grevisse et Goosse, 2008, p. 1804)

 

Selon La Grande Grammaire du Français la définition de coordination est presque la même chose que l’on a étudiée dans Le bon usage et Le petit Grevisse:

 

«La coordination établit une relation entre au moins deux mots, deux syntagmes ou deux séquences de mots, qui reçoivent la même fonction. […] Une conjonction de coordination est un mot invariable qui relie des éléments de catégories variées. On distingue:

 

D’ailleurs, l’information de cette grande œuvre grammaticale sur la conjonction or devient plus complémentaire avec une détermination plus nette de la conjonction or en l’attribuant "atypique" et la condition de l’employer seulement à la tête d’une phrase. (Abeillé et Godard, 2021, p. 1739)

 

Enfin, d’après l’œuvre grammaticale Nouvelle Grammaire du Français; Cours de Civilisation Française de la Sorbonne la conjonction or est considérée parmi les autres «mots de liaison», ce qui permet d’exprimer une relation entre les deux parties d’une phrase: «Les mots de liaison permettent d’exprimer la relation d’opposition de concession ou de restriction entre les deux parties d’une phrase.» (Delatour et al., 2006, p. 277) Cette dernière explication concernant la place de la conjonction or s’oppose plus ou moins à La Grande Grammaire selon laquelle la conjonction or ne peut introduire une catégorie non phrastique. En ce qui concerne l’emploi de la conjonction or la grammaire de la Sorbonne indique:

 

«Or introduit un élément nouveau qui modifie le résultat attendu. Cette nouvelle conséquence est souvent précédée de donc, alors, par conséquent etc.» Ex: Nous avons eu une réunion importante hier; or le directeur n’a pas pu assister, alors nous n’avons pris aucune décision.» (Delatour et al., 2006, p. 279)

 

De cette façon, le rôle sémantique de cette conjonction est de modifier le résultat attendu par rapport à l’idée de la phrase précédente. C’est ce que Grevisse appelle «transition».

Les grammairiens iraniens à leurs tours ont distingué les différents connecteurs parmi lesquels nous pouvons trouver les différents emplois des conjonctions relevant du sens de la conjonction or, en l’occurrence mais, bref, alors etc. D’abord, nous étudions la notion de la conjonction au sein de la grammaire persane.

Selon Farshidvard dans La grammaire détaillée d’aujourd’hui, la conjonction a le rôle d’unisson:

 

«La conjonction dite en persan peyvand ou harf-e rabt c’est un élément qui unit deux ou plusieurs mots ou groupes des propositions; d’une manière qu’ils possèdent soit une même fonction, soit l’un est dépendant des autres. Les conjonctions sont: va (et), ya (ou), «afin que/jusqu’à ce que» [=les deux derniers sont les traductions de Lazard du mot persan (Lazard, 2021, p. 228-229)] agar (si), ke «que/qui/ avec qui/ dont/ où/à»
[= les sept derniers sont les traductions de Lazard du mot persan ke (Lazard, 2021, p. 214-220)] vali (mais), chon (car), pas (donc/alors), agar chê (quoique/bien que) etc.» (Farshidvard, 2009, p. 525)

 

A travers l’exemple suivant, Farshidvard montre comment une conjonction donne une fonction identique à deux propositions: «Dans l’exemple "Je suis allé(e) chez moi et il/elle est venu(e) de l’école", [la conjonction] et ici présente la même fonction de la proposition "Je suis allé(e) chez moi" à la proposition "il/elle est venu(e) de l’école".» (Farshidvard, 2009,
p. 526
)

Comme la catégorisation faite par Grevisse concernant des rapports établis par les différentes conjonctions, dans l’œuvre grammaticale de Farshidvard, on la voit aussi mais certainement avec des différences remarquables:

 

«Les différentes sortes de la conjonction de coordination (horouf-e rabt et gorouh hay-e hampâyegi):

  1. Addition (afzâyeŝ): va (et), ham [aussi/même], hamchênin [aussi/également], maxsusan [surtout], az [de], alaveh [en plus], hatâ [mêm], gozashtê az in [en outre], vangahi [d’ailleurs].
  2. Négation (nafy)
  3. Opposition (tazâd): vali [mais], ammâ [mais], likan [mais], hanouz [encore], mahaza [pourtant], ba in hâl [pourtant/quand même], ba in vojoud [pourtant/quand même/néanmoins], afsous ke [regrettable que], heyf ke [dommage que], ba in hamê [néanmoins] etc.
  4. Rectification (tashih): balke [mais aussi], bar aks [à l’inverse] etc.
  5. Conséquence : pas [donc], [afin que], tâ inke [jusqu’à ce que], banabarin [donc], dar natijê [en conséquence/ en conclusion] etc.
  6. Fréquence (tavali): angâh [puis], bâd [après], sêpas [désormais/ ensuite], digar [autre], pas [donc/alors]
  7. Alternative (tanavob): [ou], yâ inke [ou bien], vâllâh [«par Dieu» (Lazard, 2021, p. 213)], vagarna [sinon], gahi…gahi [tantôt…tantôt] etc.

 

 

  1. Égalité (yeksâni): če … če [soit…soit], xâh…xâh [soit…soit]
  2. Exception (estesna): magar [excepté]

Et d’autres cas.» (Farshidvard, 2009, p. 527-529)

 

De la grammaire traditionnelle française à celle de la langue persane en passant par la notion de transition nous saisissons que c’est toujours le sens qui aide le traducteur à transmettre l’idée du texte original.

 

Analyse et discussion

Selon une étude contextuelle, les conjonctions de coordination sont dans la plupart des cas comme les outils de liaison: «Du point de vue sémantique, les conjonctions explicitent une relation entre les expressions coordonnées. En cas de coordination de phrases, elles jouent un rôle de connecteur mais, contrairement aux autres connecteurs, elles ont une position fixe dans la phrase.» (Abeillé et Godard, 2021,
p. 1725
[2]). Quels que soient les signes de ponctuation, c’est la perception du sens provoqué par le lien entre les deux phrases qui nous oriente vers un bon choix de connecteur, car il s’agit plutôt de mettre en relation des idées qui sont liées par une conjonction.

 

Valeur contradictoire de conjonction or

En ce qui concerne la traduction de la conjonction or, puisqu’il n’a pas un seul équivalent en langue persane, nous avons l’intention de découvrir comment l’aspect opposé et contradictoire de cette conjonction se manifeste dans les cas traductionnels. En fait, malgré la diversité des équivalents choisis par les différents traducteurs, nous devrions choisir l’un de ses fonctions qui est assez répétitif en traduction, c’est-à-dire l’aspect qui évoque l’orientation opposée de cette conjonction. Afin de mieux saisir le contexte et le rapport contextuel, dans les situations suivantes, nous présenterons la phrase commençant par or après avoir donné la phrase qui le précède. À l'instar des transcriptions des phrases persanes fournies par Gilbert Lazard dans son ouvrage Grammaire du persan contemporain, nous avons choisi d'intégrer ces transcriptions en bas de chaque phrase traduite, car elles facilitent la lecture des phrases persanes pour le lecteur francophone.

 

Tableau n° 1. or: vali (= mais)

La phrase française

La traduction persane

«Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur.»
(Saint-Exupéry, 1997, Le Petit Prince, p.12)

«با چشم‌های دریده از حیرت به این صورت خیالی نگاه می‌کردم. یادتان باشد که من هزار میل از هر آب و آبادی به دور بودم. ولی آن آدم کوچولو به نظر من نه گم‌گشته می‌نمود و نه بی‌تاب از خستگی یا گرسنگی یا تشنگی یا ترس.»

(Saint-Exupéry, 2000, Le Petit Prince, Traduit par Nadjafi, p. 12)

«Bâ čašm-hâye darideh az heyrat be in surat-e xiâli negah mikardam. Yâdetân bâšad ke man hezâr mâyl az har âb va âbâdi be dur budam. Vali ân âdam kučulu be nazar-e man na gomgašte minemud va na bitab az xastegi yâ gorosnegi yâ tešnegi yâ tars.» (Saint-Exupéry, 2000, Le Petit Prince, p. 12)

 

 

Les deux phrases présentées dans le tableau ci-dessus sont reliées par la conjonction or.
Au-delà de la contradiction, la deuxième phrase introduit une nouvelle idée. Cette idée peut être interprétée à la lumière des deux phrases, car le narrateur commence par indiquer qu'il se trouve «à mille milles de toute région habitée», suggérant ainsi qu'il s'imaginait seul. Cependant, contre cette conception, il fait la rencontre d'un petit bonhomme. C'est pourquoi le narrateur souligne cette rencontre inattendue en ouvrant sa deuxième phrase avec la conjonction or.

Apparemment le traducteur à travers la conjonctionولی  vali (= mais) voulait insister sur cette contradiction inattendue ou bien le rapport d’opposition et de transition qui existe dans le sens d’or. En effet, en persan dans les deux cas «opposition» et «transition», dans les circonstances pareilles, ce sont les conjonctions d’opposition «ولی» ou «اما» qui s’emploient souvent par les locuteurs persanophones. Car, excepté l’opposition pour marquer «un propos ou l’exception» (Ahmadi Guivi et Anvari, 1996, p. 172) nous pouvons aussi recourir à la même conjonction. De même, dans l’exemple ci-dessus, nous pouvons sentir cette contradiction surprenante à travers le comportement et la situation du Petit prince et la situation du narrateur (le pilote) qu’il avait expliqué dans la phrase précédente. Le même cas existe ainsi dans les tableaux n° 2 jusqu’à n° 6.

 

 

 

 

 

 

 

Tableau n° 2. or: ammâ (= mais)

La phrase française

La traduction persane

«Après l’enfance de la créature vient l’enfance du cœur. Or, son amant avait emporté dans la tombe cette seconde enfance. Jeune encore par ses désirs, elle n’avait plus cette entière jeunesse d’âme qui donne à tout dans la vie sa valeur et sa saveur.»

(Balzac, 1968, La femme de trente ans, p.154)

«پس از دوران کودکی انسان، دوران کودکی دل فرا می‌رسد. اما، معشوق ژولی دوران کودکی دل او را با خود به گور برده بود. ژولی هنوز امیال و نیازهای جوانی را در خود حس می‌کرد، اما دیگر آن روحیۀ ناب جوانی را که به همه چیز در زندگی ارزش و رنگ و بوی خاص می‌بخشد نداشت.»

Balzac, 2018, La femme de trente ans, Traduit par Nourouzi, p. 102

«Pas az dorân-e kudaki-e ensan, dorân-e kudaki-e del farâ miresad. Ammâ, maŝuq-e Julie dorân-e kudaki-e del-e u râ bâ xod be gur bordeh bud. Julie hanuz amyâl va niâz-hâ-ye javâni râ dar xod hes mikard, ammâ digar ân ruhie-ye nâb-e javâni râ ke be hame čiz dar zendegi arzeŝ va rang-o buy-e xâs mibaxŝad nadaŝt.» (Balzac, 2018, La femme de trente ans, p. 102)

 

 

Au tableau ci-dessus, la première phrase présente une idée concernant les situations générales. Tandis que la deuxième phrase donne une information qui ne concerne pas la situation déjà présentée. Il s’agit alors d’une transition. C’est pour cela que le narrateur

 

commence la deuxième phrase par or.

 

Tableau n° 3. or: ammâ (= mais)

La phrase française

La traduction persane

«Or, si maintenant vous avez effectivement décidé, si vous avez effectivement demandé autour de vous et obtenu cette proposition que vous cherchiez, si tout ce que vous lui disiez est devenu vrai, à ce moment-là vous n’aviez encore fait aucune démarche en ce sens, tout cela demeurait à l’état de projet imprécis et vous en remettiez l’exécution de semaine en semaine, de voyage en voyage.» (Butor, 1957, La Modification, p.84)

«اما اگرچه اکنون واقعاً تصمیمتان را گرفته‌اید، گرچه واقعاً اینجا و آنجا پرس و جو کرده‌اید و کاری را که در جستجویش بودید پیدا کرده‌اید، گرچه آنچه به او می‌گفتید به حقیقت پیوسته است، در آن هنگام هنوز هیچ قدمی در این جهت برنداشته بودید، همۀ اینها به صورت نقشه‌هایی مبهم باقی مانده بود و اجرای آن را از این هفته به آن هفته و از این سفر به آن سفر موکول می‌کردید.»

(Butor, 2006, La Modification, Traduit par Bahreyni, p.116)

«Ammâ agarče aknun vaqean tasmimetân râ gerefteid, garče vaqean inja va ânja pors-o ju kardehid va kâri râ ke dar jost-o ju-yaŝ budid peydâ kardehid, garče ânče be u migoftid be haqiqat peyvasteh ast, dar ân hengam hanuz hič qadami dar in jahat barnadaŝteh budid, hame-ye inhâ ne surat-e naqŝe-ha-yi mobham bâqi mândeh bud va ejrâ-ye ân râ az in hafteh be ân hafteh va az in safar be ân safar mukul mikardid.» (Butor, 2006, La Modification, p.116)

Tableau n° 4. or: ammâ (= mais)

La phrase française

La traduction persane

«Le grand maître de police ne répondit rien, mais il était évident qu’il n’était pas partisan des demi-mesures. Selon lui, tout homme qui avait passé les monts Ourals entre les gendarmes ne devait plus jamais les franchir. Or, il n’en était pas ainsi sous le nouveau règne, et le grand maître de police le déplorait sincèrement!» (Verne, n.d., Michel Strogoff, p.32)

«رئیس پلیس پاسخی نداد. اما معلوم بود که او اهل مسامحه نبود. از نظر او فردی که در میان ژاندارمها به آن سوی کوه‌های اورال می‌رود دیگر نباید بازگردد. اما در نظام فعلی چنین نبود و رئیس پلیس با این وضع مخالف بود.»

(Verne, 2015, Michel Strogoff, Traduit par Parsayar, p.20)

«Raîs polis pâsoxi nadad. Ammâ malum bud ke u ahl-e mosâmehe nabud. Az nazar-e u fardi ke dar miyan-e žândârm-hâ be ân suy-e kuh-hê-ye Urâl miravad digar nabâyad bâzgardad. Ammâ dar nezâm-e feli čenin nabud va raîs polis bâ in vaz moxalef bud.» (Verne, 2015, Michel Strogoff, p.20)

 

 

Dans l’exemple ci-dessus, l’idée d’opposition de transition existe entre la phrase qui précède la conjonction or et la phrase suivante.

 

Tableau n° 5 . or: ammâ (= mais)

La phrase française

La traduction persane

«Les soldats se mêlent volontiers à la foule, et précisément, à Nijni-Novgorod, pendant cette période de la foire, les agents de la police sont habituellement aidés par de nombreux Cosaques, qui la lancer sur l’épaule, maintiennent l’ordre dans cette agglomération de trois cent mille étrangers.

Or, ce jour-là, les militaires, Cosaques ou autres, faisaient défaut au grand marché. Sans doute, en prévision d’un départ subit, ils avaient été consignés à leurs casernes.» (Verne, n.d., Michel Strogoff , p.109)

«در نیژنی نووگورود هم در مدت برگزاری نمایشگاه، معمولاً سربازان آشکارا در میان مردم رفت و آمد می‌کردند و ماموران پلیس به یاری قزاقان نیزه به دست، در میان سیصد هزار فرد خارجی، حفظ نظم و آرامش را بر عهده داشتند.

اما آن روز در بازار بزرگ، خبری از نظامیان، قزاقها یا مأموران پلیس نبود.» (Verne, 2015, Michel Strogoff, Traduit par Parsayar, p.73)

«Dar Nižni-Novgorod ham dar modat-e bargozari-e namâyeŝgah, mamulan sarbâzân âŝkâra dar miyân-e mardom raft-o âmad mikardand va mamuran-e polis be yâri-e qazâqân-e neyzeh be dast, dar miyân-e sisad hezâr fard-e xareji, hefz-e nazm va ârâmeŝ râ bar ohdeh dâŝtand.

Ammâ ân ruz dar bâzâr-e bozorg, xabari az nezâmiân, qazâq-ha yâ mamurân-e polis nabud.» (Verne, 2015, Michel Strogoff, p.73)

 

 

 

Tableau n° 6. or: ammâ (= mais)

La phrase française

La traduction persane

«Je vous donnerais ma vie, je ne puis vous donner ma conscience; je puis ne pas l’écouter, mais puis-je l’empêcher de parler? or, dans mon opinion, monsieur de Mortsauf est ...

- Je vous entends, dit-elle, en m’interrompant avec une brusquerie insolite, vous avez raison.» (Balzac, 1855, Le lys dans la vallée, p.125)

«حاضرم زندگیم را به شما بدهم اما وجدانم را نمی توانم به شما بدهم، می توانم به گفتار وجدان خود گوش ندهم، ولی آیا می توانم مانع حرف زدن آن بشوم؟ اما به عقیدۀ من آقای دومورسوف...

با تندی غیرعادی در سخنان من دوید و گفت :

- می فهمم، حق با شماست» (Balzac, 2006, Le lys dans la vallée, Traduit par Etemadzadeh, p.91)

«Hâzeram zendegi-am râ be ŝomâ bedaham ammâ vojdânam râ nemitavânam be ŝomâ bedaham, mitavânam be goftâr-e vojdân-e xod guŝ nadaham, vali âyâ mitavânam mâne-e harf zadan-e ân beŝavam? Ammâ be aqideh-ye man âqâye do Morsof…

Bâ tondi-ye qeyr-e âdi dar soxanân-e man david va goft:

Mifahmam, haq bâ ŝomâst.» (Balzac, 2006, Le lys dans la vallée, p.91)

 

 

Maintenant, selon la grammaire persane, nous étudions par la suite le sémème de la conjonction persane vali /ammâ (= mais) en tant que traduction de la conjonction or dans les phrases ci-dessus (n°1 - n°6). Dans le dictionnaire encyclopédique «Moein[3]» on a donné cette définition devant cette conjonction: «ammâ, suppression d’une erreur (raf’e-e tavahom), vali, valikan» (Moein, 2007) En fait, selon la grammaire persane: «l’on pratique ammâ/vali pour démêler une estimation incorrecte de l’auditeur et pour expliquer et éclairer le propos et l’exception: Bače-hâ âmadeh budand, ammâ Mohsen nayâmade bud. [Les enfants étaient venus, mais Mohsen n’était pas venu.]» ( Ahmadi Guivi et Anvari, 1996,
p. 172
). De même, le grammairien français de la langue persane, Lazard, il a aussi placé ammâ (mais) sous la catégorie des «conjonctions adversaires»:

 

«En outre les propositions peuvent être liées par les conjonctions adversaires:ولی  vali,(و) لیکن  (va-(likan [litt. lâken], امّا ammâ "mais", بلکه  balke "mais bien plus, et même" et après une négation, "mais au contraire"  (allemand sondern):

Ex.

من اعتقادی به خرافات ندارم ولی در بی اعتقادی خودم هم متعصب نیستم.

[…]"je ne crois pas (litt. Je n’ai pas croyance) aux superstitions, mais dans mon incrédulité même je ne suis pas fanatique."» (Lazard, 2021, p. 202)

L’exemple ci-dessous présente l’aspect contradictoire de la conjonction or tout en l’atténuant par une conjonction va (= et):

 

Tableau n° 7. or: va-ammâ (= et pourtant/ et toutefois)

La phrase française

La traduction persane

Ex. n° 11:

«Mais s’il s’agit d’une mauvaise plante, il faut arracher la plante aussitôt, dès qu’on a su la reconnaître. Or il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince… C’étaient les graines de baobabs.» (Saint-Exupéry, 1997, Le PETIT PRINCE, p. 23)

«ولی اگر شاخک گیاه بدی باشد همین که شناخته شد باید گیاه را هرچه زودتر از ریشه کَند. و اما در سیارۀ شازده کوچولو دانه‌های هولناکی پیدا می‌شد... که دانه‌های بائوباب بود.» (Saint-Exupéry, 2000, Le PETIT PRINCE, Traduit par Nadjafi,
p. 23
)

«Vali agar ŝaxak-e giyah-e badi bâŝad hamin ke ŝenaxteh ŝod bâyad giyah râ har če zudta az riŝeh kand. Va ammâ dar sayâreh-ye ŝâzdeh kučulu dâne-hâ-ye holnâki peydâ miŝod… ke dâne-hâ-ye bâobâb bud.» (Saint-Exupéry, 2000, Le PETIT PRINCE,
p. 23
)

 

 

Dans cette traduction, le sens d’opposition de la conjonction ammâ a été atténué par la conjonction d’addition va. Il semble que le traducteur à travers cette nouveauté voulait garder le lien conjonctif entre la phrase commençant par va-ammâ et la phrase précédente.

 

Conclusion

Afin de répondre à une question linguistique traductionnelle selon laquelle la conjonction or subit une transmission difficile du français en persan, nous avons vérifié d’une part, les différents sèmes de cette conjonction dans les ouvrages grammaticaux en français, et de l’autre part, nous avons précisé les situations dans lesquelles l’orientation contradictoire de cette conjonction a été transmise en traduction persane. En fait, certaines conjonctions de coordination en langue persane possèdent de nombreux sens, parmi lesquelles ammā concerne les rapports différents d’après la connotation de la conjonction or. Cette ambiguïté fait confondre le vrai rapport caché dans le sens envisagé du texte source. Car l’orientation opposée de la conjonction or ne correspond pas tout à fait à celle de la conjonction mais. Dans la connotation de la conjonction or, l’idée de transition et de présentation d’une thèse s’ajoute à l’idée d’opposition. Alors, il faudrait distinguer la traduction d’or de celle de mais. Malgré les différents sens de la conjonction or, c’est selon le sème d’opposition – étant l’un du sémème de la conjonction or- que dans les cas étudiés les traducteurs le traduisent ammā (= mais), ce qui évoque un rapport plutôt opposé entre la proposition qui le précède. En fait, cette traduction engendre la perte des autres pensées par rapport au sens exact du mot or. Alors, le résultat: c’est le choix du traducteur qui met en évidence l’un des sèmes existant dans la signification de la conjonction or. Or, pour montrer le sens le plus exact, il vaut mieux éviter des équivalents ayant eux-mêmes une connotation vaste avec une signification floue. Malgré les explications fournies par Ahmadi Guivi et Anvari sur d’autres emplois de la conjonction «اما» pour justifier ses fonctions dans le cas où nous souhaiterions présenter non seulement un cas contradictoire mais aussi une explication supplémentaire ou une exception (1996, p. 172), afin de marquer l’aspect de transition que la conjonction or comporte, le traducteur pourrait également opter pour un autre connecteur selon le contexte, pour le placer à côté de «اما» ou «ولی». Ainsi, dans le tableau n° 7, M. Najafi a choisi d'introduire la conjonction «و» avant «اما». En outre, toute décision est directement liée au sens des deux phrases unies par or: la phrase qui précède et celle qui suit. C'est pourquoi l'équivalent choisi, déterminé par ce sens, ne pourra pas toujours être identique. De même, le traducteur pourrait tirer parti d'une combinaison de connecteurs pour mieux transmettre l’intention de l’auteur, comme avec des combinaisons telles que
«اما با وجود این», «اما با این همه» et «اما از طرفی دیگر», etc.

Pour enrichir notre connaissance à l’égard de la notion de transition de la conjonction or et sa manifestation en traduction français-persan, une autre étude analytique et contrastive concernant d’autres aspects sémantiques de la conjonction or pourra s’avérer utile.

 

[1] Dans La Grande Grammaire du Français, selon les explications de la Table des matières, cette partie a été écrite sous la responsabilité de François Mouret. (Abeillé et Godard, 2021, p. 2523)

[2] Dans La Grande Grammaire du Français, selon les explications de la « Table des matières», cette partie a été écrite sous la responsabilité de François Mouret. (Abeillé et Godard, 2021, p. 2523)

[3] Le dictionnaire persan-persan rédigé par Mohammad Moein: cette encyclopédie comporte les significations des mots persans avec les explications terminologiques.

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